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Les suppos de Satan (partie 2)
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Macadam :: MacadaTextes :: Nouvelles
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Les suppos de Satan (partie 2)
J’ai encore dit : à partir d’aujourd’hui, vous m’apporterez des travaux chaque
fois qu’un joli bas-de-dos croise votre route. Une fille s’est levée – oui, Alain
m’avait dit que les filles, ça parle d’un cul de mec aussi bien que
l’inverse et parfois, plus salement même, je m’étais rangé à l’idée – et
elle a dit que justement, elle avait de quoi. J’ai fermé la bouche et
j’ai laissé faire. Elle a lu un poème hilarant où elle parlait du plus
beau petit cul du monde, qu’elle avait croisé y’a deux jours dans le
bus : ‘je l’ai vu se pencher/oh le joli caleçon/le fessard ondulé/dans
les accordéons’. On a tous bien rigolé, ça fumait de plus en plus.
La mauvaise surprise, c’est qu’Alain avait admis Mouha-Mouha. Lui s’est
levé tout cheveux gras rugissants, il a dit que c’était l’initiative la
plus barrée qui se sache, qu’on était des dieux, et que lui il se
sentait comme Tzara dans les dadaïstes. Et que ça, c’était pas rien ça,
mon pote ! Je me rappelle qu’on s’est regardés avec Thomas, et on avait
une longue phrase dans les yeux du genre ‘on va le garder – oui – parce
que tu – oui exactement – et je pense aussi que si des fois c’est chiant
– on aura un mec – dont se foutre de la gueule’. Sur cet accord tacite
on a laissé Mouha-Mouha se rasseoir dans les applaudissements.
Je me rappelle d’un premier soir fébrile, mais ce n’était pas la meilleure
production. Personne n’a dû dormir, cette nuit-là, mais le mieux,
c’était les semaines suivantes. Il me semble que le festival commença
d’être jouissif sur l’anecdote de la vieille à jupe plissée. Un type
s’était levé pendant une réunion en réclamant le silence. Il a commencé à
nous raconter qu’un jour dans une gare, il s’était assis comme un con
attendre son train, il a vu une vieille débouler, soixante-quinze archi
tassés, tordue comme une pipe. Déjà on se marrait. C’est vrai que
certains vieux, ils ressemblent à des arbres Grecs ou à des pipes, c’est
fin en haut, c’est gros en bas et c’est tordu. Là-dessus on se bidonne
encore. Et puis il avait vu rentrer la vieille dans les toilettes, et là
chose étrange, il devina sous sa jupe qu’elle avait un joli cul. Un
joli cul sur une vieille en jupe, c’est comme un bébé qui fume le cigare
déguisé en Charlot !
En ressortant (il en pissait encore de rire) je ne sais pas ce qu’elle avait
foutu de ses mains, le fait était qu’elle avait, derrière, plus ou moins rentré
sa jupe dans sa culotte. La voilà repartie sur le quai, jupe devant, culotte derrière,
et moi qui bavait sur mon banc ! Là-dessus, l’Assemblée avait rit un peu
trop fort. C’est vrai qu’un type, il a beau être bon observateur et
savoir vous servir l’anecdote, quand il a dix-sept ans et qu’il se fait
un road-movie sur le thème ‘fesse de vieille’, il y a quelque chose du
malaise.
Une autre fois, un grand dadais que j’avais pas vu avant s’est levé timidement.
Il avait l’air vieux lui, au moins vingt-quatre, pas loin de l’âge d’Alain. Le groupe
en tout cas avait pas mal grossi. Il avait demandé, quand même, si c’était pas
anormal pour un cercle aussi chouette de ne pas avoir de nom. J’ai regardé
Alain, il a haussé les épaules et proposé un système participatif général visant
à nommer le ramassis de pervers que nous étions. Je crois qu’il avait le
don pour capter les foules. Une fille a dit qu’Aux Fesses Galantes,
c’était pas si mal. Un type a rigolé en lançant une vanne sur les
Précieuses. La fille ça l’a vexée comme tout, elle a répliqué en
l’insultant et que s’il voulait du lourd, on n’avait qu’à choisir des
trucs dégueulasses, que c’était pas du tout l’esprit du groupe, et que
si c’était plus de la littérature coquine mais des anecdotes de
suppositoire, elle se cassait.
Je ne sais pas d’où lui venait l’expression, mais je peux dire que sans elle, on
n’aurait jamais trouvé de nom qui vaille le coup. Au mot suppositoire, on a eu le
raz-de-marée créatif dont je retiens encore, au jugé, La Secte
Suppo-sément Littéraire, Les Gourous de la Suppo-ésie… Moi je voulais
quelque chose de vraiment fort, et c’est Clément qui a eu l’idée : moi,
je dis qu’on est en-dehors des barrières, qu’on se réunit pour parler de
fesses alors, on est du côté du Diable ! Pourquoi pas les Suppos de
Satan ?
