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Élise
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Dédé
Messaline
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Macadam :: MacadaTextes :: Nouvelles
Page 1 sur 1
Élise
1- ÉLISE
Cela faisait cinq jours que je couchais avec Élise dans un lit de fortune, les draps froissés m’en sont témoins. Ses seins, petits coquins, m’enivraient comme un lait peut nourrir l’infan de câlins, comme expire un matin stupéfait par l’empire de la nuit.
Vivre, mourir, en sueur, au cœur de l’antre de son ventre, m’était félicité.
L’oiseau sur le rebord de la fenêtre éclose ouvrait grand ses deux ailes afin qu’aucune brise ne vînt à mon sort permettre une échappée ; et que nulle grenouille arrivant de l’église ne se gaussât tout bas et souillât, chez monsieur le curé, ma belle insoumise, buvant de ça de là le vin de messe comme du fiel béni.
Me levant quelquefois pour lui faire du thé et passer mon café, je revenais bien vite, apportant mon offrande, m’enfouissais dans sa lande de dunes, effleurais quelque lune à la chaleur dorée d’un éclat lumineux. Je chérissais mes laisses :
Elles m’étaient acquises.
Pour seule nourriture nous avions la luxure à fins de rassasier ma faim d’elle à sa guise ; mais elle me réclamait, ainsi qu’une caresse, parfois un peu de miel ou quelque confiture que j’allais lui chercher.
Élise me donnait sans compter sa tendresse.
Elle ne savait pas.
Lorsque tombait le jour venait déjà l’aurore.
Ainsi l’heure, or pur, se délie quelquefois de tourner.
S’éternise l’instant, telle une épure efface, déshabille, le papier de ses traces.
Et les secondes durent tant que réel se fissure.
La paresse féconde engourdit les aiguilles sur les cadrans qui content les histoires aux petits petits d’homme.
Et le cœur de nos vies défie la loi du temps tout comme les armoires closes immobilisent un mouchoir noir brodé des initiales d’une aïeule endormie …
Fleurs du mâle s’effeuillent, que l’on cueille, assoupi, niché dans la torpeur.
Du halo de fumée où Élise apparut pour la première fois, fière de liberté, à mes yeux médusés, lors que je contemplais le profil de son corps drapé de taffetas, l’amour se profila à chacun de ses pas à l’entour des clients.
La mise était sexy.
Glamour paraissait-elle à rebours de l’emprise.
Elle voulait nourrice, allumant cierge et volupté.
Elle voulait que puisse le ceint, de sa prison, lui demander pardon.
Élise était à l’abandon, éprise, nourrisson affamé, avide de combler le vide.
Quelque chose se tut…
Un alcool qu’on distille
Un ange à son envol
Étrange et décousu, un propos étouffé – virgule dans l’espace.
Élise…
Il ne tint qu’à un fil que d’un accord tenace je compose une lettre et devins ridicule. Mes doigts sur le clavier, piètres et sans génie, restèrent cois et gourds.
Moment de cécité où le silence est lourd.
Je revins de l’absence, en quelques harmoniques et trilles saccadées au rythme de mon pouls.
La musique gentille emplit alors le tout.
Tandis que s’installant dans le piano-bar où j’étais embauché, la fille eut un regard à la fois insistant, d’innocence mêlé, vers ma triste figure.
J’envisage une invite à un baiser trop sage sur son front.
Vint la dernière page
La dernière mesure.
Les bravos accusèrent, hypocrites, la pâleur de mon art.
L’ivoire avait subi une contrefaçon.
Il gardait en mémoire le talent de Ludwig – infranchissable digue. Ma partition boiteuse référençait Élise à l’intrigue amoureuse enrubannée du rose de mes rêves d’enfant.
Je me sentis morose.
Mais elle voulut que j’ose être un homme galant
Ne se résolut pas à la vie irréelle que ma portée offrait ainsi qu’une illusion
Se mit à déchirer toutes mes ambitions.
M’attacha à ses charmes.
Et débusqua mes armes en de brusques soupirs.
Attisa mon désir et fit taire mon art. Il fut mis au rencard afin que mes regards et mes doigts malhabiles, aux manières fébriles, attisent de frissons le grain fin de sa peau douce et sombre.
