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L'âme de la poussière (essai)
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Dam
Zlatko
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Macadam :: MacadaTextes :: Vide-Poche
Page 1 sur 1
L'âme de la poussière (essai)
Ce sont des barques dont les sillons meurent dans la brume. Les idées, elles agitent ma tête dans les barbelés, me remplissent le sang. Comment, comment ? Tout s’imbrique et se déconstruit dans l’urgence, et gare aux retardataires. Il faut courir plus vite qu’elles, s’époumoner à chercher leur nom. L’esprit malade engage toutes les forces en sommeil. Il déglutit chaque idée avec la même douleur. Et si je ne m’étais que reposé ? Devant lui, dix, cent-vingt tunnels courent aux échappatoires avec la même violence ! C’est une pantomime grotesque où la lumière n’est plus unie, et l’oeil se meurtrit à en examiner le spectre. Je suis un homme qu’essouffle la nécessité de raccourcis. Lorsque le codex livre ses plus grosses clefs, l’écriture poétique se réduit à élaborer des monticules : les plus grandes idées, les plus grandes beautés s’y pressent comme un carnaval. Les idées naissent et meurent dans une brume que les grosses mains de la poésie n’arrivent pas à saisir. Je suis un poète dans ses gros souliers. Le bois et le fer creusent leurs marques, appellent la souffrance et la gangrène. Il faut réapprendre à voler, partir léger, et allonger les ailes, réduire, couper, amputer à la limite de l’extinction de voix : l’absolu n’est pas dans l’expression, et le silence est une fuite. L’absolu tel que je le conçois commence dans le sillon de la barque, l’idée qui meure et renaît à mesure qu’elle se prolonge. Il faut aller de clairière en clairière, et chaque destruction pousse la mue plus loin. Les pieds sont moins lourds et le poète peut faire son travail : créer des ponts. La poésie, c’est aller au-delà des rêves que l’on se propose : c’est le chemin du presqu’invisible destiné à n’être qu’aperçu. Alors le corridor s’illumine, de ces lueurs qu’on suppose. Et toutes les associations sont permises, tandis que le plancher s’amenuise jusqu’à n’être qu’un trait. Le plafond, les murs s’évanouissent, et les idées s’engouffrent dans le funambule. La poésie est là, dans la proximité du gouffre et de l’ascension. Dans l’oxymore et les vapeurs sont le cirque de toutes les démences. Le vertige est l’aliment du monstre. Si, dans cette brume, il m’est possible de trouver un chemin, c’est dans les organes du hiatus et de l’oxymore qu’il se trouve : l’âme de la poussière, le capharnaüm des broutilles. Comprendras-tu l’immensité du minuscule? La muse fait une erreur dans la conscience de soi qu’elle propose : dès lors qu’elle est identifiée, il faut n’avoir de cesse de la brutaliser, comme un enfant. L’absolu est une muse aux yeux crevés, aux plumes arrachées, qui n’a d’autre choix que le repli dans la démence. La démence des muses est la possibilité d’une renaissance : démembrée, hors d’un codex dont l’équilibre et la pesanteur sont gigantesques, elle apprend à voler. Je songe aux déformations qui se lèvent en hordes. Je songe à ce système qui n’a d’utilité que son invraisemblance : par le liant quel qu’il soit, établir un pont entre deux entités chacune spécifique à un univers et nouer ainsi un langage. L’autre langue, celle que je cherche et qui me cherche, c’est l’ignorance des paradigmes. La fédération de sens voués par essence à l’autarcie ou à la cohabitation de sens similaires. Il faut manipuler deux inconnus et les pousser à la rencontre, qu’une logique saine interdisait. C’est, peut-être, une horreur élaborée patiemment ; un laboratoire aux monstres, où la morve et l’étoile font connaissance, et les perceptions ennemies s’entrecroisent pour interagir. Il faut la forcer au dialogue, cette langue qui meurt de son trop-plein de barricades et du peu d’artilleurs pour les crever. Derrière sont peut-être les mots survivants, ceux qui n’attendaient pour naître qu’un soulèvement.
Les fous sont les dernières traces de mythe.
Z 20 06 10
Les fous sont les dernières traces de mythe.