C’était dégueulasse et parfait. On a commencé à rigoler en imaginant Méphisto
avec une sale crève, obligé de se soigner par là nu. Mêmes les filles, je dois dire,
c’était les plus enthousiastes, on en a plus gagnées que perdues cette nuit-là.
On était sur la route et la bonne, on créait comme jamais, on scrutait les
pantalons serrés, les jupes, les galbes, les arrondis suggestifs. Un
type nous pondit un soir une histoire géniale, une sorte de nouvelle
exaltée où il posait ses deux fantasmes favoris : une fille à cheval, tu
sais, la petite fille de bourge sous sa bombe, avec son collant beige
informe, sa veste noire et sa petite cravache, et que ça ondule du
bassin, de vrais serpents sur carne, et que ça claque de la langue… et
l’autre, c’est celle qui va à l’enterrement, que tu la vois là toute
noire et toute triste hoqueter, vulnérable… avec la courbe des fesses
dans la jupe sévère… J’avoue, on a eu des soirées pas loin de la stupre
idiote, orgies de clopes et autre, vautrés les uns sur les autres avec
des histoires jamais loin du crade vaillant et sans une once de poésie.
Moi, j’avançais dans cette foule, dépassé par le succès du cercle. Je leur
concoctais de petites nouvelles où, pour une fois, je laissais libre
cours à mes hymnes intérieurs. Voilà que je pouvais en parler, de ce
demi-cercle de chair, dont j’avais la nuit l’image, celle où le dos ne
s’arrête jamais, parce qu’il ne s’arrête pas, il glisse, il s’arrondit,
comme une petite joue de gosse, c’est là tout entre le dos et les jambes
dures, doux et moins ferme que le reste, potelé, comme un appel.
J’avais fait marrer le monde avec mon Ode aux Suppos, sur la difficulté
des parents de trouver une fesse réglementaire, sachant que chacun,
portant la raie plus ou moins haut, ne facilite pas le travail
d’introduction. Cela dit, on avait perdu Mouha-Mouha, qui ce soir-là m’a
trouvé dégoûtant. Je suppose qu’on avait oublié de me dire (je l’ai su
plus tard) que ce brave garçon était catholique, pratiquant et
convaincu, et que s’il était capable de tolérer de conter fleurette sur
un fessier avenant, il l’était moins d’imaginer quoi que ce soit y
entrer.
fois qu’un joli bas-de-dos croise votre route. Une fille s’est levée – oui, Alain
m’avait dit que les filles, ça parle d’un cul de mec aussi bien que
l’inverse et parfois, plus salement même, je m’étais rangé à l’idée – et
elle a dit que justement, elle avait de quoi. J’ai fermé la bouche et
j’ai laissé faire. Elle a lu un poème hilarant où elle parlait du plus
beau petit cul du monde, qu’elle avait croisé y’a deux jours dans le
bus : ‘je l’ai vu se pencher/oh le joli caleçon/le fessard ondulé/dans
les accordéons’. On a tous bien rigolé, ça fumait de plus en plus.
La mauvaise surprise, c’est qu’Alain avait admis Mouha-Mouha. Lui s’est
levé tout cheveux gras rugissants, il a dit que c’était l’initiative la
plus barrée qui se sache, qu’on était des dieux, et que lui il se
sentait comme Tzara dans les dadaïstes. Et que ça, c’était pas rien ça,
mon pote ! Je me rappelle qu’on s’est regardés avec Thomas, et on avait
une longue phrase dans les yeux du genre ‘on va le garder – oui – parce
que tu – oui exactement – et je pense aussi que si des fois c’est chiant
– on aura un mec – dont se foutre de la gueule’. Sur cet accord tacite
on a laissé Mouha-Mouha se rasseoir dans les applaudissements.
Je me rappelle d’un premier soir fébrile, mais ce n’était pas la meilleure
production. Personne n’a dû dormir, cette nuit-là, mais le mieux,
c’était les semaines suivantes. Il me semble que le festival commença
d’être jouissif sur l’anecdote de la vieille à jupe plissée. Un type
s’était levé pendant une réunion en réclamant le silence. Il a commencé à
nous raconter qu’un jour dans une gare, il s’était assis comme un con
attendre son train, il a vu une vieille débouler, soixante-quinze archi
tassés, tordue comme une pipe. Déjà on se marrait. C’est vrai que
certains vieux, ils ressemblent à des arbres Grecs ou à des pipes, c’est
fin en haut, c’est gros en bas et c’est tordu. Là-dessus on se bidonne
encore. Et puis il avait vu rentrer la vieille dans les toilettes, et là
chose étrange, il devina sous sa jupe qu’elle avait un joli cul. Un
joli cul sur une vieille en jupe, c’est comme un bébé qui fume le cigare
déguisé en Charlot !