Silhouette fugace, un chat noir laissa trace d’une ombre dans ma tête.
Envahie de pénombre, Élise ronronnait comme crisse une mousse. Il suffit qu’elle baisât mes tout petits tétons pour que nue, asservie, la braise du foyer où elle s’était admise comme une femme exquise, devînt flamme, et me cuise.
Remisée dans un coin de la chambre, la télé en sourdine diffuse Pompéi abîmée dans ses ruines, au pied du Vésuve endormi.
Une lave insoumise a fait feu du pays, des hommes et de leurs cris, dans la cave où s’agitent encore les esprits, désolés de ne plus
Coup de grisou dans une mine où l’artiste des mots voit pétrifiée sa parole non dite
Où la folle persiste, insiste de ses maux puis capitule, interdite.
Odeur de fuel cathodique
Point de recul
Panique
Houle.
Un volcan brûle dans mon corps, démembre mon esprit. Ma chair contre la chair ambre de ma chère promise, et nos moiteurs mêlées font du lit une étuve où nous sommes amants.
Chancelant.
Soudain, le téléphone.
Je devine maman qui me sonne et s’inquiète.
Je serre encore plus fort ma maîtresse, quiète en mon sein.
Nous n’entendons plus rien.
2- TRANCHE DE VIE
Cela faisait cinq mois que je vivais avec Élise et c’est ce matin-là que pour la première fois elle m’insupporta.
La bise qu’elle posa sur mon front en amont du café dans lequel je trempais le journal me fit mal, et je vis sans y croire un chat noir traverser le balcon.
En mon for fis un bond et la mort m’effleura tout comme un duvet d’oie.
Elle était belle se mouvant dans ses dentelles
Pourtant
Ses genoux dont la fine rotule roulait gracile sous la peau…
Voilà que l’eau bout pour son thé, elle joue l’enfant qui gesticule et me gourmande tandis que moi je bois, pantois, mon encre refroidie, mâchant les nouvelles de papier ramolli.
C’est indigeste et je n’ébauche pas le moindre geste pour la rejoindre dans l’exil qui la fauche.
Je suis gauche
Je peste.
Ses prunelles poudrées d’or comme les ailes d’un papillon
Tétons saillants
Son allure infidèle...
J’étais au bord de ne plus partir mais n’en eus cure, sentant au plus profond de moi la colère m’envahir.
Le téléphone sonne, c’est ma mère.
Je désespère.
Nous répondons que oui, que nous viendrons dimanche.
Tranche de vie.
Mais mon cœur, maman, penche depuis longtemps pour une autre que toi, celle qui devant moi se déhanche.
La journée s’annonçait radieuse et j’allai faire ma valise.
Élise
Heureuse
Balaya quelques pages sauvées de la noyade
Cria à mes ouies les titres comme on dit une aubade
Se mit à son ménage tandis que coi je pliais mes chemises.
J’éprouvai une haine soudaine à son endroit.
Ses mollets
Ses pieds nus
Sa chair parcourue d’un frisson.
Je déposai un pantalon par dessus les chemises, sachant pourtant qu’il eut fallu le mettre au fond, disait Élise lorsque nous nous étions préparés pour Venise.
Je la détestai fermement.
Venise n’eut pas lieu.
Mon stylo plume n’écrit plus une note, plus une ligne depuis Élise.
Je trépigne
J’écume.
J’entends les accords hasardeux qu’elle compose, dépoussiérant le piano qu’elle referme comme un tombeau. Je n’ose hurler. Fais un effort suprême et ma glotte retient le cri. Je deviens blême, je la maudis.
Élise menait notre vie sans souci, tenant dans l’ombre mes partitions.
Une feuille emportée par la brise
Hirondelle insoumise
Un bonbon
Une cerise qu’on sirote.
Elle s’amusait de mon cœur mou et le mettait à la torture.
Elle inventait notre bonheur et m’entraîna dans l’aventure jusqu'à l’écueil.
Un courant d’air fit s’envoler des pages raturées.
Un concert de klaxons
Ruines béton
Colère urbaine.
Aspiration de la benne à ordures, qui brise, saine, mes ratures.
Bruits de pas au plafond.
La voisine.
Dont nous ne connaissions que les talons aiguilles à cinq heures du matin.
Chagrin, je fermai la fenêtre et bouclai mon bagage.
