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Petite partie de développement
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Macadam :: MacadaTextes :: Nouvelles
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Petite partie de développement
Petite partie de développement
(un texte de 96, d'avril)
Bien. Je n’avais jamais eu l’intention d’écrire pour faire des révélations, mais pour discuter simplement de choses et autres qui me semblent plus ou moins importantes, avec vous. Des gens. Les gens. Vous tous, vous comprenez bien que mon humble avis sur les choses de la vie se perdra vite... perdra de son intensité et sa primeur, ainsi présenté. Je vous invite au voyage de tous les doutes et des certitudes affables qui conduiront ensemble ailleurs et nulle part ; lieu de terre ou de ciel qui reste à définir, au demeurant fiction-néant, je pense, et j’en passe.
Enfer et Paradis, la vie...
(En train)
Je regardais défiler les prairies, les villes neuves et les vielles cités périssables et croulantes de saleté, détritus et déchets ; témoin d’une ère en difficulté croissante et détestable. Détestable pour qui, pourquoi ? Je ne vais pas m’étendre sur le sujet, développer ça avec des mots à moi, et des idées, au risque de me compromettre “type raciste”, non. Pas tout de suite dès le début !
Maintenant, je veux partager le silence avec vous, d’une partie malheureuse du monde, partie de réflexion, en admettant que vous êtes du bon côté de la barrière, assez libre et indépendant pour faire la part du bien et du mal ; réflexion qui sera inspirée d’une réalité souvent mouchée, nulle belle et sale, suivant les goûts et les couleurs...
J’avais le teint blafard du grippé et, devant moi, une bande hurlante de jeunes gens en casquettes et anoraks Fonction Disturb ; dans mon dos, une jolie fille à la chevelure épaisse et ondulée, tournée, déhanchée vers le groupe, cherchant à comprendre d’où venaient ces cris et ces rires et pourquoi - des cris de rire ?
Je regardais vers l’arrière pour fuir les regards de vipère à visières et les dents de rats... Quand la fille me voit, elle est offusquée au top et reprend sa pause droite et rectiligne, offrant son dos au grippé et aux sauvages.
Je pète, je rote, je mouche, je m’en fou. Plus tôt, je ne voyais que les laiderons mâles, prototypes calqués sur un monde malade décadent ; puis la bande de salards est partie et je ne vois plus que des jolies frimousses aux yeux fripons et charmeurs qui me fixent avec un sourire sous la langue et un sanglot dans le nez, ou ailleurs. L’une d’elles avait adopté la mode Kangourou pour pouvoir en contenir plus et en camoufler encore d’avantage ! Pour les novices, cette mode consiste à avoir l’entrecuisse au niveau des genoux ; pour celle-ci qui était courte sur pattes, c’était les chevilles.
Coup d’oeil dehors. Une S.D.F. couchée dans l’herbe derrière la gare - un passage à niveau qui ne se lèvera jamais pour elle - et ça vaut mieux. Une petite voix tenace : “quand tu passeras la grille, tu passeras sous un train”.
Je me vautre sur ma banquette avec la crève d’enfer qu’on sait. Le silence maintenant. Tenace, lourd. N’apprendras-tu jamais le français pour pouvoir travailler en France - cause première du chômage : << Vous ne savez pas parler >>. Les arabes parlent mieux que toi bientôt ; ils n’ont pas peur de traverser la mer... Un jour, c’est eux qui te donneront une pièce de dix francs pour manger. Penses-y et apprends à parler français.
... On nous bassine avec les langues - bilingue, trilingue, quadri... -, si bien que tu as oublié que tu avais une langue, une seule langue pour parler. Avec tous ces potins de stars surdouées, non seulement on t’as coupé la langue, mais aussi... aussi. Tu es perdu, suiveur, traîneur des fossés aux relents de puanteur. Tu es exactement comme cette pauv’femme couchée dans l’herbe derrière la gare.
*
Auto censure
Suis allé chercher seul l’humiliation, comme si j’avais encore besoin de preuves, chez mon agent d’hier dans sa galerie privée “les Sirènes”, rue Saint Vulfran ; Il manquait de la franchise à son charme, son charisme, et la vérité éclaterait comme un volcan se réveille : c’était sûr que je n’exposerai pas en Galerie avant longtemps, sûr et certain, comme je ne suis pas millionnaire !
