La conjoncture du rêve

Elle est comme ça, assise, jointe
entre mes doigts et son rêve
d'être belle, et puis de pas crever
pas tout de suite
et surtout pas comme ça

Je ne l'ai pas assez aimé
c'est que je me dis, sur la route
qui ondule des pentes raides
et des faisceaux crépusculaires
un peu pour me sentir coupable
un peu pour avoir le blues
des retours à la ville

Dans mes rêves, elle a une vie immobile
entre le silence et les peurs de la nuit
j'ai la trouille je crois, de la voir surgir
pour de vrai, ici, maintenant
alors que le temps est un fuyard
laissant derrière lui une poudre
de mémoire

Je ne t'ai probablement pas assez aimé
c'est ce qu'on se dit quand il est trop tard
quand on ne peut plus rien faire avec ses doigts
quand l'écran de fumée barre la route
y a pas de déviation, faut juste continuer
à avancer, en se disant qu'on n'aime jamais assez

Elle est comme ça, diffuse et disjointe
une image qui court sur la paume de la main
et dans l'opacité des rêves
j'ai les doigts de travers, les lèvres chuchotant
des mots idiots, des mots de rien du tout
au travers des vitres poussiéreuses
je regarde le monde plein d'absence
et de cauchemars de biais

Le dernier éclat du dernier soleil
sur le Mont Aiguille, et je la vois
dans l'ombre naissante des nuits
assise, jointe à mes envies
d'être un autre, là où on se permet
d'aimer plus que de raison
loin de ce monde d'oubli et de souvenirs

Elle est comme ça, oscillation nébuleuse
entre mes doigts et la conjoncture du rêve

"Elle est comme ça, assise, jointe
entre mes doigts et son rêve"

Je l'aime beaucoup celui la ...
parce qu'elle est comme ça, sortie de la paume de tes mains.

J'aime bien moi aussi ces
Elle est comme ça...
Et plus largement je te trouve actuellement dans une belle verve au service d'une belle inspiration.

Nilo, conjonction de nébuleuses.

Je crois que ma pensée ici, croise la tienne

Sylvie