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Il va mourir demain
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Macadam :: MacadaTextes :: Nouvelles
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Il va mourir demain
Il va mourir demain !
Quand il dit demain, c’est vrai et faux. Six mois de répit, à cinquante ans, c’est quasiment demain. Mais 180 jours, c’est quand même plus que 12 ou 24 heures.
Et puis en fait, ce n’est qu’une fiction. Le vrai mourant est son voisin qui vit ses derniers jours et depuis qu’il le sait, il est obsédé par cette question : comment choisirait-il de vivre ses derniers jours ?
C’est presque par hasard qu’il a appris le drame, par un autre voisin, Charles, en lui disant bonjour à travers la haie qui sépare leurs jardins. Un peu sidéré, il a aussi entendu qu'Alban vivait seul depuis plusieurs mois, sa femme l’ayant quitté. Et il est passé au travers de l'information. Un peu normal, il a horreur de jouer au concierge. Mais quand même.
Le voisin de l'autre côté est parti, il y a deux ans, encore un mec, décédé à la suite d’un coma éthylique, un quasi suicide, et il pensait qu'Alban était sur le même chemin en pente. Non, il est rongé d’un cancer.
Il l’a aperçu par la fenêtre de l’étage. D’habitude, il ne reste jamais à épier, il a trop de choses à faire. Aujourd’hui, son regard s’est attardé et il a été atteint de voir cet homme, dix ans plus jeune que lui, avancer vers l’ambulance, soutenu par le chauffeur, devenu presque impotent…Ils n’ont jamais eu de liens très soutenus, ils ont des intérêts si divergents et il n’a jamais voulu se laisser entraîner à ne faire que boire des coups à la moindre occasion chez l’un ou chez l’autre : on veut s’affirmer un homme aux yeux des autres, un qui tient le coup, de nombreux coups et on n’avoue jamais que sa faiblesse à boire... des mauvais vins en plus! A quoi ça peut bien tenir cet abandon de dignité, cette bêtise ? A un orgueil mêlé de désespoir ? A un sentiment d'échec ou de non valeur?
C’est là que cette question lui revient : que ferait-il, lui, de ses derniers jours, se sachant condamné ?
Il n’est pas vraiment sûr de pouvoir répondre de manière réaliste : il ne peut pas comparer son état d’esprit à celui d'Alban, diminué, sûr de son sort inéluctable. Lui, il spécule, projette un vécu factice : comment savoir maintenant la vérité d’un moment qu’il ne vit pas dans sa chair ?
Déjà, s’imaginer comme Alban, autonomie limitée, en souffrance dans sa chair, peut-être assommé de chimie pour décliner clean ? Il le peut difficilement: il est aujourd’hui lucide, bien dans sa tête, presque bien dans son corps, encore plein de projets, d’idées, d’envies…
Il faut se poser la question autrement : quelles expériences voudrait –il et pourrait-il vivre ou revivre qui lui ont laissé le goût de trop peu, des frustrations importantes ?
Boire, manger, jouir, prendre et donner du plaisir ? Le pourrait-il encore que cela lui semble bien secondaire. Marcher, sentir, découvrir, voyager, se rendre témoin du beau ? Il devient casanier. Cela nécessiterait une telle organisation, un accompagnement si lourd pour d’autres et des dépenses qu’il ne pourrait faire. Non, rien qui le mette en appétit.
S’entourer des derniers luxes, se faire élégant, flotter dans le lin ou dans la soie au milieu d’un palace, baigner dans les parfums subtils et ronronner au soleil servi par des jolies filles. Rouler sa caisse rutilante, cul sur le cuir, moteur horloge et sono comme au concert ? Non, merci, même pas.
Revoir ses films culte à se refaire pleurer, au coin du feu qui craque dans la cheminée de pierre ? Pas davantage.
Réentendre Callas une dernière fois dans la Norma ? Oui, oh oui, mais à la dernière minute. Repartager cette émotion qui passe même au travers d’une mauvaise radio tant la diva habite ce qu’elle chante, oui. Il veut bien que le cristal de sa vie se brise aux vibrations de cette voix là. On peut bien mourir après un bonheur pareil.
Et à cet instant, la cantatrice le met sur la voie de ce qu’il ne voudrait pas manquer : un lendemain de fête.
La nuit a été courte et s’est égosillée en blagues qui ont rebondi comme des cascades, en rafales de rires crescendo, en chansons partagées. Elle s’est consumée d’un joyeux stress pour que chacun y trouve son compte de boire et de bien manger. Et le matin vient, doux, calme. Il se pelotonne à la chaleur du premier soleil et un par un émergent les copains.
Autour d’un café fort et chaud s’engagent à nouveau des échanges moins superficiels, plus vrais, plus tranquilles. Ca se lâche bien, plus vrai, plus paisible. C’est « le beau de l’échange » comme a titré un jour une poétesse appréciée de ce site où s’échangent des textes.
Voilà ce qu’il aimerait vivre pendant les semaines qui lui restent : une fête chaque fin de semaine et le lundi, des tonnes de beau de l’échange.
Les groupes de copains se sont faits défaits et refaits depuis toutes ces années, au gré des couples formés, déformés, des déménagements, de l’arrivée et des départs d’enfants, des aléas de la vie professionnelle et de la santé, mais cette réalité qu’il rêve éternelle est récurrente : les lendemains de ses fêtes ont toujours chanté et laissé les traces ineffaçables de leur baume tout au long des jours qui ont suivi leurs musiques.
