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carnets été 98

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Message  marc Dim 7 Aoû - 13:55

Carnet 98 : été

L’été a Perpignan. Je ne remarque pas les gens qui sillonnent le béton gluant et les voitures qui tracent leurs pas sur l’asphalte. Il me semble voir un monde de chair adipeuse. Quel est cet été ? Pourquoi est ce que je regarde les jeunes hommes comme des mots que l’on capturerait. J’imagine des corps identiques se réunissant en suant, l’agonie brutale d’une éjaculation ? Le Christ est-il le fils de dieu ? Y a-t-il une conception immaculée qui d’un regard ferme les enfers ? L’amour ! Ha ne m’en parlez pas ! Je veux baiser le métisse, le trentenaire, le vieux, le moche. Je veux de la saturation. Dansons en restant immobile. Bientôt, peut-être ce soir, je boirais un coup et j’irai vers un Eldorado de sueur et de vapeurs séminales. Non je ne t’oublie pas K mais je veux te monter que ta beauté de femme n’est rien face à celui qui se soumet un soir, à celui qui domine. Etre à disposition.

Je commence à écrire mon premier carnet de note avenue de la gare. J’ai des musiques en tête, des musiques comme du blues rampant sous les portes pour surprendre les amants dans leurs sommeils post coïtal. Un amour se crée sans raison et se défait sans raison. Je sais maintenant que l’amour est derrière moi comme un train partis, comme une fleur séchée dans un livre. Le chapitre du cœur est clos
Je prends le pas de suivre les rythmes des mots. Je suis ancien.
Une vielle dame s’est approchée de moi Le soleil cognait. J’étais tranquillement assis à ressusciter de mon enfance sage. Elle m’a brusquement déclarée que c’était la fin du monde. J’ai failli éclater de rire. Non pour moi c’est le début d’un festin que bien sur je croyais original et authentique. Mais non, je ne fais qu’entrer dans un bal masqué, l’esprit gourmand et aux aguets. Je ne regarde pas les costumes des autres protagonistes car je suis rempli de moi et d’une rupture douloureuse que j’avais provoquée comme un jet de dés. Cette femme était là devant moi me fixant. La fin du monde mais moi je n’en suis qu’aux débuts et je ne savais vers quel éden où quel enfer j’allais. « Pourvu que ce soit une cime me disais je ! »

Apres ma rupture, j’ai fais mon entrée dans les milieux homosexuels. J’ai tout de suite détesté les homos in situ, peut-être la salive pour un androgyne qui oublie la mort et qui jouit d’une gestuelle de salope. Mais avant, avant.
L’Absolut, située à Canet sur la cote, est la première boite où je suis allé. Un rapide tour d’horizon m’a comme convaincu de mon indifférence à ma première rencontre avec un homme. Il y avait un patio et la boite proprement dite. J’ai préféré rester dans la seconde ce premier soir. J’attendais d’être aborder par un « quelconque » avec qui je coucherai sans faire de manière. Il était laid, mince et m’a proposé un verre. Il se collait à moi et j’imaginais sa sueur, ses désirs.

Je n’ai vu K que rarement ces dernières semaines et il m’apparaît que la rupture entre nous se consomme pas à pas. Pourtant, ne pas s’y tromper, mon moral est en chute libre car malgré la réussite de l’année universitaire et l’été qui s’avance, je ne fais que penser à elle et je pense à elle, elle dans les bras d’un autre homme. Pour oublier tout ça, je m’alcoolise régulièrement chez B, un ami de J. Rester à la bière. Bon alcool ça.

« Adieu ami lecteur ; songez à ne pas passer votre vie à haïr et à avoir peur » Stendhal.

