Le mythe de Sisyphe - Albert Camus

Je l'ai fini récemment et je tenais à vous en faire partager quelques (courts, ne vous inquiétez pas) paragraphes.

in 'Le raisonnement absurde' (partie I)

'Avant de rencontrer l'absurde, l'homme quotidien vit avec des buts, un souci d'avenir ou de justification (à l'égard de qui ou de quoi, ce n'est pas la question). Il évalue ses chances, il compte sur le plus tard, sur sa retraite ou sur le travail de ses fils. Il croit encore que quelque chose dans sa vie peut se diriger. Au vrai, il agit comme s'il était libre, même si tous les faits se chargent de contredire cette liberté. Après l'absurde, tout se trouve ébranlé. Cette idée que 'je suis', ma façon d'agir comme si tout a un sens [..] tout cela se trouve démenti d'une façon vertigineuse par l'absurdité d'une mort possible.'

in 'La création absurde' (partie II)

'Ainsi je demande à la création absurde ce que j'exigeais de la pensée, la révolte, la liberté et la diversité. Elle manifestera ensuite sa profonde inutilité. Dans cet effort quotidien où l'intelligence et la passion se mêlent et se transportent, l'homme absurde découvre une discipline qui fera l'essentiel de ses forces. L'application qu'il y faut, l'entêtement et la clairvoyance rejoignent ainsi l'attitude conquérante. Créer, c'est ainsi donner une forme à son destin.'

in 'Le mythe de Sisyphe' (partie III)

'Toute la joie silencieuse de Sisyphe est là. Son destin lui appartient. Son rocher est sa chose. De même, l'homme absurde, quand il contemple son tourment, fait taire toutes les idoles. Dans l'univers soudain rendu à son silence, les mille petites voix émerveillées de la terre s'élèvent. Appels inconscients et secrets, invitations de tous les visages, ils sont l'envers nécessaire et le prix de la victoire. Il n'y a pas de soleil sans ombre, et il faut connaître la nuit. L'homme absurde dit oui et son effort n'aura plus de cesse.'

Il y a très longtemps (vraiment) que je l'ai lu.
Mais je me souviens y avoir pris du plaisir et appris des tas de choses.
Cet homme là, et ce texte, donnait vraiment à penser. Et cette générosité du "don" est une bien belle et rare chose.

Nilo, il faut imaginer Sisyphe heureux..

Camus est l'un de mes auteurs préférés. L'étranger, La Chute, La Peste, L'homme révolté...Toute son oeuvre est moderne, intemporelle. Une approche humaniste du monde aux antipodes d'un Sartre. D'ailleurs je suis persuadé que ce dernier était profondemment jaloux de Camus. Un artiste beat, engagé comme il faut, un poète du chaos au caractère frondeur, sauvage. En outre son ascension fulgurante, lui le gamin d'Alger, né d'une mère analphabète et d'un père trop tôt disparu, a véritablement marqué les esprits de son temps et continue d'influencer le nôtre.

Il vient toujours un temps où il faut choisir entre la contemplation et l'action.

A.Camus

Ouep. Il y a aussi 'ce n'est pas tant la liberté qui est belle que les sacrifices qu'elle exige'.
C'était effectivement un homme de coeur, je crois. Et c'est à mon avis la plus belle des qualités.

Quant à cette histoire de contemplation et d'action.. ça n'est pas encore évident dans ma tête, je crois que cette phrase fera feu le moment venu ^

Z.

Ce que j'aime beaucoup de Camus, ses Essais littéraires
Noces, l'été, l'exil et le royaume, l'envers et l'endroit
Ses "carnets 1935-1951"
Et, écrits de jeunesse, journaux de voyage la mort heureuse (Oeuvres posthumes)

et bien sûr son grand roman :
L'étranger (1942), ainsi que ses récits : la peste ; la chute
*
Ses Essais philosophiques (Le mythe de Sisyphe ; l'homme révolté ; discours de Suède) sont selon moi complémentaires de ses Essais politiques (Actuelles suivies de lettres à un ami allemand)

Dam, passionnément.