Il en est sûr, il lui faudra au moins le souvenir de ces moments pour accompagner ses derniers jours.
Et puis après ?
L’échange, encore l’échange ! Cette fois en vis-à-vis. Ces moments rares, trop rares, où l’on peut se parler. Bien sûr, il y a les moments forts de l’amour, mais ils se rongent si vite à l’érosion du quotidien : ça vous accroche au détour d’un regard qui s’attarde et ça s’arrache au détour d’un autre qui s’égare. Il voit cela beaucoup plus large : cela lui est arrivé avec des inconnus, à la première rencontre.
La voiture est un cocon extraordinaire. On se retrouve dans cette espèce de boîte, en intimité, pas soumis au regard de l’autre…ou seulement furtivement, comme pour dire : « je t’écoute »…Voilà, il y est : sentir un œil qui écoute ! Sans tourner autour du pot à meubler la conversation de tout et n’importe quoi, répétant à l’infini ce qui finit par lasser : le temps, la politique, la fin du monde, le sport, les varices, la dernière à la télé, et les nouvelles toujours pareilles: la guerre, la faim, la maladie, la mort, le cynisme, la lâcheté, l'orgueil, la corruption et encore quelques injustices: qu'y peut-il?
Non. Se parler pour de vrai, se lâcher, se livrer et voir cet œil qui écoute : « t’as peur ? », « oui, à en crever ! », « dis-moi ce que tu voudrais qu’on retienne, fais toi plaisir, raconte… ».
Avoir un œil au-dessus de sa tombe qui l’écoute câlin, pensa-t-il en souriant de parodier Hugo.
Mais il en a tant à dire que six mois n’y suffiraient pas. C’est important d’aller jusqu’au bout des histoires ? Peut-être pas. L’important, serait de commencer et c’est vraiment cet œil qui l’écoute, ce gage d’une solitude remisée au vestiaire pour un instant, ce témoin lumineux de la présence à soi, rien qu’à soi, de quelqu’un qui choisit de n’avoir rien d’autre à faire, voilà l’essentiel…Dire qu’on est obligé de payer pour ça aujourd’hui, sans même être sûr de ne pas se faire arnaquer !
Cela lui serait comme une boisson chaude au milieu d’un matin gris et froid solitaire. Il l’a tant fait pour d’autres, sans retour. Qu’est-ce qu’ils s’imaginent ? Que lui peut, comme ça, écouter tout le monde, porter tout le monde, et n’avoir besoin de rien ? Il est fait de la même faiblesse, des mêmes besoins qu’eux. Mais on l’a toujours regardé comme un roc, une force, et personne ne se pose la question de son besoin d’être écouté. Ingrats ! Il leur en voudrait à mort de le laisser crever comme ça.
Quelquefois ma nuit saigne
Aux quatre murs opaques
De l’insomnie dépressive où elle cogne
Après l’amour, dans le silence bercé par le souffle en rêve de l’amie
Ma nuit s’envole vers des paradis doux qui s’éteignent l’œil clos.
Elle lutte contre le sommeil et veille l’enfant agité
A me rompre le dos.
Elle s’émerveille des artifices,
Brièvement,
Préférant les étoiles et leurs myriades immuables
Filant l’été aux quatre coins du ciel.
Ma nuit dans le halo de la lampe et sa muse
Inspire des détours aux mots insoupçonnés.
Mes jours rugueux l’attendent
Et son étoffe douce
Où le velours des pas mène au giron fertile.
Ma nuit s’abrite et s’abrutit
Des colères du temps que les humains imitent.
Elle en tremble et chaque matin
S’efface la face retrouvée.
Elle court de fête en partage où le monde est moins lourd
Quand diffuse l’amour.
Quand elle sera dernière au gong de l’inventaire,
Elle me noue et j’ai peur,
Mille et une subirais d’ennui et de manque
Pour ne pas être seul
Sans la main à tenir l’entrée de son éternelle noirceur.
Et puis ? Ce serait sans doute là l’essentiel, car ce qui précède, il pourrait leur pardonner de ne plus pouvoir le vivre, il voudrait encore et encore revivre cette expérience de la main qui vole !
Comment expliquer cette alchimie ? Peut-être déjà par comparaison. Prenez un Zidane, un Pelé, un Beckenbauer, et tant d’autres, on dit qu’ils ont les pieds qui volent. Tout leur paraît facile.Ils sont élégants, gracieux, aériens et souvent efficaces. C’est fait de quoi ? D’heures et d’heures de travail à partir d’une envie, d’un goût, d’une ambition tenue, de qualités naturelles. On dit qu’ils sont des dieux, sublimes, transcendants, que ce sont des artistes.
La même expression qualifiera un acteur au sommet de son art, une star du schowbizz, un cuisinier, une danseuse, un écrivain…. Le résultat obtenu tient du dépassement de soi. Finalement, il serait bien la rencontre d’un sujet, d’une technique et d’un objet et le résultat de leur alchimie.
Le sujet, c’est lui, c’est chacun, avec ses valises de culture, d’expériences, de sensibilité, de capacité à s’émouvoir et d’envie de l’exprimer, de qualités naturelles, de persévérance, et sans doute d’humilité et d’abnégation. Lui et avant lui, ses racines: où commence l'histoire d'un homme? Sans doute bien en amont de sa naissance comme ce galet qui roule dans les vagues.