Mes journées ne me voient pas. Quant à mes amis, je les délaisse pour boire seul et sortir. Comme tout débutant, j’ai besoin de l’alcool pour franchir ce cap de débauche. Débauche ! Que ce mot m’est étranger comme un jour, il deviendra étranger à une autre génération et comme peut-être aussi pour moi il deviendra un simple griffonnage caduque. Je torche des poèmes spontanés sur mon petit carnet et je souffre de d’absence. Je pense à des corps nus dans le vent, au sel de la mer qui orne les lèvres et à l’enfant du poème de Yeats. Je ne sais plus très bien quelle heure il est quand je me réveille. Je me réveille, je me douche, je m’habille et je sors sur la cote.
Penche ton visage dans le sel
Et retrousse tes lèvres
Pour mordre le visage de l’enfant.
Ton corps est tissé,
Sortie de terre comme un monstre végétal

Pas de fuites. Je reste dans la blessure. Je peux me camoufler, porter un masque le soir avec de jeunes hommes plein de lait, en manque. Je me propose. Et je joue le jeu jusqu'à être indécent, vulgaire. Paroles rasoirs qui tranchent dans la tendresse molle et fictive de ces rencontres car à vrai dire ce sont des mots hormonaux qui exultent dans le discours et puis on fabrique des nuits répugnantes à coups de désirs adaptables ou de refus catégoriques. On quitte ses amis pour aller rejoindre un amant au corps de métis. Tendresse molle et pornographie effective. « Je croyais que tu te prostituais ? ». Aussitôt arrivé chez lui, il s’est déshabillé complètement et s’est allongé face à moi sur le clip clap « Non ». Mon amant, mon nouvel amant, mon premier amant qui me dit cela va passer ses week-ends à X chez un PDG et on voit fleurir les billets et les bouteilles en boites comme une vraie misère. Nous discutons parfois avant et après chacun sur sa planète attendant d’ouvrir une bouteille pour picoler parce que dans notre univers les planètes ne discutent pas.
Il est beau, il est menteur mais je pense a lui comme à un nouvel horizon de ma vie et pendant que je travaille, je me sens sur un autre territoire parce que je sais qu’il ne répondra pas et quand j’irais à trois heures du mat, il sera nu sur le lit ou en train de boire, de fumer des pétards et avec tout cela, je l’apprécierais davantage.

J’aurais pu me réveiller devant la mer à Canet et rêver d’une enfance que j’enterre chaque soir en levant ma bouteille. Redevenir enfant, c’est être enthousiaste, spontané, découvrir un monde. Et lui, M, il est le guide dans ma fraiche bisexualité, dans mon enthousiasme de funérailles et je vais souvent le voir et souvent je trouve porte close. Alors, il y a les autres, de simples corps dans l’obscurité que l’on frôle pour quelques minutes et qui sont des ombres dans les lieux d’ombres avec des pratiques d’ombres.
….
La pourriture céleste qui bordent les innocents mais quand la jeune fille a éclot, c’est la que les libertins ont perdus leurs têtes.
Verrouille mon horizon d’esprits tranquilles, de cailloux sanglants.
Personne après ça ne recueillera ni tes larmes ni ton sang, alors que moi je les aurais bu et j’aurais mangé ta joue.

Dimanche, plein été. Quelle heure ? Je ne sais pas. Depuis plusieurs jours M est absent et je retente ma chance avec un espoir quasi religieux quand je frappe à sa porte. Pas de réponses. Son corps me manque, la nuit dans son appartement de clubbers me manque. Je fais quelques pas vers la plage et je m’installe à la terrasse d’un bar. Demie puis encore demie pendant que j’écris ces notes. Comme tout jeunes écrivains je me figure que l’alcool va de pair avec la création mais je sais que non, que la malédiction des poètes est une inventions. Petit bar, ambiance familiale. J’ai repris les rênes des mes événements quotidiens. C'est-à-dire que j’arrive à disposer du souvenir de K dans mon esprit, que j’arrive à me passer et à avaler les couleuvres de M. Menteur ! Menteur ! Tout cela s’agite, bouillonne et je ne pense qu’à eux deux. Mon été c’est eux deux. Mes deux pôles d’ivresse, d’érotisme.
Encore un petit effort pour qu’un bonheur remplace une satisfaction. Quel bonheur ? Je rêve, oui je dois rêver là assis dans ce bar. J’échafaude des vies, des écritures, des masques, des soirées, des personnages.
Je roule bourré mais : « la nuit je mens », « gone ». C’est avec de tels morceaux que je m’invente une vie nocturne, que je couvre les râles de la pénétration. M sur mon sexe. M éjacule sur mon torse. M s’endort. Je bois quelques verres puis je vais sur les routes en écoutant Bashung, U2. Je suis bien d’aujourd’hui. Je fume des joints, je bois, je baise dans les deux camps mais le jour me rattrape, me flingue, démolit mes idoles. En fait, il ne reste que ces deux pôles et puis un ami qui m’embrasse « je sais que ca sert a rien mais tant pis ». Ma nuit.

