Interview de Jésus par Dédé

Interview de Jésus par Dédé


Salut les gonzesses, c'est Dédé pour une interview bidon.

J'avais envie de faire un gros coup alors j'me suis un peu creusé la tête mais vous m'connaissez je risque pas d'aller très profond. Donc, j'en ai causé avec Papy pasqu'y connaît plein de monde. Ceci dit c'est pas facile de lui arracher son carnet d'adresses, à croire qu'il a peur qu'on lui taxe les numéros de téléphone de ses copines. J'vois pas pourquoi il a peur pasque qu'avec moi ça craint rien, mon répertoire est déjà plein et j'ai une liste d'attente qui pourrait remplir ceux d'au moins quatre SmartPhones dernière génération. Bref, j'voulais juste qu'y m'branche avec un d'ses potes que personne a jamais pu interviewer. Ca a pas été facile pasqu'il est assez jaloux de ses prérogatives et pas spécialement partageur. Mais j'ai quand même réussi à obtenir un nom. Charge à moi de m'débrouiller pour trouver le quidam. Pas facile vu l'nom du pote qu'y m'avait filé. Jésus y s'appelle le mec. Je sais, à vous non plus ça vous dis rien. Un mec qu'a jamais rien écrit, feignant comme une limace qu'a fait faire tout le taf par ses potes pour assurer sa notoriété. Faut dire qu'il avait un sacré staff, douze attachés de presse. Plus qu'une rock star. Sans compter un Dircom pas que finaud, un mec tout p'tit qui s'appelait Paul. Avant d'être embauché par Jésus y cassait du curé. C'est vous dire la conversion qu'il lui a fallu pour passer d'avorton soldat à écrivain public dans le désert des tartares. Bref, pour trouver le Jésus en question j'vous raconte pas, ça a été un vrai chemin de Damas.
Heureusement Papy m'avait quand même filé quelques infos. Genre, les habitudes du mec. Et avec ses habitudes j'me suis dit qu'j'avais des chances de l'trouver du côté d'Pigalle. J'avais pas tort.
Quand j'l'ai trouvé il était en train de boire un canon dans l'arrière salle d'un clandé dont je tairais le nom pasqu'y pas d'raison que j'vous file mes tuyaux qui sont ceux d'Papy.
Quand même, j'étais un peu impressionné en passant la porte. Pas que les arrière salles de clandé me fassent peur, mais un mec comme ça c'est pas tous les jours qu'on en croise. Y trainent pas souvent sur terre et pour les choper faut être au bon endroit au bon moment.
Ca tombe bien, j'y étais.
Quand il m'a vu entrer y m'a invité à sa table en demandant aux gonzesses de se casser, genre fallait qu'on cause entre hommes. Ca m'a plu comme entrée en matière. J'me suis dit qu'on devrait pouvoir s'entendre. Et pourtant c'était pas gagné d'avance. Faut dire que j'ai pas fait mon catéchisme et que Papy m'avait mis la pression. Alors j'ai décidé de l'aborder façon d'jeun.


Dédé : Pace e salute fils de IeuD, moi c'est Dédé…
Jésus : Appelle moi Jésus l'ours en peluche, j'suis là incognito. C'est un nom que personne connaît, si tu me la fais verlan ça va donner sucèj' et ici ça passera bien.


Dédé : OK Jésus on va faire comme bon te semble. En même temps j'ai cru comprendre que t'en as toujours fait qu'à ta tête. Sauf le jour où ton père a décidé de te remettre dans les clous.
Jésus : Si c'est de l'humour je vais t'en coller une Dédé, ça risque de te laisser des stigmates…


Dédé : Fais gaffe Jésus, question baffes et coups de boule j'ai fait mes classes avec Papy qu'est pas vraiment un manchot alors tu me menaces pas d'atrocités sans nom et j'te conseille d'utiliser que des mots qu'mes lecteurs connaissent pasque sinon y va falloir qu'on s'embarque dans des explications de texte genre exégèse des évangiles et on est pas sortis de l'auberge. A propos, si tu mettais ta tournée ce s'rait pas d'refus.
Jésus : Pas de problème Dédé, façon vin de messe ou noces de Cana ?