En rentrant de Paris, j’ai écrit ce texte sur les bancs de zonards et cette S.D.F. couchée sur l’herbe, derrière la gare. À Maisse, j’ai attendu dans le soleil avec la musique, qu’on vienne me chercher. Dans la voiture, j’ai “exposé” le problème à père, qui ne semblait pourtant pas comprendre. Je lui dis alors sur un ton de conclusion que je ne donnerai pas un centime à ces voleurs, le cul vissé à leur chaise et les yeux rivés au pied du tabouret du patron, en bois.
J’avais la grippe, bien installée. Je me soignais déjà depuis la veille avec des drogues multiples, dont les effets étaient clairement ressentis ; parmi les plus désirables : confusion mentale. J’avais comme des frissons, mais, tous ces maux ne faisaient ni chaud ni froid à père qui conduisait avec une autre obsession, plus constructive et d’importance, Cap : “Va falloir trouver une solution...” Pour moi, la solution était de vendre certes, mais d’abord et surtout de peindre. C’est ce que je faisais depuis Noël, un mois - vingt huit toiles et quarante dessins.
__________________________________________
Ennui au repas, seul. Sans goût.
Insomnie
.... Je vous emmerde donc avec vos doutes et vos sermons, vous qui m’empoisonnez l’existence. Je vous fais grâce de mes mots-de-tête-par-coeur-Gédémo pour vous dire ce que je pense vraiment. C’est nul. Je ne vais pas vous faire un exposé sur le milieu des artistes, pour l’avoir connu et fréquenté pendant cinq ans, car il suffit d’avoir des jambes. L’autre soir, Rue Mazarine, une galerie était ouverte à vingt heures - vernissage - pas un chat. Ils étaient deux : le patron et l’associée, servant de secrétaire pour occuper ses vieux doigts (mais pas ce soir !) L’immense coupole de l’Académie Française faisait une ombre obscène sur l’immeuble éteint. Une table noire, une rue étroite et sombre, des passants qui changent de trottoir et hâtent le pas, fuyant cette lueur imbécile, empoisonnée d’une galerie d’art.
Savoir après ça où je me situe dans la place n’a pas grande importance ; je peux seulement faire un constat : après quatre ans d’expos, le résultat des courses n’est pas nul. Loin de là, presque encourageant. Allez expliquer ça à un médecin, il vous regardera de travers en vous disant méchamment : “mais comment tu vas faire plus tard ?” Et moi, carrément, je réponds : “plus tard, j’en sais rien, ça ira ; pour l’heure, j’ai des tableaux à faire, qui ne sont pas à vendre mais à sécher. Je te prie de me foutre la paix avec tes doutes et mon compte en banque. Cela ne fait qu’un, je sais, mais... si tu veux savoir une seule chose, c’est que je ne suis pas un riche, loin de là, mais que jamais je ne me suis considéré comme un pauvre ; même quand j’avais dix francs par semaine pour bouffer” (le reste étant passé dans l’achat de toile et peintures)... - “Mais tu avais un logement...” - Je te vois venir, petit chenapan... Oui, un logement qu’on voulait bien me prêter, heureusement. Mais mon véritable abri, c’est à l’ombre du tamaris sauvage adossé au rocher, sous un ciel de plomb avant d’aller chasser. Je me déloque comme si de rien n’était, et n’attends pas que l’orage soit passé pour me mettre à l’eau. La vie tombe vite en hiver. Je n’ai pas de temps à perdre pour mon souper. Je n’ai pas vécu comme un pauvre, mais comme un artiste. >>
Marche ou crève
Nage ou rêve
Plonge ou vis
Si tu m’envies
Cette existence
Fais des ris
Dans ta méfiance
Et plonge...
Mais jamais tu ne seras un artiste ; ton arrogance te fera remonter en catastrophe ou plonger pour de bon. Définitivement. Sec ou mouillé, tu ne seras qu’une bulle d’air, une plume esseulée, une algue séchée... quelque chose d’auto-dégradable. Inutile fanfaron des dunes blanches et vil combattant, attentiste du néant.
