Journal de Zette, un jour nocturne,

Cher nocturne,
Je voudrais avoir la plume de Chopin pour griffer un peu cette peau lisse ; « tu es née trop tard tapeuse de clavier mal tempéré ».
Fin des tentatives blanches sur noir.
La peau lisse…je connais la blague par cœur. Cousin Léon me l’a racontée pas plus tard que dimanche dernier, idiot. Dans le jardin, derrière la cabane à pipi turc. Tu sais, quand tu poses tes deux pieds de chaque côté du grand trou glissant, et que tu inondes tes chaussettes du dimanche.
Honte à toi Zette ! Encore une culotte trempée !
Je cours me cacher dans la niche du chien mort. Silence radio tout l’après-midi. Maman s’envoie de l’oxygène avec le vieux au bout de l’impasse.
Il paraît qu’elle fait le ménage chez lui.
Zoeil.
Cousin Léon est un curieux qui voudrait bien voir ce qui se passe dans ma robe, plutôt côté sud. Le nord, pour l’instant, ressemble au plat pays sans Jacques.
Mais je n’ai pas du tout envie de lui montrer ma zone en voie de développement, pour peu qu’il se prenne pour un pays riche prêt à m’aider, on voit où ça mène…
Alors il boude, ferme sa bouche poilue sur des dents vautrées dans la carie, pose son mou menton dans sa main et regarde au loin, de travers.
« Il a des pulsions » dit tante Grégorine.
Zoeil.
Moi, j’ai des répulsions. Ce cousin là ne me plaît pas du tout. Et même aujourd’hui, à l’heure des comptes nocturnes, je ne lui trouve aucun charme. Le temps a déraillé sur cet être en emportant les souvenirs, qui pourtant, embellissent les plus laids d’entre nous.
Il est devenu gros, le cousin, flanqué de quatre enfants agressifs et puants, d’une femme aigre et pisse citron à tous les étages. Quand ils viennent le dimanche voir les débris de la famille, je monte me cacher dans le chêne en priant l’orage de s’abattre sur la nappe cirée.
Zoeil.
Il fait un temps à mettre les couverts et les convives dehors, précisément sous la branche que j’occupe à cheval. Léon sort sa blague de la « peau lisse », tout le monde secoue sa mâchoire de rire. Les enfants surexcités courent dans l’herbe en poussant des cris de mouettes à l’agonie.
Au-dessus de moi sur une branche, j’entends deux trois commentaires d’écureuil :
- Pouah !
- On la connaît
- Elle est nulle !
- Il se croit drôle le gros
- T’as vu la tête de sa meuf
- Et ses lardons
- Même pas en photos sur ma commode.
Comme ces écureuils- là sont de mauvais poils ils envoient parfois quelques glands sur la tête des mômes. Cris, hurlements, crachin de larmes.
Je me fends d’un sourire jusqu’aux oreilles que j’ai très larges.
Merci les amis.
Merci pour tout.
Le petit monde en profite pour rentrer, il commence à tomber des grenouilles humides dans les assiettes.
Il est temps de descendre de l’arbre.
C’est en allant vers les derniers cerisiers en fleurs, près de la tonnelle que je me suis dit « je voudrais avoir la plume de Chopin, sans la tuberculose, pour mettre à portée de notes, toutes ces nocturnes passagères et pourtant imbibées ».
Sur le dépôt lisse de ces moments sans grâce, purement inventés.
Doux cauchemar qui rassure de n’être pas vivant, comme si l’on avait échappé à quelque chose de terrible.
Zoeil…

Ah Zette !
A la fois tendre et dure. Un peu douce, un peu aigre mais très poétique pour cette nocturne annoncée par une pluie de grenouilles.

Je sens que je m'attache moi...

Nilo, gare à la chute.

oui !! on en redemande !

Zette caustique Zette réaliste Zette pas si naïve!

Grand plaisir à retrouver Zette et ses réflexions douces avec une pointe d'amertume et un grain de folie parfois, comme les meilleures recettes.

Swann, fan ++

Zette est couchée ( il est tard et demain elle a école ) mais elle vous envoie une grosse bise à tous.

J'aime beaucoup et ne ferait qu'une chose : en redemander !

Z, accro à Zette.

Décidément, cette Zette, je l'adore. Pas innocente pour un sou, elle a le regard de l'enfant qui en a vu bien d'autres, des pas mures tandis qu'elle, elle l'est sacrément, même du point de vue de l'oncle Léon, ce sagouin !
Mes line, copine à Zette

moi aussi, je m'y attache à cette gamine ...
elle a une façon d'écrire qui me fait rire et qui me touche et des expressions savoureuses !
bref, un régal ...
Yzaé

Ce n'est pas de ma faute mais de celle du Mur à Dédé.
Mais putain que c'est bon d'être une "Wall Victim" et de tomber là-dessus...

Nilo, sans honte.

Je profite des coups d'pieds dans le mur de Nilo pour passer un moment de lecture surprenant...sur et si bien écrit.

MA zette....

Sylvie

Tiens, je viens d'aller chez les riches et je suis retombée ici.

J'en profite pour te faire des énormes