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Comme un semblant d'ordinaire (10)
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Macadam :: MacadaTextes :: Nouvelles
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Comme un semblant d'ordinaire (10)
Je crois que c’est un peu comme si j’avais gardé les écouteurs bien ancrés au fond des oreilles pendant deux semaines… jusque cette première permission, je n’ai pas dit un mot, ni à mes compagnons d’infortune, ni à qui que ce soit.
J’ai chanté en chœur cette Marseillaise douloureuse, bien entendu, et j’ai pris mes coups dans le bide comme les autres pour m’inciter à la chanter plus virilement, mais je ne me suis octroyé aucun échange avec quiconque.
Au début, la frustration m’en a empêché.
J’avais le ventre serré, j’étais pris malgré moi au tourbillon des obligations, et j’étais tout simplement incapable de dire quoi que ce soit qui ne doive malgré moi se transformer en larmes.
Ensuite, c’est devenu comme une carapace.
Pourquoi échanger, au bout du compte, avec ces pauvres types, certes noyés comme moi au quotidien désabusé, mais si différents finalement ?!
Comme si n’interagir avec personne pouvait me prémunir du pire. Comme si quelque chose m’avait empêché de m’ancrer moi-même au plus profond d’un présent mutilé.
Les seuls souvenirs que j’ai longtemps gardés en moi furent ces soirées, où, éreinté, je remettais enfin mes écouteurs sur ma couche, pour m’offrir un moment de liberté musicale. En général, j’avais roulé une vingtaine de clopes juste avant, et enfin je me laissais aller, même si la fatigue venait me troubler de sommeil au bout d’un ou deux morceaux à peine, c’était comme un petit moment à moi.
C’était un moment à moi.
Ils vendaient des cigarettes à l’intérieur du Fort, naturellement, tout est bon pour faire du fric, mais dans le doute j’avais emmené avec moi plusieurs paquets de tabac à rouler et plusieurs paquets de feuilles, chaque soir le petit rituel s’instaurait, rouler ses clopes pour le lendemain, quand une pause nous serait accordée entre deux bâtiments où le grand vent de l’hiver empêcherait peut-être de l’allumer, mais peu importe, cette bouffée-là, c’était du concret, c’était du réel, c’était de la liberté.
Une petite fumée qui s’échappe au-delà des murs d’enceinte, comme une petite musique au creux des oreilles pour oublier le quotidien.
Je peux me souvenir autant de choses que je le voudrais, autant de choses que je le pourrais probablement… jamais cette concordance entre musique et souvenir ne sera aussi profonde que pour ces moment-là, quand enfin nous étions livrés à nous-mêmes, pour quelques heures à peine, allongés sur des lits au carré, dans un dortoir impersonnel qui devenait ce quotidien.
Au bout de quelques jours de mutisme, j’avoue avoir songé jouer le jeu jusqu’au bout, devenir associable au point de me faire réformer peut-être, mais il aurait fallu pour cela que je devienne belliqueux en plus, que je m’en prenne aux autres, que je sois le plus infect des appelés… et je n’en avais pas les couilles.
L’un de nous l’a fait avec succès, il nous a quitté au bout de trois semaines, et pour l’avoir revu le jour de la libération, aussi sociable qu’une mouche dans une soirée de merde, je dois avouer qu’il a longtemps forcé mon admiration par son coup de maître.
Mais quand on est faible, c’est pour la vie qu’on obéit aux ordres.
Quand on est faible, la vie est un supplice où déroger aux règles relève de la folie.
La folie est pourtant tellement primordiale, parfois…
Les autres communiquaient, nous avions chacun notre manière d’expulser le trop-plein de haine, j’ai fini par me lier à eux, par obligation, encore une fois, peut-être, par souci d’intégration, probablement, par nécessité, avec certitude.
S’il ne doit y avoir qu’une seule chose positive à conserver de ces dix mois, c’est cette promiscuité forcée avec des gens d’autres horizons.
