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Une nuit parisienne
5 participants
Macadam :: MacadaTextes :: Nouvelles
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Une nuit parisienne
Nue et ivre à la fois, elle erre dans les rues de Paris.
« Garde le silence Lolita, enfouis-toi sous le sable, un enfant mort-né t’y attend. Je te guiderais pour que tu puisses le retrouver. »
Mais la plume me fait mentir.
En vérité, je l’ai emmené dans une brouette, fumant l’herbe folle dans la jouvence de l’éther, déployant toutes ses ailes pour la rendre plus légère. Saillie à l’avant, lèvres humides à l’arrière ; nous allumons dans le vent sale une belle aux bois dormant, réveillant la prochaine reine, son noms ne pouvant se ciseler par aucune rime elle m’ouvre ses cuisses sur un aspect peu onirique.
Sur une feuille de cigarette, j’ai plié un poème; dans le caniveau elle a cuvé le sang où l’or de ses cheveux ne faisait que croupir.
Elle n’y comprend rien, moi aussi d’ailleurs ; naïveté d’un côté, interrogation de l’autre étant nos dernières incarnations, mille idées contradictoires baignent à présent dans le café noir.
De retour à l'intérieur, face au miroir, en souvenir de la laideur de Varsovie, j’imagine cette ville à l’époque où elle était en ruines, et cette soudaine lumière qui a fait plus d’un rêveur silencieux, tombant en pleurs sur ces corps gavés de cendres, liquescents ou sans vie.
J’enfile sa robe immense et noire qu’elle ne veut plus jamais porter, des mots que je devrais dire n’osent pas sortir de mon cœur, peut-être est-ce un signal vers les étoiles ou la morgue ou simplement une vérité qui fait mal, gardant le silence et le mystère tel une Joconde stupide ; la révélation étant une poignée d’ammoniac à mettre sous la langue, je finirais cette triste idylle en écrivant sur le mur des cathédrales et des caveaux des obscénités.
Toujours nue, le fœtus cette fois dans le congélateur, elle retire ses serres de mon cou, tandis que le désert de notre vie affective se réchauffe encore un peu plus.
Dehors les paysannes sèment du tabac pour Dieu le Père ; elle me dit qu’elle envie ces mères fécondes qui travaillent à sa disposition.
Je me traîne jusqu’à son lit, foudroyé par l’absinthe que j’ai absorbé auparavant. Je lui débite une étrange histoire qui n’a pas de sens, achalandage burlesque, clichés pseudo romantiques, et tout un bric-à-brac confus de mots d’amour.
A l’heure où les lumières éclairent les ombrelles noires des mots d'amour les plus vaches
Comme deux anges devenus sans abris nous sommes partis du plus profond des limbes
Avec des ailes sales et déchiquetées
Notre Sainte Mère pleure avec nous, malgré son air fâché son rimmel doit couler
Les cheveux à moitié dans les braises des bûchers hindoues
Elle revient d’outre-tombe, et offre ses baisers rougeoyants
Cependant idole d’un monde éthéré je préfère retourner d’où je viens
Dans cet albâtre où le silence se résume en une espèce d’alambic
Je libère des mots trop de fois empilés, dans la sueur et la névrose des pseudos poètes
De drôles de cargaisons de mots, une foultitude immense réunie pour un suicide collectif
Nous sommes deux solitudes enfermées dans un placard vide et étroit où nous ne voyons personne
Et pourtant de nombreux écrivains s’emmagasinent dans notre mouchoir.
Ce sont des danseurs mutilés avec des gueules d’enclume, des oreilles qui chauffent
Comme toi, ils ne portent pas de robes aux goûts douteux, et malgré leurs idées puantes
Ils sont heureux lorsqu’ils allument les artifices de leur liqueur, leur poison littéraire.
Imbibées par leur subversion, ces pages écrites aujourd’hui révèlent un travail grossier.
Distillées puis calcinées dans mon gosier, comme des alcools sulfureux, mes intentions malhonnêtes envers Lolita prendront le dessus... à moins que le masque me dévoile avant… un cœur en guenilles, une main d’enfant enfouis sous la terre pour descendre au plus bas du tréfonds de la nature humaine ; aujourd'hui comme demain je sais que les ténèbres ne se lèveront pas, ils s’immiscent dans les méandres de nos petites vies ratées.
Pourtant, simplement, tacitement les verres flotteront dans le vide cette nuit.
MARQUISE- MacadAdo
- Messages : 52
Date d'inscription : 22/09/2009
Re: Une nuit parisienne
"Je libère des mots trop de fois empilés, dans la sueur et la névrose des pseudos poètes
De drôles de cargaisons de mots, une foultitude immense réunie pour un suicide collectif"
Très poétique
Un ensemble que j'ai pris plaisir à lire parce que le choix de tes images et de tes scènes sont fort intéressantes.
Ta plume est à part et les sujets que tu livres le sont aussi et c'est ça que j'aime.
De drôles de cargaisons de mots, une foultitude immense réunie pour un suicide collectif"
Très poétique
Un ensemble que j'ai pris plaisir à lire parce que le choix de tes images et de tes scènes sont fort intéressantes.
Ta plume est à part et les sujets que tu livres le sont aussi et c'est ça que j'aime.
metalpha- MacaDeb
- Messages : 15
Date d'inscription : 12/02/2012
Re: Une nuit parisienne
MARQUISE, j'ai aimé, beaucoup aimé même, ta nuit parisienne
Notre Sainte Mère pleure avec nous, malgré son air
fâché son rimmel doit couler
Les cheveux à moitié dans les braises des bûchers hindoues
Elle revient d’outre-tombe, et offre ses baisers rougeoyants
Cependant idole d’un monde éthéré je préfère retourner d’où je viens
Dans cet albâtre où le silence se résume en une espèce d’alambic
Bravo !
Ensuite, je retiendrai ça dans un ensemble bien percutant et fort classe !
(Célébration tout azimut)
Regardant à l'extérieur, derrière la fenêtre, la scintillante liberté
renaît, sais-tu que maintenant elle flamboie, la profonde noirceur hurlant
encore sa réalité, mais le sourire s'épanouissant à chaque âmes en vie,
palpitante et solide.
Dam, c'est clair comme de l'ode roche.
Mes félicitations à vous deux
Notre Sainte Mère pleure avec nous, malgré son air
fâché son rimmel doit couler
Les cheveux à moitié dans les braises des bûchers hindoues
Elle revient d’outre-tombe, et offre ses baisers rougeoyants
Cependant idole d’un monde éthéré je préfère retourner d’où je viens
Dans cet albâtre où le silence se résume en une espèce d’alambic
Bravo !
Ensuite, je retiendrai ça dans un ensemble bien percutant et fort classe !
(Célébration tout azimut)
Regardant à l'extérieur, derrière la fenêtre, la scintillante liberté
renaît, sais-tu que maintenant elle flamboie, la profonde noirceur hurlant
encore sa réalité, mais le sourire s'épanouissant à chaque âmes en vie,
palpitante et solide.
Dam, c'est clair comme de l'ode roche.
Mes félicitations à vous deux
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