Canet. La promenade du bord de mer grouille de touristes entassés et se suivant pas à pas. Je crois que je les hais pour leurs tranquillités apparentes. Je dis apparente car j’imagine toujours quelque part au fond de ces esprits d’hommes mariées ou de femmes lasses, des frères ou des sœurs qui font du porte à porte avec les rêves. Je regarde aussi les « lolitas » ces sortes d’êtres hybrides entre l’enfant et l’ado entre la laideur du surplus d’apparat et déjà les prétentions de femmes qu’elles ne maitrisent pas, pas encore. La mue viendra. Je suis toujours à la terrasse du bar et je regarde ces crânes rubiconds, ces poitrines flottantes et moi parmi ce monde de « dimanche », je rumine le soleil et la brise marine. Il est bientôt 15h et je resterais là, assis, à boire mais non, M n’est pas là. M ne viendra pas quant à Karine je l’imagine dans des foules de bras, dans des sourires données et dans des gémissements qui me crispent l’estomac. Debout, payer, aller voir ma sœur.

« Et Dieu prit la chair, les os, le sang et créa la solitude »

Je suis sorti de mon corps. J’avais une autre vie, un autre amour, je marchais bien dans l’ornière de mes ancêtres. Mes examens réussis, je cherchais un job et en attendant je faisais des petits boulots en ville.
Je suis sorti de mon corps. J’avais une autre vie, un autre sexe. L’automne ne devrait pas tarder et j’arpentais mon carré de trottoir. « Tu prends combien ? » Questions habituelles, réponses habituelles. Je regardais sur ma table de chevet la photo de ma fille que je rejoindrais un jour. En regardant cette photo, j’étais plus qu’une simple marchandise, j’étais une mère.
Mais moi, je ne sors pas de mon corps car mon estomac bat comme un cœur d’ado avant les examens et je crache des poèmes mal écrits. Finalement oui, je suis sorti de mon corps et la ville, la ville toute entière « la ville tentaculaire » me l’a prit et je reste dans les starting block. La course est finie et je refuse d’avancer, de m’élancer parce mes souvenirs me rivent au sol.

Je mets des masques chaque soir. Il y en a un devant mes parents, celui de l’enfant sage dans les jupes de sa mère mais c’est aussi l’enfant qui ment parce qu’il découvre une autre sexualité et parce qu’il prend des drogues. Donc un masque à midi, au lever ou bien a huit heures à la sortie de la nuit quand je rentre voyant mon père lire le journal. Que penses t il de moi ? Que je fais jeunesse ? Mais la jeunesse s’éternise et j’ai maintenant 25ans et aucun travail, seulement le RMI, un appart à perpignan et une voiture. Le masque du bonbon mentholé pour ne pas sentir le vin –M boit surtout du vin- et je trouve que le vin ca pue devant mon père et que ca sent bon dans la bouche de M. Donc un masque olfactif se met en place entre ma famille et mon amant. Finalement quand j’écoute de la musique, je « joue » la musique, je cherche à l’incarner dans l’instant. « and i’ll be up with the sun » et au moment même ou passe ce refrain je roule, je sors de mes nuits et, oui, je suis réveillé et le soleil se montre au bout de la route sur cette plaine et ô combien je l’aime ce lever de soleil, comme j’aime cette plaine et bêtement comme j’aime avoir mal. Alors je porte là, un masque de bourreau et de victime par l’intermédiaire de la musique. Parfois je me retrouvais entre deux masques comme lorsque je me suis réveillé avec M dans mon appart. C’était mon territoire de maquillage, de costumes, ma vaisselle, mes CDs. Rien de tout cela ne devait être vu au jour parce que c’est l’anti chambres d’un spectacle. De toute façon, il se moquait bien de tout cela et de moi avec. J’ai très vite compris que pour lui je n’étais qu’un coup a tiré de temps en temps et malgré cela je m’accrochais à mon masque de personnage supérieur. J’ai un orgueil aussi grand qu’une foule, aussi grand qu’une ville. « Je suis une foule, je suis une ville et je mets du sel sur mes paupières pendant que mes mâchoires crissent de douleurs. »

