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Guerre de la joie.
4 participants
Macadam :: MacadaTextes :: Vide-Poche
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Guerre de la joie.
Quant à la création, je pense qu’elle est fondamentalement hors-la-loi. Ici est l’image coup de feu : l’artiste armé à chasser d’urgence, en ce qu’il encourage l’art – la violence sensible. Les inspecteurs du bon ordre et de la science ramassent les douilles et rationalisent. Ils n’y voient pas la porosité des frontières, où l’architecte construit en démolissant ; où l’acte créateur, destiné à s’autodétruire, n’existe que pour le sens abstrait de ses gravats.
Pour tenir, il n’est pas nécessaire de les combattre. L’affrontement direct, en conscience et public, ne sert qu’à rassurer ceux qui doutent encore de la réalité de leur révolte. Il alimente le fantasme jouissif d’un être solitaire offrant son génie à l’autodafé des matraques. La certitude est. Elle éclot en terrain neutre, sur une banquise ; bientôt, elle prend les mille visages de ses aspirations. L’acte créateur la conduit aux paradoxes, d’abord inconciliables, puis rassemblés par la nécessité de cohérence. Le créateur schizophrène craque, tord et se gonfle, dans la torture interne des oxymores – mais il tient bon.
Bientôt, la création est le cœur du système : ses battements pulsent un sang absurde, épais comme une sève.
En un sens, à choisir, la poésie tient plutôt de la foi. Il n’est pas nécessaire de se battre pour imposer ce qui m’apparaît comme le syncrétisme boursouflé des joies, souffrances et perversité, qui la forment. Elle est le dogme inexplicable d’un refus de l’existence et de ce qui la codifie ; la sauvagerie d’une seule tête où règnent cent seigneurs, qui s’affrontent pour des territoires stériles. Qu’irais-je expliquer cela ? Quels arguments, pour la chienlit manifeste d’un asile mal surveillé ?
Dans cette logique, les tentatives externes de dissuasion ne sont ni bonnes ni mauvaises. Savoir l’absurde n’est pas une cécité ; s’il est refus du réel tel que le cisèle la science il n’est pas l’enfermement complet de la foi. La vision n’occulte rien. Mais il génère un rire continu qui s’installe en squelette au quotidien, et protège son gardien d’une carapace d’incohérences. Il entend le monde, les saillies parfois prodigieuses de ses habitants – mais il ne l’écoute plus qu’en percevant son ridicule.
De ce sentiment naît une impression étrange, un nouveau paradoxe : il faut mener le cirque, en autarcie, aussi loin que possible. Il faut en déployer toutes les lubies ; mais, par là, prendre le statut immatériel des brumes, qui chatouillent la nuque des acteurs du monde et disparaissent. Le poète, absent de corps, est un souffleur. Le carnaval n’a de sens que pour lui ; il a le secret des confettis. L’autre n’y entendra qu’un lointain vacarme, et lui préfèrera la géométrie stylisée de la science.
Il est douloureux de ne plus vivre qu’incohérent – ou dans la construction détruite. L’oxymore génère l’intérêt autre, où ne surnage que le miracle hirsute ; l’évadé poursuit l’horizon qui le poursuit. Il échafaude l’affabulation, la symétrie tordue des nuages d’où naissent toutes les formes. En glissement, il perd intérêt de tout ce qui découle, provient de, s’explique par, est utile à. Son vocabulaire hypertrophié de la contemplation perd le sens commun – alors, le monde use de toutes les violences pour le ramener au bercail.
J’ai à mener une guerre de la joie. J’exulte, très loin de ma prison. Pour autant, j’assiste à la multiplication des gardes-chiourmes ; les murs me traquent et tentent, à tout prix, de systématiser mon alentour. Je n’y pourrai respirer, dans cet horizon de briques ; il n’a pas suffit d’en sortir, il faut en fuir en permanence. Je ne comprends ni ce que j’exprime, ni ce que je fuis ; j’ai pour amie l’obscure conscience d’une nécessité. Elle guide l’exil hors de ce monde. J’ai eu, en l’entamant, de grands sursauts de nihilisme : l’exil menait nécessairement au vide. Je sais maintenant que c’est faux.