Quand nous nous sommes retrouvés un seul, peu importait notre origine, peu importait notre religion, peu importait finalement qui nous étions vraiment, nous étions un seul, liés malgré nous, et cela faisait du bien.
Naturellement, nous ne nous sommes jamais revus.
Naturellement, nous ne nous serions jamais rencontrés.
Mais nous avons dormi ensemble, des écouteurs dans les oreilles, avant de communiquer vraiment, pour palier l’absence de liberté comme nous le pouvions seulement.
Ils ne me manquent pas, une partie de moi seulement les a rencontrés, mais ce souvenir-là est une certitude insidieuse fondue à ma mémoire, pour toujours.
Pendant toute cette période, je n’ai pas dit un mot, je n’ai pas écris une ligne non plus. Mon corps, autant que mon esprit, étaient trop fatigués. Je me suis contenté d’obéir, puisque j’étais là pour ça. Je me suis contenté d’être un lâche ordinaire.
Obéir pour ne pas souffrir.
Je suis de ces petits esprits qui marchent au pas, sans chercher à déroger à la règle, j’étais trop épuisé pour tenter de lutter, trop épuisé pour réfléchir, je me suis laissé guider en prenant bon exemple…
Au deuxième jour, nous avons fait la queue pour la vaccination obligatoire, ceux qui avaient leur carnet de santé à jour y échappaient, les autres, comme moi, ont attendu une heure durant pour une piqûre de rappel.
Rien de grave, si ce n’est ce type et sa phobie des piqûres, qui a piqué sa crise, à défaut d’une aiguille dans le bras, et on nous a clairement fait comprendre qu’un tel comportement était inadmissible en ces lieux.
Refus d’obtempérer à un ordre, dix jours de trou.
Je n’ai jamais su si cette phobie était réelle, je n’ai jamais su s’il a vraiment regretté son acte désespéré, mais je sais qu’il a passé dix nuits au trou, en nous accompagnant aux diurnes activités forcées, et aussi veule que cela puisse paraître, j’avoue avoir préféré ma couche au carré et mes écouteurs profondément ancrés aux oreilles.
J’avoue m’être plié au besoin d’obtempérer aux ordres, pour éviter cela.
J’avoue avoir laissé ma vie se guider au gré des désirs péremptoires de gradés sans devenir.
J’avoue avoir obéi, pour ne jamais avoir à vivre ça.
Les écouteurs profondément ancrés aux oreilles, j’oubliais, le temps d’un court instant, pour me noyer de musique et me bercer de liberté, pour occulter les autres, et surtout, surtout, ne pas penser au lendemain… surtout ne plus avancer, attendre seulement, et laisser s’échapper le temps.
D’autres ont fait la guerre, je sais bien.
D’autres n’en sont pas revenus, je sais bien.
D’autres m’accompagnaient, je sais bien.
Mais les autres, on s’en fout, dans ces moments-là.
Parce que les autres, c’est nous.
Les autres, c’est toi.
C’est moi.
C’est elle.
Qui berçait mes nuits de douces caresses sans musique, loin du temps, loin de tout… et m’aidait à tenir malgré tout, malgré elle, malgré toi, malgré nous… malgré ce temps qui passe et ne se revit jamais qu’en musique.
Puisque c’est ainsi.
J’ai chanté en chœur cette Marseillaise douloureuse, bien entendu, et j’ai pris mes coups dans le bide comme les autres pour m’inciter à la chanter plus virilement, mais je ne me suis octroyé aucun échange avec quiconque.
Au début, la frustration m’en a empêché.
J’avais le ventre serré, j’étais pris malgré moi au tourbillon des obligations, et j’étais tout simplement incapable de dire quoi que ce soit qui ne doive malgré moi se transformer en larmes.
Ensuite, c’est devenu comme une carapace.
Pourquoi échanger, au bout du compte, avec ces pauvres types, certes noyés comme moi au quotidien désabusé, mais si différents finalement ?!
