Les poètes

Le poète est bourgeois, et parfois davantage
que la pompe habillée cuirassant la mafia.
L'éditrice mafia, cette coterie de doux pages,
est un gang de lettrés, une camarilla.

L'écrit contemporain semble moins élégant,
il se castre lui-même avec des mots trop vieux.
Qu'on ne vienne pas nous dire qu'ils n'ont pu trouver mieux
et que l’époque actuelle n'enfante plus de talent.

Ces auteurs couronnés n'ont pas conquit leur terre,
Obaldia ou Bona, votre sang m'exaspère !
Je maudis vos pistons et vos lecteurs hagards,
tous vos prix littéraires injurient le noble art.

Il faut bien une guerre pour heurter l'opinion ;
quand on a pas de nom, on a pas de renom
dans leur cercle fermé, leurs sinistres réseaux.
Comme on semble petits dessous les capitaux.

De l'ivresse et du lustre, une élite avertie :
les étages au dessus sont un nid à poètes.
On aimerait pleurer sur cette France abêtie,
elle qui prend son arpion en lisant des bluettes.

C'est drole , je l'ai lu apres avoir écrit le mien pourtant

ya de ces coïncidences des fois!

Ah ! Justement, je pensai qu'il s'agissait d'un poème/réponse (le tien).

Ca me semblait d'ailleurs un peu mesquin

pheukiou a écrit:Le poète est bourgeois, et parfois davantage
que la pompe habillée cuirassant la mafia.
La mafia des lettrés, une coterie de doux pages,
c’est un gang, c’est un comble, une camarilla.

Cette première strophe est particulièrement goûteuse. Merci Pheukiou.

L'écrit contemporain semble moins élégant,
il se castre lui-même avec des mots trop vieux.
Qu'on ne vienne pas nous dire qu'ils n'ont pu trouver mieux
et que l’époque actuelle n'enfante plus de talent.

Je ne lis pas trop d'écrit contemporains, (à part ici, et en général je ne comprends pas trop ce qui est écrit... donc je me tais). Que veux-tu dire ? C'est moche en général ? Trop hermétique juste pour "faire bien" ? Genre dans le cinéma à la Godard ?

Les vrais talents seraient méconnus ? (ça, ça ne m'étonnerait pas -tiens, moi, par exemple, malgré mon IMMENSE talent... )

Spoiler:

pheukiou a écrit:Ah ! Justement, je pensai qu'il s'agissait d'un poème/réponse (le tien).

Ca me semblait d'ailleurs un peu mesquin

Un peu trop "violoneux" aussi".

"Un peu trop "violoneux" aussi".

Chacun son trip hein ! et quite à commenter mon texte fais le en commentaire de mon texte et pas la.

Ces auteurs couronnés n'ont pas conquit leur terre,
Obaldia ou Bona, votre sang m'exaspère !
Je maudis vos pistons et vos lecteurs hagards,
tous vos prix littéraires injurient le noble art.

Nul n'est poète en son pays...

J'aime bien cet emportement.
Même si je me demande pourquoi à la dernière strophe tu t'en tiens (t'en prends ?) à la France (ce doit être le jour). Cette façon de se dédouaner m'inquiète et m'exaspère.

Nilo, Vieille France.

Le poète est bourgeois

Quand il est mort oui !!!

Sylvie

J'avais un triple avis, qui tenait un peu de Nilo et de Sylvie d'abord (sur cette dernière strophe peut-être inutilement racoleuse et sur cette affirmation rigolote que 'le poète est bourgeois', essaye de vivre de ta poésie de nos jours et on en reparle).

Pour le reste, un poème que j'ai apprécié en dépit d'une ou deux maladresses. J'aime la liberté que tu prends avec l'alexandrin mais parfois ils sont vraiment difficiles à dire et à lire. On s'y reprend à deux fois, on trébuche : 'et que l’époque actuelle n'enfante plus de talent.', 'et-que-lé-pok-ak-tuel-' ça crachotte et on a du 'k' à revendre (peut-être deux vers en tout, rien de très gênant).

A te lire.
Z.

Zlatko a écrit:'le poète est bourgeois', essaye de vivre de ta poésie de nos jours et on en reparle).

On ne vit pas de poésie Zlat, à moins d'avoir déjà de la fraîche.