*
Peins ou crève (Août 2011)
Ce soir, j’ai entamé une partie de peinture qui pourra me mener loin, j’en suis sûr, et pas en bateau - loin la mer - déjà j’oublie le temps, pour en avoir tant donné, du temps, que maintenant ça explose... Comme si j’en avais à revendre, du temps : je fais comme si... comme ça, ça va mieux. Maintenant, ce soir, je tiens un vrai journal d’atelier et de travail ; je n’écrirai que pour ça désormais - si ce n’est pas ce que je faisais déjà -, me rassurer.
Non, ce n’est pas ce que je faisais : je voulais plutôt rassurer les autres lecteurs, et leur montrer que je n’étais que ça, un écrivain. Non. Ce soir je sais, c’est impossible de confondre les deux, comme en amour : on ne peut pas confondre avec autre chose, le vrai du faux, indéfiniment.
Je me regarde en face et ne me relis pas ; on ne me regarde pas et je ne me renie plus. Renifle la vie et éternue la mort. Avec une larme dans le regard, la larme d’un coeur blanc comme neige, réchauffée par le feu de la vie, par le bien, parle moins, par le mieux, je vois déjà le bout du chagrin.
Rêche ! ô fée rosse
La crèche aux mille carats
Bosse de l’âne qui s’en bat
... Le sabot joue la Samba
Sur le front ras du gosse
Message en morse :
Quand son négoce
Ne fera plus recette
Grattera l’allumette
De ses dernières noces.
Jésus bon gosse
Jugez plutôt :
Quand ton négoce
Ne fera plus recette
Gratte l’allumette
De tes dernières noces
Pour y voir plus clair
Monte la crosse
À la lumière
Et fais feu
Avant qu’il soit heureux
Si tu tapis toi
Tu ne seras roi,
Que le temps d’un vers
Autant qu’il soit vert
Ou cet autre appât
Qui régale les sars.
Rat vit ta mère
Dans la cuisine
Pas longtemps !
La faute à qui ?
Au rat
À la cuisine
À la mère
Au temps...
Qui passe ?
Paillard ?
Que veut dire ce mot ?
Celui qui dort sur la paille
Comme celui de la crèche ?
Pas un coloriste
Ni un écolo
Ni un alcoolo
Mais un colo-rieur
*
>> Allô ?
- C’est ta mère...
- Oui ? Quoi ?
- Elle a tenté de se suicider...
- Tu lui as défendu d’arrêter de travailler, je vois. Comment est-elle m...?
- Dans le comas. >>
Ailleurs, dans une autre vie, elle verra des tableaux se mouvoir dans l’ombre pour sortir à la lumière, se battre avec les ténèbres pour se libérer enfin. Une lutte sans répit et sans pitié pour gagner l’éternité.
Elle est là, où elle n’aura jamais été pleinement, malheureusement, témoin d’une aventure folle au pays des âmes damnées. Témoin d’une seconde devant l’éternité ; témoin... témoin, mais témoin quand même, enfin.
>> Il n’y avait rien à faire pour lui, le sauver, mais j’ai toujours cru en lui, toujours. Cela n’aurait pas suffi, sûrement pas, de laisser dire la confiance sans rien faire. Il le savait, lui, que ça me perdrait un jour. Tu ne te privais pas de me le dire, car jamais tu en avais pris ton parti d’abandon. Jamais tu as tiré un trait sur cet espoir, cette présence légitime bien que grotesque d’une mère au côté de son enfant. Jamais tu t’es résigné. C’était ça ta foi, ta croyance, ton unique espoir, ta générosité, et puis ton génie a explosé.
Ton départ est la pire des absences, mère
Ton absence, le pire des départs.
Reviens.
>> Je pense toujours à Dieu
Mais je ne le sens pas
je le sens pas
je le sens pas m’aider. >>
Si l’ombre du volet n’est pas plus sombre que le volet lui-même....
Il restait seul, partageant avec le monde ce miracle de l’inachevé. - Je ne suis plus seul...
Si l’ombre du volet n’est pas plus sombre que le volet lui-même... - Tu me fais penser à cette plume que le vent de la porte en claquant a collée à la vitre mouillée du toit, à la lucarne... Je t’en veux un peu.
*
Le verre est blanc
Je t’en veux beaucoup
*
Le toit noir
Le verre blanc
Le ciel clair
Je t’en veux toujours
*
Le ciel gris
Mélange de toi
Et de moi
Dam.
