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Toujours La Tempête

2 participants

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Toujours La Tempête Empty Toujours La Tempête

Message  Dam Ven 7 Oct - 10:33

<< On n’exclut pas un acte criminel s’inscrivant dans la rivalité entre bandes >>.

(Partant du principe que quelqu’un quelque part, connaît...)

- Il va te tuer ressaisis-toi - Il faut lui rendre.
- Hein ? Qu’est-ce que tu dis ?
- Non rien. Je pensais...
- Pense en silence ! Chienne

Tandis qu’à un bout de la France on faisait la queue pour payer “son droit de plage”, que j’appelle pour rire “le droit de serviette” ou plus drôle “le droit de torchon”, vu la pollution des soulagements mal contrôlés où décidés d’avance pour se venger et se libérer avantageusement du stress accumulé en ville ; ça ressemblait à un terrain de foot sous un déluge de pluie multicolore, un terrain de guerre sur un lit de déchets, un espace de connerie, une étendue de merde pas possible. Le drapeau rouge flottait en permanence comme le vert avait depuis belle lurette disparu. Tandis donc qu’à la mer on s’emmerdait au propre, à la campagne près de Paris, on s’angoissait au sujet d’un tableau. Non plus d’un vol mais d’un tableau. La balle était passée dans l’autre camp et elle ricochait dangereusement ; une chance qu’elle frappa le maître bourreau au coin de l’oreille, juste au dessus de la tempe, traversant la tête sans dommages mortels. Sans le tuer. Le sang coulait à flot, plus impressionnant que véritablement inquiétant. L’homme se tenait debout contre le chambranle qu’il n’avait pas quitté sous le choc, comme collé à lui par quelque frénésie pathétique. Celui qui devait contempler le tableau en silence avait le regard vissé dans la rainure du cadre, l’espace noir en teck entre les deux bandes blanches de sapin qui l’habillaient et le protégeaient admirablement. La fille se rendit compte de son égarement dans le cosmos et se rapprocha lentement. Quand elle fut à hauteur de bottes - ses bottes cloutées en vrai lézard et à lanières de cartable d’écolier1 -, elle lui murmura ces mots : “Je te l’avais dit. Tu ne m’as pas écoutée, comme toujours. Tu es lâche. C’est bien fait...”
Comme c’était un complot à trois, il devait manquer quelqu’un, mais la fille n’y pensait pas. Trop occupée à se racheter des propos insultants qu’elle avait toujours subis en sermonnant à son tour un moribond ; elle aperçu trop tard l’ombre suivie de l’automatique qui jaillissait du chambranle opposé. L’homme au teint très basané qui la regardait avait dû s’endormir au soleil sur la pointe des Sardinaux, il dit : “Que s’est-il passé ici ! Je nettoyais mon arme et... merde ! Jules ! Oh Jules, merde...” La fille le regardait maintenant sans contenir sa joie, enfin, ce qu’il prit pour de la joie, le moricaud, il la descendit froidement sans sommation. Les trois coups de feu raisonnaient à tout rompre dans l’abri, même le dernier tympan de Jules qui tendit le coup - “Haï ! Qu’est-ce qu’il y a. Qu’est-ce que j’ai. Jeff ! Qu’est-ce que j’ai eu !?” - Rien, dit l’autre, simplement. C’est un accident. La fille jouait avec son arme et voilà... J’ai cru qu’elle t’avait tué (silence).

- Mais tu l’as tuée ! protesta Jules.
- Je t’ai dit que je croyais qu’elle t’avait tué. Merde ! Tu peux me croire, elle le méritait.
- Mais c’était un accident ! protesta encore Jules du tac au tac.
- Comment j’pouvais savoir moi ? dit l’autre plus calmement.
- T’avais qu’à. Tiens ! Et il lui fourgua tout son barillet dans le bas ventre. Quel con ! L’autre gémissait encore, suppliant “Mais... com.. comment j’pouvais savoir, m... moi” puis il s’écroula les yeux grand ouverts.
- Maintenant tu sais. (Regardant la Tempête) “et tout ça pour un tableau.”

Le drogué retourna l’arme contre lui Clic... Il tomba assis ; il avait toujours les paroles de Læt qui martelaient son vide intérieur, son crâne, comme la première balle avait fait. Mais à la différence de la balle, elles ne sortaient pas, et cela le rendait fou. “Tu vas mourir. Il faut le rendre... Tu vas... Il faut... Je te l’avais dit. Tu ne m’as pas écoutée, comme toujours. Tu es lâche. C’est bien fait... Tu vas mourir. Il faut...” Il pleurait. Les dégâts de la balle et de la drogue avaient fait qu’il ne pouvait même plus se dire : “ça ira mieux demain”.