J’en ai développé la maladie des tignasses, des jambes au fusain. J’interroge l’absence, et ses communions antonymes. Ta solitude, Chose aimée, régurgite la mienne.
Je suis la foule artificielle d’un miracle.
Ce qu’il fait ?- il croasse-manège, le corbeau mangeur de lampions.
Il faut marcher dans la clarté absurde : ma petite mélodie vous tire la langue.
Rire ! Le plus sérieusement du monde !
Trouver sa poche à pierre tombale. Plante-là un bon coup, et ne pleure plus. Le manège tourne. Les oreilles-lampes éclairent le corps de bois des bêtes.
Le rire m’a bombardé Bouffon Hors Circonférences.
Pour tenir, il n’est pas nécessaire de les combattre. L’affrontement direct, en conscience et public, ne sert qu’à rassurer ceux qui doutent encore de la réalité de leur révolte. Il alimente le fantasme jouissif d’un être solitaire offrant son génie à l’autodafé des matraques. La certitude est. Elle éclot en terrain neutre, sur une banquise ; bientôt, elle prend les mille visages de ses aspirations. L’acte créateur la conduit aux paradoxes, d’abord inconciliables, puis rassemblés par la nécessité de cohérence. Le créateur schizophrène craque, tord et se gonfle, dans la torture interne des oxymores – mais il tient bon.
Bientôt, la création est le cœur du système : ses battements pulsent un sang absurde, épais comme une sève.
En un sens, à choisir, la poésie tient plutôt de la foi. Il n’est pas nécessaire de se battre pour imposer ce qui m’apparaît comme le syncrétisme boursouflé des joies, souffrances et perversité, qui la forment. Elle est le dogme inexplicable d’un refus de l’existence et de ce qui la codifie ; la sauvagerie d’une seule tête où règnent cent seigneurs, qui s’affrontent pour des territoires stériles. Qu’irais-je expliquer cela ? Quels arguments, pour la chienlit manifeste d’un asile mal surveillé ?
Dans cette logique, les tentatives externes de dissuasion ne sont ni bonnes ni mauvaises. Savoir l’absurde n’est pas une cécité ; s’il est refus du réel tel que le cisèle la science il n’est pas l’enfermement complet de la foi. La vision n’occulte rien. Mais il génère un rire continu qui s’installe en squelette au quotidien, et protège son gardien d’une carapace d’incohérences. Il entend le monde, les saillies parfois prodigieuses de ses habitants – mais il ne l’écoute plus qu’en percevant son ridicule.
De ce sentiment naît une impression étrange, un nouveau paradoxe : il faut mener le cirque, en autarcie, aussi loin que possible. Il faut en déployer toutes les lubies ; mais, par là, prendre le statut immatériel des brumes, qui chatouillent la nuque des acteurs du monde et disparaissent. Le poète, absent de corps, est un souffleur. Le carnaval n’a de sens que pour lui ; il a le secret des confettis. L’autre n’y entendra qu’un lointain vacarme, et lui préfèrera la géométrie stylisée de la science.
Il est douloureux de ne plus vivre qu’incohérent – ou dans la construction détruite. L’oxymore génère l’intérêt autre, où ne surnage que le miracle hirsute ; l’évadé poursuit l’horizon qui le poursuit. Il échafaude l’affabulation, la symétrie tordue des nuages d’où naissent toutes les formes. En glissement, il perd intérêt de tout ce qui découle, provient de, s’explique par, est utile à. Son vocabulaire hypertrophié de la contemplation perd le sens commun – alors, le monde use de toutes les violences pour le ramener au bercail.
J’ai à mener une guerre de la joie. J’exulte, très loin de ma prison. Pour autant, j’assiste à la multiplication des gardes-chiourmes ; les murs me traquent et tentent, à tout prix, de systématiser mon alentour. Je n’y pourrai respirer, dans cet horizon de briques ; il n’a pas suffit d’en sortir, il faut en fuir en permanence. Je ne comprends ni ce que j’exprime, ni ce que je fuis ; j’ai pour amie l’obscure conscience d’une nécessité. Elle guide l’exil hors de ce monde. J’ai eu, en l’entamant, de grands sursauts de nihilisme : l’exil menait nécessairement au vide. Je sais maintenant que c’est faux.