Sans compter qu'écrire de la poésie en espérant en vivre signifie écrire sans cesse, pour l'argent que cela rapporte. Et ce n'est plus de l'écriture dans un système comme le nôtre, mais un concours de vitesse... pour en vivre, justement, et pour la raison que tout le monde se fout de la poésie, peu de gens en font lecture.

Je te laisse imaginer combien en lisent régulièrement.

Et de ceux qui le font, tous ne savent pas la lire, ni différencier l'habileté intellectuelle d'un Rimbaud, d'un Bukowski aux gémissements interminables d'un énième obaldien en plein fantasme africain.

Putain, tu as vu la gueule de nos best seller ? Hum ?

La poésie est un beau costard.

Un costard très coûteux, qu'on le paie de son nom ou de sa sueur.
L'un des paiements est plus simple et plus rapide que l'autre, je te laisse deviner lequel.

Et les très riches s'ennuient, ils peuvent bien se faire quelques cadeaux : une publication, du lustre littéraire et la pompe qui va avec... une place au jury pour les "nouveaux talents de la littérature" ?

On a donné un nouveau prix à Despentes il parait, super ! Une femme du peuple couronnée !
Elle avait un nom... non ? N'est ce pas une façon de faire bonne figure, d'afficher une impartialité factice ?

Dans le jury de ce prix :
- Franz-Olivier Giesbert (fils de grand imprimeur, c'est sûr, ça aide pour être publié !)
- Dominique Bona (fille de politique)
- Jérôme Garcin (fils d'éditeur !)
- Frédéric Beigbeder !
Et encore d'autres têtes de cons !

Merde alors !

On trouve d'ailleurs parmi les lauréats ceux qui n'ont pas conquit leur terre (enfants de machin, de machine).
Mais pas toujours, dans le jury comme dans les lauréats on trouve des gens qui nous ressemble, ben ouais, faut bien faire bonne figure !

Mais de l'humour !

Sic :
"On considère que le Prix Renaudot joue un rôle complémentaire au Prix Goncourt dont il corrige les éventuels mauvais choix et injustices."
Laissez nous rire, putain !

Alors oui, tu as raison, et je te retourne ta petite phrase moralisatrice : essaie de vivre de ta poésie et on en reparle.

Et profite en pour garnir tes arguments quand tu me prend sur un des terrains sur lesquels j'ai posé ma colère.
Car je ne suis pas prêt à essuyer mes crachats en espérant qu'on me pardonne de les avoir craché.

Ho ho ho.

Nilo a écrit:Même si je me demande pourquoi à la dernière strophe tu t'en tiens (t'en prends ?) à la France (ce doit être le jour). Cette façon de se dédouaner m'inquiète et m'exaspère.

Nilo, Vieille France.

Je ne m'en prends pas à la France tout bêtement, mais au simili d'art qui étanche la bête soif du large public (avec des poètes, des musicos, peu importe !).

Et j'en ai plein le cul de voir tous ces bourgeois, fils de rois du monde de mes deux, divertir les miens en singeant l'esprit sur leur gros rockin chair.

Sylvie a écrit:

Le poète est bourgeois

Quand il est mort oui !!!

Sylvie

Faut arrêter d'étiqueter les poètes comme ça, en hommes bons et simples.

Moi je les ai vus les poètes parisiens, dans leur hotel particulier aux murs blancs et leurs sourires tirés aux pincettes. Je reconnais les rats qui sourient par rituel.

Et qu'on aille pas dire que je considère tous les poètes ainsi, mais je trouve que bien trop correspondent à ces traits.

Et puis merde quoi, c'est un vain débat sans fin !
Et ce sont toujours les mêmes qui ont tort.

Merci pheukiou de faire mon éducation - ton commentaire aurait été intéressant si je ne savais pas déjà tout ça. Il serait dommage qu'être auteur à la une te fasse enfler le melon au point que tu prétendes donner des leçons de la sorte, tu n'as ni l'expérience ni le talent pour ça.

Z.

De l'humilité, s'il vous plaît ! Arrêtons ces petites guerres intestines, elles nous éloignent de l'essentiel...Chacun propose sa vision et c'est tant mieux ! Mais ne soyons pas trop sérieux !
Ce que nous faisons en tant que poètes relève d'un simple jeu de l'esprit, il n'y a pas de vérités établies mais des milliers ! La plupart des poètes ne souhaitent absolument pas gagner leur vie mais la vivre tout simplement et surtout mettre à jour des oeuvres sincères et authentiques. Le poète est-il bourgeois, pauvre ou rentier...qu'importe ! L'important c'est ce qu'il propose...qu'il soit de France, d'Espagne ou de Russie.