Et voilà comment on réglait ses comptes, sans même lever le petit doigt, bien au contraire. Des amateurs, je vous disais bien, des amateurs. Les pro-deals ne piquent pas des Tempêtes dans un cabinet médical.


______________
1 - Souvenir de l’écolier qu’il avait été brièvement dans son jeune temps.


*
Danse frénétique

On était le soir. J’avais passé la journée à écrire cent pages et faire un seul maudit cadre ; je suis body-guard d’un fantôme des ténèbres. Je partis donc faire un tour sur les rochers, derrière les digues. La lune éclairait bien, petite mais puissante. Pas plus grosse que l’ampoule que j’avais changée avant de sortir. Je rigole bien ! Au large, sur la mer noire, le faisceau lumineux faisait un vaste trapèze dont le plus grand côté était devant, vers moi.. Le jour où ça sera l’inverse, je pourrai peut-être voler, me dis-je ironiquement. J’étais de bonne humeur ; l’espace de mer qui restait entre le trapèze d’or et les rochers du bord était éclairé d’une toute autre façon. Des traits incessants de lumière vive dansaient sur la crête des vagues, comme des poissons volants argentés, volants et plongeants, comme des traits qui ne trouvent jamais leur union, des tirets leur conjoint pour faire une droite. C’était fou. Incessant et fou. Fixant cette “image”, je crus voir mon livre, ou le travail de mon livre, obsédant car jamais fini, toujours en gestation, à rallonge d’une nouvelle insertion, d’un nouvel effacement subit, à la recherche de je ne sais quoi... C’était toujours “à rallonge”, sans que je n’eus pourtant aucun problème de ce côté-ci de l'entre-deux-sex. S’il y avait un domaine dans ma vie de Sentiers où je n’avais jamais rencontré l’ombre d’un problème, c’était bien ce dernier. Alors... d’où venait... ? mais passons. On dira que ça venait de la lune de septembre et ses myriades de traits lumineux dansants follement sur la crête des vagues.

Aussi loin que je me rappelle, j’avais jamais ou que très rarement su calmer la frénésie de cette fièvre furieuse : l’écriture. Mais j’avais réussi à dire tout ce que je voulais dire, peut-être pas dans la forme souhaitée - celle du roman d’espionnage - mais bon ; ç’avait toujours été plus fort que moi, et j’avais renoncé à changer ça. Je dois dire que maintenant je ne le regrette pas. Non parce que ça plaît (à l’heure où j’écris je n’ai encore jamais été accepté par aucune maison d’édition), mais parce que je suis libre et peux faire ce que je veux. Avec ce mode d’expression, on a tôt fait de rentrer dans un “genre” et de cesser d’être inventif. Je pense à tous les écrivains qui me font cet effet et que je refoule comme les galets sous les vagues des Cavaliers de mai - la tempête. Toujours la Tempête.

***


Mercredi 10 Septembre

(Au cabinet)
Dring ! - Ah ! Vous l’avez retrouvé ? Pardon... Oui. J’arrive. >>

(Au poste)
L’officier supérieur de gendarmerie se tenait au beau milieu de la pièce ; un mètre de maçon déplié par terre, sur trois longueurs. Le médecin entra ; il le vit d’abord de dos avant de lui voir faire un volte face rapide comme l’éclair : “bonjour docteur !” Il tenait dans la main gauche la fiche technique du tableau volé avec la photo collée au centre, et devait être en train de l’examiner plus attentivement peut-être que l’objet retrouvé.
- Le voilà. Est-ce bien celui-là ?!
- Vous plaisantez ! >>

Et voilà un exemple comment un homme pouvait tomber dans les bras d’un autre homme, même d’un policier. En de telles circonstances, la couleur, l’age et le rang d’un individu importe peu.

Dring DRi...G ! Le médecin se réveilla en se demandant s’il ne rêvait pas. Il eut un geste d’hésitation avant de décrocher son téléphone. C’était sa première nuit de garde depuis son retour du Sud après le larcin. Il était deux heures trente deux.
- Ah ! oui... Pardon... Oui. J’arrive. >>


Dam.
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Message  franskey Mer 12 Oct - 11:49

Une balade sur une plage (plutôt saumâtre) qui nous entraîne vers des rivages tout aussi glauques mais un peu plus sanguinolents.
(avec au passage un zoom sur le petit détail des lanières de cartable qui me plaît bien)
franskey
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