Où dormez-vous poètes

J’ai regardé grandir une sinistre armée
D’hybrides qui n’avaient d’humain que des vestiges
Ces êtres de métal ne savent plus parler
La haine broie leur cœur le lacère le fige

Et cette pierre au creux du thorax ils avancent
Hilares de sentir les autres sous leurs pieds
J’ai regardé grandir une sinistre engeance
Qui ne se nourrit plus que de sa cruauté

Et ceux qui comme moi dont la peau se nécrose
Et l’âme se pourrit au venin de ces bêtes
Me disaient qu’un canon plutôt qu’un peu de prose
Endiguerait le flot – où dormez-vous poètes ?

M’avez-vous reconnu dos courbé mains ballantes
L’œil humide aux ciels bleus aux néons des métros
La tête de travers aux images filantes
Qu’irais-je m’abaisser à leur montrer les crocs ?

J’ai connu Cyrano dans ses dernières heures
Qui se voyant mourir éructait des nuages
Larve de mon néant larve de ma douceur
Ce n’est que dans les mots que je vide ma rage

J’ai connu Eluard dont on lâchait le cri
Anonyme au-dessus des villes des villages
La poésie libère – je suis de poésie
Mon combat c’est l’ailleurs mon arme c’est la page


Z 09 04 11

magnifique texte.
tes mots m'emportent

WOW Z!

Magnifique oui !

et ce nectar : "Mon combat c’est l’ailleurs mon arme c’est la page" !

mais du 1er au dernier, il est dort pas le poète !

Voilà un poème d'une grande clarté
qui pourrait bien atteindre son ciel.
Pour nous faire voler

Dam.

Z, une fleur à la plume

Swann,
Le dernier vers de la deuxième strophe accroche un peu tout de même...

De plus en plus rétive aux alexandrins. Et pourtant, la seconde moitié de ton poème m'emporte sans la moindre résistance de ma part. Un texte puissant.

A Swann, je l'ai relu et malgré tout l'exigence du sens m'oblige des fois à tordre le vers pour qu'il reste cohérent. Et à Luca, nouvelle venue que je n'ai pas encore pu lire, je suis content si la musique t'embarque malgré ces pachydermes que sont parfois les alexandrins.

Aux trois autres, merci beaucoup

Z.

Je te suis de plus en plus.
Je trouve le fond qui me parle, le style qui se suffit de lui-même, et cette veine entre le crachat et la plus belle manière.

"Bipède volupteur de lyre
Époux châtré de Polymnie
Vérolé de lune í confire
Grand-Duc bouillon des librairies
Maroufle í pendre í l'hexamètre
Voyou décliné chez les Grecs
Albatros í chaîne et í guêtres
Cigale qui claque du bec

Poète, vos papiers!
Poète, vos papiers!

..."

Le poète face au monde ; un regard lucide et une non-violence viscérale.
J'ai aimé lire ce poème du début à la fin.

Il semble que j'arrive après la bataille.
Mais Dieu, quelle bataille !
La terre en ressort pelée comme une orange.

Nilo, dormeur du val.

Où dormez-vous poètes ?

Nous nous reposons au soleil
Dans les ruines sanguines
De la Grande Babylone...

Haha. Dans le mille Léo. Comme d'habitude.

Merci LC, Carmen, Nilo !

Z.

Une perfusion qui entraine l'esprit sans drogue, ni médication

Juste des mots justes
Une musique qui, à la lecture, est de rigueur

Une vague qui emporte la tête
Et le berceau du poète se crée

Sylvie

J'ai fait le vœu de mettre mon aumône dans la sébile de tous les mendiants que je trouverai sous toutes les portes cochères qui mènent au Petit Etablissement de Crédit que je viens d'ouvrir au profit de ceux qu'en ont pas besoin. En particulier à la Neuvième liste que j'vous ai filée.
Juste histoire de pas avoir bossé pour rien à les chercher pasque si j'compte que sur vous j'crains qu'y en ait qu'entendent pas le son de votre obole tombant dans leur coupelle.
Charité bien ordonnée...

Dédé.

Une proclamation à laquelle je souscris.

ou dormez vous poètes, là bas au pied d'un sycomore ou leurs mots font dire
encore, encore

bravo pour ce texte