(un texte de 96, d'avril)
Bien. Je n’avais jamais eu l’intention d’écrire pour faire des révélations, mais pour discuter simplement de choses et autres qui me semblent plus ou moins importantes, avec vous. Des gens. Les gens. Vous tous, vous comprenez bien que mon humble avis sur les choses de la vie se perdra vite... perdra de son intensité et sa primeur, ainsi présenté. Je vous invite au voyage de tous les doutes et des certitudes affables qui conduiront ensemble ailleurs et nulle part ; lieu de terre ou de ciel qui reste à définir, au demeurant fiction-néant, je pense, et j’en passe.
Enfer et Paradis, la vie...
(En train)
Je regardais défiler les prairies, les villes neuves et les vielles cités périssables et croulantes de saleté, détritus et déchets ; témoin d’une ère en difficulté croissante et détestable. Détestable pour qui, pourquoi ? Je ne vais pas m’étendre sur le sujet, développer ça avec des mots à moi, et des idées, au risque de me compromettre “type raciste”, non. Pas tout de suite dès le début !
Maintenant, je veux partager le silence avec vous, d’une partie malheureuse du monde, partie de réflexion, en admettant que vous êtes du bon côté de la barrière, assez libre et indépendant pour faire la part du bien et du mal ; réflexion qui sera inspirée d’une réalité souvent mouchée, nulle belle et sale, suivant les goûts et les couleurs...
J’avais le teint blafard du grippé et, devant moi, une bande hurlante de jeunes gens en casquettes et anoraks Fonction Disturb ; dans mon dos, une jolie fille à la chevelure épaisse et ondulée, tournée, déhanchée vers le groupe, cherchant à comprendre d’où venaient ces cris et ces rires et pourquoi - des cris de rire ?
Je regardais vers l’arrière pour fuir les regards de vipère à visières et les dents de rats... Quand la fille me voit, elle est offusquée au top et reprend sa pause droite et rectiligne, offrant son dos au grippé et aux sauvages.
Je pète, je rote, je mouche, je m’en fou. Plus tôt, je ne voyais que les laiderons mâles, prototypes calqués sur un monde malade décadent ; puis la bande de salards est partie et je ne vois plus que des jolies frimousses aux yeux fripons et charmeurs qui me fixent avec un sourire sous la langue et un sanglot dans le nez, ou ailleurs. L’une d’elles avait adopté la mode Kangourou pour pouvoir en contenir plus et en camoufler encore d’avantage ! Pour les novices, cette mode consiste à avoir l’entrecuisse au niveau des genoux ; pour celle-ci qui était courte sur pattes, c’était les chevilles.
Coup d’oeil dehors. Une S.D.F. couchée dans l’herbe derrière la gare - un passage à niveau qui ne se lèvera jamais pour elle - et ça vaut mieux. Une petite voix tenace : “quand tu passeras la grille, tu passeras sous un train”.
Je me vautre sur ma banquette avec la crève d’enfer qu’on sait. Le silence maintenant. Tenace, lourd. N’apprendras-tu jamais le français pour pouvoir travailler en France - cause première du chômage : << Vous ne savez pas parler >>. Les arabes parlent mieux que toi bientôt ; ils n’ont pas peur de traverser la mer... Un jour, c’est eux qui te donneront une pièce de dix francs pour manger. Penses-y et apprends à parler français.
... On nous bassine avec les langues - bilingue, trilingue, quadri... -, si bien que tu as oublié que tu avais une langue, une seule langue pour parler. Avec tous ces potins de stars surdouées, non seulement on t’as coupé la langue, mais aussi... aussi. Tu es perdu, suiveur, traîneur des fossés aux relents de puanteur. Tu es exactement comme cette pauv’femme couchée dans l’herbe derrière la gare.
*
Auto censure
Suis allé chercher seul l’humiliation, comme si j’avais encore besoin de preuves, chez mon agent d’hier dans sa galerie privée “les Sirènes”, rue Saint Vulfran ; Il manquait de la franchise à son charme, son charisme, et la vérité éclaterait comme un volcan se réveille : c’était sûr que je n’exposerai pas en Galerie avant longtemps, sûr et certain, comme je ne suis pas millionnaire !