La technique concerne la discipline pratiquée. Pour tout dire, il pense au dessin , aux arts graphiques : crayon, encre, aquarelle, gravure, huile, et perspective, valeurs, nuances, tons, modelé, texture, composition…tout un univers dont on n’ a jamais fait le tour. Il peut aller jusqu’à fabriquer sa toile ou composer ses pigments, c’est chimique, physique, artisanal, toujours en recherche et en révolution. Un artisanat toujours en chemin.
Et enfin l’objet, paradoxalement est aussi le sujet auquel on s’intéresse parce que quelque part au fond des tripes il vous fait vibrer.
Il s’est trouvé pris très jeune dans cette rencontre à trois. Pendant longtemps, il est resté prisonnier de la fusion sujet-objet, sans voir l’intérêt- oh orgueil !- de la technique et refusant ses contraintes. Puis une fois accepté l’apprentissage, il s’est fait piéger par l’exercice, la recherche d’effet, le parti pris du nouveau, l’ego envahissant. Enfin, à vouloir trop bien faire, trop rendre compte, (il fallait à tout prix que ça ressemble), il perdait l’intérieur : celui de l’objet de son attention et le sien, à travers « son » écriture, son style…
Jusqu’à cette rencontre avec Aragon et Matisse. Il a bien dû s’y replonger des dizaines de fois dans cet « Henri Matisse, roman », édité en 71 chez Gallimard. Il n’a pas cessé de l’emprunter en bibliothèque, à la limite du troisième courrier de rappel, à chaque fois, car indispensable à son initiation et introuvable en librairie ou chez les bouquinistes.
Pour aller jusqu’au bout de l’histoire, il a enfin pu bénéficier d’une réédition de cette bible matissienne en 1998. 12 années à attendre ! Même si l’éditeur s’est contenté d’une édition en noir et blanc, - pour un des plus grands coloristes, quel gâchis !-, brochée comme un vulgaire livre de poche, il s’est contenté d’une bonne qualité de papier et d’avoir sous la main, à l’infini, des textes lumineux.
Ce sont ces lectures répétées qui lui ont fait l’effet d’un déclic, d’un passage, d’un eurêka. Elles lui ont permis une expérience sans doute réservée à ceux qui s’autorisent d’aller au bout d’un processus et qui produit comme une apesanteur, dépassé qu’on se trouve par la main qui se lâche, sans plus que le cerveau ne la contrôle vraiment…c’est « la main qui vole ». Ou la queue de comète: la pluie d'or qui suit la maîtrise.
Et cette écriture qui en sort,- il faut entendre écriture plutôt sur le mode hiéroglyphe ou signe chinois que sur la manière littéraire-, dépasse l’attente et longtemps après, on se demande comment on a pu…Elle ne vieillit pas, elle vous a transporté, est-ce bien ma main qui l’a fait ?
L’œuvre phare qu’en a laissé Matisse est cet « Icare, fond bleu », 1943, une gouache découpée. Après l’avoir longtemps regardée, reproduite aussi, voilà les mots qui lui sont venus :
Quelque chose m’a touché le cœur et de cette blessure me sont nées des ailes, elles m’ont emporté vers les étoiles et je n’en suis pas revenu,
Car le pays des étoiles du ciel est un jardin de lumière infini où le regard se perd et les rêves aussi,
Avec humilité et plénitude.
Je vous laisse ces quelques signes pour vous dire le voyage…
Et il y ajouterait bien aujourd’hui que cette expérience est accessible à qui veut bien se donner la peine d’essayer de s’approprier, de digérer et enfin de restituer les objets de ses émotions vraies, celles qui se nichent au creux du ventre.
Se donner la peine,- il a commencé par taper « épine »-, n’a pas de raccourci possible, il faut des années à faire le tour des sujets, à sonder son âme, à maîtriser l’outil.
Mais quel voyage, au-delà de ce qu'on imagine...Véritablement dans les étoiles.
A la différence de la jouissance physique qui vous laisse finalement du manque, du vide, celle-ci vous emplit. « La main qui vole » ! Oui, cela, il ne veut à aucun prix le lâcher, serait-il condamné au lit, et jusqu’au grand départ ! Voit-on beaucoup d’artistes abandonner leur art avant qu’une incapacité quelconque les empêchent de faire ? Non, mais comment pourraient-ils lâcher leur part d’expérience du sacré ?
La faucheuse peut ricaner, là, dans ce ferment d’immortalité, elle ne saurait l’atteindre. Et rien ne saura l’empêcher jusqu’au bout de vivre à nouveau cela.
Ce n’est pas sa seule expérience qui l’a rendu aussi sûr de lui. Il n’y a pas si longtemps, il écoutait des experts parler de leur domaine d’investigation : un bonheur d’écouter s’écouler le fleuve tranquille de leur savoir maîtrisé, toujours avec humilité.
Et puis, n’est ce pas le même processus à l’œuvre dans l’écriture d’un livre ? Cette matière longtemps remâchée, explorée et qui vous coule des doigts tout à coup en un débit irrésistible. La qualité du travail est toujours un gage de vie pour ce qui ressemble à la conception d'un enfant. Combien de critiques s’attardent sur les formes, les détails, les ressemblances, les "pets", qu’ont-ils compris du processus de création…ils ne peuvent avoir l’œil qui écoute, l’important c’est leur papier…des chiures de mouches pourtant. Je rêverais que leurs commentaires soient des poèmes, des témoignages en écho de leur vibration personnelle...tels Baudelaire, Elie Faure.
