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La femme lumière
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Macadam :: MacadaTextes :: Textes courts
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La femme lumière
La femme lumière.
Vers cinq heures, à bout de forces, je m’endormais. Il y avait un paquet d’heures que je voulais faire quelque chose de ma vie, de bien, et c’est la nuit, quand la ville dormait, que je trouvai grole-à-mon-Art.
Je compris comme c’était important de laisser briller les lumières, apparemment pour rien : gaspillage ? Non. Comme l‘écume dans le sillage du off shore, ces milliers de bulles blanches qui ne servent à rien, mais donnent l’illusion de vitesse à ceux qui restent à terre à contempler la mer.
Sans l’écume, les vagues seraient figées, des murs d’eau menaçants.
Les lumières de la ville sont comme ces bulles d’écume, car elles donnent l’illusion de vie, de mouvement. On sait qu’elles existent même si on ne les voit pas ; on s’en souviendra bientôt pour rattraper un certain retard qu’elles nous accusent de prendre sciemment…
(même si on admet l'évidence qu'il faille dormir un peu, pour récupérer).
Elles nous rendent plus vaillant, plus combatif, plus entreprenant.
(lui) - Regarde toutes ces lumières ! Tu t’es jamais demandée la raison de cette vie matérielle, ce fourmillement incessant et inlassable ?
(elle) - C’est pour savoir où tu vas...
- Ce qui veut dire que s’il n’y avait pas de lumières, tu resterais chez toi en attendant le jour ? Mais les anciens, du temps où l’électricité n’existait pas, tu crois qu’ils boudaient la nuit...
- Ils s’éclairaient autrement.
- Je te parle des Ancien de l’ancien temps, avant même le feu et les becs-de-gaz...
- Oui, ils devaient dormir.
- N’en sois pas si sûre. Car la nuit n’a jamais été une hantise, seulement l’angoisse du bébé. Moi, il y a bien longtemps que je campe avec elles.
- Tu n’es plus un bébé ! »
Une fille qui vous dit ça en marchant à côté main dans la main est tout sauf une nouvelle recrue qui finira sa course dans un plumard sans âme ; une fille comme ça qui dit ça n’est pas à ranger dans le tiroir des oubliettes ; car elle a plus d’un tour dans son sac, me fait tourner la tête, oublier le temps, le mouvement, la douleur des ampoules et les flashes des monuments. Je ne vois qu’elle grâce aux lumières de la nuit. Je ne voudrais pas que le jour se lève, que le train-train reprenne, les bises du matin et les sourires forcés, automatiques... “Toi, ma belle, je ne veux te voir que la nuit, tu ne seras à moi que la nuit, je vis la nuit, je ne suis plus un bébé, mais j’ai une angoisse soudaine, comme le bébé... de te voir partir, ma lumière, mon âme.”
L’aube de l’humanité peut être comparée au bébé Éternel. Nous en sommes où ? À bénir les criminels et contraindre les artistes à abandonner.
Vraiment, le pays est à bout de forces, depuis la dernière crise !
Femme, tu es bien comme ces lumières qui créent l’illusion de vie, qui prolongent le jour, la nuit, participent à la fête laborieuse du train-train routinier ; tu t’éteins quand le jour se lève, te couche quand la nuit tombe, te fait belle quand l’étincelle est au bout de la braguette, par ce que t’es sur le rouleau ; tu conduis un rouleau compresseur ; te fais la belle quand l’étincelle est au bout de la baguette, par ce que t’es au bout du rouleau, fatiguée du bureau, tu ne veux plus croire à ces sentiments nouveaux et soudains, la magie des lapins
Reste couchée, vivante et volage en rêve dans une autre sphère que tu caresseras de ton souffle, de tes spasmes, à tout jamais. Rêve je t’offrirai, rêve tu refuseras, parce que c’est trop humain, trop beau ou trop sage, trop tout ou trop rien, trop incertain... Reste couchée.
Moi, je ne te supplierai jamais de me suivre nulle part - dans cette vie qui fait des vagues sans écume ; reste en marge, dans ton monde d’écume rose, fée des logis adverses, reste où tu brilles déjà, tu ne brilleras jamais plus, jamais plus. Pour moi. Reste...