En rentrant de Paris, j’ai écrit ce texte sur les bancs de zonards et cette S.D.F. couchée sur l’herbe, derrière la gare. À Maisse, j’ai attendu dans le soleil avec la musique, qu’on vienne me chercher. Dans la voiture, j’ai “exposé” le problème à père, qui ne semblait pourtant pas comprendre. Je lui dis alors sur un ton de conclusion que je ne donnerai pas un centime à ces voleurs, le cul vissé à leur chaise et les yeux rivés au pied du tabouret du patron, en bois.
J’avais la grippe, bien installée. Je me soignais déjà depuis la veille avec des drogues multiples, dont les effets étaient clairement ressentis ; parmi les plus désirables : confusion mentale. J’avais comme des frissons, mais, tous ces maux ne faisaient ni chaud ni froid à père qui conduisait avec une autre obsession, plus constructive et d’importance, Cap : “Va falloir trouver une solution...” Pour moi, la solution était de vendre certes, mais d’abord et surtout de peindre. C’est ce que je faisais depuis Noël, un mois - vingt huit toiles et quarante dessins.
__________________________________________
Ennui au repas, seul. Sans goût.
Insomnie
.... Je vous emmerde donc avec vos doutes et vos sermons, vous qui m’empoisonnez l’existence. Je vous fais grâce de mes mots-de-tête-par-coeur-Gédémo pour vous dire ce que je pense vraiment. C’est nul. Je ne vais pas vous faire un exposé sur le milieu des artistes, pour l’avoir connu et fréquenté pendant cinq ans, car il suffit d’avoir des jambes. L’autre soir, Rue Mazarine, une galerie était ouverte à vingt heures - vernissage - pas un chat. Ils étaient deux : le patron et l’associée, servant de secrétaire pour occuper ses vieux doigts (mais pas ce soir !) L’immense coupole de l’Académie Française faisait une ombre obscène sur l’immeuble éteint. Une table noire, une rue étroite et sombre, des passants qui changent de trottoir et hâtent le pas, fuyant cette lueur imbécile, empoisonnée d’une galerie d’art.
Savoir après ça où je me situe dans la place n’a pas grande importance ; je peux seulement faire un constat : après quatre ans d’expos, le résultat des courses n’est pas nul. Loin de là, presque encourageant. Allez expliquer ça à un médecin, il vous regardera de travers en vous disant méchamment : “mais comment tu vas faire plus tard ?” Et moi, carrément, je réponds : “plus tard, j’en sais rien, ça ira ; pour l’heure, j’ai des tableaux à faire, qui ne sont pas à vendre mais à sécher. Je te prie de me foutre la paix avec tes doutes et mon compte en banque. Cela ne fait qu’un, je sais, mais... si tu veux savoir une seule chose, c’est que je ne suis pas un riche, loin de là, mais que jamais je ne me suis considéré comme un pauvre ; même quand j’avais dix francs par semaine pour bouffer” (le reste étant passé dans l’achat de toile et peintures)... - “Mais tu avais un logement...” - Je te vois venir, petit chenapan... Oui, un logement qu’on voulait bien me prêter, heureusement. Mais mon véritable abri, c’est à l’ombre du tamaris sauvage adossé au rocher, sous un ciel de plomb avant d’aller chasser. Je me déloque comme si de rien n’était, et n’attends pas que l’orage soit passé pour me mettre à l’eau. La vie tombe vite en hiver. Je n’ai pas de temps à perdre pour mon souper. Je n’ai pas vécu comme un pauvre, mais comme un artiste. >>
Marche ou crève
Nage ou rêve
Plonge ou vis
Si tu m’envies
Cette existence
Fais des ris
Dans ta méfiance
Et plonge...
Mais jamais tu ne seras un artiste ; ton arrogance te fera remonter en catastrophe ou plonger pour de bon. Définitivement. Sec ou mouillé, tu ne seras qu’une bulle d’air, une plume esseulée, une algue séchée... quelque chose d’auto-dégradable. Inutile fanfaron des dunes blanches et vil combattant, attentiste du néant.
*
Peins ou crève (Août 2011)
Ce soir, j’ai entamé une partie de peinture qui pourra me mener loin, j’en suis sûr, et pas en bateau - loin la mer - déjà j’oublie le temps, pour en avoir tant donné, du temps, que maintenant ça explose... Comme si j’en avais à revendre, du temps : je fais comme si... comme ça, ça va mieux. Maintenant, ce soir, je tiens un vrai journal d’atelier et de travail ; je n’écrirai que pour ça désormais - si ce n’est pas ce que je faisais déjà -, me rassurer.
