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Cher journal aux sentiments,
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Swann
Sylvie
Ratoune
7 participants
Macadam :: MacadaTextes :: Nouvelles
Page 1 sur 1
Cher journal aux sentiments,
Aujourd’hui nous filons maman et moi à la gare, en bas du pont qui enjambe la voie de chemin de fer, on dit encore Savoir Nager Comme Fernandel à la récré.
- On s’en fiche, c’est pas l’histoire du jour ! dit ma petite voix copine du dedans.
Ce matin, maman s’est enveloppée de solennel pour me dire : « Zette, nous allons chercher ton papa à la gare ». Voix de miel, ton langoureux, une frisette sur son front, sa robe du dimanche sans église.
Tiens, c’est nouveau ce truc « le papa du dimanche », tu me diras que c’est mieux que la messe et les doigts dans le bénitier, mais j’ai dû mal à le gober.
- Tu n’es pas contente ?
- Bof.
- C’est tout ce que tu trouves à dire ?
- Rebof.
- C’est ton papa qui vient.
- Lequel ?
Voilà, la question est posée sous son nez qui se plisse. Claque, pas claque ? Pas claque. Les mains doivent rester soignées. Intactes.
Le temps est bien gris pour l’arrivée du « prodigue ». Maman, comme d’habitude file devant telle un vaisseau amiral chargé de victuailles ; je suis dans ma robe amidonnée qui pèse un « âne mort ». Quand je pense que je pourrais être au jardin à me balancer avec mes copains de hasard.
Le truc avec les rencontres du « énième type » c’est que ce sont celles des autres qui ne croisent qu’au grand large, toi, tu restes sur les galets à te demander ce qu’ils vont chercher dans ces « galères ».
Bref.
Se pencher pour tirer sur les chaussettes blanches dont l’élastique mou te fait ressembler à Cosette, souffler pour rattraper le « vaisseau » pleines voiles, pleine mère.
La culotte aussi a tendance à se faire la malle. Tirer un coup chaussette, un coup robe. Tu parles de la grâce enfantine !
Enfin, la gare.
On attend comme des ficelles tendues. Je me tiens derrière. Sait-on jamais.
Des gens sortent qui ne ressemblent à rien.
Dont un.
Il s’avance maigre et noir ou l’inverse, se penche sur maman, l’embrasse. Puis se tourne vers moi.
- Voilà ton papa.
- …
- Dis-lui bonjour
- ‘jo…rrrrr
Je recule.
Il pue de la gueule.
Varech, boîte de sardines ou de thon, bouts de bois échoués, un rien de poulpe sec après tempête.
Impossible que ce bonhomme soit mon père !
D’ailleurs je suis la fille de la reine que maman a enlevée.
Maman est domestique au palais, et par jalousie, elle a kidnappé l’héritière.
Un jour, le roi et la reine viendront toquer à la porte de la cabane et demanderont des comptes à la ravisseuse.
Ce jour-là, il faudra payer !
« Bonjour Zette », susurre le reflux.
Recul en accéléré.
Claque ? Pas claque ? Pas claque. Bingo pour la journée.
A présent ils avancent devant, bras dessus, bras dessous. Maman accrochée, moule usée sur un rocher écorché. On dirait deux figures découpées dans le gris.
Je subodore que je vais tracer au jardin pour jeux interdits.
Sur le coup des une heure de l’aprèm.
Toi aussi hein ?
C’est avec des journées pareilles qu’on sort gagnant, ciné, monnaie pour bonbons, temps dilaté, joues au repos et cul idem.
Ce « papa » là n’est ni pire ni meilleur que les précédents. Il semble tenir droit. A peu près en bon état (ça me change des aveugles, manchots et autre variété de handicap avant téléthon ).
Il va durer un dimanche ou deux.
Le temps que je ne m’habitue pas.
Il est interchangeable. Génétiquement.
Quelqu’un chante à la radio « Les tantes Jeanne ».
Chacun sa famille.
La mienne est décomposée et recomposée à volonté.
Un vrai puzzle dont je vais perdre la totalité des pièces plus tard.
- On s’en fiche, c’est pas l’histoire du jour ! dit ma petite voix copine du dedans.