Z 20 06 10
Zlatko- MacadAccro
- Messages : 1621
Date d'inscription : 30/08/2009
Age : 33
Localisation : Centre
Re: L'âme de la poussière (essai)
Je t'ai lu et relu Z, et ce que j'en dirais n'aurait pas tant d'intérêt que ce que j'ai lu et je laisserais aux autres l'heureux labeur de décrypter tes pensées...
Dam, admiratif.
Dam, admiratif.
Re: L'âme de la poussière (essai)
Il y a des mots compliqués...des instants où je me suis même perdue face à ta culture, mais on est "au vide poche" je ne dois pas l'oublier et je pense aussi qu'il faut lire et relire pour s'en imprégner.
Je le relirai très certainement mais avec mon dico près de moi.
Juste un truc que j'ai relevé à la lecture et qui ne m'a pas accrochée parce que j'y ai ressenti comme un accro
"Je suis un homme qu’essouffle la nécessité de raccourcis"...
Mais peut être que je n'en ai pas saisi le sens?
Sylvie
Je le relirai très certainement mais avec mon dico près de moi.
Juste un truc que j'ai relevé à la lecture et qui ne m'a pas accrochée parce que j'y ai ressenti comme un accro
"Je suis un homme qu’essouffle la nécessité de raccourcis"...
Mais peut être que je n'en ai pas saisi le sens?
Sylvie
Re: L'âme de la poussière (essai)
Elles sont lourdes tes poches Z, de sens et de soif d'expression, de recherches , de questions , riches , si riches !
Je ne pourrais que te citer :"La poésie, c’est aller au-delà des rêves que l’on se propose : c’est le chemin du presqu’invisible destiné à n’être qu’aperçu."
Enorme
Je ne pourrais que te citer :"La poésie, c’est aller au-delà des rêves que l’on se propose : c’est le chemin du presqu’invisible destiné à n’être qu’aperçu."
Enorme
_________________
LaLou
Re: L'âme de la poussière (essai)
Merci beaucoup pour ces traces.
A Sylvie, je jure n'avoir pas du tout cherché à "faire compliqué" ! J'ai juste décrit ce qui passait, en essayant d'avoir les bons mots. Mais tu as raison, la simplicité est toujours gage de qualité.
A Lalou et Dam je suis touché, puisque vous prenez toujours le temps de me lire et m'aidez souvent à m'orienter. C'est vrai que ma poésie actuelle ne me "suffit plus", et j'en explorerai les utopies aussi loin que je pourrais, quitte à devoir ensuite admettre qu'il n'y a rien à faire.
A bientôt.
Z.
A Sylvie, je jure n'avoir pas du tout cherché à "faire compliqué" ! J'ai juste décrit ce qui passait, en essayant d'avoir les bons mots. Mais tu as raison, la simplicité est toujours gage de qualité.
A Lalou et Dam je suis touché, puisque vous prenez toujours le temps de me lire et m'aidez souvent à m'orienter. C'est vrai que ma poésie actuelle ne me "suffit plus", et j'en explorerai les utopies aussi loin que je pourrais, quitte à devoir ensuite admettre qu'il n'y a rien à faire.
A bientôt.
Z.
Zlatko- MacadAccro
- Messages : 1621
Date d'inscription : 30/08/2009
Age : 33
Localisation : Centre
Re: L'âme de la poussière (essai)
Ho! non, zlatko..la simplicité peut être vue sous plusieurs angles...prenons la mienne par exemple, due à un manque d'étude en rapport avec ma jeunesse...
Tu sais, j'admire les gens qui ont ta culture ( d'ailleurs je vis avec une personne qui en a énormément) et je regrette de ne pas en avoir ne serait ce qu'un petit bout!
Tes mots sont toujours bien placés, bien pesés et c'est pour cela que je te lis car j'apprends aussi en lisant les auteurs qui ont la même culture que toi, même si ils s'expriment de manière autre.
Je prends toujours un dico ( même sur le net) parce que si il y a un mot, un auteur, une allusion à quelqu'un de célèbre et que je ne connais pas, je désire savoir, comprendre ce mot pour mieux comprendre le texte.
ne change rien à ta manière d'écrire...au contraire, je t'encourage à plonger au coeur de ta propre poésie, celle qui nous donne comme une seconde peau !