En ressortant (il en pissait encore de rire) je ne sais pas ce qu’elle avait
foutu de ses mains, le fait était qu’elle avait, derrière, plus ou moins rentré
sa jupe dans sa culotte. La voilà repartie sur le quai, jupe devant, culotte derrière,
et moi qui bavait sur mon banc ! Là-dessus, l’Assemblée avait rit un peu
trop fort. C’est vrai qu’un type, il a beau être bon observateur et
savoir vous servir l’anecdote, quand il a dix-sept ans et qu’il se fait
un road-movie sur le thème ‘fesse de vieille’, il y a quelque chose du
malaise.
Une autre fois, un grand dadais que j’avais pas vu avant s’est levé timidement.
Il avait l’air vieux lui, au moins vingt-quatre, pas loin de l’âge d’Alain. Le groupe
en tout cas avait pas mal grossi. Il avait demandé, quand même, si c’était pas
anormal pour un cercle aussi chouette de ne pas avoir de nom. J’ai regardé
Alain, il a haussé les épaules et proposé un système participatif général visant
à nommer le ramassis de pervers que nous étions. Je crois qu’il avait le
don pour capter les foules. Une fille a dit qu’Aux Fesses Galantes,
c’était pas si mal. Un type a rigolé en lançant une vanne sur les
Précieuses. La fille ça l’a vexée comme tout, elle a répliqué en
l’insultant et que s’il voulait du lourd, on n’avait qu’à choisir des
trucs dégueulasses, que c’était pas du tout l’esprit du groupe, et que
si c’était plus de la littérature coquine mais des anecdotes de
suppositoire, elle se cassait.
Je ne sais pas d’où lui venait l’expression, mais je peux dire que sans elle, on
n’aurait jamais trouvé de nom qui vaille le coup. Au mot suppositoire, on a eu le
raz-de-marée créatif dont je retiens encore, au jugé, La Secte
Suppo-sément Littéraire, Les Gourous de la Suppo-ésie… Moi je voulais
quelque chose de vraiment fort, et c’est Clément qui a eu l’idée : moi,
je dis qu’on est en-dehors des barrières, qu’on se réunit pour parler de
fesses alors, on est du côté du Diable ! Pourquoi pas les Suppos de
Satan ?
C’était dégueulasse et parfait. On a commencé à rigoler en imaginant Méphisto
avec une sale crève, obligé de se soigner par là nu. Mêmes les filles, je dois dire,
c’était les plus enthousiastes, on en a plus gagnées que perdues cette nuit-là.
On était sur la route et la bonne, on créait comme jamais, on scrutait les
pantalons serrés, les jupes, les galbes, les arrondis suggestifs. Un
type nous pondit un soir une histoire géniale, une sorte de nouvelle
exaltée où il posait ses deux fantasmes favoris : une fille à cheval, tu
sais, la petite fille de bourge sous sa bombe, avec son collant beige
informe, sa veste noire et sa petite cravache, et que ça ondule du
bassin, de vrais serpents sur carne, et que ça claque de la langue… et
l’autre, c’est celle qui va à l’enterrement, que tu la vois là toute
noire et toute triste hoqueter, vulnérable… avec la courbe des fesses
dans la jupe sévère… J’avoue, on a eu des soirées pas loin de la stupre
idiote, orgies de clopes et autre, vautrés les uns sur les autres avec
des histoires jamais loin du crade vaillant et sans une once de poésie.
Moi, j’avançais dans cette foule, dépassé par le succès du cercle. Je leur
concoctais de petites nouvelles où, pour une fois, je laissais libre
cours à mes hymnes intérieurs. Voilà que je pouvais en parler, de ce
demi-cercle de chair, dont j’avais la nuit l’image, celle où le dos ne
s’arrête jamais, parce qu’il ne s’arrête pas, il glisse, il s’arrondit,
comme une petite joue de gosse, c’est là tout entre le dos et les jambes
dures, doux et moins ferme que le reste, potelé, comme un appel.
J’avais fait marrer le monde avec mon Ode aux Suppos, sur la difficulté
des parents de trouver une fesse réglementaire, sachant que chacun,
portant la raie plus ou moins haut, ne facilite pas le travail
d’introduction. Cela dit, on avait perdu Mouha-Mouha, qui ce soir-là m’a
trouvé dégoûtant. Je suppose qu’on avait oublié de me dire (je l’ai su
plus tard) que ce brave garçon était catholique, pratiquant et
convaincu, et que s’il était capable de tolérer de conter fleurette sur
un fessier avenant, il l’était moins d’imaginer quoi que ce soit y
entrer.
Zlatko- MacadAccro
- Messages : 1621
Date d'inscription : 30/08/2009
Age : 33
Localisation : Centre
Re: Les suppos de Satan (partie 2)
Merci d'avoir posté la suite Z...
y'a plus qu'à !
y'a plus qu'à !
_________________
LaLou
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