Pris de rage, je me mis à pleurer. Dans le miroir je vis
Délice
Les larmes ravager mon visage.
Caprice ! M’inflige-t-il.
Je rends les armes. Je suis à peine capable de moi-même. Je suis minable.
Je t’aime, me dit Élise en entrant et, voyant la valise, me parle d’Italie, où nous irons demain. Je serre les poings mais elle me traîne jusqu'au lit, me défait de tous mes effets. J’arrache ses dentelles et me laisse violer. Le chat noir guette au fond de sa prunelle qui quête mes regards. Je me raréfie. Je voudrais ne plus être.
Cela faisait cinq ans que je vivais avec Élise et de ce lit naquit une enfant.
Le téléphone sonne, c’est maman.
3- MARYSE
Cela faisait cinq ans, une poussière de temps, que Maryse agitait en mon âme ravie une émotion de père, lame bien aiguisée fouissant en ma chair une torture d’amour. Ma petite chérie conquise par la vie dès le jour qui la vit quitter sa couverture de chair, gazouillait à présent un caprice enchanteur auprès de sa maman.
Elle veut des sucettes et fait la forte tête.
Élise en son bonheur lui offrit un chat noir porteur du désespoir d’un meilleur factice.
Animal maléfice, il hantait à sa guise nombres de mes visages, comme un nuage encombre le clair d’un paysage.
Maryse, en un éclair, traversait le sillage amical de son âge, lissant par sa fraîcheur les rides advenues sur mon front pâle et nu.
Ignorant le félin, le remisant au loin d’une hallucination, elle se prit à taper à petits poings têtus sur le couvercle empoussiéré du piano muet, lorsque l’anneau d’Élise qui s’était posé là, muré en son silence, se mit à cliqueter, soulevant des passions oubliées.
Amère écume qu’est l’amertume !
Brume devint déliquescence.
Il arrive parfois qu’un cercle se referme, enferme les émois trop longtemps retenus sur les rives des sens. Et, perclus, solitaire et reclus, d’aucun encerclera de vacance les uns, afin que vive enfin l’essence de son être
Autrement que paraître
Ailleurs que maintenant
Et sans être aux abois.
La trame maternelle tissée au fil des jours survint avant le drame.
La veine jugulaire saillait bleue et colère dans le cou de Maryse. Ma mie serra son faon malheureux entre ses bras dociles.
L’herbe de la prairie tint au chaud l’enfant blême en instance.
S’exacerbe, pâle et nue, se distribue, s’instille, ma violence dans le fragile instant. Je sue, me brûle
Me consume et refuse clémence.
Écume.
Puis accuse.
Sans ce sang, sans ces larmes, c’eût été de l’amour en écrin, un coussin de velours, un mitan de clairière… Sans plus d’armes autour. Seule une eau de jouvence.
Même un courroux écervelé fétide
Même mon haleine
Pilent net
En désarroi
À la sonnerie familière qui me guide malgré moi.
C’est ma mère ! Ma mie, m’aimant de fait !
… Et de droit.
C’est mamie.
Mais elle ne fit pas loi.
Je répondis : maman ?
…
Maryse ?
…
Oui elle te fait la bise.
Passe-la moi, dit-elle, c’est ma petite…
Je me voudrais de glace.
Élise prit un droit de passage et conquit la menotte, sage, toute griffe rentrée, de notre petit bout. Je suis à bout. Je biffe les propos de maman avant qu’elle se rebiffe :
Maryse prend son bain, prétendis-je soudain, sauvant ainsi la mise.
Mais la baignoire est pleine, déborde de rancœur, où se noie notre fille. J’en conçois de la peine. A travers un sanglot, les yeux déments d’Élise reflètent un chat que je fusille : c’est le noir. Le voilà qui s’immobilise dans une mare de sang éponyme.
Je tire sur le fil pour faire taire à jamais les plaintes de ma mère. On enterre à jamais l’animal et le crime est parfait !
Cinq minutes comptées sans que mal ne soit fait.
Je borde notre enfant tandis que sa maman, disant une comptine, étale ses cheveux…
Cinq…
Et ferme ses paupières.
Plus cinq…
D’une belle manière un sourire est figé sur son visage d’ange comme pour dire un vœu.