Il repense à Alban, demain il irait écouter d’un œil attentif ce qu’il voudrait lui dire, il l’interrogerait sur ce à côté de quoi il ne voudrait pas passer. Peut-être saurait-t-il lui faire partager ses rêves pour qu’il soit déjà dans les étoiles avant d’y être pour de bon. Il pense encore que demain, c’est cette capacité généralisée à tous de faire quelque chose de leurs émotions qui fera avancer l’humanité vers le vivre tous ensemble. L’art est aussi utile que le pain, écrivait Elie FAURE, pourvu que le pain déjà nourrisse tous les hommes. Rendez-vous dans quelques générations, mais que le temps presse!
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Personne n'a pensé au chien
A l’enterrement de mon voisin
Y avait le maire et ses adjoints
Sa femme et filles, ses cousins
Des villageois, des citadins
Personne n’a pensé au chien
Pourtant il fut le plus fidèle
Les autres l’ont laissé mourir
L’épouse, d’abord, l’infidèle
Est partie le laissant souffrir
Et ses enfants firent comme elle
Des voisins s’affichant copains
L’ont saoulé de bière et de vin
Traitant la soif, pas le chagrin
Un homm’ça boit, point ne se plaint
Ça boit debout, ‘cré nom d’un chien
Vite se casse la ficelle
De la vie quand on la tire
A hue, a dia et à bouteille
Vite est venu le grand sommeil
Que rien n’a pu retenir
Je n’ai pas réagi au déclin
Ni faux cul, ni samaritain
La rue séparait nos destins
Les heures aussi, vie de chien !
Je suis du soir, lui du matin.
Quand il dit demain, c’est vrai et faux. Six mois de répit, à cinquante ans, c’est quasiment demain. Mais 180 jours, c’est quand même plus que 12 ou 24 heures.
Et puis en fait, ce n’est qu’une fiction. Le vrai mourant est son voisin qui vit ses derniers jours et depuis qu’il le sait, il est obsédé par cette question : comment choisirait-il de vivre ses derniers jours ?
C’est presque par hasard qu’il a appris le drame, par un autre voisin, Charles, en lui disant bonjour à travers la haie qui sépare leurs jardins. Un peu sidéré, il a aussi entendu qu'Alban vivait seul depuis plusieurs mois, sa femme l’ayant quitté. Et il est passé au travers de l'information. Un peu normal, il a horreur de jouer au concierge. Mais quand même.
Le voisin de l'autre côté est parti, il y a deux ans, encore un mec, décédé à la suite d’un coma éthylique, un quasi suicide, et il pensait qu'Alban était sur le même chemin en pente. Non, il est rongé d’un cancer.
Il l’a aperçu par la fenêtre de l’étage. D’habitude, il ne reste jamais à épier, il a trop de choses à faire. Aujourd’hui, son regard s’est attardé et il a été atteint de voir cet homme, dix ans plus jeune que lui, avancer vers l’ambulance, soutenu par le chauffeur, devenu presque impotent…Ils n’ont jamais eu de liens très soutenus, ils ont des intérêts si divergents et il n’a jamais voulu se laisser entraîner à ne faire que boire des coups à la moindre occasion chez l’un ou chez l’autre : on veut s’affirmer un homme aux yeux des autres, un qui tient le coup, de nombreux coups et on n’avoue jamais que sa faiblesse à boire... des mauvais vins en plus! A quoi ça peut bien tenir cet abandon de dignité, cette bêtise ? A un orgueil mêlé de désespoir ? A un sentiment d'échec ou de non valeur?
C’est là que cette question lui revient : que ferait-il, lui, de ses derniers jours, se sachant condamné ?
Il n’est pas vraiment sûr de pouvoir répondre de manière réaliste : il ne peut pas comparer son état d’esprit à celui d'Alban, diminué, sûr de son sort inéluctable. Lui, il spécule, projette un vécu factice : comment savoir maintenant la vérité d’un moment qu’il ne vit pas dans sa chair ?
Déjà, s’imaginer comme Alban, autonomie limitée, en souffrance dans sa chair, peut-être assommé de chimie pour décliner clean ? Il le peut difficilement: il est aujourd’hui lucide, bien dans sa tête, presque bien dans son corps, encore plein de projets, d’idées, d’envies…
Il faut se poser la question autrement : quelles expériences voudrait –il et pourrait-il vivre ou revivre qui lui ont laissé le goût de trop peu, des frustrations importantes ?
Boire, manger, jouir, prendre et donner du plaisir ? Le pourrait-il encore que cela lui semble bien secondaire. Marcher, sentir, découvrir, voyager, se rendre témoin du beau ? Il devient casanier. Cela nécessiterait une telle organisation, un accompagnement si lourd pour d’autres et des dépenses qu’il ne pourrait faire. Non, rien qui le mette en appétit.
S’entourer des derniers luxes, se faire élégant, flotter dans le lin ou dans la soie au milieu d’un palace, baigner dans les parfums subtils et ronronner au soleil servi par des jolies filles. Rouler sa caisse rutilante, cul sur le cuir, moteur horloge et sono comme au concert ? Non, merci, même pas.
Revoir ses films culte à se refaire pleurer, au coin du feu qui craque dans la cheminée de pierre ? Pas davantage.