Comme si n’interagir avec personne pouvait me prémunir du pire. Comme si quelque chose m’avait empêché de m’ancrer moi-même au plus profond d’un présent mutilé.
Les seuls souvenirs que j’ai longtemps gardés en moi furent ces soirées, où, éreinté, je remettais enfin mes écouteurs sur ma couche, pour m’offrir un moment de liberté musicale. En général, j’avais roulé une vingtaine de clopes juste avant, et enfin je me laissais aller, même si la fatigue venait me troubler de sommeil au bout d’un ou deux morceaux à peine, c’était comme un petit moment à moi.
C’était un moment à moi.
Ils vendaient des cigarettes à l’intérieur du Fort, naturellement, tout est bon pour faire du fric, mais dans le doute j’avais emmené avec moi plusieurs paquets de tabac à rouler et plusieurs paquets de feuilles, chaque soir le petit rituel s’instaurait, rouler ses clopes pour le lendemain, quand une pause nous serait accordée entre deux bâtiments où le grand vent de l’hiver empêcherait peut-être de l’allumer, mais peu importe, cette bouffée-là, c’était du concret, c’était du réel, c’était de la liberté.
Une petite fumée qui s’échappe au-delà des murs d’enceinte, comme une petite musique au creux des oreilles pour oublier le quotidien.
Je peux me souvenir autant de choses que je le voudrais, autant de choses que je le pourrais probablement… jamais cette concordance entre musique et souvenir ne sera aussi profonde que pour ces moment-là, quand enfin nous étions livrés à nous-mêmes, pour quelques heures à peine, allongés sur des lits au carré, dans un dortoir impersonnel qui devenait ce quotidien.
Au bout de quelques jours de mutisme, j’avoue avoir songé jouer le jeu jusqu’au bout, devenir associable au point de me faire réformer peut-être, mais il aurait fallu pour cela que je devienne belliqueux en plus, que je m’en prenne aux autres, que je sois le plus infect des appelés… et je n’en avais pas les couilles.
L’un de nous l’a fait avec succès, il nous a quitté au bout de trois semaines, et pour l’avoir revu le jour de la libération, aussi sociable qu’une mouche dans une soirée de merde, je dois avouer qu’il a longtemps forcé mon admiration par son coup de maître.
Mais quand on est faible, c’est pour la vie qu’on obéit aux ordres.
Quand on est faible, la vie est un supplice où déroger aux règles relève de la folie.
La folie est pourtant tellement primordiale, parfois…
Les autres communiquaient, nous avions chacun notre manière d’expulser le trop-plein de haine, j’ai fini par me lier à eux, par obligation, encore une fois, peut-être, par souci d’intégration, probablement, par nécessité, avec certitude.
S’il ne doit y avoir qu’une seule chose positive à conserver de ces dix mois, c’est cette promiscuité forcée avec des gens d’autres horizons.
Quand nous nous sommes retrouvés un seul, peu importait notre origine, peu importait notre religion, peu importait finalement qui nous étions vraiment, nous étions un seul, liés malgré nous, et cela faisait du bien.
Naturellement, nous ne nous sommes jamais revus.
Naturellement, nous ne nous serions jamais rencontrés.
Mais nous avons dormi ensemble, des écouteurs dans les oreilles, avant de communiquer vraiment, pour palier l’absence de liberté comme nous le pouvions seulement.
Ils ne me manquent pas, une partie de moi seulement les a rencontrés, mais ce souvenir-là est une certitude insidieuse fondue à ma mémoire, pour toujours.
Pendant toute cette période, je n’ai pas dit un mot, je n’ai pas écris une ligne non plus. Mon corps, autant que mon esprit, étaient trop fatigués. Je me suis contenté d’obéir, puisque j’étais là pour ça. Je me suis contenté d’être un lâche ordinaire.
Obéir pour ne pas souffrir.