Au plaisir de te lire encore au vide poche ou ailleurs.
Sylvie
Tu sais, j'admire les gens qui ont ta culture ( d'ailleurs je vis avec une personne qui en a énormément) et je regrette de ne pas en avoir ne serait ce qu'un petit bout!
Tes mots sont toujours bien placés, bien pesés et c'est pour cela que je te lis car j'apprends aussi en lisant les auteurs qui ont la même culture que toi, même si ils s'expriment de manière autre.
Je prends toujours un dico ( même sur le net) parce que si il y a un mot, un auteur, une allusion à quelqu'un de célèbre et que je ne connais pas, je désire savoir, comprendre ce mot pour mieux comprendre le texte.
ne change rien à ta manière d'écrire...au contraire, je t'encourage à plonger au coeur de ta propre poésie, celle qui nous donne comme une seconde peau !
Au plaisir de te lire encore au vide poche ou ailleurs.
Sylvie
Re: L'âme de la poussière (essai)
Lorsque le codex livre ses plus grosses clefs, l’écriture poétique se réduit à élaborer des monticules
Et c'est peut-être une accumulation de ces monticules qui fera qu'enfin tu atteindras le sommet de ta cinquième montagne.
Pour peu que tu continues à accumuler les monticules sur la même base en jetant tes pelletées toujours au même endroit, même si tu vas chercher la terre de plus en plus loin.
Nilo, alchimiste.
Et c'est peut-être une accumulation de ces monticules qui fera qu'enfin tu atteindras le sommet de ta cinquième montagne.
Pour peu que tu continues à accumuler les monticules sur la même base en jetant tes pelletées toujours au même endroit, même si tu vas chercher la terre de plus en plus loin.
Nilo, alchimiste.
_________________
... Tu lui diras que je m'en fiche. Que je m'en fiche. - Léo Ferré, "La vie d'artiste"
Re: L'âme de la poussière (essai)
Sauf que j'entendais "monticules" dans un sens péjoratif ! C'est l'impression que la poésie livre d'abord ses clefs les plus grosses, grossières même, avant de te permettre de chercher plus loin. C'est l'impression que ces mots faciles ne forment que des monticules, des entassements sans subtilité de beautés déjà vues. Cela dit l'image n'est pas très heureuse.
Merci de ton passage !
Z.
Merci de ton passage !
Z.
Zlatko- MacadAccro
- Messages : 1621
Date d'inscription : 30/08/2009
Age : 33
Localisation : Centre
Re: L'âme de la poussière (essai)
Ce que je voulais dire c'est que ces "monticules", pour peu qu'ils s'additionnent, s'accumulent, peuvent finir par faire une montagne. A la manière d'un volcan qui laisse couler sa lave toujours au même endroit et qu'on finit par remarquer, et craindre...
Nilo, éruptif.
Nilo, éruptif.
_________________
... Tu lui diras que je m'en fiche. Que je m'en fiche. - Léo Ferré, "La vie d'artiste"
Re: L'âme de la poussière (essai)
J'ai fait le vœu de mettre mon aumône dans la sébile de tous les mendiants que je trouverai sous toutes les portes cochères qui mènent au Petit Etablissement de Crédit que je viens d'ouvrir au profit de ceux qu'en ont pas besoin. En particulier à la Dixième liste que j'vous ai filée.
Juste histoire de pas avoir bossé pour rien à les chercher pasque si j'compte que sur vous j'crains qu'y en ait qu'entendent pas le son de votre obole tombant dans leur coupelle.
Charité bien ordonnée...
Dédé
Juste histoire de pas avoir bossé pour rien à les chercher pasque si j'compte que sur vous j'crains qu'y en ait qu'entendent pas le son de votre obole tombant dans leur coupelle.
Charité bien ordonnée...
Dédé
_________________
Ciao les gonzesses, c'était Dédé.
Dédé- MacaDédé
- Messages : 1885
Date d'inscription : 04/09/2009
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Macadam :: MacadaTextes :: Vide-Poche
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