Ce matin, maman s’est enveloppée de solennel pour me dire : « Zette, nous allons chercher ton papa à la gare ». Voix de miel, ton langoureux, une frisette sur son front, sa robe du dimanche sans église.
Tiens, c’est nouveau ce truc « le papa du dimanche », tu me diras que c’est mieux que la messe et les doigts dans le bénitier, mais j’ai dû mal à le gober.
- Tu n’es pas contente ?
- Bof.
- C’est tout ce que tu trouves à dire ?
- Rebof.
- C’est ton papa qui vient.
- Lequel ?
Voilà, la question est posée sous son nez qui se plisse. Claque, pas claque ? Pas claque. Les mains doivent rester soignées. Intactes.
Le temps est bien gris pour l’arrivée du « prodigue ». Maman, comme d’habitude file devant telle un vaisseau amiral chargé de victuailles ; je suis dans ma robe amidonnée qui pèse un « âne mort ». Quand je pense que je pourrais être au jardin à me balancer avec mes copains de hasard.
Le truc avec les rencontres du « énième type » c’est que ce sont celles des autres qui ne croisent qu’au grand large, toi, tu restes sur les galets à te demander ce qu’ils vont chercher dans ces « galères ».
Bref.
Se pencher pour tirer sur les chaussettes blanches dont l’élastique mou te fait ressembler à Cosette, souffler pour rattraper le « vaisseau » pleines voiles, pleine mère.
La culotte aussi a tendance à se faire la malle. Tirer un coup chaussette, un coup robe. Tu parles de la grâce enfantine !
Enfin, la gare.
On attend comme des ficelles tendues. Je me tiens derrière. Sait-on jamais.
Des gens sortent qui ne ressemblent à rien.
Dont un.
Il s’avance maigre et noir ou l’inverse, se penche sur maman, l’embrasse. Puis se tourne vers moi.
- Voilà ton papa.
- …
- Dis-lui bonjour
- ‘jo…rrrrr
Je recule.
Il pue de la gueule.
Varech, boîte de sardines ou de thon, bouts de bois échoués, un rien de poulpe sec après tempête.
Impossible que ce bonhomme soit mon père !
D’ailleurs je suis la fille de la reine que maman a enlevée.
Maman est domestique au palais, et par jalousie, elle a kidnappé l’héritière.
Un jour, le roi et la reine viendront toquer à la porte de la cabane et demanderont des comptes à la ravisseuse.
Ce jour-là, il faudra payer !
« Bonjour Zette », susurre le reflux.
Recul en accéléré.
Claque ? Pas claque ? Pas claque. Bingo pour la journée.
A présent ils avancent devant, bras dessus, bras dessous. Maman accrochée, moule usée sur un rocher écorché. On dirait deux figures découpées dans le gris.
Je subodore que je vais tracer au jardin pour jeux interdits.
Sur le coup des une heure de l’aprèm.
Toi aussi hein ?
C’est avec des journées pareilles qu’on sort gagnant, ciné, monnaie pour bonbons, temps dilaté, joues au repos et cul idem.
Ce « papa » là n’est ni pire ni meilleur que les précédents. Il semble tenir droit. A peu près en bon état (ça me change des aveugles, manchots et autre variété de handicap avant téléthon ).
Il va durer un dimanche ou deux.
Le temps que je ne m’habitue pas.
Il est interchangeable. Génétiquement.
Quelqu’un chante à la radio « Les tantes Jeanne ».
Chacun sa famille.
La mienne est décomposée et recomposée à volonté.
Un vrai puzzle dont je vais perdre la totalité des pièces plus tard.
Ratoune- MacadAccro
- Messages : 1891
Date d'inscription : 01/09/2009
Re: Cher journal aux sentiments,
Un texte qui se vit ( moi aussi je suis passée par la culotte qui glisse, la jupe qui tourne et les chaussettes qui jouent gentillement de l'accordéon)
Génétiquement parlant, oui on a tous un père...mais quelle est la définition de père? être élevée toute sa vie ( enfin une partie) par un homme toujours présent ou juste que c'est celui qui nous a conçu( e) qui doit s'appeler "Père"?
J'ai lu ton texte et même si il y a certaines images qui font sourire, ça n'est pas un texte drôle mais poignant.
