Derniers sujets
Statistiques
Nous avons 448 membres enregistrésL'utilisateur enregistré le plus récent est Marine8316
Nos membres ont posté un total de 56955 messages dans 10920 sujets
Guerre de cœur et de tripes
4 participants
Macadam :: MacadaTextes :: Vide-Poche
Page 1 sur 1
Guerre de cœur et de tripes
C'est une guerre de cœur et de tripes. Posés là dans un gémissement nocturne. L'écran est une carte d'une géographie à chaque fois renouvelée, avec en sa rosace, zones de combat, zones affranchies et zones pacifiées. Je ne suis pas un guerrier et pourtant je ne sais pas me contenter des zones pacifiées. Errant de mitraille en feu de brousse, je n'arrive qu'à me combattre toujours, lutte contre l'ennui et l'oubli, lutte pour la mémoire et le nom des morts. Les cimetières sont des entrailles ouvertes sur un monde parfois beau, parfois douloureux, toujours vierge. Comme si les chevaux imaginaires volaient dans tous les sens, n'ayant de paroi que leur invisibilité et de fond que l'envie de naître.
Je meurs à chaque début de poème. Je renais quand il s'achève.
Pour quoi faire ? Pour dire, pour consigner, pour paraître plus grand que je ne le suis. Et puis pour me souvenir à chaque instant ce dont le monde, mon monde, est fait. Fantômes hilares, cimes magnétiques, terre meuble immobilisée dans le mouvement de la langue et du geste.
C'est une posture. Un gigantisme dérisoire. Quand craquent les verrous, alors se libèrent les mots sans frontière, sans rythme, désordonnés comme une cascade frémissante de vie.
Je suis le toit, les cloisons et le sol d'une maison arcboutée par les vents de la marée montante. À branler le lexique, la semence défonce ce qui reste du mort. J'écris avec vue sur la mère. De petites histoires comme des fleurs intoxiquées. Des morceaux d'existence dont seules les mains entretiennent le souvenir.
J'ai abandonné mon âme dans les racines des arbres démembrés. Est-ce ainsi que vit la littérature ?
Les poètes sont ce qu'ils ont toujours été. Je dis, à la fois pour me rassurer et pour ne pas me perdre de vue, que le monde entier peut entrer dans un poème. Tâche ardue autant que saugrenue. Les lames affutées cisèlent l'universalité, la prolongent, l'étourdissent. C'est ainsi que l'on s'endort, avec dans le bas ventre, des images magnifiquement noires et furieuses.
Tant que les étoiles apparaîtront la nuit, je masturberais le sexe des petites idées. Qui, peut-être un jour, donneront à l'exil ses lettres de noblesse.
Je crois aux fantômes et aux belles perdues. Je crois devoir écrire tous les jours ces testaments chimériques dont sont faits les ossuaires liquides.
S'il me vient à arrêter d'écrire, c'est que je me serais rendu compte que le monde ne peut décidément pas tenir dans un poème.
Re: Guerre de cœur et de tripes
Il y a vraiment de très belles images dans ce texte qui ressemble presque parfois à ce fouillis qu'on a dans la tête.
Au milieu de cette tempête qui crie dans la mémoire, reviennent les souvenirs du manque qui s'accroche aux parois de notre propre désarrois.
Pour l'écrivain que tu es...grand...je sais que le manque et quel qu'il soit, fait écrire, fait pleurer, fait crier et tout ça dans le silence le plus profond où l'on entend juste la plume qui traduit.
Je l'ai entendu, et....
Sylvie
Au milieu de cette tempête qui crie dans la mémoire, reviennent les souvenirs du manque qui s'accroche aux parois de notre propre désarrois.
Pour l'écrivain que tu es...grand...je sais que le manque et quel qu'il soit, fait écrire, fait pleurer, fait crier et tout ça dans le silence le plus profond où l'on entend juste la plume qui traduit.
Je l'ai entendu, et....
Sylvie
Re: Guerre de cœur et de tripes
Le manque est un vaisseau de fortune.
Quelque chose entre la nécessité et le découragement.
Mais ça aide, c'est là, pour écrire.
Quelque chose entre la nécessité et le découragement.
Mais ça aide, c'est là, pour écrire.
Re: Guerre de cœur et de tripes
Oui j'y retrouve ce bordel cervellaire que j'essayais de décrire dans les griffouillis, et ta plume nous sert de grands morceaux de bravoure. Puissant, démembré, comme j'aime la prose.
Z.
Z.
Zlatko- MacadAccro
- Messages : 1621
Date d'inscription : 30/08/2009
Age : 33
Localisation : Centre
Re: Guerre de cœur et de tripes
Que c'est beau ça
Les poètes sont ce qu'ils ont toujours été. Je dis, à la fois pour me rassurer et pour ne pas me perdre de vue, que le monde entier peut entrer dans un poème.
Et comme le laisse entendre Z., tu fais bien de t'aventurer dans ce bordel de ta tête, dans ces guerres non faites, ces défaites qui ne riment à rien, et ces victoires laissées pour compte.
Nilo, soldat de fortune.
Les poètes sont ce qu'ils ont toujours été. Je dis, à la fois pour me rassurer et pour ne pas me perdre de vue, que le monde entier peut entrer dans un poème.
Et comme le laisse entendre Z., tu fais bien de t'aventurer dans ce bordel de ta tête, dans ces guerres non faites, ces défaites qui ne riment à rien, et ces victoires laissées pour compte.
Nilo, soldat de fortune.
_________________
... Tu lui diras que je m'en fiche. Que je m'en fiche. - Léo Ferré, "La vie d'artiste"
Re: Guerre de cœur et de tripes
Oui, ouvrir les portes des prisons en se vidant les poches a du bon.
Comme s'écouter parler à voix haute.
Merci de vos passages.
Comme s'écouter parler à voix haute.
Merci de vos passages.
Sujets similaires
» Guerre de cœur et de tripes – Bruit et Silence
» A la guerre comme à la guerre (Chronicle)
» Egaux Tripes Session
» Cœur de glace
» Cœur en guenilles
» A la guerre comme à la guerre (Chronicle)
» Egaux Tripes Session
» Cœur de glace
» Cœur en guenilles
Macadam :: MacadaTextes :: Vide-Poche
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Aujourd'hui à 9:30 par Io Kanaan
» Marin d’eau douce
Hier à 8:56 par Io Kanaan
» Planète anodine
Jeu 21 Nov - 9:46 par Io Kanaan
» Monstre vert
Mer 20 Nov - 9:07 par Io Kanaan
» Lézard vaillant
Lun 18 Nov - 9:50 par Io Kanaan
» Branche fossile
Dim 17 Nov - 9:05 par Io Kanaan
» Flamme grise
Sam 16 Nov - 8:59 par Io Kanaan
» Roi fantasque
Jeu 14 Nov - 9:16 par Io Kanaan
» Poids et mesure
Mer 13 Nov - 8:35 par Io Kanaan