J’étais un peu naufragé dans cet été de corps nouveau et anciens. Je prenais un étrange plaisir à ne plus savoir si cet agréable vertige pourrait se rectifier. Bien sur, une étrangère me mangeait le cœur et remplissait ma mémoire. Non finalement, il n’y avait rien à en dire. Tout le monde souffre d’une histoire d’amour qui prend l’eau et qui finie par couler mais les profondeurs ont-elles une mémoire ? L’écrit d’un été, voila la mémoire du naufrage. Bah tout cela c’est mettre des mots sur des paroles, sur des appartements labyrinthiques. Dieu que j’aimais me perdre et je ne remarquais même pas à quel point cela était commun.

Je m’endors quelques heures avant le lever du soleil. S’endormir pour moi, ca veut dire redevenir un enfant et oublier que je désire, voir son corps de métis s’agiter sur moi et à la fin il reste une musique de Radiohaed sur « ok computer ». Tout est consommé.
Retour dans mon appart à Perpignan. La nuit se termine. Je me gare. Je flâne, marchant lentement parce que déjà je fabrique du souvenir et en même temps je me sens détaché, comme au-dessus du sol. Oubli et résurgences. Ma rue, ma porte, mon appart.
Plus d’angoisse. On lutte un peu contre le sommeil puis on saborde volontairement le navire de la conscience. Stop !

Depuis quelques jours, je me sens moins tiraillés par le désir, alors je reste en vase clos à écouter de la musique, à fumer des pétards. J’avais un peu peur ou honte d’acheter du shit dans la rue mais finalement, on prend vite le pli. Un regard vers un dealer qui attend, une question du visage et puis un échange « salut et bonjour chez toi » et bien sur la phrase qui me semble revenir le plus souvent « c’est de la balle » ou « c’est de la bombe, cousin ».
Il y a quelques jours encore, je courais après n’importe quoi et je me retrouvais un soir avec K et un soir avec M. Griserie de l’esthétique et de l’attente, le désir prêt à sortir de sa tanière. Mais ces deux personnes. Puis-je dire « amour » sont des gourmandises et c’est maintenant que j’écris sur eux que je jouis vraiment parce j’ai l’impression d’être un équarisseur et qu’ils sont de vulgaires carcasses. Mais ne pas se tromper, je prends du plaisir avec lui mais je suis passionné par elle. Après tout, c’est normal, nous sommes sortis un an ensemble. « La beauté comme en art est dans l’œil du spectateur ». Alors quoi, cela veut dire que son charme est dans mon esprit et que pour d’autres, dans d’autres siècles, elle serait laide et repoussante. J’ai beau penser cela, je n’en souffre pas moins de notre rupture. Mais, il y a quelqu’un en ville que je ne connais pas, qui ne la connaît pas et donc qui ne souffre pas de son absence. C’est étrange de souffrir et certains finissent pendus où aux urgences par cette peste bubonique qu’est le manque de l’être aimée. Moi, j’aurais plutôt tendance à me réjouir de cette souffrance parce que je ne veux pas vivre « sans histoire ».

Les journées vont redevenir des labyrinthes de l’esprit. L’amour est plus casse tête que la dialectique de Hegel.
Me regarder
Visage dans une glace
Eclater de rire
Me laisser porter par la vague

Rêves : il s’essuyait les pieds rongés par des visions chtoniennes et une corde encerclait son cou. Je ne vois pas son visage. Je vois deux pieds gris et veineux. Il y avait quelqu’un entre ses cuisses et la corde l’étranglait. Il jouissait sur un visage que je ne sais ni homme ni femme.