Ha oui, je me suis arrêtée sur l'orthographe de "tel" suite à la phrase :
"Maman, comme d’habitude file devant telle un vaisseau"
Bon ben j'ai eu ma réponse que voici même si moi, perso, j'aurais écrit "tel un vaisseau"
Serais-je un empêcheur d'accorder en rond ?
Voici ce que je lis dans La Grammaire d'aujourd'hui, de Michel Arrivé et consorts, Flammarion.
* Tel utilisé comme comparatif pose un problème d'accord : doit-on écrire "il court tel ou telle une fusée" ?
Ce petit problème strictement graphique est généralement résolu au profit de l'accord avec le second terme (le féminin dans l'exemple choisi).
Mais l'usage contemporain fournit des exemples d'accord avec le premier terme (ce qui ferait apparaître le masculin dans l'exemple).
Le problème ne se pose pas quand tel, suivi de que, ne peut renvoyer qu'au syntagme nominal auquel il se rapporte et avec lequel il s'accorde : "il court tel qu'une fusée" (archaïque ou affecté).
FIN DE CITATION
Hanse écrit que l'usage, les grammairiens, et les écrivains hésitent visiblement. Il encourage cependant l'accord avec le nom qui suit.
Grevisse : sous l'influence de tel que, on trouve parfois l'accord, non avec le terme qui suit tel, mais avec celui qui fait l'objet de la comparaison.
Il donne une douzaine de références d'écrivains dans ce sens.
* Tel une bête, il semblait vivre. (Bosco)
Il convient, selon moi, de suivre ces recommandations, en sachant que l'autre accord a du répondant.
Grevisse, jamais en reste, a même relevé tel invariable, comme si c'était l'adverbe ainsi :
* Ma race ne se souleva jamais que pour piller : tel les loups. (Rimbaud. Saison en enfer. Mauvais sang)
* ... dignes seulement d'être tués à coups de pierres, tel jadis les hermaphrodites. (Montherlant. Songe)
Bon mais je ne vais pas chipoter sur un mot alors que le reste a bien + de valeur
Bon moment de lecture, fort bien goupillé!
Sylvie
Génétiquement parlant, oui on a tous un père...mais quelle est la définition de père? être élevée toute sa vie ( enfin une partie) par un homme toujours présent ou juste que c'est celui qui nous a conçu( e) qui doit s'appeler "Père"?
J'ai lu ton texte et même si il y a certaines images qui font sourire, ça n'est pas un texte drôle mais poignant.
Ha oui, je me suis arrêtée sur l'orthographe de "tel" suite à la phrase :
"Maman, comme d’habitude file devant telle un vaisseau"
Bon ben j'ai eu ma réponse que voici même si moi, perso, j'aurais écrit "tel un vaisseau"
Serais-je un empêcheur d'accorder en rond ?
Voici ce que je lis dans La Grammaire d'aujourd'hui, de Michel Arrivé et consorts, Flammarion.
* Tel utilisé comme comparatif pose un problème d'accord : doit-on écrire "il court tel ou telle une fusée" ?
Ce petit problème strictement graphique est généralement résolu au profit de l'accord avec le second terme (le féminin dans l'exemple choisi).
Mais l'usage contemporain fournit des exemples d'accord avec le premier terme (ce qui ferait apparaître le masculin dans l'exemple).
Le problème ne se pose pas quand tel, suivi de que, ne peut renvoyer qu'au syntagme nominal auquel il se rapporte et avec lequel il s'accorde : "il court tel qu'une fusée" (archaïque ou affecté).
FIN DE CITATION
Hanse écrit que l'usage, les grammairiens, et les écrivains hésitent visiblement. Il encourage cependant l'accord avec le nom qui suit.
Grevisse : sous l'influence de tel que, on trouve parfois l'accord, non avec le terme qui suit tel, mais avec celui qui fait l'objet de la comparaison.
Il donne une douzaine de références d'écrivains dans ce sens.
* Tel une bête, il semblait vivre. (Bosco)
Il convient, selon moi, de suivre ces recommandations, en sachant que l'autre accord a du répondant.
Grevisse, jamais en reste, a même relevé tel invariable, comme si c'était l'adverbe ainsi :
* Ma race ne se souleva jamais que pour piller : tel les loups. (Rimbaud. Saison en enfer. Mauvais sang)
* ... dignes seulement d'être tués à coups de pierres, tel jadis les hermaphrodites. (Montherlant. Songe)
Bon mais je ne vais pas chipoter sur un mot alors que le reste a bien + de valeur
Bon moment de lecture, fort bien goupillé!