Réentendre Callas une dernière fois dans la Norma ? Oui, oh oui, mais à la dernière minute. Repartager cette émotion qui passe même au travers d’une mauvaise radio tant la diva habite ce qu’elle chante, oui. Il veut bien que le cristal de sa vie se brise aux vibrations de cette voix là. On peut bien mourir après un bonheur pareil.
Et à cet instant, la cantatrice le met sur la voie de ce qu’il ne voudrait pas manquer : un lendemain de fête.
La nuit a été courte et s’est égosillée en blagues qui ont rebondi comme des cascades, en rafales de rires crescendo, en chansons partagées. Elle s’est consumée d’un joyeux stress pour que chacun y trouve son compte de boire et de bien manger. Et le matin vient, doux, calme. Il se pelotonne à la chaleur du premier soleil et un par un émergent les copains.
Autour d’un café fort et chaud s’engagent à nouveau des échanges moins superficiels, plus vrais, plus tranquilles. Ca se lâche bien, plus vrai, plus paisible. C’est « le beau de l’échange » comme a titré un jour une poétesse appréciée de ce site où s’échangent des textes.
Voilà ce qu’il aimerait vivre pendant les semaines qui lui restent : une fête chaque fin de semaine et le lundi, des tonnes de beau de l’échange.
Les groupes de copains se sont faits défaits et refaits depuis toutes ces années, au gré des couples formés, déformés, des déménagements, de l’arrivée et des départs d’enfants, des aléas de la vie professionnelle et de la santé, mais cette réalité qu’il rêve éternelle est récurrente : les lendemains de ses fêtes ont toujours chanté et laissé les traces ineffaçables de leur baume tout au long des jours qui ont suivi leurs musiques.
Il en est sûr, il lui faudra au moins le souvenir de ces moments pour accompagner ses derniers jours.
Et puis après ?
L’échange, encore l’échange ! Cette fois en vis-à-vis. Ces moments rares, trop rares, où l’on peut se parler. Bien sûr, il y a les moments forts de l’amour, mais ils se rongent si vite à l’érosion du quotidien : ça vous accroche au détour d’un regard qui s’attarde et ça s’arrache au détour d’un autre qui s’égare. Il voit cela beaucoup plus large : cela lui est arrivé avec des inconnus, à la première rencontre.
La voiture est un cocon extraordinaire. On se retrouve dans cette espèce de boîte, en intimité, pas soumis au regard de l’autre…ou seulement furtivement, comme pour dire : « je t’écoute »…Voilà, il y est : sentir un œil qui écoute ! Sans tourner autour du pot à meubler la conversation de tout et n’importe quoi, répétant à l’infini ce qui finit par lasser : le temps, la politique, la fin du monde, le sport, les varices, la dernière à la télé, et les nouvelles toujours pareilles: la guerre, la faim, la maladie, la mort, le cynisme, la lâcheté, l'orgueil, la corruption et encore quelques injustices: qu'y peut-il?
Non. Se parler pour de vrai, se lâcher, se livrer et voir cet œil qui écoute : « t’as peur ? », « oui, à en crever ! », « dis-moi ce que tu voudrais qu’on retienne, fais toi plaisir, raconte… ».
Avoir un œil au-dessus de sa tombe qui l’écoute câlin, pensa-t-il en souriant de parodier Hugo.
Mais il en a tant à dire que six mois n’y suffiraient pas. C’est important d’aller jusqu’au bout des histoires ? Peut-être pas. L’important, serait de commencer et c’est vraiment cet œil qui l’écoute, ce gage d’une solitude remisée au vestiaire pour un instant, ce témoin lumineux de la présence à soi, rien qu’à soi, de quelqu’un qui choisit de n’avoir rien d’autre à faire, voilà l’essentiel…Dire qu’on est obligé de payer pour ça aujourd’hui, sans même être sûr de ne pas se faire arnaquer !
Cela lui serait comme une boisson chaude au milieu d’un matin gris et froid solitaire. Il l’a tant fait pour d’autres, sans retour. Qu’est-ce qu’ils s’imaginent ? Que lui peut, comme ça, écouter tout le monde, porter tout le monde, et n’avoir besoin de rien ? Il est fait de la même faiblesse, des mêmes besoins qu’eux. Mais on l’a toujours regardé comme un roc, une force, et personne ne se pose la question de son besoin d’être écouté. Ingrats ! Il leur en voudrait à mort de le laisser crever comme ça.
Quelquefois ma nuit saigne
Aux quatre murs opaques
De l’insomnie dépressive où elle cogne
Après l’amour, dans le silence bercé par le souffle en rêve de l’amie
Ma nuit s’envole vers des paradis doux qui s’éteignent l’œil clos.
Elle lutte contre le sommeil et veille l’enfant agité
A me rompre le dos.
Elle s’émerveille des artifices,
Brièvement,
Préférant les étoiles et leurs myriades immuables
Filant l’été aux quatre coins du ciel.
Ma nuit dans le halo de la lampe et sa muse
Inspire des détours aux mots insoupçonnés.
Mes jours rugueux l’attendent
Et son étoffe douce
Où le velours des pas mène au giron fertile.
Ma nuit s’abrite et s’abrutit
Des colères du temps que les humains imitent.
Elle en tremble et chaque matin
S’efface la face retrouvée.
Elle court de fête en partage où le monde est moins lourd
Quand diffuse l’amour.