L’œil est muet. Ils devraient comme ceux d’Œdipe, être crevés devant le péché esthétique de la vision d’un être semblable. Non, ne pas condamner la luxure mais noyer Narcisse. J’imagine Narcisse se mirant dans une petite et merveilleuse étendue d’eau, habillés d’une toge à l’ombre d’un bel arbre. Aujourd’hui, il s’habille, il cherche dans ses fringues et trouve ce qu’il faut pour forcer l’entrée d’une boite de nuit. A l’intérieur, il découvre la belle étendue d’eau et va vers elle. Il regarde autrui comme un chien tirant la langue pour respirer. Il calcule ses chances. Arrivera t il à se regarder ?

Il est quatre heures du matin. Je le regarde dormir. Bien sur, ma conscience me tend des pièges étant catholique. Les racines de ma conscience, je n’ai jamais réussi à les sortir du sol ou à les pourrir par un acide violent. Je me révolte par lui et pourtant, il ne vient jamais chez mes parents, je ne l’embrasse pas dans la rue et mes amis qui le voit s’en fouettent royalement. Ils doivent imaginer une vie un peu dissolue mais bon, boire, baiser ou si vous préférez prendre un verre et faire l’amour. Ou est le mal pour le séculier.
Je ne vais pas le réveiller car à cette heure ci tout est fini. Il voulait simplement jouir sur moi et moi en lui. Je voulais questionner une mémoire des sens et ne pas écouter les réponses faites par sa voie efféminée.
Les pores de la peau
Halètements
Battement de cils entre deux rêves
Il dort
Désordre dans son appart
Ruptures des heures

Combien de temps resterons nous ensemble ? Toutes les histoires commencent par un sentiment de « toujours », de pérennité. Tout cela va être vendangé. Je cueillerai la grappe mure et sucée de son corps et je la jetterai aux ordures.
Sur moi, son corps est tendu. Il veut dominer. Alors, porter le masque du soumis mais c’est moi qui pénètre. Il crispe ses mains sur mes épaules, je lui jette des insultes qu’il attrape au vol. Jouer avec le vent. Il veut être séduit. Il veut qu’on sache qu’il est homo et que je suis son mec mais uniquement la nuit devant un foule imaginaire.
Je cherche des souvenirs plus anciens que lui pour tracer une droite dans cet été ou tout est neuf pour moi. Je trouve des souvenirs qui sont plus douloureux. L’HP et la camisole chimique pendant quinze jours. La honte le jour de mon renvoi de st jean, la même honte après mes violences dans la maison de mes parents mais je ne vois pas de plus grande honte que celle de mon père sachant mes jeux érotiques avec un jeune homme. M ne m’a pas dit son âge ou plutôt, il m’en a dit deux. Je dirais entre 22 et 26 ans.


Le dos est taillé par les cicatrices. Son visage d’enfant est resté imputrescible. Elle danse, sexe vorace sous les stroboscopes. Mais il y a tant de voracités derrière chaque sourire, à chaque invitation. On parle, on boit et puis direction le lit. Une nudité véritable n’existe que devant la mort, seul devant une glace. Regardez bien le visage, tirez la langue empâtée et les côtes, tâtez les, c’est le violon sur lequel joue le néant. Rien à foutre. J’ai 25 ans et la mort, ca n’existe pas.
Pour l’instant, je la regarde, je supplie dans mon crâne « soi mienne ». Je bois tranquillement un whisky-eau et je ne sais pas combien j’en ai avalés en tout cas, suffisamment pour prendre du plaisir à conduire un peu raide car la route et ses tournants deviennent une mer limpide.
Elle est simplement revenue s’asseoir avec moi et à commandée un verre. « Arrête avec ton air de chien battu ». Douche froide. Un jour et dans pas longtemps je la baiserai et j’aurai le fouet en cadeaux.

