J'ai vidé l'océan pour construire des ports

J'ai vidé l'océan pour construire des ports


S'il me reste des pages à écrire pour toi
Je voudrais que tu trouves au seuil des feuilles blanches,
Emmêlés dans les lignes au milieu des consonnes
Les traces laissées là, comme échos qui résonnent,
D'initiales gravées sur le tronc et les branches
De ces arbres meurtris dans le cœur de leur bois.

Aux matins embués à la marée des songes
S'évapore l'ennui de ces nuits sans sommeil
Quand le froid de l'absence à l'horizon du jour
Vient poser sur le ciel un couvercle trop lourd
Qui met sur mes paupières à l'heure du réveil
Le maquillage gris des souvenirs qui rongent.

Le temps qui se complait à détruire mes charmes
Dessine sur ma peau de vaines meurtrissures
Comme celles qu'on voit aux plis des parchemins
Dont les mots effacés, évadés, comme éteints,
Racontent les douleurs des anciennes blessures
Qu'allumait à mes yeux l'étincelle des armes.

Pour que meure un sanglot échappé de sa gorge
J'ai peint des soleils bleus, me suis fait chercheur d'or,
Suis devenu joueur et me suis pris au jeu,
J'ai soufflé sur le vent pour attiser le feu,
Puis vidé l'océan pour construire des ports
Et j'ai fondu l'amour au creuset de ma forge.


Nilo.

*sigh* Que j'aime tes poèmes Nilo... Mais que dire? Sinon que j'aimerais, je crois qu'on m'écrive des choses comme ça... (surtout, bien sûr, les derniers vers... )

Sasvata

C'est dans le creux de la gorge, là où le pli évase le silence, que s'étreignent les amours indicibles.

Aux matins embués à la marée des songes
S'évapore l'ennui de ces nuits sans sommeil
Quand le froid de l'absence à l'horizon du jour
Vient poser sur le ciel un couvercle trop lourd
Qui met sur mes paupières à l'heure du réveil
Le maquillage gris des souvenirs qui rongent.

J'adore cette image dans cette strophe et aussi bien sûr celle-là :

J'ai vidé l'océan pour construire des ports
Et j'ai fondu l'amour au creuset de ma forge.

Chantal

Tu me commentais recemment en "si ça c'est pas une déclaration d'amour! " , je te rends la pareille, parce que je n'y vois que ça.

Love Love Love

Un signe, je ne saurai lequel ?
Il fallait que je passe
Vous lire,
Verser ces larmes d'émotion
Que le temps n'efface...

H.

Quel talent que le tien où j'ai retenu ce passage en particulier, riche en émotion, en sentiments, en gentillesse .

"Le temps qui se complait à détruire mes charmes
Dessine sur ma peau de vaines meurtrissures
Comme celles qu'on voit aux plis des parchemins
Dont les mots effacés, évadés, comme éteints,
Racontent les douleurs des anciennes blessures
Qu'allumait à mes yeux l'étincelle des armes."

Un homme qui cache un coeur grand comme le désert.

Sylvie

Merci à vous tous.

Nilo, danaïdes ambitions.