Quand elle sera dernière au gong de l’inventaire,
Elle me noue et j’ai peur,
Mille et une subirais d’ennui et de manque
Pour ne pas être seul
Sans la main à tenir l’entrée de son éternelle noirceur.
Et puis ? Ce serait sans doute là l’essentiel, car ce qui précède, il pourrait leur pardonner de ne plus pouvoir le vivre, il voudrait encore et encore revivre cette expérience de la main qui vole !
Comment expliquer cette alchimie ? Peut-être déjà par comparaison. Prenez un Zidane, un Pelé, un Beckenbauer, et tant d’autres, on dit qu’ils ont les pieds qui volent. Tout leur paraît facile.Ils sont élégants, gracieux, aériens et souvent efficaces. C’est fait de quoi ? D’heures et d’heures de travail à partir d’une envie, d’un goût, d’une ambition tenue, de qualités naturelles. On dit qu’ils sont des dieux, sublimes, transcendants, que ce sont des artistes.
La même expression qualifiera un acteur au sommet de son art, une star du schowbizz, un cuisinier, une danseuse, un écrivain…. Le résultat obtenu tient du dépassement de soi. Finalement, il serait bien la rencontre d’un sujet, d’une technique et d’un objet et le résultat de leur alchimie.
Le sujet, c’est lui, c’est chacun, avec ses valises de culture, d’expériences, de sensibilité, de capacité à s’émouvoir et d’envie de l’exprimer, de qualités naturelles, de persévérance, et sans doute d’humilité et d’abnégation. Lui et avant lui, ses racines: où commence l'histoire d'un homme? Sans doute bien en amont de sa naissance comme ce galet qui roule dans les vagues.
La technique concerne la discipline pratiquée. Pour tout dire, il pense au dessin , aux arts graphiques : crayon, encre, aquarelle, gravure, huile, et perspective, valeurs, nuances, tons, modelé, texture, composition…tout un univers dont on n’ a jamais fait le tour. Il peut aller jusqu’à fabriquer sa toile ou composer ses pigments, c’est chimique, physique, artisanal, toujours en recherche et en révolution. Un artisanat toujours en chemin.
Et enfin l’objet, paradoxalement est aussi le sujet auquel on s’intéresse parce que quelque part au fond des tripes il vous fait vibrer.
Il s’est trouvé pris très jeune dans cette rencontre à trois. Pendant longtemps, il est resté prisonnier de la fusion sujet-objet, sans voir l’intérêt- oh orgueil !- de la technique et refusant ses contraintes. Puis une fois accepté l’apprentissage, il s’est fait piéger par l’exercice, la recherche d’effet, le parti pris du nouveau, l’ego envahissant. Enfin, à vouloir trop bien faire, trop rendre compte, (il fallait à tout prix que ça ressemble), il perdait l’intérieur : celui de l’objet de son attention et le sien, à travers « son » écriture, son style…
Jusqu’à cette rencontre avec Aragon et Matisse. Il a bien dû s’y replonger des dizaines de fois dans cet « Henri Matisse, roman », édité en 71 chez Gallimard. Il n’a pas cessé de l’emprunter en bibliothèque, à la limite du troisième courrier de rappel, à chaque fois, car indispensable à son initiation et introuvable en librairie ou chez les bouquinistes.
Pour aller jusqu’au bout de l’histoire, il a enfin pu bénéficier d’une réédition de cette bible matissienne en 1998. 12 années à attendre ! Même si l’éditeur s’est contenté d’une édition en noir et blanc, - pour un des plus grands coloristes, quel gâchis !-, brochée comme un vulgaire livre de poche, il s’est contenté d’une bonne qualité de papier et d’avoir sous la main, à l’infini, des textes lumineux.
Ce sont ces lectures répétées qui lui ont fait l’effet d’un déclic, d’un passage, d’un eurêka. Elles lui ont permis une expérience sans doute réservée à ceux qui s’autorisent d’aller au bout d’un processus et qui produit comme une apesanteur, dépassé qu’on se trouve par la main qui se lâche, sans plus que le cerveau ne la contrôle vraiment…c’est « la main qui vole ». Ou la queue de comète: la pluie d'or qui suit la maîtrise.
Et cette écriture qui en sort,- il faut entendre écriture plutôt sur le mode hiéroglyphe ou signe chinois que sur la manière littéraire-, dépasse l’attente et longtemps après, on se demande comment on a pu…Elle ne vieillit pas, elle vous a transporté, est-ce bien ma main qui l’a fait ?
L’œuvre phare qu’en a laissé Matisse est cet « Icare, fond bleu », 1943, une gouache découpée. Après l’avoir longtemps regardée, reproduite aussi, voilà les mots qui lui sont venus :
Quelque chose m’a touché le cœur et de cette blessure me sont nées des ailes, elles m’ont emporté vers les étoiles et je n’en suis pas revenu,
Car le pays des étoiles du ciel est un jardin de lumière infini où le regard se perd et les rêves aussi,
Avec humilité et plénitude.
Je vous laisse ces quelques signes pour vous dire le voyage…
Et il y ajouterait bien aujourd’hui que cette expérience est accessible à qui veut bien se donner la peine d’essayer de s’approprier, de digérer et enfin de restituer les objets de ses émotions vraies, celles qui se nichent au creux du ventre.
Se donner la peine,- il a commencé par taper « épine »-, n’a pas de raccourci possible, il faut des années à faire le tour des sujets, à sonder son âme, à maîtriser l’outil.
