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carnet 2011-2

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Message  marc Sam 17 Sep - 21:09

Mardi 8 février 2011

la lumière dehors ces jours-ci est belle comme un week-end estival. Entre 12h et 15h, le centre du village se vide. Les rideaux fermées des boutiques donne une impression de vacance et l'on s'est trop habillé pour sortir bien sur.

Pas de musique, l'ordinateur est éteint. Je goûte toute la tendresse du silence de la maison d'Aude. Mon cœur est là, reposé. L'écoulement tranquille et régulier des heures, le bruit distant des travaux dehors comme une ponctuation de la vie extérieure.
C'est heureux !
On se souvient d'autres choses, d'autres bonheurs.
L'appartement de H à l'époque ou je passais mon baccalauréat. Quelques jours avant les premières épreuves, j'y étais seul. De fines particules dansaient dans la lumière, les étagères bleues sur lesquelles s'alignaient des rangées de livres, magazines et bibelots. Le contact de cette lumière sur les étagères un peu poussiéreuses. On prend un livre, on le feuillette, quelques pages seulement ; parfois le nom de l'auteur suffit à déclencher un plaisir intense. Il y a un univers a porté, on peut reposer le livre, on le lira, un jour.
Des journées solitaires au final ou on ne cherche pas la présence de l'être aimée.
///
on entend en passant dans les rues quelques éclats de voix douces sortant d'un intérieur. Parfois même un léger bruit semble résonner dans la rue comme le seul et intime écho d'un foyer que nous ne connaissons pas. Est-ce une femme parlant au téléphone ? Un étudiant ? Ou bien un couple au-delà. Ces bruissements de vies peuvent se promettre, s'imaginer. Nous continuons notre marche dans les rues puis en rentrant a nouveau dans la maison de l'aimée, le silence est immédiat, heureux. Il n'y a plus alors que le passage précieux du sang dans les tempes.
///
bientôt la fin d’après-midi, quelques voitures trouvent leurs places dans la rue. Les ouvriers ont quitté le chantier.
Je suis allé chercher mon traitement à la pharmacie. Achat d'un paquet de cigarettes aussi. La douceur de cette journée que l'on aurait put croire estivale passe peu a peu avec le soir qui tombe.
La fraîcheur.
C'était une journée d'hiver !
On avait oublié cela quelques heures.
///
plus tard :
le claquement d'une porte de voiture, le voisin d'en face sort sur le pas de sa porte, tousse un peu et entreprend une discussion avec quelqu'un. J'imagine, j'imagine trop de choses aux travers de leurs mots, comme si le monde brusquement passait à une violence intime.
« Respire, calme toi »
des gens, tout simplement des gens accoudés au soir.



Jeudi 10 février 2011

le matin, humide plus que froid. Un type devant moi au supermarché sentant, transpirant l'alcool. Il pose deux bières sur le tapis de caisse, une expression prisonnière sur le visage. En sortant, je relève la tête, me presse moins faisant un effort pour ne pas être sur le qui-vive. Tenter de lâcher prise dans cette lenteur. La journée continue son cheminement grisâtre.
Qu'en sera-il en ville de cette couleur ci à Perpignan ?
///
Perpignan, mon appartement, environ 11h30. Les bruits du chantier flirtent avec les immeubles alentours. Sur l'avenue passe une manifestation d'enseignants, sages, soumis dans leurs pas. Une fille tout a coup solitaire à son arrêt de bus au devant du cortège. C'est bien le seul effet que je vois à cette simili révolte
Je ne pense rentrer à st Hippolyte qu'en début d’après-midi, si je rentre.
///
Perpignan, plus tôt, 10h30. Deuxième bière. J'ai jeté la première avant de monter dans le bus à Thuir. Je suis descendus à la nouvelle gare TGV. Les magasins dans la galerie, le passage d'un train au-dessus de nos têtes en rejoignant l'autre côté de la gare. Tout cela en travaux, des travaux bloquant l'avenue rendue un moment aux piétons, presque au silence parfois puis cela reprend.
Passage à la FNAC pour essayer de trouver un livre de Camille de Toledo et des poésies de Bukowski. Le vendeur tapote son clavier, il n'y a ni l'un ni l'autre. Les connaît ils seulement ? Ces magasins sont les antipodes des libraires, c'est le déploiement d'une sous-culture, l'abattage comme une gigantesque partouze.
Les enseignant devraient brûler les préfectures.
les lecteurs ce genre d'endroits.
C'est à dire qu'il faut savoir tout perdre pour perdre ses adversaires. Jouer avec ses règles n'est qu'une pantomime.
En rentrant dans mon immeuble, je ne croise personne. J'avale vite fait un repas composé d'un sandwich et d'une autre bière et me pose tranquillement sur le lit.

