50ème anniversaire de la mort de Céline

Parce qu'on ne sera pas de trop à s'insurger et à dire que les cons qui sont toujours certains de leur bon droit et de la validité universelle de leur échelle de valeur.
Voilà ce qu'a déclaré Bertrand Delanoë à propos de l'inscription du cinquantenaire de la mort de Louis Ferdinand Céline au calendrier des célébrations nationales pour 2011 :
«C’est une insanité de la part du Ministère de la Culture de présenter comme exemplaire cet écrivain dont la valeur morale est au-dessous de zéro. Non seulement je le déplore, mais je pense qu’on va s’y opposer : il y a un dîner du CRIF le 9 février auquel le président de la République va participer, je pense que cette question sera réglée d’ici-là; j’espère [que ce sera] dans le bon sens.»
A mon avis BHL devrait pas tarder à venir apporter sa pièce à cet édifice nauséabond. Et des tas d'autres devraient suivre pour clouer de nouveau Céline au pilori du bout de la nuit intellectuelle et lui garantir une perpétuelle mort à crédit.

Bordel de Merde, il est de bon ton de "célébrer" les auteurs (et artistes en tout genre) pourvu qu'ils soient de gauche et dans ce cas quelle que soit leur "valeur morale" (si vous voulez des exemples je pourrai vous en donner et même ceux de gens que j'aime lire, ou regarder, ou écouter...) mais dès qu'il s'agit de Céline alors là c'est l'assurance d'une levée de boucliers républicains tenu à bouts de bras par tout ce que la bobosphère compte de "bien-pensants".

Et à ceux que ça défrise je rappelle que le bon docteur Destouches soignait gratuitement les pauvres, ce qui n'enlève rien à ses égarements pas plus que ceux-ci n'enlèvent à son génie littéraire.

Et Merde !

Nilo, féérique une autre fois.

Je connais ton admiration pour cet artiste qui d'ailleurs, par certains côtés, te ressemble. Je comprends d'autant plus ton indignation (je n'en dirais pas plus, tu l'as fait et bien fait). Voilà qui est dit, je voulais juste laisser une trace d'approbation sur ton post.

Céline, immense artiste.

Dam.

Je ne peux m'empêcher d'apporter ma trace à ton coup de gueule, en tant que fidèle admirateur de l'œuvre de Céline, lecteur d'a peu prés tout ce qu'il a écrit, y compris les pamphlets, y compris sa correspondance depuis sa prison du Danemark...Quels que soient ses prises de positions, ses choix (que je ne partage pas), il reste et restera un auteur majeur français du XXème siècle et les imbéciles n'y pourront rien. Il n'a vraiment pas besoin d'être honoré pour exister...

Swann,

J'y apporte une pierre (modeste) aussi, n'ayant lu que Le Voyage et partiellement Mort à crédit. Mais je connais un peu sa vie, et dirait simplement qu'avant d'être auteur, des artistes comme Céline sont d'abord des hommes : chacun peut se fourvoyer, quelque soit la gravité de ses égarements. Il est tellement facile, en un trait de crayon assassin, de ramener Céline à ses erreurs, la virulence de son antisémitisme, le dégoût que peuvent provoquer ses pamphlets. Il s'agit de s'élever un peu plus loin que le bout du nez de la démagogie : envisager Céline tout entier, la laideur du personnage parfois, sa beauté, aussi, quand sa plume nous embarque. Le Voyage restera au panthéon des plus grandes oeuvres jamais écrites. Quant à s'être fourvoyé, la liste est longue de ces artistes dont le talent était aveugle : génies par le don, contestables dans leurs opinions (Drieux-la-Rochelle, ou Aragon..).

Il est dommage que l'uniformisation des modes de pensée ait atteint un tel sommet qu'il ne soit plus permis, bien souvent, aux humoristes caustiques de piétiner le politiquement correct sans être virés ; qu'aucun journal, par conformisme et manichéisme, n'accepte de reconnaître qu'un homme tortueux et passablement dégoûtant parfois, puisse être un pilier de la littérature.

Z.

Les mots de Céline pour Sartre ne peuvent faire véritablement débat
si le principal intéressé (et ses ayants droits) n'y répondent pas. J'observe qu'ils sont restés "lettre morte" et c'est la preuve qu'il voyait juste. Les réponses aux questions qu'on peut se poser et aux doutes qu'on peut avoir sur sa personnalité se trouvent dans son oeuvre. C'est en cela, d'abord et avant tout, qu'il détestait Sartre par dessus tout.
S'il apparait monstrueux et indéboulonnable dans cette affaire, c'est que tout simplement la messe est dite. Elle l'est depuis plus de deux milles ans.

Dam.

i]Avec le talent, on fait ce qu'on veut. Avec le génie, on fait ce qu'on peut.[/i]
Jean-Auguste-Dominique Ingres

Céline a fait ce qu'il a pu. Son génie tout comme celui de Rimbaud, Nietzsche, Artaud ou H.P. Lovecraft ne souffrait d'aucun compromis. Ces artistes-là pouvaient tout exprimer, tout affirmer, tout dire. Ils étaient redevenus innocents dans le sens où la morale et les conventions de leur époque ne les atteignaient plus. Ils avaient rompu les amarres avec la conscience collective. Ils voyageaient sur terre mais dans un univers parallèle au nôtre. Le rejet absolu des codes et des normes en vigueur, la monstruosité de leur verve, la liberté libre de leur ton et l'ambiguïté de leurs propos étaient la marque de leur génie.
On ne mesure pas ou très peu le courage de ces hommes qui ont pris le risque d'être authentiques dans une société faussement libertaire.
On ne mesure pas l'aventure spirituelle féroce qu'ils ont vécus. On ne peut que l’imaginer…
Bien entendu, il est impossible de cautionner les revendications antisémites, la propagande littéraire nauséabonde et la complicité idéologique partagée avec les nazis mais nous pouvons réfléchir sur les raisons et les motifs qui ont amené de tels débordements intellectuels et une haine si marquée envers le peuple juif.
Je pense humblement que Céline n'avait plus de prise sur son génie. Je pense qu’il avait perdu tout contrôle et que l’esprit s'est emballé...Je pense à une autodestruction programmée.
L’illusion d’une puissance quasi divine, l’égocentrisme forcené, le dégoût de l’humanité et la réclusion perpétuelle de cet écrivain singulier ont eu raison de ses facultés mentales. Arrive cet instant où l’homme de génie se retrouve seul parmi les Puissances de l’esprit…et là tout peut imploser.
Je n’excuse pas Céline et je ne suis pas favorable aux commémorations sauf si elles ont un sens pour l’ensemble des citoyens mais avant de tirer à bout portant sur un individu ayant commis des actes répréhensibles, il est souhaitable de rembobiner le film de sa vie et de mettre à jour ses fêlures, ses traumatismes intimes…
Reste une œuvre incontournable, un ovni littéraire indémodable dans l’histoire des lettres françaises :
Ce Voyage au bout de la nuit. Un titre qui résume en partie le cheminement spirituel de Céline.

Pour terminer voici une chanson des Doors écrite par Jim Morrison (fervent admirateur de Céline) directement inspirée du Voyage...

https://www.youtube.com/watch?v=D9Ak6bKhZvs&feature=related

Juste un mot pour saluer l'intervention de Léo sur ce post et l'envoi planant de Jim Morisson.

Nilo, retour à la pénombre.