Mais quel voyage, au-delà de ce qu'on imagine...Véritablement dans les étoiles.
A la différence de la jouissance physique qui vous laisse finalement du manque, du vide, celle-ci vous emplit. « La main qui vole » ! Oui, cela, il ne veut à aucun prix le lâcher, serait-il condamné au lit, et jusqu’au grand départ ! Voit-on beaucoup d’artistes abandonner leur art avant qu’une incapacité quelconque les empêchent de faire ? Non, mais comment pourraient-ils lâcher leur part d’expérience du sacré ?
La faucheuse peut ricaner, là, dans ce ferment d’immortalité, elle ne saurait l’atteindre. Et rien ne saura l’empêcher jusqu’au bout de vivre à nouveau cela.
Ce n’est pas sa seule expérience qui l’a rendu aussi sûr de lui. Il n’y a pas si longtemps, il écoutait des experts parler de leur domaine d’investigation : un bonheur d’écouter s’écouler le fleuve tranquille de leur savoir maîtrisé, toujours avec humilité.
Et puis, n’est ce pas le même processus à l’œuvre dans l’écriture d’un livre ? Cette matière longtemps remâchée, explorée et qui vous coule des doigts tout à coup en un débit irrésistible. La qualité du travail est toujours un gage de vie pour ce qui ressemble à la conception d'un enfant. Combien de critiques s’attardent sur les formes, les détails, les ressemblances, les "pets", qu’ont-ils compris du processus de création…ils ne peuvent avoir l’œil qui écoute, l’important c’est leur papier…des chiures de mouches pourtant. Je rêverais que leurs commentaires soient des poèmes, des témoignages en écho de leur vibration personnelle...tels Baudelaire, Elie Faure.
Il repense à Alban, demain il irait écouter d’un œil attentif ce qu’il voudrait lui dire, il l’interrogerait sur ce à côté de quoi il ne voudrait pas passer. Peut-être saurait-t-il lui faire partager ses rêves pour qu’il soit déjà dans les étoiles avant d’y être pour de bon. Il pense encore que demain, c’est cette capacité généralisée à tous de faire quelque chose de leurs émotions qui fera avancer l’humanité vers le vivre tous ensemble. L’art est aussi utile que le pain, écrivait Elie FAURE, pourvu que le pain déjà nourrisse tous les hommes. Rendez-vous dans quelques générations, mais que le temps presse!
-----------------------------------------------------------
Personne n'a pensé au chien
A l’enterrement de mon voisin
Y avait le maire et ses adjoints
Sa femme et filles, ses cousins
Des villageois, des citadins
Personne n’a pensé au chien
Pourtant il fut le plus fidèle
Les autres l’ont laissé mourir
L’épouse, d’abord, l’infidèle
Est partie le laissant souffrir
Et ses enfants firent comme elle
Des voisins s’affichant copains
L’ont saoulé de bière et de vin
Traitant la soif, pas le chagrin
Un homm’ça boit, point ne se plaint
Ça boit debout, ‘cré nom d’un chien
Vite se casse la ficelle
De la vie quand on la tire
A hue, a dia et à bouteille
Vite est venu le grand sommeil
Que rien n’a pu retenir
Je n’ai pas réagi au déclin
Ni faux cul, ni samaritain
La rue séparait nos destins
Les heures aussi, vie de chien !
Je suis du soir, lui du matin.
gerard hocquet- MacadAdo
- Messages : 194
Date d'inscription : 24/10/2009
Re: Il va mourir demain
Lu avec attention ce texte grave et douloureux. Trés personnel cependant pour que j'ose un commentaire. Sinon, at-il été écrit en une seule fois? je vois une différence de ton sensible entre le début et la fin, comme une écriture qui s'affirmerait.
Swann,
Swann,
Swann- MacadAccro
- Messages : 1023
Date d'inscription : 31/08/2009
Age : 72
Localisation : entre deux cafés
Re: Il va mourir demain
Beaucoup, beaucoup de choses. Des phrases qui me parlent et me transportent et d'autre que je lis avec humilité, et soif d'apprendre. Très intéressant. Le genre de prose qui, malgré mon dégoût relativement précoce pour la lecture des romans, m'enchanterait sur cinq-cent pages.
Très beau travail.
Z.
Très beau travail.
Z.
Zlatko- MacadAccro
- Messages : 1621
Date d'inscription : 30/08/2009
Age : 33
Localisation : Centre
Re: Il va mourir demain
OUi, tout y est et rien ne manque ...un texte très très riche qui mêle habilement poésie et prose , aspect qui donne encore plus de "poids" émotionnel à ton texte.
Sincèrement Bravo.
Lalou liseuse
Sincèrement Bravo.
Lalou liseuse
_________________
LaLou
Re: Il va mourir demain
je suis très, très, très touchée par ton texte,
et "touchée" je ne sais comment, pas comme je l'entends d'habitude, mais beaucoup plus profondément ...
Yzaé
et "touchée" je ne sais comment, pas comme je l'entends d'habitude, mais beaucoup plus profondément ...
Yzaé
Yzaé- MacadAccro
- Messages : 696
Date d'inscription : 07/10/2009
Age : 65
Localisation : touraine
Re: Il va mourir demain
merci de le dire Yzaé. Et merci Swann, Slatko et Lalou de vos comms.