Reste un peu, car tu ne sais pas ce que ça te réserve, cette vie de réserviste ! Tu l’as déjà cernée, cette vie, entre quatre murs de doute et d’ennui, de peurs ; tu assimilais cette union à une faute, l’escalade de la violence ; tu as bien décidé de te marier un jour, mais plus tard ; c’était trop tôt, peut-être aussi trop tard, qui sait ?
En cet instant où le paralogisme flirte avec le paranormal, tu t’es défilée ; si tu t’étais appelée Sophie, j’aurais vu le sophisme comme on pressent l’orage, mais les lumières-étoiles-basses étaient autant de points à gages... je n’ai pas vu le danger arriver ! je l'ai juste ressenti comme une blessure qui était la tienne.
Il est loin le temps où les lumières étaient interdites sur les mers du globe.
Si l’image de l’amour est un coeur percé d’une flèche, celui qu’elle inspirait était dur comme pierre - ce qui ne manquait pas de me séduire en plus ! mauvais comme Zénon !
Nous marchions en crabe sur les pavés des quais, fraîchement restaurés et remis au goût du jour : « C’est plus joli, dit-elle. - Quoi donc ? - Non, se reprit-elle, pas forcément ; ça dépend pour qui. Y’en a qu’aiment pas la pierre, les imprécisions, les irrégularités. - Moi, dis-je en buttant sur un gros “tabouret”, je ne m’arrête pas à ça (un temps d’arrêt) - c’est un peu comme le mystère de l’inachevé. »
Si tu es comme ce sol de pierre, dur et translucide, en éternel mouvement, je serai toujours avec toi ; j’aurai toujours une pensée vers toi, tintée d'effroi, de voir un bulldozer planter ses griffes sur ta place...
Dam.
Vers cinq heures, à bout de forces, je m’endormais. Il y avait un paquet d’heures que je voulais faire quelque chose de ma vie, de bien, et c’est la nuit, quand la ville dormait, que je trouvai grole-à-mon-Art.
Je compris comme c’était important de laisser briller les lumières, apparemment pour rien : gaspillage ? Non. Comme l‘écume dans le sillage du off shore, ces milliers de bulles blanches qui ne servent à rien, mais donnent l’illusion de vitesse à ceux qui restent à terre à contempler la mer.
Sans l’écume, les vagues seraient figées, des murs d’eau menaçants.
Les lumières de la ville sont comme ces bulles d’écume, car elles donnent l’illusion de vie, de mouvement. On sait qu’elles existent même si on ne les voit pas ; on s’en souviendra bientôt pour rattraper un certain retard qu’elles nous accusent de prendre sciemment…
(même si on admet l'évidence qu'il faille dormir un peu, pour récupérer).
Elles nous rendent plus vaillant, plus combatif, plus entreprenant.
(lui) - Regarde toutes ces lumières ! Tu t’es jamais demandée la raison de cette vie matérielle, ce fourmillement incessant et inlassable ?
(elle) - C’est pour savoir où tu vas...
- Ce qui veut dire que s’il n’y avait pas de lumières, tu resterais chez toi en attendant le jour ? Mais les anciens, du temps où l’électricité n’existait pas, tu crois qu’ils boudaient la nuit...
- Ils s’éclairaient autrement.
- Je te parle des Ancien de l’ancien temps, avant même le feu et les becs-de-gaz...
- Oui, ils devaient dormir.
- N’en sois pas si sûre. Car la nuit n’a jamais été une hantise, seulement l’angoisse du bébé. Moi, il y a bien longtemps que je campe avec elles.
- Tu n’es plus un bébé ! »
Une fille qui vous dit ça en marchant à côté main dans la main est tout sauf une nouvelle recrue qui finira sa course dans un plumard sans âme ; une fille comme ça qui dit ça n’est pas à ranger dans le tiroir des oubliettes ; car elle a plus d’un tour dans son sac, me fait tourner la tête, oublier le temps, le mouvement, la douleur des ampoules et les flashes des monuments. Je ne vois qu’elle grâce aux lumières de la nuit. Je ne voudrais pas que le jour se lève, que le train-train reprenne, les bises du matin et les sourires forcés, automatiques... “Toi, ma belle, je ne veux te voir que la nuit, tu ne seras à moi que la nuit, je vis la nuit, je ne suis plus un bébé, mais j’ai une angoisse soudaine, comme le bébé... de te voir partir, ma lumière, mon âme.”
L’aube de l’humanité peut être comparée au bébé Éternel. Nous en sommes où ? À bénir les criminels et contraindre les artistes à abandonner.