Dédé : Ben, les noces de Cana ça me va si tu rappelles tes copines qui sont parties au comptoir. Bon, j'peux t'poser deux ou trois questions ou tu préfères continuer à causer comme si tu prêchais dans le désert ?
Jésus : Tu peux poser toutes les questions que tu veux Dédé, j'ai rien à cacher.

Dédé : Ca tombe bien, j'ai des trucs un peu intimes à te demander. Mes lecteurs sont avides d'avoir deux ou trois info sur ta famille. On va régler d'abord le cas de ta mère qu'est quand même pas vraiment clair pour tout le monde. C'est vrai, cette histoire de coïtus interruptus qui s'termine par un accouchement sous X et une reconnaissance divine c'est pas facile pour les jeunes d'aujourd'hui. Eux y font des tournantes dans les caves et y s'retrouvent avec des chiards que personne veut reconnaître et ça fait des tas d'histoires qui se terminent au tribunal pour enfants pour juger les pères inconnus et la mère abusée.
Jésus : Ma mère, la sainte femme, tu t'en occupes pas Dédé, c'est pas tes oignons. Tout c'que tes lecteurs doivent savoir a déjà été écrit. Ils n'ont qu'à lire les Saintes Ecritures et les commentaires qui en ont été faits. Pendant ce temps au moins ils ne feront pas de conneries et après peut-être qu'ils n'en feront plus.


Dédé : Houla ! Tu s'rais pas un peu en train de faire du prosélytisme Fils de Dieu ?
Jésus : Oui, je prêche pour ma paroisse, c'est mon business. Mon Père m'a envoyé ici pour ça.


Dédé : Ah Putain, t'es l'nouveau curé d'Pigalle ? Je savais pas. T'as du boulot j'te préviens pasque t'es pas vraiment tombé dans un quartier qui t'es acquis. Surtout qu'avec Barbès au carrefour t'as d'la concurrence j'te préviens.
Jésus : J'ai pas peur de la concurrence, j'ai fait mes preuves. J'ai plus d'un tour dans ma manche. Il est pas né le mec qui va me prendre un client. En plus tout ce que racontent tes potes de Barbès c'est rien que des salamalek.


Dédé : Ouais ben aleykoum salam Jésus mais j'te conseille quand même de faire gaffe à c'que t'as dans la manche de ta djellaba sinon tu risques bien d'être décalqué dessous façon Saint Suaire. Dans l'quartier les tricheurs on les roule dans l'goudron et les plumes. Un peu comme faisait Wyatt Earp dans son cazingue du fin fond du far West si tu vois c'que j'veux dire. Et je crains que tu sois pas en odeur de sainteté du côté de chez Tati.
Jésus : Ne me traite pas de tricheur Dédé, ou je demande à papa de t'envoyer mille ans en enfer. Tout ce que je dis est parole d'évangile et tout est vérifiable. La multiplication des pains comme les noces de Cana justement. T'as qu'à aller faire un tour au Louvre, c'est pas trop loin, la scène a été immortalisé par Véronèse qui n'a pas la réputation d'être un menteur.


Dédé : J'dis pas qu't'es un tricheur, j'te dis de pas essayer d'enfumer le public et les joueurs qui sont à ta table, moi en l'occurrence pasque faut pas qu'tu t'imagines que j'vais faire tapis sur un bluff de débutant. J'le vois bien dans tes yeux que t'es à la peine avec ton jeu et que tu veux me faire prendre les vessies pour des lanternes. Tiens ça m'fait penser qu'on boit des bons coups avec toi mais qu'y sont rares. J'vais pas être chien, c'est moi qui paie la mienne. Une burette ou un calice ?
Jésus : Que tu voudrais me faire boire jusqu'à la lie je suppose.