Plus cinq…
Ses phalanges diaphanes sont croisées sur les draps.
Plus toi…
Deux ailes déployées agitent la poussière des cinq ans de Maryse, qui nous quitte.
Plus moi…
Égalent…
Zé…
Ro…
Cela faisait cinq jours que je couchais avec Élise dans un lit de fortune, les draps froissés m’en sont témoins. Ses seins, petits coquins, m’enivraient comme un lait peut nourrir l’infan de câlins, comme expire un matin stupéfait par l’empire de la nuit.
Vivre, mourir, en sueur, au cœur de l’antre de son ventre, m’était félicité.
L’oiseau sur le rebord de la fenêtre éclose ouvrait grand ses deux ailes afin qu’aucune brise ne vînt à mon sort permettre une échappée ; et que nulle grenouille arrivant de l’église ne se gaussât tout bas et souillât, chez monsieur le curé, ma belle insoumise, buvant de ça de là le vin de messe comme du fiel béni.
Me levant quelquefois pour lui faire du thé et passer mon café, je revenais bien vite, apportant mon offrande, m’enfouissais dans sa lande de dunes, effleurais quelque lune à la chaleur dorée d’un éclat lumineux. Je chérissais mes laisses :
Elles m’étaient acquises.
Pour seule nourriture nous avions la luxure à fins de rassasier ma faim d’elle à sa guise ; mais elle me réclamait, ainsi qu’une caresse, parfois un peu de miel ou quelque confiture que j’allais lui chercher.
Élise me donnait sans compter sa tendresse.
Elle ne savait pas.
Lorsque tombait le jour venait déjà l’aurore.
Ainsi l’heure, or pur, se délie quelquefois de tourner.
S’éternise l’instant, telle une épure efface, déshabille, le papier de ses traces.
Et les secondes durent tant que réel se fissure.
La paresse féconde engourdit les aiguilles sur les cadrans qui content les histoires aux petits petits d’homme.
Et le cœur de nos vies défie la loi du temps tout comme les armoires closes immobilisent un mouchoir noir brodé des initiales d’une aïeule endormie …
Fleurs du mâle s’effeuillent, que l’on cueille, assoupi, niché dans la torpeur.
Du halo de fumée où Élise apparut pour la première fois, fière de liberté, à mes yeux médusés, lors que je contemplais le profil de son corps drapé de taffetas, l’amour se profila à chacun de ses pas à l’entour des clients.
La mise était sexy.
Glamour paraissait-elle à rebours de l’emprise.
Elle voulait nourrice, allumant cierge et volupté.
Elle voulait que puisse le ceint, de sa prison, lui demander pardon.
Élise était à l’abandon, éprise, nourrisson affamé, avide de combler le vide.
Quelque chose se tut…
Un alcool qu’on distille
Un ange à son envol
Étrange et décousu, un propos étouffé – virgule dans l’espace.
Élise…
Il ne tint qu’à un fil que d’un accord tenace je compose une lettre et devins ridicule. Mes doigts sur le clavier, piètres et sans génie, restèrent cois et gourds.
Moment de cécité où le silence est lourd.
Je revins de l’absence, en quelques harmoniques et trilles saccadées au rythme de mon pouls.
La musique gentille emplit alors le tout.
Tandis que s’installant dans le piano-bar où j’étais embauché, la fille eut un regard à la fois insistant, d’innocence mêlé, vers ma triste figure.
J’envisage une invite à un baiser trop sage sur son front.
Vint la dernière page
La dernière mesure.
Les bravos accusèrent, hypocrites, la pâleur de mon art.
L’ivoire avait subi une contrefaçon.
Il gardait en mémoire le talent de Ludwig – infranchissable digue. Ma partition boiteuse référençait Élise à l’intrigue amoureuse enrubannée du rose de mes rêves d’enfant.
Je me sentis morose.
Mais elle voulut que j’ose être un homme galant
Ne se résolut pas à la vie irréelle que ma portée offrait ainsi qu’une illusion
Se mit à déchirer toutes mes ambitions.
M’attacha à ses charmes.
Et débusqua mes armes en de brusques soupirs.
Attisa mon désir et fit taire mon art. Il fut mis au rencard afin que mes regards et mes doigts malhabiles, aux manières fébriles, attisent de frissons le grain fin de sa peau douce et sombre.