Je suis de ces petits esprits qui marchent au pas, sans chercher à déroger à la règle, j’étais trop épuisé pour tenter de lutter, trop épuisé pour réfléchir, je me suis laissé guider en prenant bon exemple…
Au deuxième jour, nous avons fait la queue pour la vaccination obligatoire, ceux qui avaient leur carnet de santé à jour y échappaient, les autres, comme moi, ont attendu une heure durant pour une piqûre de rappel.
Rien de grave, si ce n’est ce type et sa phobie des piqûres, qui a piqué sa crise, à défaut d’une aiguille dans le bras, et on nous a clairement fait comprendre qu’un tel comportement était inadmissible en ces lieux.
Refus d’obtempérer à un ordre, dix jours de trou.
Je n’ai jamais su si cette phobie était réelle, je n’ai jamais su s’il a vraiment regretté son acte désespéré, mais je sais qu’il a passé dix nuits au trou, en nous accompagnant aux diurnes activités forcées, et aussi veule que cela puisse paraître, j’avoue avoir préféré ma couche au carré et mes écouteurs profondément ancrés aux oreilles.
J’avoue m’être plié au besoin d’obtempérer aux ordres, pour éviter cela.
J’avoue avoir laissé ma vie se guider au gré des désirs péremptoires de gradés sans devenir.
J’avoue avoir obéi, pour ne jamais avoir à vivre ça.
Les écouteurs profondément ancrés aux oreilles, j’oubliais, le temps d’un court instant, pour me noyer de musique et me bercer de liberté, pour occulter les autres, et surtout, surtout, ne pas penser au lendemain… surtout ne plus avancer, attendre seulement, et laisser s’échapper le temps.
D’autres ont fait la guerre, je sais bien.
D’autres n’en sont pas revenus, je sais bien.
D’autres m’accompagnaient, je sais bien.
Mais les autres, on s’en fout, dans ces moments-là.
Parce que les autres, c’est nous.
Les autres, c’est toi.
C’est moi.
C’est elle.
Qui berçait mes nuits de douces caresses sans musique, loin du temps, loin de tout… et m’aidait à tenir malgré tout, malgré elle, malgré toi, malgré nous… malgré ce temps qui passe et ne se revit jamais qu’en musique.
Puisque c’est ainsi.
Epiphyte- MacaDeb
- Messages : 43
Date d'inscription : 28/09/2009
Re: Comme un semblant d'ordinaire (10)
Pas de disgression ici. Et pour moi c'est un bien.
Ton écriture n'est pas faite pour ça à mon avis. Il faut savoir se détacher pour s'égarer et savoir rester pour revenir. Ton écriture n'est pas faite pour ça. Peu d'écriture savent s'en accommoder.
Ton écriture est faite pour nous dire l'introspection avec cet air sans détachement qui fait que ce que tu nous racontes est à toi, même si tu arrives à si bien nous le faire partager.
Mais
Pourquoi échanger, au bout du compte, avec ces pauvres types, certes noyés comme moi au quotidien désabusé, mais si différents finalement ?!
Comme si n’interagir avec personne pouvait me prémunir du pire.
C'est un peu le comportement que tu as ici avec "les autres", avec lesquels tu ne partages rien d'autre que tes textes, jamais les leurs.
Nilo, égoïste jusqu'à l'os, mais généreux.
Ton écriture n'est pas faite pour ça à mon avis. Il faut savoir se détacher pour s'égarer et savoir rester pour revenir. Ton écriture n'est pas faite pour ça. Peu d'écriture savent s'en accommoder.
Ton écriture est faite pour nous dire l'introspection avec cet air sans détachement qui fait que ce que tu nous racontes est à toi, même si tu arrives à si bien nous le faire partager.
Mais
Pourquoi échanger, au bout du compte, avec ces pauvres types, certes noyés comme moi au quotidien désabusé, mais si différents finalement ?!
Comme si n’interagir avec personne pouvait me prémunir du pire.
C'est un peu le comportement que tu as ici avec "les autres", avec lesquels tu ne partages rien d'autre que tes textes, jamais les leurs.