Finalement Pheuk, t'aimes bien mettre les gens dans des categories, des tiroirs avec des etiquettes toutes faites.
Je trouve ça un peu reducteur et quelque peu simple comme fonctionnement.
A trop vouloir dénoncer la ou est "le mal" , on finit par définir soi même un dictat.
Des poètes bourgeois , j'en connais pas. Je ne connais que des poètes.

Je suis d'accord avec Lalou.

Et pour te répondre, Léo : j'aime justement ce que pheukiou nous propose, dans ses textes. De là à venir me prêcher des sermons où il enfonce une, deux, trois, cinq portes ouvertes en se vautrant à chaque fois dans la facilité et la dénonciation hyperfaciles..
Je ne suis pas contre le fait d'être instruit par une bonne âme paternaliste qui se soucierait de mon sort intellectuel, mais les grands discours péteux aux idées creuses m'agacent.

Bref! A te lire pheukiou.

Z.

Zlatko a écrit: serait dommage qu'être auteur à la une te fasse enfler le melon

Mais de quoi me parles tu, Zlat ?! Mais quel rapport ?

léo a écrit: Mais ne soyons pas trop sérieux !

Que veux dire ne pas être trop sérieux ? Eviter les sujets qui, visiblement, fâchent ?

J'expose une situation qui me fait vomir, et vous vous vexez comme si j'avais renversé vos meubles.

léo a écrit:
Ce que nous faisons en tant que poètes

Ne soyons pas trop sérieux, je te prie.

Lalou a écrit:Finalement Pheuk, t'aimes bien mettre les gens dans des categories, des tiroirs avec des etiquettes toutes faites.

Comme tout le monde. Toi y compris.

léo a écrit:
Le poète est-il bourgeois, pauvre ou rentier...qu'importe ! L'important c'est ce qu'il propose...qu'il soit de France, d'Espagne ou de Russie.

Lalou a écrit:
Des poètes bourgeois , j'en connais pas. Je ne connais que des poètes.

Comme si l'auteur était un duplicata de ce qu'il produisait.
Moi, l'individu m'intéresse tout autant que le contenant de ses travaux.

Nous ne parlons pas la même langue.

Zlatko a écrit:De là à venir me prêcher des sermons où il enfonce une, deux, trois, cinq portes ouvertes en se vautrant à chaque fois dans la facilité et la dénonciation hyperfaciles.

Oui oui oui, c'est tellement facile de maudire tous ces gens.
Mieux vaut faire ses preuves, c'est sûr. Tant qu'on ne l'a pas fait, on se tait.

Ah ! les poètes, les poètes…Ces sales bourgeois…
Ceux qui deviennent marchands d’armes à Aden,
Ceux qui noient leur spleen dans la dope,
Ceux qui font la même choses dans l’absinthe,
Ceux qui préfèrent se pendre au réverbère,
Ceux qui meurent en déportation,
Ceux qui préfèrent les flonflons de l’Armistice,
Poètes, vos papiers ! Poètes sales types !
Dis moi, Robert le Diable, c’était comment Buchenwald ?

Swann,

Swann a écrit:Dis moi, Robert le Diable, c’était comment Buchenwald ?

Ok. Carrément.

C'est gentil d'être passé, ceci dit, je trouvai ton fils moins con. Merci.

"C'est gentil d'être passé, ceci dit, je trouvai ton fils moins con. Merci"

ça, ça le fait pas Pheuk..

pas du tout même.

Et Buchenwald, ça le fait ? Tu sais ce que c'est ?

pheukiou a écrit:

Swann a écrit:Dis moi, Robert le Diable, c’était comment Buchenwald ?

Ok. Carrément.

C'est gentil d'être passé, ceci dit, je trouvai ton fils moins con. Merci.

Robert le diable, autrement dit Robert Denos, poète déporté à Buchenwald et mort au sortir de sa captivité. Je ne pense pas que les propos de Swann se voulaient désobligeants à ton endroit. Il te rappelait simplement que les raccourcis trop rapides au sujet des poètes peuvent parfois s'avérer être des voies sans issues.

