Zette revient durablement sur la sixième faille,

Cher journal,

Je saute les étapes dans mon histoire mais je sais que tu ne m’en voudras pas. Après Jeannot et la vieille aux grandes dents qui appartiennent à l’histoire d’hier, me voilà partie en re-création.
Dans la cour, les feuilles amochées crissent sous nos chaussures. Je cours, je cours en vrac après les copains qui penchent.
Tu sais, comme le pompon du manège… Je n’attrape rien. Peau de vent. Les copains crient dans l’air qui se réchauffe.
Pas moi.
Je traîne la semelle, comme « l’autre », en moins bien.
Les branches font des voûtes maigres qui nous escortent, on dirait qu’elles sourient de nous voir passer.
Est-ce que ces filles de l’arbre savent qu’elles durent plus longtemps qu’un feu de joie ?
Dans plusieurs années, un jour de touffeur, un bonhomme assis sur une table, un vieux bonhomme à l’accent canadien, dira paisiblement que les hommes tomberont dans la « sixième faille » et avec eux la compassion , l’art à jamais perdus.
Je n’arrive pas à m’émouvoir de cette prophétie délicate annoncée sur les courbes spatio-temporelles, les constats, les études poussées par des mains pressées.
Un jour de rédhibitoire, quand je serai bien « vieille le soir à la crevée », quand ma peau d’enfant empoussiérée restera pendue dans le hall de sortie, il sera temps de glisser dans le grand trou.
Avec tous les instruments de musique, les toiles de jute, les pinceaux, les bafouilles légères que nous nous écrivîmes au seuil des éclatements, les rêves portés à bout de bras dans les nuits propices, complices ou supplices.
Chaque homme qui tombe emporte ses bagages de chair gravée, chaque homme qui naît les rapporte en souriant.
Tu le sais, toi qui t’en viens toujours chargé de parfums oubliés.
Cher journal, j’écoute Brigitte Fontaine ce matin, comme maman n’est pas là pour m’interdire cette bonne femme enrayée, j’en profite.
Elle croque dans un verre : « Je suis vieille, et je vous encule ».
Hihi…

La voilà bien triste Zette. Aurait-elle mis un pied dans la faille ?
Si ça la chante elle peut venir parler de Brigitte Fontaine avec moi, ça me fera plaisir de ressasser mes souvenirs des nuits pur malt au Sélénite et des matins (fin de matinée plutôt) café noir rue des Abbesses à défaire le monde avec elle.
Peut-être même qu'on évoquera Jacques H. et qu'on enculera le monde.

Nilo, cinquième montagne.

Je sens que quelqu'un à côté de moi, qui n'est pas Zette, est très intéressé par ces nuits de refonte du monde en compagnie du Jacques et de la Brigitte...
Le " pied dans la faille " un peu, mais pas trop longtemps.
Merci l'artiste d'être passé près du tonneau de grenadine !

Zette change , mais c'est toujours aussi bon....

Un pas de géant pour Zette. Un aussi pour l'inhumanité. Brigitte Fontaine est la bienvenue dans cette soudaine décrépitude. Jacques Higelin aussi. Mais z'avez oublié Areski ? Y devient koi çui là ?
Messe, prise à la gorge par le temps et les a bu

Dédé vient de me prendre par la main pour m'accompagner ici sur les pas de Zette.
Il a bien fait.

Nilo, faille à partir.

J'ai raison de penser que DD est un adorable ours à la grenadine !

c'est vrai que ce jour-là, elle avait pas le moral, la Zette !!!
j'espère que le grenadine lui a fait du bien ...
Yzaé

Ah quel bonheur de se cogner la tête contre le Mur à Dédé et d'en voir tomber une pierre de Zette.

Nilo, Zettiste.

oui les aventures de Zette !

toujours fraiches et trop bonnes!

Maman, j'ai peur !
Coline, nostalgique !

mais ou sont elles passées? Ratoune? Zette ?

Z'etes la?

J'ai fait le vœu de mettre mon aumône dans la sébile de tous les mendiants que je trouverai sous toutes les portes cochères qui mènent au Petit Etablissement de Crédit que je viens d'ouvrir au profit de ceux qu'en ont pas besoin. En particulier à la Quinzième liste que j'vous ai filée.
Juste histoire de pas avoir bossé pour rien à les chercher pasque si j'compte que sur vous j'crains qu'y en ait qu'entendent pas le son de votre obole tombant dans leur coupelle.
Charité bien ordonnée...

Dédé.