Quand août se fait décembre

Quand août se fait décembre


Que le silence est froid
Dans ces pièces bien vides.

Sur les murs les tableaux
Semblent s'être vêtus
De leurs couleurs d'hiver.

La Toscane s'enneige
De gris et d'ocre blanc
Et les cyprès se couchent
Sous les assauts du vent.
Les oliviers se tordent
De sombres tremblements
Et les tours de Pienza
Ou San Geminiano
Ont des reflets de givre.

Les nuits se font abstraites
Dans des ciels sans étoiles
Uniquement barrés
De lumière électrique.
Et l'horizon s'éteint
Jusqu'à perte de vue.

Les fenêtres se cachent
Derrière les volets,
La lumière du jour
Ne passe plus les portes
Et la nuit s'indiffère
Du souffle des passants.

Un réverbère nu
Fait glisser son halo
Sous les porches poubelles
Où tous les chiens errants
Ont élu domicile.

Même les bruits grelottent
A se casser les dents
Sur les bords de trottoirs
Et aux angles des rues.

Au fond de leur trou noir
Les étoiles verglacent
Et le soleil s'enrhume
En éclipse totale.


Quand août se fait décembre,
En cette fin d'été,
Dans les pièces trop vides
J'ai froid de ce silence.


Nilo.

Vous lire, vous relire, et...reverser des larmes !


H.

Un mot.
Admiratif.

Quand Nilo prend sa plume...on a envie de la suivre...

Les mots s'accrochent aux sentiments et la nostalgie fait son apparition comme une reine que l'on redouterait si il n 'y avait pas la poésie pour rappeler qu'elle sait être tristesse, colère ou amour.Du coup, ça devient plus doux même en décembre.

Monsieur Nilo, je vous salue.

Sylvie

Un texte évocateur et une des plus belles régions d'Europe...

Swann,
Juillet, s'est fait décembre aussi, un 14 de 1993, en Toscane...

Sensible à cette mémoire qui chez toi évoque une saison liée à un événement particulier ; avec tes mots, ça devient un rêve.

Dam.

Quand août se fait décembre,
En cette fin d'été,
Dans les pièces trop vides
J'ai froid de ce silence.

Le froid qui traverse les vers marque bien cet état que nous fait trembler.
La tristesse ...
Cordialement Solweig

Quelle belle fin de saison...

Nilo, automne au balcon.

J'en profite car nous sommes encore en Aout pour remonter ce très beau poème de toi que je n'avais pas commenté.

Grandiose !

je reviens pour cette lecture - décidément c'est un temps nostalgique. Mais cela fait si bien de te lire même si c'est de plus en plus rare de le pouvoir faire ici.
Cordialement Solweig