Des révoltes insignifiantes, en fait ce sont des sorte de modes d'être (ou d'avoir?!) qui n'ont plus aucune incidence. Elles satisfont ceux qui les portent et ne frappe aucunement le système (l'empire).

Deux visages du travail littéraire :l'inspiré et le technicien. Énumérations de babioles. Il ne faut sûrement rien connaître de son art.

Une fille, le visage bouffé par les cheveux, jolie toutefois semblait hagarde, paumé aussi. Le type du second s'essuyait les chaussures sur un des plots devant l'immeuble. Il regarde à droite et à gauche, rejoint la jeune fille à l'âme craquelée. Ils repartent tout deux.

Installé dans le bus pour Thuir, il est bientôt 15h. Je m'imagine quitter cette vie, le bus pourrait prendre soudainement la direction de Lisbonne ou de Rome. Ce pourrait être une autre saison aussi !



Samedi 12 février 2011

nous devons partir chercher des cigarettes en Espagne. Une belle journée. Nous languissons sous la couette, traînons dans notre intérieur.

Parler de notre dispute d'hier soir ? Avoir arrêté d'en parlé fut la meilleure solution, une solution provisoire sans doute.
Nous buvons beaucoup de cafés
nous fumons beaucoup de joints
nos week-end sont semblables, arrêté dans le rêve, dans nos chairs.
Je note souvent quelques mots qui en dessine les contours : lenteur, lumière douce, intérieur. Cela ressemble un peu a ma jeunesse de traîner comme ça, de faire l'amour et de fixer l’œil télévisuel des heures durant. Nous n'avons même pas répondu lorsque la sonnette a retentit plusieurs fois. Nus et amorphes.

La lumière sur mon front. Le trajet vers la frontière. Un lieu qui n'est pas vraiment l’Espagne, pas encore et qui n'est plus la France.
Les frontières sont des mondes a part.

Cela doit être une vie d'étrange que d'habiter sur de tels endroits. Passages du fret et des personnes, passage rapide, seulement des arrêts momentanées.
Des personnes a contre-courant du flux qui anime ce lieux.

Nous décidons de passer le début de soirée à la Jonquera. Nous regardons tomber la nuit tranquillement. Il y a moins de personnes dans les grandes surfaces, une population de fêtard arrive progressivement depuis la France et va s'engouffrer dans la nuit des bars, boites, bordels. Un charme, un plaisir vulgaire m'anime, un plaisir de populace qui me plaît.
Ce parfum de luxure et d'alcool lance la vie dans le soir.

Un type achète une bouteille de cognac bas de gamme, se presse de payer et disparaît.
Quelques couples traînent au sex-shop
la nuit !
Ce lieux devient soudainement dans l'obscurité plus véridique, plus douloureux aussi.
La nuit en rentrant laisse sur moi quelques symptômes à voir, couleurs, éclairages publics
la chair, la solitude que nous quittons.
Je ne sais pas interpréter les signes de ma fièvre.

Je la regarde dans l'obscurité de la voiture. Nous aurions pu passer la nuit en Espagne, faire l'amour dans un petit hôtel, nous aurions pu ouvrir une boite de Pandore.
Le cœur y aurait il survécu ?

Nous passons la frontière.
Jusqu'au moindre mots cela a vécu !





Dimanche 13 février 2011

nous avons fait l'amour ce matin. Cela commence comme la mélodie d'un instrument bricolé. Nous traînons, nous devons partir dans quelques instants.
Et si hier, dans le sex-shop nous avions suivis ce couple ou cherché la trajectoire d'autres regards ?
La journée est douce aujourd'hui
le bonheur, domestique
peu a peu, notre couple et le monde qui nous entoure se substitue a mes rêveries frontalières, a la nuit tombant sur la Catalogne.
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marc
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Message  Nilo Jeu 29 Sep - 17:51

Marc nous raconte sa vie de façon épistolaire.
En gros il nous envoie des lettres qui nous racontent sa vie.
Cartes postales grand format de ses jours ordinaires, dans des mois ordinaires. pas de plage, pas de soleil, pas de coucher de soleil.
Mais des mots à l'emporte-pièce qui nous emportent.
A condition de les lire !

Nilo, on ne peut pas se contenter d'écrire.

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Message  Dam Jeu 29 Sep - 21:57

C’est fort, solennel, et tout à la fois posé, pesé, et d’une tension réelle ; ça s’imbrique bien et le chantier les monte aussi, les empile. Bientôt il faudra les habiller, les cacher.

Le bonheur laisse des regrets, tôt ou tard, on voudrait parfois se contenter des regrets.

Dam.

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