La balle dans le crâne de Richard Brautigan

Scrolling parallaxe de nos identités
Mémoire des corps sans mémoire
où le corps se scinde en trois parties d'échec
Le cavaleur le Fou la Putain
J'ai essayé de tourner le dos à la réalité
les yeux dans les poches, pincés par mes doigts
Non, je ne rêve pas, je ne rêve plus
j'attends de m'endormir au pied d'une falaise du Vercors

Où suis-je né Mourrais-je avant d'avoir connu la tendresse
des princes-écureuils
Que devient un mot une fois qu'il a été utilisé un certain nombre de fois ?

Suicide de Romain Gary
J'écrirai l'histoire des déglingués, des va-nus-culs et des vanités
des cavaliers abrutis par les ondes, des putains sans oxygène
j'écrirai le fou vacant, le fou errant, le fou du Brabant

Je me demande à quoi ressemble la balle
qui a perforé le crâne de Richard Brautigan
Connaissait-il une femme qui aurait pu empêcher son geste
Connaissons-nous des femmes qui nous tiennent en vie ?

L'hypnotiseur dit à son patient : oubliez tout
dépecez votre mémoire, le temps passé est un ossuaire
oubliez jusqu'à l'existence d'une mémoire
Et dites-moi ce que vous voyez
Je vois des enfants massacrés par les larmes
je vois une femme qui me dit être une Oie Sauvage
sa voix file entre ses dents comme de l'eau entre les roches
je vois la mère de toutes les mères
abattue sur le comptoir des vertiges

Souvenir du kilomètre zéro
Gueule des mômes sublunaires
L'angoisse se fait lascive, l'angoisse se fait chien scintillant
sous les étoiles de l'océan
l'os-séant, pensai-je, mais l'hypnotiseur me dit
que les jeux de mots ne servent à rien sinon à rire de soi
Je franchis la base numéro 91 avec mon sac sur les épaules
C'est le Vercors ?, demandai-je, est-ce ainsi que l'on se perd tout à fait

Un cerf-brahma se couchait sur les fougères liquéfiées, tandis qu'un esprit voltigeait
entre le besoin d'écrire et celui de l'oubli, d'oublier tous les cerfs et toutes les femmes

Insomnie stylistique
Je m'attends toujours au retour des reines noires
dans cette salle où la population clame son désir de liberté
Lisez, hurlai-je, lisez les poèmes d'André Laude
je pense au titre d'un livre de Julos Beaucarne
Mon terroir c'est la galaxie, poèmes de l'enfant
qui n'a jamais trouvé le bouton pour éteindre la mer
Mon terroir c'est le Virus, Network Viral
comme un film pour sceller les amours d'autrefois

Si j'ai croisé le chemin du cerf-brahma, ce fut sur la poutre des écritures mortes
Il était mou comme de l'huile, et le feu qui nous entretenait siffla un vers
que nous avions tous les deux entendu dans un rêve
Par le cœur et la Mémoire, nous avons entamé l'hymne des coïts impuissants

Assez exceptionnel de te lire quand l'inspiration est là de bout en bout. Là tu ronges ton os jusqu'au bout, sans faux col, sans perte de vitesse, tout est bon, le départ en trombe, l'arrivée en catastrophe.

Le 'sens' montre parfois le bout de son nez - mais finalement, la musique de tes mots enlève la nécessité d'un sens. Et ça c'est assez fort.

Z.

Un cerf-brahma se couchait sur les fougères liquéfiées, tandis qu'un esprit voltigeait
entre le besoin d'écrire et celui de l'oubli, d'oublier tous les cerfs et toutes les femmes

Ho! ma biche, que dis-tu là?

Je n'avais pas vu ce poème, mais fouiller dans le grenier de Macadam est parfois un doux plaisir. J'ai un peu de temps et voilà ce que j'ai trouvé.

Une fois de plus, je m'y suis attachée.

Sylvie

Ah putain, quelle vision
Mémoire des corps sans mémoire
où le corps se scinde en trois parties d'échec
Le cavaleur le Fou la Putain
Que d'inspiration ici. Pratiquement une formule marquante à chaque ligne. A tout le moins dans chaque strophe, je prends, en vrac
Mourrais-je avant d'avoir connu la tendresse
des princes-écureuils
Que devient un mot une fois qu'il a été utilisé un certain nombre de fois ?
...
Connaissons-nous des femmes qui nous tiennent en vie ?
...
Oh et puis zut, ça en fait trop.
Et puis je laisse les autres faire leur choix.

Grand morceau de poésie !

Nilo, petite balle perdue.

Des images à la pelle, des sensations, des impressions, un pêle même pas forcement sensé mais cette fois on s'en fiche !