Nilo, égoïste jusqu'à l'os, mais généreux.
_________________
... Tu lui diras que je m'en fiche. Que je m'en fiche. - Léo Ferré, "La vie d'artiste"
En effet..
Encore un commentaire ajusté qui sait pointer là où il faut...
Ce que je me refuse en effet, autant par aboulie que par dédain en définitive...
Puisque le dédain de soi est toujours supérieur au reste.
Tu sais, ce n'est pas l'envie de partage qui manque, mais plutôt l'incapacité à critiquer vraiment... Et je sais pour le vivre qu'un commentaire qui dit "ouahou" flatte naturellement l'égo mais n'avance à rien en définitive.
Je ne peux donc dire "ouahou" aux auteurs qui me le suggèrent, et de ce fait je reste transparent sur une toile qui est finalement dressée pour cela.
Et puis, je passe trop rarement pour nourrir ce besoin chez les autres...
D'ailleurs ça me fait penser que c'est amusant finalement, de me faire cette critique à la suite d'un texte puisé à l'inspiration du service militaire, qui fut ma dernière obligation collective à cette vie-là.
Depuis j'ai dit non à la collectivité, on l'a compris.
Mais jamais non à l'échange, car ceux que j'aime le savent si besoin en messages privés.
Merci pour les lectures en tout cas...
Ce que je me refuse en effet, autant par aboulie que par dédain en définitive...
Puisque le dédain de soi est toujours supérieur au reste.
Tu sais, ce n'est pas l'envie de partage qui manque, mais plutôt l'incapacité à critiquer vraiment... Et je sais pour le vivre qu'un commentaire qui dit "ouahou" flatte naturellement l'égo mais n'avance à rien en définitive.
Je ne peux donc dire "ouahou" aux auteurs qui me le suggèrent, et de ce fait je reste transparent sur une toile qui est finalement dressée pour cela.
Et puis, je passe trop rarement pour nourrir ce besoin chez les autres...
D'ailleurs ça me fait penser que c'est amusant finalement, de me faire cette critique à la suite d'un texte puisé à l'inspiration du service militaire, qui fut ma dernière obligation collective à cette vie-là.
Depuis j'ai dit non à la collectivité, on l'a compris.
Mais jamais non à l'échange, car ceux que j'aime le savent si besoin en messages privés.
Merci pour les lectures en tout cas...
Epiphyte- MacaDeb
- Messages : 43
Date d'inscription : 28/09/2009
Re: Comme un semblant d'ordinaire (10)
J'ai terminé mes lectures, un peu dans le désordre, mais au bout du
compte, je m'y retrouve.
Mes impressions concerneront l'ensemble de ces mémoires.
Je n'en suis plus au stade de critiquer une figure de style, ni même
d'aimer, ou pas, l'histoire.
J'ai retenu l'image d'un grand enfant glacé d'effroi à la perspective du
service militaire. Celle d'un homme mutilé, qui se dit misanthrope avec
de l'amour dans les mots.
J'ai, plusieurs fois au cours des "épisodes", fredonné ceci :
Tu n'en reviendras pas toi quicourais les filles
Jeune homme dont j'ai vu battre le cœur à nu
Quand j'ai déchiré ta chemise et toi non plus
Tu n'en reviendras pas vieux joueur de manille
Qu'un obus a coupé par le travers en deux
Pour une fois qu'il avait un jeu du tonnerre
Et toi le tatoué l'ancien légionnaire
Tu survivras longtemps sans visage sans yeux
On part Dieu sait pour où ça tient du mauvais rêve
On glissera le long de la ligne de feu
Quelque part ça commence à n'être plus du jeu
Les bonshommes là-bas attendent la relève
Roule au loin roule train des dernières lueurs
Les soldats assoupis que ta danse secouent
Laissent pencher leur front et fléchissent le cou
Cela sent le tabac l'haleine la sueur
Comment vous regarder sans voir vos destinées
Fiancés de la terre et promis des douleurs
La veilleuse vous fait de la couleur des pleurs
Vous bougez vaguement vos jambes condamnées
Déjà la pierre pense où votre nom s'inscrit
Déjà vous n'êtes plus qu'un mot d'or sur nos places
Déjà le souvenir de vos amours s'efface
Déjà vous n'êtes plus que pour avoir péri
Louis Aragon, bien sur.