Silhouette fugace, un chat noir laissa trace d’une ombre dans ma tête.
Envahie de pénombre, Élise ronronnait comme crisse une mousse. Il suffit qu’elle baisât mes tout petits tétons pour que nue, asservie, la braise du foyer où elle s’était admise comme une femme exquise, devînt flamme, et me cuise.
Remisée dans un coin de la chambre, la télé en sourdine diffuse Pompéi abîmée dans ses ruines, au pied du Vésuve endormi.
Une lave insoumise a fait feu du pays, des hommes et de leurs cris, dans la cave où s’agitent encore les esprits, désolés de ne plus
Coup de grisou dans une mine où l’artiste des mots voit pétrifiée sa parole non dite
Où la folle persiste, insiste de ses maux puis capitule, interdite.
Odeur de fuel cathodique
Point de recul
Panique
Houle.
Un volcan brûle dans mon corps, démembre mon esprit. Ma chair contre la chair ambre de ma chère promise, et nos moiteurs mêlées font du lit une étuve où nous sommes amants.
Chancelant.
Soudain, le téléphone.
Je devine maman qui me sonne et s’inquiète.
Je serre encore plus fort ma maîtresse, quiète en mon sein.
Nous n’entendons plus rien.
2- TRANCHE DE VIE
Cela faisait cinq mois que je vivais avec Élise et c’est ce matin-là que pour la première fois elle m’insupporta.
La bise qu’elle posa sur mon front en amont du café dans lequel je trempais le journal me fit mal, et je vis sans y croire un chat noir traverser le balcon.
En mon for fis un bond et la mort m’effleura tout comme un duvet d’oie.
Elle était belle se mouvant dans ses dentelles
Pourtant
Ses genoux dont la fine rotule roulait gracile sous la peau…
Voilà que l’eau bout pour son thé, elle joue l’enfant qui gesticule et me gourmande tandis que moi je bois, pantois, mon encre refroidie, mâchant les nouvelles de papier ramolli.
C’est indigeste et je n’ébauche pas le moindre geste pour la rejoindre dans l’exil qui la fauche.
Je suis gauche
Je peste.
Ses prunelles poudrées d’or comme les ailes d’un papillon
Tétons saillants
Son allure infidèle...
J’étais au bord de ne plus partir mais n’en eus cure, sentant au plus profond de moi la colère m’envahir.
Le téléphone sonne, c’est ma mère.
Je désespère.
Nous répondons que oui, que nous viendrons dimanche.
Tranche de vie.
Mais mon cœur, maman, penche depuis longtemps pour une autre que toi, celle qui devant moi se déhanche.
La journée s’annonçait radieuse et j’allai faire ma valise.
Élise
Heureuse
Balaya quelques pages sauvées de la noyade
Cria à mes ouies les titres comme on dit une aubade
Se mit à son ménage tandis que coi je pliais mes chemises.
J’éprouvai une haine soudaine à son endroit.
Ses mollets
Ses pieds nus
Sa chair parcourue d’un frisson.
Je déposai un pantalon par dessus les chemises, sachant pourtant qu’il eut fallu le mettre au fond, disait Élise lorsque nous nous étions préparés pour Venise.
Je la détestai fermement.
Venise n’eut pas lieu.
Mon stylo plume n’écrit plus une note, plus une ligne depuis Élise.
Je trépigne
J’écume.
J’entends les accords hasardeux qu’elle compose, dépoussiérant le piano qu’elle referme comme un tombeau. Je n’ose hurler. Fais un effort suprême et ma glotte retient le cri. Je deviens blême, je la maudis.
Élise menait notre vie sans souci, tenant dans l’ombre mes partitions.
Une feuille emportée par la brise
Hirondelle insoumise
Un bonbon
Une cerise qu’on sirote.
Elle s’amusait de mon cœur mou et le mettait à la torture.
Elle inventait notre bonheur et m’entraîna dans l’aventure jusqu'à l’écueil.
Un courant d’air fit s’envoler des pages raturées.
Un concert de klaxons
Ruines béton
Colère urbaine.
Aspiration de la benne à ordures, qui brise, saine, mes ratures.
Bruits de pas au plafond.
La voisine.
