Amer Matamore, amour à mort

Vêtu de mon costume de matamore,
Je me suis mesuré
À Elle !
J’ai roulé des épaulettes,
Sautillé d’un pied sur l’autre,
J’ai fait craquer ma nuque,
Puis je l’ai étreinte à pleines mains.

Au comble de l’excitation,
Balloté par son souple déhanchement,
J’ai coulé en elle.
Immédiatement
Enivré.
Totalement
Noyé.

Elle,
Alanguie,
Allongée,
Souveraine,
Jouait les indifférentes.
Elle roulait d’une hanche sur l’autre,
Dans un spasme ondulé.

Après deux ou trois flux et reflux,
Hypnotiques,
Elle m’a recraché,
Comme le cadavre d’une mouette !
Pauvre embryon de moi-même,
Mort-né,
Dans son placenta salé.

Elle, impassible,
A continué
De rouler ses hanches liquides.
Elle, impérieuse,
A continué
De retrousser ses babines moussues
Sur le sable frémissant d’écume.

Je me suis confronté
A la Mer, déchaînée.
Pathétique Jonas,
J’ai sombré.
Ne reste de mon outrecuidante vanité,
Que ma carcasse échouée
Sur un linceul de galets noirs et blancs.



Phil, alias Rude.

Je me suis baigné dans le poème de la mer et je n'ai pas été déçu. Tu as su personnifier admirablement ce monstre bleu-liquide avec des images éblouissantes ! Que dire de plus ?
Je préfère me taire et replonger...

Je prends ce sentiment superbement retranscrit, l'amour frôlant la mort, tragédie intime.

Un poème qui a fier allure avec un passage fort bien travaillé aussi bien en lecture que visuellement.

Mais j'ai quand même une critique qui est que dans le dernier passage:

"Je me suis confronté
A la Mer, déchaînée.
Pathétique Jonas,
J’ai sombré.
Ne reste de mon outrecuidante vanité,
Que ma carcasse échouée
Sur un linceul de galets noirs et blancs."

Avec tes mots d'avant, la "mer" on le devine et je pense que d'en avoir donné la clé dans ce passage est dommage. Je n'aurais donc pas mis ce passage:

""Je me suis confronté
A la Mer, déchaînée."

Qu'en penses-tu?

Sylvie

je pense que tu as raison, en poésie comme en amour il ne faut pas trop en dire, et laisser toute sa force à la suggestion et l'imagination ... merci

Moi je le prends comme il est parce que je l'aime comme il est. Et je crois que parfois il est bon d'éclairer une métaphore, de la dévoiler pour qu'elle n'en soit plus une.
Ainsi parlaient les évangélistes, et Paul dans ses épitres ne manquait jamais de remettre les pendules à l'heure.
Alors, Amour ? A mer ? Mise Amor ?

Nilo, amour amer.

J'ai beaucoup aimé ce texte !
Oui, beaucoup !

H.

Merci à Nilo et Hortense

Nilo, intéressante polémique

Une jolie métaphore que l'on découvre doucement... J'ai bien aimé ce jeu, ce cache-cache timide mais qui se ressent bien.

océane. Timide ? c'est marrant, on me le dit souvent, c'est simplement un peu de retenue ...