Sylvie
Dernière édition par Sylvie le Sam 19 Déc - 9:53, édité 1 fois
Re: Cher journal aux sentiments,
Vi, mais c'est la maman le vaisseau, alors telle y va dessus. Il ne neige pas que sur l'écran, dehors aussi, même qu'un bonhomme trottait à petits pas .
Zette à la montagne de Nice.
Zette à la montagne de Nice.
Ratoune- MacadAccro
- Messages : 1891
Date d'inscription : 01/09/2009
Re: Cher journal aux sentiments,
J'ai lu fissa (je parle ainsi "tel" mes clients..) avec le même plaisir. C'est triste cependant, ces éclopés papas de passage... mais, vu que Zette s'en fout puisqu'elle est la fille de la reine, alors?
Swann,
Swann,
Swann- MacadAccro
- Messages : 1023
Date d'inscription : 31/08/2009
Age : 72
Localisation : entre deux cafés
Re: Cher journal aux sentiments,
Toujours aussi attachante cette Zette...;
ALors ces Zitounes Ratoune? bien gaulées?
ALors ces Zitounes Ratoune? bien gaulées?
_________________
LaLou
Re: Cher journal aux sentiments,
Oui, même que j'ai eu des cales aux mains et un bon verre de blanc devant la cheuminée
Ratoune- MacadAccro
- Messages : 1891
Date d'inscription : 01/09/2009
Re: Cher journal aux sentiments,
Ah que je l'aime cette Zette.
Nilo, Oncle Paul.
Nilo, Oncle Paul.
_________________
... Tu lui diras que je m'en fiche. Que je m'en fiche. - Léo Ferré, "La vie d'artiste"
Re: Cher journal aux sentiments,
Putain ! Zette, j'suis vach'ment content qu'tu souailles ma copine.
Pasque tu m'fais marrer.
Dédé.
Pasque tu m'fais marrer.
Dédé.
_________________
Ciao les gonzesses, c'était Dédé.
Dédé- MacaDédé
- Messages : 1885
Date d'inscription : 04/09/2009
Re: Cher journal aux sentiments,
Bises à vous les lascars de la nuit !
Ratoune- MacadAccro
- Messages : 1891
Date d'inscription : 01/09/2009
Re: Cher journal aux sentiments,
Elle a l'air toute mignonne cette Zette, et pas que trois neurones dans sa caboche... J'vais sur'ment prendre le temps d'en lire plus. Là c'est le Dédé's wall qui m'a projeté mais j'ferais d'autre atterrissage plus en douceur.
Ca s'lit d'une traite et ça donne envi de plus... j'rattraperais le train de retard, promis, craché!
Ca s'lit d'une traite et ça donne envi de plus... j'rattraperais le train de retard, promis, craché!
Re: Cher journal aux sentiments,
Ha voilà un texte que j'ai relu avec plaisir parce que dehors, ça sent vachement l'hiver!
Chic, je vais bientôt pouvoir remettre des bonshommes de neige quand Lalou nous mettra de la neige sur macadam.
Sylvie
Chic, je vais bientôt pouvoir remettre des bonshommes de neige quand Lalou nous mettra de la neige sur macadam.
Sylvie
Re: Cher journal aux sentiments,
Un cadeau offert grâce au magnifique travail de Dédé " on ne prête qu'aux riches"....
Merci Dédé et un grand à Zette
Merci Dédé et un grand à Zette
Re: Cher journal aux sentiments,
Whaou ! me v'là devancé sur ma participation à mon travail de remontée des grands textes de Macadam.
Y en a au moins une qui suis, c'est déjà ça.
En plus j'adore Zette (ça tout l'monde le sait) et j'suis content de voir revenir une page de son journal en haut de l'affiche.
Dédé.
Y en a au moins une qui suis, c'est déjà ça.
En plus j'adore Zette (ça tout l'monde le sait) et j'suis content de voir revenir une page de son journal en haut de l'affiche.
Dédé.
_________________
Ciao les gonzesses, c'était Dédé.
Dédé- MacaDédé
- Messages : 1885
Date d'inscription : 04/09/2009
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