L'arbre du poète

Vous vous souvenez de ce Dimanche de Juillet, c’était la journée des trucs de fous. Depuis ce jour, tous les soirs, j’allais voir l’arbre du Poête dans son trou, pour lui souhaiter bonne nuit : “Ah, horreur ! l’est tout déplumé... Viens vite voir, père”.
- Mais non qu’il dit, n’est pas peur, c’est normal : le soir, il plie ses plumes...
“J’aurais dû lui souhaiter bon vent”.

Cet épisode aurait semblé banal si, dans la journée, en plein jour, il ne s’était pas passé ceci. J’observais seul l’arbre du Poête depuis la terrasse dans son trou plus bas - “Viens voir, y’a plein de nouvelles feuilles. C’est moi qui l’ai planté... - Oui, qu’il répond, j’sais bien (pour c’est bien) - Faut plus trop l’arroser maintenant, sinon on va le faire crever. >>
“C’est un arbre vivant alors, ça alors !”

“... Mais moi, c’est la nuit que je vis ; je ne suis donc pas poête ? Je suis... quoi ? vous n’avez pas saisi déjà ? Entre arbre et poisson, ciel et mer, je suis celui qui plonge et qui vole - tous sens confondus - perdant et vainqueur, pour personne et encore, à jamais inconnu et pourtant... On ira me voir pour me souhaiter rien du tout, dans mon trou. Je n’aurai jamais à plier mes plumes, et je ne l’ai jamais fait d’ailleurs, pour alerter Pierre ou Paul de ma fragilité - les arbres sont plus malins... sans commentaire.

... Et pour couronner le tout, la réflexion suivante est vraiment insignifiante, j’ai honte.

>> Goutte, goutte...
- Tu devrais revenir à ce temps béni où tu avais des prix en chantant Goutte goutte de pluie. >>

>> J’ai rêvé de pas précipités qui s’enfuient - pakistir - c’était la pluie. Le bruit des gouttes sur la...
- Non, dit père, je ne veux pas entendre ça.
- ça va ! On a compris, dis-je.
(Mère:) Je rêve toujours de vous deux, petits.
- Pas de moi, dit Cam !
- n...
- Tu m’aimes moins !
- Non non. >> Pas le supplice de la goutte d’eau !
Personne n’avait compris en fait, la source du problème, mais à qui la faute, si elle n’avait jamais avoué, même sous le supplice. L’orgueil, c’était bien ça, l’orgueil.

...
Dam.

pas tout saisi..
dommage !

Des paquets de sensations livrés là, sans forcément de liants, et peut-être hors de leur contexte. Je situe aussi ce texte, comme ma dernière lecture, dans un tout qui prendra son sens.

"Mais moi, c’est la nuit que je vis ; je ne suis donc pas poète?"
Justement.

Z.

Saluer cet " arbre-là " c'est déjà tout un art !

Après avoir lu ce texte dont le titre est superbe, voilà ce que je voyais:

Un enfant qui a grandi avec ses rêves, une poésie en permanence, des regards qui se demandent ce qu'il va devenir sachant que l'artiste a été mis au niveau du "bon fainéant"

Un arbre qui pourrait avoir des plumes en guise de feuilles et des pages en guise de fruits.

Mais je n'ai jamais entendu un membre de la famille dire:

" Va y, continue, exploite ce don que tu aimes si fort"

Mais

" Arrête de rêver et commence donc à te mettre au travail"

L'arbre se meurt doucement et engendre un doute lié à la frustration la plus totale. Mais la nuit, il parle comme la solitude le fait aussi parler et des révélations deviendront la naissance du doute que beaucoup de poètes rencontrent.


Sylvie

Juste "merci" Sylvie, pour ton commentaire.
Ainsi que Lalou, Ratoune et Z.
Dam à vous.