Après mon recueil poétique, je devrais aussi faire éditer un recueil de nouvelles. Je n'ai pas encore pris le temps de les poster ici, mais ça ne va pas tarder.
Après mon recueil poétique, je devrais aussi faire éditer un recueil de nouvelles. Je n'ai pas encore pris le temps de les poster ici, mais ça ne va pas tarder.
gerard hocquet- MacadAdo
- Messages : 194
Date d'inscription : 24/10/2009
Re: Il va mourir demain
De l'écho de soi au grand moment du doute et de la certitude. Jongler avec les illusions.
Texte à relire.
Texte à relire.
Ratoune- MacadAccro
- Messages : 1891
Date d'inscription : 01/09/2009
Re: Il va mourir demain
Un texte de Gérard Hocquet que je n'avais pas commenté. C'est rare. Et sans doute un oubli.
Je m'en moque j'ai un recueil sur du vrai papier.
Mais quand même, je m'en veux et remercie le Mur à Dédé.
Nilo, aujourd'hui.
Je m'en moque j'ai un recueil sur du vrai papier.
Mais quand même, je m'en veux et remercie le Mur à Dédé.
Nilo, aujourd'hui.
_________________
... Tu lui diras que je m'en fiche. Que je m'en fiche. - Léo Ferré, "La vie d'artiste"
Re: Il va mourir demain
Je vais y revenir car j'ai plus assez de temps pour lire
Juste que je suis allée dans "le printemps de la prose"
A suivre...
Sylvie
Juste que je suis allée dans "le printemps de la prose"
A suivre...
Sylvie
Re: Il va mourir demain
Et tu as bien fait Sylvie.
Dédé se casse la tête et me casse les burnes pour que je lui fasse la lecture de textes pour son Printemps de la Prose, c'est bien que quelques lecteurs s'attardent sur ses choix.
Nilo, attentif.
Dédé se casse la tête et me casse les burnes pour que je lui fasse la lecture de textes pour son Printemps de la Prose, c'est bien que quelques lecteurs s'attardent sur ses choix.
Nilo, attentif.
_________________
... Tu lui diras que je m'en fiche. Que je m'en fiche. - Léo Ferré, "La vie d'artiste"
Re: Il va mourir demain
Quel texte magnifique!
Il me touche tant! Tant de résonances! Et les questions posées, qui ne se les pose pas? Je crois que je me la jouerais super égoïste si je savais qu'il ne me reste que 6 mois, et que j'irai où je veux mourir, loin d'ici, et tant pis pour ceux qui restent, et tant pis si ça pose des problèmes techniques... Profiter des derniers moments pour être où j'aurais toujours dû être, engranger au maximum avant de ne plus pouvoir...
Et le reste... Il se dégage de ce texte (que j'ai lu sur un fond de Nina Simone, alors ça joue peut-être, qui sait?) une force, une profondeur, une douceur aussi... Ce n'est pas un cri, c'est tellement plus posé que ça... Chapeau bas monsieur
Sasvata, et si...
Il me touche tant! Tant de résonances! Et les questions posées, qui ne se les pose pas? Je crois que je me la jouerais super égoïste si je savais qu'il ne me reste que 6 mois, et que j'irai où je veux mourir, loin d'ici, et tant pis pour ceux qui restent, et tant pis si ça pose des problèmes techniques... Profiter des derniers moments pour être où j'aurais toujours dû être, engranger au maximum avant de ne plus pouvoir...
Et le reste... Il se dégage de ce texte (que j'ai lu sur un fond de Nina Simone, alors ça joue peut-être, qui sait?) une force, une profondeur, une douceur aussi... Ce n'est pas un cri, c'est tellement plus posé que ça... Chapeau bas monsieur
Sasvata, et si...
sasvata- MacadMalade
- Messages : 495
Date d'inscription : 31/08/2009
Re: Il va mourir demain
je ne peux que me joindre aux louanges pour ce texte profond,
très bien écrit et qui contient beaucoup de sagesse,
celle d'un oeil qui sait écouter
et écrire.
Une leçon que je retiens : s'attacher à être "quelqu’un qui choisit de n’avoir rien d’autre à faire" que d'écouter, vraiment, son semblable.
très bien écrit et qui contient beaucoup de sagesse,
celle d'un oeil qui sait écouter
et écrire.
Une leçon que je retiens : s'attacher à être "quelqu’un qui choisit de n’avoir rien d’autre à faire" que d'écouter, vraiment, son semblable.
Re: Il va mourir demain
J'ai fait le vœu de mettre mon aumône dans la sébile de tous les mendiants que je trouverai sous toutes les portes cochères qui mènent au Petit Etablissement de Crédit que je viens d'ouvrir au profit de ceux qu'en ont pas besoin. En particulier à la Six-septième liste que j'vous ai filée.
Juste histoire de pas avoir bossé pour rien à les chercher pasque si j'compte que sur vous j'crains qu'y en ait qu'entendent pas le son de votre obole tombant dans leur coupelle.
Charité bien ordonnée...
Dédé.
Juste histoire de pas avoir bossé pour rien à les chercher pasque si j'compte que sur vous j'crains qu'y en ait qu'entendent pas le son de votre obole tombant dans leur coupelle.
Charité bien ordonnée...
Dédé.
_________________
Ciao les gonzesses, c'était Dédé.
Dédé- MacaDédé
- Messages : 1885
Date d'inscription : 04/09/2009
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