Non, ce n’est pas ce que je faisais : je voulais plutôt rassurer les autres lecteurs, et leur montrer que je n’étais que ça, un écrivain. Non. Ce soir je sais, c’est impossible de confondre les deux, comme en amour : on ne peut pas confondre avec autre chose, le vrai du faux, indéfiniment.
Je me regarde en face et ne me relis pas ; on ne me regarde pas et je ne me renie plus. Renifle la vie et éternue la mort. Avec une larme dans le regard, la larme d’un coeur blanc comme neige, réchauffée par le feu de la vie, par le bien, parle moins, par le mieux, je vois déjà le bout du chagrin.
Rêche ! ô fée rosse
La crèche aux mille carats
Bosse de l’âne qui s’en bat
... Le sabot joue la Samba
Sur le front ras du gosse
Message en morse :
Quand son négoce
Ne fera plus recette
Grattera l’allumette
De ses dernières noces.
Jésus bon gosse
Jugez plutôt :
Quand ton négoce
Ne fera plus recette
Gratte l’allumette
De tes dernières noces
Pour y voir plus clair
Monte la crosse
À la lumière
Et fais feu
Avant qu’il soit heureux
Si tu tapis toi
Tu ne seras roi,
Que le temps d’un vers
Autant qu’il soit vert
Ou cet autre appât
Qui régale les sars.
Rat vit ta mère
Dans la cuisine
Pas longtemps !
La faute à qui ?
Au rat
À la cuisine
À la mère
Au temps...
Qui passe ?
Paillard ?
Que veut dire ce mot ?
Celui qui dort sur la paille
Comme celui de la crèche ?
Pas un coloriste
Ni un écolo
Ni un alcoolo
Mais un colo-rieur
*
>> Allô ?
- C’est ta mère...
- Oui ? Quoi ?
- Elle a tenté de se suicider...
- Tu lui as défendu d’arrêter de travailler, je vois. Comment est-elle m...?
- Dans le comas. >>
Ailleurs, dans une autre vie, elle verra des tableaux se mouvoir dans l’ombre pour sortir à la lumière, se battre avec les ténèbres pour se libérer enfin. Une lutte sans répit et sans pitié pour gagner l’éternité.
Elle est là, où elle n’aura jamais été pleinement, malheureusement, témoin d’une aventure folle au pays des âmes damnées. Témoin d’une seconde devant l’éternité ; témoin... témoin, mais témoin quand même, enfin.
>> Il n’y avait rien à faire pour lui, le sauver, mais j’ai toujours cru en lui, toujours. Cela n’aurait pas suffi, sûrement pas, de laisser dire la confiance sans rien faire. Il le savait, lui, que ça me perdrait un jour. Tu ne te privais pas de me le dire, car jamais tu en avais pris ton parti d’abandon. Jamais tu as tiré un trait sur cet espoir, cette présence légitime bien que grotesque d’une mère au côté de son enfant. Jamais tu t’es résigné. C’était ça ta foi, ta croyance, ton unique espoir, ta générosité, et puis ton génie a explosé.
Ton départ est la pire des absences, mère
Ton absence, le pire des départs.
Reviens.
>> Je pense toujours à Dieu
Mais je ne le sens pas
je le sens pas
je le sens pas m’aider. >>
Si l’ombre du volet n’est pas plus sombre que le volet lui-même....
Il restait seul, partageant avec le monde ce miracle de l’inachevé. - Je ne suis plus seul...
Si l’ombre du volet n’est pas plus sombre que le volet lui-même... - Tu me fais penser à cette plume que le vent de la porte en claquant a collée à la vitre mouillée du toit, à la lucarne... Je t’en veux un peu.
*
Le verre est blanc
Je t’en veux beaucoup
*
Le toit noir
Le verre blanc
Le ciel clair
Je t’en veux toujours
*
Le ciel gris
Mélange de toi
Et de moi
Dam.
re
Je pense toujours à Dieu
Mais je ne le sens pas
Mais de quel Dieu parles-tu ?
Mais je ne le sens pas
Mais de quel Dieu parles-tu ?
léo- MacadAccro
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Date d'inscription : 25/03/2010
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