Si j'avais le talent, je te dirais aussi "Tu survivras longtemps sans visage, sans yeux"
mais je me contente de t'offrir ce poème.Bien sur, c'était la vraie guerre, mais ça n'a pas d'importance, la différence au fond tient à la personnalité.
J'ai vu Yzaé s'accrocher, Nilo baisser les bras petit à petit. Quelques autres.
J'ai lu ton histoire de Raoul, ça fait un sacré bail ! Sans doute la première nouvelle que j'ai lu de toi. Alors, quand on aime, on continue à suivre.
Tu ne commentes pas ? Tu ne participe pas ? Je n'ai pas de rancune. Je le regrette, ça oui. L'incapacité, ça ne se commande pas.
Pourvu que ceux que tu aiment le sachent ! C'est quand même bien ça le plus important.
Messaline
compte, je m'y retrouve.
Mes impressions concerneront l'ensemble de ces mémoires.
Je n'en suis plus au stade de critiquer une figure de style, ni même
d'aimer, ou pas, l'histoire.
J'ai retenu l'image d'un grand enfant glacé d'effroi à la perspective du
service militaire. Celle d'un homme mutilé, qui se dit misanthrope avec
de l'amour dans les mots.
J'ai, plusieurs fois au cours des "épisodes", fredonné ceci :
Tu n'en reviendras pas toi quicourais les filles
Jeune homme dont j'ai vu battre le cœur à nu
Quand j'ai déchiré ta chemise et toi non plus
Tu n'en reviendras pas vieux joueur de manille
Qu'un obus a coupé par le travers en deux
Pour une fois qu'il avait un jeu du tonnerre
Et toi le tatoué l'ancien légionnaire
Tu survivras longtemps sans visage sans yeux
On part Dieu sait pour où ça tient du mauvais rêve
On glissera le long de la ligne de feu
Quelque part ça commence à n'être plus du jeu
Les bonshommes là-bas attendent la relève
Roule au loin roule train des dernières lueurs
Les soldats assoupis que ta danse secouent
Laissent pencher leur front et fléchissent le cou
Cela sent le tabac l'haleine la sueur
Comment vous regarder sans voir vos destinées
Fiancés de la terre et promis des douleurs
La veilleuse vous fait de la couleur des pleurs
Vous bougez vaguement vos jambes condamnées
Déjà la pierre pense où votre nom s'inscrit
Déjà vous n'êtes plus qu'un mot d'or sur nos places
Déjà le souvenir de vos amours s'efface
Déjà vous n'êtes plus que pour avoir péri
Louis Aragon, bien sur.
Si j'avais le talent, je te dirais aussi "Tu survivras longtemps sans visage, sans yeux"
mais je me contente de t'offrir ce poème.Bien sur, c'était la vraie guerre, mais ça n'a pas d'importance, la différence au fond tient à la personnalité.
J'ai vu Yzaé s'accrocher, Nilo baisser les bras petit à petit. Quelques autres.
J'ai lu ton histoire de Raoul, ça fait un sacré bail ! Sans doute la première nouvelle que j'ai lu de toi. Alors, quand on aime, on continue à suivre.
Tu ne commentes pas ? Tu ne participe pas ? Je n'ai pas de rancune. Je le regrette, ça oui. L'incapacité, ça ne se commande pas.
Pourvu que ceux que tu aiment le sachent ! C'est quand même bien ça le plus important.
Messaline
Messaline- MacadAccro
- Messages : 635
Date d'inscription : 29/08/2009
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