Essai III - L'humour (2006)

Vraiment, il faut aussi savoir ne pas aborder que des sujets tristes, je ne voudrais pas me cantonner dans un rôle qui n’est pas moi.
L’humour est pour moi une nourriture, une cuisine : chaque blague lancée est comme une boîte de confiture rangée dans le placard à friandises de l’humour. On ouvre ces boîtes en quelques secondes, par hasard et par jeu.
Pour moi, un bon humoriste est un peu comme un gardien de foot : tout bon gardien, par exemple sur un penalty, aura cette subtile et inexplicable intuition du côté où le ballon va partir... l’humoriste a le même don : il flaire dans quel sens le vent de la conversation tourne et au bon moment, se jette en avant pour parer et rouler dans la farine de la dérision son interlocuteur.
Et j’aime ça, j’adore ça ! J’adore entraîner les gens avec moi par une mimique, les inviter à me suivre dans un ballet subtil où je détiens toutes les cartes et où je sais quand, et comment, les déstabiliser ; c’est une sensation de pouvoir fabuleuse que le rire, cette joie que les gens peuvent vous offrir par un rire aussi futile soit-il ! C’est une nourriture de l’esprit sublime et qui devient vite une drogue. J’ai besoin de cette assemblée qui me suit et m’invite à continuer à parler, j’en rêve, j’en suis rempli comme d’une obsession.
Tout comique joue aussi sur la mesure. Il prend soin de ne pas écraser le spectateur avide de se distraire sous un rocher comique de dix tonnes toutes les cinq secondes ; et bien qu’il en ait le droit (comme la confiture de lait ou un dix-neuf sur vingt) une fois de temps en temps, il ne faut pas en abuser.
Enfin, la subtilité est primordiale. Nous choisirons avec soin nos sujets, nous jouerons sur l’atmosphère : tout humoriste capable de faire rire un spectateur tout simplement en marchant, en s’asseyant, en buvant, par une mimique ou un roulement d’yeux discret, par une simple pose .. est un pur génie. Je ne dis pas qu’une blague efficace n’est pas tout aussi bonne à entendre, le spectateur s’en amusera autant. Mais il faut oser le bon mot, enfermer le spectateur dans votre danse, que la salle devienne votre antre et qu’il soit entouré de toute part par votre esprit ; qu’il n’ait pas d’autre choix que de se soumettre à cette puissance du rire qui l’entoure. Comme à la messe, avec cette sensation que quelque chose tourne autour de lui même s’il n’y a rien...
Sachez faire du rire votre encens, votre hostie : bénissez-les par la force de votre satire.


Z 5/10/06
Tout en réclamant votre indulgence ! 14 ans et quelques mois... l'âge de se gausser de "philosophie".

Tiens tiens !
Hier je regardais le journal des JO et ils avaient invité Boujenah. L'absurde, la dérision, l'art de rire de soit de tout démonter en deux mots trois mouvements. Pendant que le chanteur canadien Roc Voisine s'évertuait à faire l'historique du Hockey ("le plus grand sport qui soit! Ils ont même inventé le basket bowoll") l'autre, comme excédé par la longueur du speech s'est permis de dire une superbe connerie : "faudrait inventer le basket ball sur glace, avec des paniers volants et des balles en plomb". Après ils ont montré le ski de fond : "j'en ai fait une fois, j'avançais pas".

Dam, rigolo non ?

l'âge de se gausser de "philosophie"
C'est ce qui m'a fait le plus rire ici.
Plaisanterie mise à part, tu as raison sur nombre de points et ce petit essai s'il n'est pas un monument de la littérature vaut bien qu'on s'y arrête un instant. Ne serait-ce que pour en rire. Ou pour réléchir sur les ressorts du rire et la dose d'intelligence à mobiliser pour faire rire.

Nilo, indulgent.

14 ans et quelques mois !!!
et déjà le talent en herbe qui a grandi comme toi ...
yzaé

Houla ! Une vieillerie (doublement) de Z. sortie du Mur à Dédé.
Et alors, ça n'empêche pas de respecter la règle.

Nilo, au contraire.