J’en ai développé la maladie des tignasses, des jambes au fusain. J’interroge l’absence, et ses communions antonymes. Ta solitude, Chose aimée, régurgite la mienne.
Je suis la foule artificielle d’un miracle.
Ce qu’il fait ?- il croasse-manège, le corbeau mangeur de lampions.
Il faut marcher dans la clarté absurde : ma petite mélodie vous tire la langue.
Rire ! Le plus sérieusement du monde !
Trouver sa poche à pierre tombale. Plante-là un bon coup, et ne pleure plus. Le manège tourne. Les oreilles-lampes éclairent le corps de bois des bêtes.
Le rire m’a bombardé Bouffon Hors Circonférences.
Zlatko- MacadAccro
- Messages : 1621
Date d'inscription : 30/08/2009
Age : 33
Localisation : Centre
Re: Guerre de la joie.
Je n'aurais su le mieux dire.
je voulais citer quelques passages mais ils étaient trop nombreux.
Il faudrait y répondre par une esquisse de la sorte, bien qu'esquisse soit par trop usurpé.
J'y viendrai peut-être avec un récit de mes infortunes et toutes ces fuites en avant de quoi ?
La poésie se contente de mots simples.
je voulais citer quelques passages mais ils étaient trop nombreux.
Il faudrait y répondre par une esquisse de la sorte, bien qu'esquisse soit par trop usurpé.
J'y viendrai peut-être avec un récit de mes infortunes et toutes ces fuites en avant de quoi ?
La poésie se contente de mots simples.
Re: Guerre de la joie.
Et que dire de ce que sont les affres de la couleur qui doit affronter la surface du papier ou de la toile.
Le peintre est un éleveur de chimères, mais les chimères ne sont pas fidèles, et ne suivent aucun des moutons que Panurge voudrait leur imposer pour guide vers le précipice.
Les chimères ne sont pas des brebis. Nul oxymore ne contraindra jamais leur enthousiasme ni leur charisme anarchique.
Les mots ne sont que pâles substituts du langage des couleurs qui s'autorisent, par nature, tous les néologismes et contresens, pour peu que l'harmonie soit au rendez-vous. Mais bien peu de ceux qui les manient connaissent l'heure et le lieu du rendez-vous.
Heureusement, il est des poètes qui sont toujours au bon endroit au bon moment. Par hasard.
Nilo, je les attends.
Le peintre est un éleveur de chimères, mais les chimères ne sont pas fidèles, et ne suivent aucun des moutons que Panurge voudrait leur imposer pour guide vers le précipice.
Les chimères ne sont pas des brebis. Nul oxymore ne contraindra jamais leur enthousiasme ni leur charisme anarchique.
Les mots ne sont que pâles substituts du langage des couleurs qui s'autorisent, par nature, tous les néologismes et contresens, pour peu que l'harmonie soit au rendez-vous. Mais bien peu de ceux qui les manient connaissent l'heure et le lieu du rendez-vous.
Heureusement, il est des poètes qui sont toujours au bon endroit au bon moment. Par hasard.
Nilo, je les attends.
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... Tu lui diras que je m'en fiche. Que je m'en fiche. - Léo Ferré, "La vie d'artiste"
Re: Guerre de la joie.
texte phénoménal
Pas moins, et à tous les sens du terme.
Tu as exprimé des choses dont je n'espérais même pas qu'elles puissent se formuler en mots.
Pour moi : un manifeste.
Pas moins, et à tous les sens du terme.
Tu as exprimé des choses dont je n'espérais même pas qu'elles puissent se formuler en mots.
Pour moi : un manifeste.
Re: Guerre de la joie.
je ne m'endormais pas,
mais j'ai compris pourquoi :
je n'avais pas relu
la Guerre de la joie.
mais j'ai compris pourquoi :
je n'avais pas relu
la Guerre de la joie.
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