Dont nous ne connaissions que les talons aiguilles à cinq heures du matin.
Chagrin, je fermai la fenêtre et bouclai mon bagage.
Pris de rage, je me mis à pleurer. Dans le miroir je vis
Délice
Les larmes ravager mon visage.
Caprice ! M’inflige-t-il.
Je rends les armes. Je suis à peine capable de moi-même. Je suis minable.
Je t’aime, me dit Élise en entrant et, voyant la valise, me parle d’Italie, où nous irons demain. Je serre les poings mais elle me traîne jusqu'au lit, me défait de tous mes effets. J’arrache ses dentelles et me laisse violer. Le chat noir guette au fond de sa prunelle qui quête mes regards. Je me raréfie. Je voudrais ne plus être.
Cela faisait cinq ans que je vivais avec Élise et de ce lit naquit une enfant.
Le téléphone sonne, c’est maman.
3- MARYSE
Cela faisait cinq ans, une poussière de temps, que Maryse agitait en mon âme ravie une émotion de père, lame bien aiguisée fouissant en ma chair une torture d’amour. Ma petite chérie conquise par la vie dès le jour qui la vit quitter sa couverture de chair, gazouillait à présent un caprice enchanteur auprès de sa maman.
Elle veut des sucettes et fait la forte tête.
Élise en son bonheur lui offrit un chat noir porteur du désespoir d’un meilleur factice.
Animal maléfice, il hantait à sa guise nombres de mes visages, comme un nuage encombre le clair d’un paysage.
Maryse, en un éclair, traversait le sillage amical de son âge, lissant par sa fraîcheur les rides advenues sur mon front pâle et nu.
Ignorant le félin, le remisant au loin d’une hallucination, elle se prit à taper à petits poings têtus sur le couvercle empoussiéré du piano muet, lorsque l’anneau d’Élise qui s’était posé là, muré en son silence, se mit à cliqueter, soulevant des passions oubliées.
Amère écume qu’est l’amertume !
Brume devint déliquescence.
Il arrive parfois qu’un cercle se referme, enferme les émois trop longtemps retenus sur les rives des sens. Et, perclus, solitaire et reclus, d’aucun encerclera de vacance les uns, afin que vive enfin l’essence de son être
Autrement que paraître
Ailleurs que maintenant
Et sans être aux abois.
La trame maternelle tissée au fil des jours survint avant le drame.
La veine jugulaire saillait bleue et colère dans le cou de Maryse. Ma mie serra son faon malheureux entre ses bras dociles.
L’herbe de la prairie tint au chaud l’enfant blême en instance.
S’exacerbe, pâle et nue, se distribue, s’instille, ma violence dans le fragile instant. Je sue, me brûle
Me consume et refuse clémence.
Écume.
Puis accuse.
Sans ce sang, sans ces larmes, c’eût été de l’amour en écrin, un coussin de velours, un mitan de clairière… Sans plus d’armes autour. Seule une eau de jouvence.
Même un courroux écervelé fétide
Même mon haleine
Pilent net
En désarroi
À la sonnerie familière qui me guide malgré moi.
C’est ma mère ! Ma mie, m’aimant de fait !
… Et de droit.
C’est mamie.
Mais elle ne fit pas loi.
Je répondis : maman ?
…
Maryse ?
…
Oui elle te fait la bise.
Passe-la moi, dit-elle, c’est ma petite…
Je me voudrais de glace.
Élise prit un droit de passage et conquit la menotte, sage, toute griffe rentrée, de notre petit bout. Je suis à bout. Je biffe les propos de maman avant qu’elle se rebiffe :
Maryse prend son bain, prétendis-je soudain, sauvant ainsi la mise.
Mais la baignoire est pleine, déborde de rancœur, où se noie notre fille. J’en conçois de la peine. A travers un sanglot, les yeux déments d’Élise reflètent un chat que je fusille : c’est le noir. Le voilà qui s’immobilise dans une mare de sang éponyme.
Je tire sur le fil pour faire taire à jamais les plaintes de ma mère. On enterre à jamais l’animal et le crime est parfait !
Cinq minutes comptées sans que mal ne soit fait.
Je borde notre enfant tandis que sa maman, disant une comptine, étale ses cheveux…
Cinq…
Et ferme ses paupières.