ROBERT LE DIABLE

Tu portais dans ta voix comme un chant de Nerval
Quand tu parlais du sang jeune homme singulier
Scandant la cruauté de tes vers réguliers
Le rire des bouchers t'escortait dans les Halles
Tu avais en ces jours ces accents de gageure
Que j'entends retentir à travers les années
Poète de vingt ans d'avance assassiné
Et que vengeaient déjà le blasphème et l'injure

Je pense à toi Desnos qui partis de Compiègne
Comme un soir en dormant tu nous en fis récit
Accomplir jusqu'au bout ta propre prophétie
Là-bas où le destin de notre siècle saigne

Debout sous un porche avec un cornet de frites
Te voilà par mauvais temps près de Saint-Merry
Dévisageant le monde avec effronterie
De ton regard pareil à celui d'Amphitrite
Enorme et palpitant d'une pâle buée
Et le sol à ton pied comme au sein nu l'écume
Se couvre de mégots de crachats de légumes
Dans les pas de la pluie et des prostituées

Je pense à toi Desnos qui partis de Compiègne
Comme un soir en dormant tu nous en fis récit
Accomplir jusqu'au bout ta propre prophétie
Là-bas où le destin de notre siècle saigne

Et c'est encore toi sans fin qui te promènes
Berger des longs désirs et des songes brisés
Sous les arbres obscurs dans les Champs-Elysées
Jusqu'à l'épuisement de la nuit ton domaine
O la Gare de l'Est et le premier croissant
Le café noir qu'on prend près du percolateur
Les journaux frais les boulevards pleins de senteur
Les bouches du métro qui captent les passants

Je pense à toi Desnos qui partis de Compiègne
Comme un soir en dormant tu nous en fis récit
Accomplir jusqu'au bout ta propre prophétie
Là-bas où le destin de notre siècle saigne

La ville un peu partout garde de ton passage
Une ombre de couleur à ses frontons salis
Et quand le jour se lève au Sacré-Cœur pâli
Quand sur le Panthéon comme un équarissage
Le crépuscule met ses lambeaux écorchés
Quand le vent hurle aux loups dessous le Pont-au-Change
Quand le soleil au Bois roule avec les oranges
Quand la lune s'assied de clocher en clocher

Je pense à toi Desnos qui partis de Compiègne
Comme un soir en dormant tu nous en fis récit
Accomplir jusqu'au bout ta propre prophétie
Là-bas où le destin de notre siècle saigne

LOUIS ARAGON. Les poètes.

"...C'est là qu'il est arrêté par la Gestapo d'Orléans le 24 février 1944, avant d'être déporté au Camp de Drancy, où il meurt d'épuisement deux semaines plus tard..."

Pour ne pas que le premier peigne-cul venu dise n'importe quoi sur la poésie.

Swann

Je crois que c'est la poésie que défend Swann, pheukiou, pas moi. Tu disais que mon allusion à ton possible 'melon' du fait de ton statut d'auteur à la une - tu conviendras que tu t'agites beaucoup plus que d'habitude - était déplacée, je trouve que l'allusion à notre lien de parenté l'est aussi.

Je ne suis pas 'moins con', je suis plus timoré pour le coup, et j'aurais dû l'être moins. D'accord, pour que ta plume agresse ce que tu considères comme des clichés, d'accord pour remuer les esprits par la provoc' sans gants ni dentelle ; mais à tirer sur tout ce qui bouge tu dis des conneries, d'où sa réaction. Parce que si tu penses aux petits rimailleurs parisiens qui ne connaissent que les chiottes en or blanc et s'adoubent 'poètes' pour trois vers faciles, et que tu en déduis que la poésie est une bourgeoisie, tu devrais sérieusement revoir ton mode de pensée, ou accepter qu'il provoque des réactions violentes et fondées.

Z.

ah parce que Z. est le fils de Swann? L'hérédité, quand on y pense... c'est fort ^^

(et non, ça n'a rien à voir avec le débat, mais j'préfère éviter...)

Sasvata, petit suisse

Ce que tu écris peut-être vrai, ce n'est pas une raison pour en faire une vérité absolue. Je préfère pour ma part retenir l'ironie et oublier la leçon de choses. Quand tu évoques les rois couronnés par les rois consacrés, (comme une couillonnade), sais-tu seulement ce qu'un certain Hugo, il y a près de deux siècles en disait ? J'ai dû le laisser en commentaire quelque part sur le site, mais si tu veux je te le ressortirai volontiers, seulement si tu le veux.

Dam.