Dédé : Vas pas me faire une plus mauvaise réputation que celle que j'ai Jésus. Mes intentions ne sont pas les pavés de ton enfer. Je t'offre un canon, c'est tout.
Jésus : OK pour un canon Dédé, c'est ton droit. Et je l'accepte, t'as un coup de Saint Pourçain ? Au moins on resterait entre Docteurs de l'Eglise.


Dédé : Oh Putain ! Un Saint Pourçain, tu lis dans mes pensées c'est pas possible. Bon, puisqu'on vient de trouver un terrain d'entente j'peux tenter de te parler de ton père peut-être. Et même si j'peux pas j'te pose la question quand même. J'ai un pote qui l'a rencontré y a pas longtemps dans une tour de Manhattan, il était un peu dans ses petits souliers pasqu'avec les avions sans ailes qui tombent dessus il avait un peu peur de pas avoir le temps de lui poser toutes les questions qu'il voulait. Y en a une qu'il a pas pu lui poser d'ailleurs. Alors j'me lance. Tu lui en veux à ton vieux de t'avoir obligé à porter tous les péchés du monde.
Jésus : Et puis quoi encore, tu voudrais pas plutôt me demander si je préfère être pendu à Montfaucon ou déshérité ? T'es con Dédé. Demander au fils de Dieu s'il en veut à son père c'est comme demander à un syndicaliste s'il veut prendre sa retraite à soixante-deux ans. Tu es à deux doigts du blasphème. Je vais te faire monter la butte à genoux, tu vas savoir ce que c'est qu'un chemin de croix.


Dédé : Papy m'avait prévenu que t'étais un peu susceptible question famille et héritage du père. J'voulais pas l'croire mais j'vois qu'y te connait mieux que moi.
Jésus : Oui ton Papy c'est un pote à moi. J'ai eu du mal remarque pour le faire venir, il n'était pas facile ton Papy quand il était jeune. Mais à force de lui mettre des bâtons dans les roues de ses voitures de sport il a fini par mettre de l'eau dans le vin de sa mécréance. Et puis tu as intérêt à l'écouter parce que sinon ton clandé et tes parties de poker avec les gonzesses qui vont avec tu vas pouvoir faire une croix dessus.


Dédé : Ca y est, les menaces. Putain ça fait deux fois que tu me parle de croix comme si j'en avais pas assez de porter celle d'être le fils de la fille à Papy.
Jésus : Ce ne sont pas des menaces Dédé, demande lui à ton Papy, il le sait bien, les menaces ne servent à rien, un coup de boule ça se promet pas, ça se donne.


Dédé : Ah ouais c'est vrai, ça il le dit toujours quand on est en virée tard le soir et qu'y a des mecs qui viennent le faire chier. D'ailleurs j'lai jamais vu promettre mais souvent donner. Il est généreux Papy.
Jésus : C'est parce qu'il m'a bien écouté. Je ne prête qu'aux riches. D'esprit. Et ils me le rendent bien.


Dédé : D'accord Jésus, t'es pote avec Papy et j'lui f'rai tes amitiés mais j'te f'rai remarquer que c'est pas avec c'qu'on a bu ce soir que j'vais avoir la gueule de bois demain matin. En revanche toi dans le genre langue de bois t'es à la hauteur de la réputation qu'on t'a faite.
Jésus : Merci Dédé. Bon là faut que je m'en aille j'ai rendez-vous au Lapin Agile avec Marie-Madeleine. On se revoit quand tu veux.


Dédé : Merci Jésus, j'espère que ce sera avant l'apocalypse. Au fait fais attention sur la route, si tu tombes dans un guet-apens avant le haut d'la butte je m'en lave les mains.


Ciao les gonzesses, c'était Dédé et le Fils de Ieud.