Plus cinq…
D’une belle manière un sourire est figé sur son visage d’ange comme pour dire un vœu.
Plus cinq…
Ses phalanges diaphanes sont croisées sur les draps.
Plus toi…
Deux ailes déployées agitent la poussière des cinq ans de Maryse, qui nous quitte.
Plus moi…
Égalent…
Zé…
Ro…
Messaline- MacadAccro
- Messages : 635
Date d'inscription : 29/08/2009
Age : 66
Localisation : Dans une étagère
Re: Élise
Missing
Putain, y a encore des textes à 0, c'est pas forcément une honte mais pas loin.
Bon, pour cui là on va dire que c'est pasqu'il a été publié au tout début de Macadam et qu'il est vach'ment long. Mais quand même, on peut le lire et en dire quelque chose. P't'être même du bien.
Dédé.
Putain, y a encore des textes à 0, c'est pas forcément une honte mais pas loin.
Bon, pour cui là on va dire que c'est pasqu'il a été publié au tout début de Macadam et qu'il est vach'ment long. Mais quand même, on peut le lire et en dire quelque chose. P't'être même du bien.
Dédé.
_________________
Ciao les gonzesses, c'était Dédé.
Dédé- MacaDédé
- Messages : 1885
Date d'inscription : 04/09/2009
Re: Élise
Il a raison Dédé, on peut même en dire du bien.
Nilo, je le dis.
Nilo, je le dis.
_________________
... Tu lui diras que je m'en fiche. Que je m'en fiche. - Léo Ferré, "La vie d'artiste"
Re: Élise
Mess' quelque part dans le " mur "
Ratoune- MacadAccro
- Messages : 1891
Date d'inscription : 01/09/2009
Re: Élise
Nilo, ou Dédé, ou RATOUNE, je vous l'ai déjà dit, pour un autre texte sans doute : ces opérations de sauvetage ne servent pas à grand chose. Il y a comme ça des textes qui, dès les premières phrases, donnent mal à la tête, surtout quand en plus on a la curiosité de regarder la longueur. Pour ma part, c'est un de mes meilleurs, de ceux que j'aime le plus, de ceux pour lesquels j'ai pris un plaisir fabuleux en écrivant. Je m'en contente. ça me plait moins de les voir remonter avec toujours le même zapping, question d'égo ? D'amour-propre ?
Messaline
PS : si, pardon, le missing sert à des textes qui ont déjà eu une sacrée heure de gloire, voire qui ont fait l'unanimité, en leur temps.
Messaline
PS : si, pardon, le missing sert à des textes qui ont déjà eu une sacrée heure de gloire, voire qui ont fait l'unanimité, en leur temps.
Messaline- MacadAccro
- Messages : 635
Date d'inscription : 29/08/2009
Age : 66
Localisation : Dans une étagère
Re: Élise
Clic Dédé:
Pas de bol, c'est long. Pourtant j'ai joué le jeu en lisant jusqu'au bout et je dois dire que ça coule très bien et que j'ai aimé le texte et la langue même si avec quelques beaux néologismes cela aurait pu être encore mieux.
Mais j'ai beaucoup aimé.
Amitiés
Pic
Pas de bol, c'est long. Pourtant j'ai joué le jeu en lisant jusqu'au bout et je dois dire que ça coule très bien et que j'ai aimé le texte et la langue même si avec quelques beaux néologismes cela aurait pu être encore mieux.
Mais j'ai beaucoup aimé.
Amitiés
Pic
Picastel- MacadAdo
- Messages : 103
Date d'inscription : 08/09/2009
Age : 43
Localisation : paris
Re: Élise
Clic Dédé.
Texte insaisissable pour moi... J'ai tenté de suivre un fil qui m'égarait, mais en me perdant, j'ai trouvé des images sensuelles, percutantes, originales et bien décrites. je vais me le mettre en favoris, tiens, juste pour le relire autrement.
Texte insaisissable pour moi... J'ai tenté de suivre un fil qui m'égarait, mais en me perdant, j'ai trouvé des images sensuelles, percutantes, originales et bien décrites. je vais me le mettre en favoris, tiens, juste pour le relire autrement.
_________________
"Chaque pensée devrait rappeler la ruine d'un sourire." Cioran.
Macadam :: MacadaTextes :: Nouvelles
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