Instant de grâce

Elle arrête sa course sans suite
Posée vivante en plein jardin
Visière sa main d'enfance abrite
Un visage en peau parchemin

A briller l'instant doux dépose
Sur ses doigts usés sans merci
Un peu de temps qui se repose
Trêve légère de nos sursis

L'ombre du soir à ses épaules
Resserre le voile des absences
Inéluctables qui nous frôlent
Avant d'emporter l'existence

En vain chercherons en mémoire
Quelque souvenir mieux agencé
Les feuilles noircies du grimoire
Au bout de soi iront froissées

Porter aux dahlias près des roses
Là dans le coin ton préféré
Le dernier geste, la dernière pose
Légère qui t'a vue reposée.

Très beau texte.
Quelle construction ! Faite de briques de mots qui s'emboitent, s'insèrent, sincères, si bien les uns dans les autres sur cette charpente de tendresse.

Nilo, Un instant de grâce en effet.

Un joli texte tout en douceur en effet, même si je trouve que "Un visage en peau parchemin", casse un peu la musicalité de ta première strophe...
Sinon j'ai beaucoup aimé les deux dernières !

Pas d'interruption dans le plaisir de lire, pour moi. Un poème tout en finesse et en douceur, ciselé, sans artifices. Un plaisir.

Z.

C'est plus qu'une plume, c'est une langue, la tienne.

Dam à la tienne !

un texte qui coule, musical et rythmé et cependant quelle construction !! j'ai aussi un peu buté, notamment oralement sur le visage en peau parchemin

Ratoune a écrit:
Les feuilles noircies du grimoire
Au bout de soi iront froissées

Un agencement tout à fait personnel qui transcrit merveilleusement bien les images, les sensations.
Même remarque que Rude pour "peau parchemin"

J'ai adoré, RATOUNE. Je vais répéter ce que les autres ont déjà dit, mais pourquoi m'en priver ?
Oui, c'est un instant de grâce, pour moi.
J'ai retenu ça :

"Les feuilles noircies du grimoire
Au bout de soi iront froissées"

et le dernier quatrain, superbe !

Mais j'ai surtout tout retenu, et je me fais un plaisir de te relire. Merci.

Messaline

A vous la grâce !

De grâce, je vous en prie...écrivez nous encore!

Un mur oui, un mur solide et stable fait de mots qui sortent rentre d'un côté sans jamais ressortir de l'autre.

Emmurée dans ta poésie.

Sylvie

mon hermétique relation à la métrique parfois s'entrouvre, ici par exemple...

« Soit on soigne trop son ouvrage, soit on ne le soigne pas assez,
rarement on trouve l'entre deux qui boite avec grâce. ... »

Je rattrape mes silences..pour ce superbe texte de Ratoune.

On en veut encore!

quelle merveilleux instant de lecture!