Vraiment, le pays est à bout de forces, depuis la dernière crise !
Femme, tu es bien comme ces lumières qui créent l’illusion de vie, qui prolongent le jour, la nuit, participent à la fête laborieuse du train-train routinier ; tu t’éteins quand le jour se lève, te couche quand la nuit tombe, te fait belle quand l’étincelle est au bout de la braguette, par ce que t’es sur le rouleau ; tu conduis un rouleau compresseur ; te fais la belle quand l’étincelle est au bout de la baguette, par ce que t’es au bout du rouleau, fatiguée du bureau, tu ne veux plus croire à ces sentiments nouveaux et soudains, la magie des lapins
Reste couchée, vivante et volage en rêve dans une autre sphère que tu caresseras de ton souffle, de tes spasmes, à tout jamais. Rêve je t’offrirai, rêve tu refuseras, parce que c’est trop humain, trop beau ou trop sage, trop tout ou trop rien, trop incertain... Reste couchée.
Moi, je ne te supplierai jamais de me suivre nulle part - dans cette vie qui fait des vagues sans écume ; reste en marge, dans ton monde d’écume rose, fée des logis adverses, reste où tu brilles déjà, tu ne brilleras jamais plus, jamais plus. Pour moi. Reste...
Reste un peu, car tu ne sais pas ce que ça te réserve, cette vie de réserviste ! Tu l’as déjà cernée, cette vie, entre quatre murs de doute et d’ennui, de peurs ; tu assimilais cette union à une faute, l’escalade de la violence ; tu as bien décidé de te marier un jour, mais plus tard ; c’était trop tôt, peut-être aussi trop tard, qui sait ?
En cet instant où le paralogisme flirte avec le paranormal, tu t’es défilée ; si tu t’étais appelée Sophie, j’aurais vu le sophisme comme on pressent l’orage, mais les lumières-étoiles-basses étaient autant de points à gages... je n’ai pas vu le danger arriver ! je l'ai juste ressenti comme une blessure qui était la tienne.
Il est loin le temps où les lumières étaient interdites sur les mers du globe.
Si l’image de l’amour est un coeur percé d’une flèche, celui qu’elle inspirait était dur comme pierre - ce qui ne manquait pas de me séduire en plus ! mauvais comme Zénon !
Nous marchions en crabe sur les pavés des quais, fraîchement restaurés et remis au goût du jour : « C’est plus joli, dit-elle. - Quoi donc ? - Non, se reprit-elle, pas forcément ; ça dépend pour qui. Y’en a qu’aiment pas la pierre, les imprécisions, les irrégularités. - Moi, dis-je en buttant sur un gros “tabouret”, je ne m’arrête pas à ça (un temps d’arrêt) - c’est un peu comme le mystère de l’inachevé. »
Si tu es comme ce sol de pierre, dur et translucide, en éternel mouvement, je serai toujours avec toi ; j’aurai toujours une pensée vers toi, tintée d'effroi, de voir un bulldozer planter ses griffes sur ta place...
Dam.
Re: La femme lumière
Un texte bien vivant aux lumières vives.
J'ai beaucoup aimé le dialogue
Le contexte
Et les mots qui se baladent la nuit.
Juste un endroit que j'ai envie de "critiquer" un peu, c'est :
"
Les lumières de la ville sont comme ces bulles d’écume, car elles donnent l’illusion de vie, de mouvement "
J'aurais pas mis "car" elle connent...........mais " donnant" l'illusion.........
Mais ce n'est que mon point de vue
Un bel instant de lecture pour moi.
J'ai beaucoup aimé le dialogue
Le contexte
Et les mots qui se baladent la nuit.
Juste un endroit que j'ai envie de "critiquer" un peu, c'est :
"
Les lumières de la ville sont comme ces bulles d’écume, car elles donnent l’illusion de vie, de mouvement "
J'aurais pas mis "car" elle connent...........mais " donnant" l'illusion.........
Mais ce n'est que mon point de vue
Un bel instant de lecture pour moi.
Re: La femme lumière
j’ai passé des plombes sur la parenthèse du haut (début) : même si on admet.. en admettant que... Mais je laisse carelle (car) j’aime bien. Merci Sylvie !
Dam, Illusion impressions
Dam, Illusion impressions
Macadam :: MacadaTextes :: Textes courts
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