Quels souvenirs aura-t-elle de moi ? Quel est mon visage reconstruit par sa mémoire et sa mémoire du corps ? Je serais digérais et peut-être que je suis déjà dans le grand bouillon de l’estomac ?
Ce n’est pas que je me sente mieux mais enfin une petite halte dans la douleur, dans le souvenir. Une plage plutôt déserte, un pack de bières. Je veux qu’on me voie jouer la comédie. Le masque et derrière le masque. Séduction : tendre la corde de l’arc, ne pas toujours décocher la flèche. Allumeur ? Je prends du plaisir au nouveau comme tout le monde. Se forcer à être homo ? Pas vraiment mais bon c’est confus. Il faut que je m’alcoolise davantage ce soir parce qu’il y a la mer pour moi tout seul et pas de M ou de K. Moi parlant de moi. Je suis une unité, un pourcentage, une statistique. Je ne suis pas Baudelaire, je ne suis pas Kerouac alors bon quand on quitte les idoles, on peut écrire n’importe quoi souvent n’importe comment. Tout le monde écrit

« this is the stangest life i ever know”

L’illusion, c’est que je crois vivre sans règles, hors norme comme tous ces jeunes crétins qui rêvent d’une révolution ou qui se sentent supérieur après avoir sniffé un peu de coke. Il y a des illusions partout et des règles au dessous de ses illusions. Il faut fuir en avant. Je réaliserai mes phantasmes érotiques etc.

« Nous avons l’art pour ne point mourir de la vérité » F. Nietzsche

Vivre sans règles et forcer la conscience à se taire. Il faut faire ce que l’on ne veut pas faire. Sortir avec un homme peut-être ? La rébellion, c’est se mentir totalement et y croire pour quelques heures, une nuit, un mois, une année, toute une vie.

Juste un peu se noyer dans une chair qui respire la mienne. Que faire ce soir ? Argeles, une petite pinède, un joint. Je doute d’être bien dans ma peau. Je reste là. J’écris ces notes et je me demande quoi faire alors que je sais parfaitement ce que je vais faire. M est rentré de X. Je ne vois que cette sortie au labyrinthe.

Une sortie de labyrinthe. Une porte donnant sur une porte.

J’ai joui comme je n’avais pas joui depuis longtemps. Pourtant. Quoi pourtant ? Ca me « blesse » le plaisir mais on prend gout à la débauche quand on est jeune. Une jeunesse qui perdure. La peur et l’angoisse disparaissaient au fur et à mesure que je me laissais aller. Rivages, vagues, soubresauts. Un seul corps, un seul monstre. Le plaisir physique est illusoire. La situation, l’engagement, le souvenir. Sa respiration mêlée à la mienne. C’est un corps brun, c’est un appart entre trois et cinq heures du matin, c’est une bouteille bue. Voila tout ça, c’est des mensonges au kilomètres. Une schizophrénie luxurieuse. Ce n’est pas moi qui écrit, qui boit, qui baise mais c’est moi qui oubli. Une honte et une mauvaise littérature.

Hier des copains à lui sont venus le voir. Type homo in situ, clubbers quoi. J’ai peu parlé, décliner mon nom, mon âge et puis je crois que je n’ai jamais vu un homo dans la vingtaine et dans le milieu, célibataire. Les couples chez les homos, c’est des tribus, des trios, des partouzes. Le couple puis l’occasion. L’érotisme finit peut-être par la peur de la mort mais, il commence par l’éternité.
Homo pas homo ?
Couple pas couple ?
« T’es avec M ? »
Sourire de M.
« On se fréquente »
Fréquenter : terme ancien. Qu’y ont t ils compris ?
Je n’ai donné que quelques infos lapidaires pour qu’ils imaginent que je suis finalement aussi libre que l’air. Sans attache. Un vraie pub de célibataire. J’aime bien être « possible ».

Des corps, des rasoirs, la sueur, la frénésie. L’herbe après le vertige. Je me marre tout seul. L’orgueil est venu éclairer mon visage. Est-ce que cela s’est vu ? Peu importe. Je savourais cette petite solitude nocturne, une nuit éternelle à venir. Je franchissais une étape. Une étape ?
La tête entière dans le brouillard. Mes phantasmes sont encore présents. J’ai faim.

NB : établir de nouveau liens. Nouvelles connaissances masculines ou féminine. Jouer le jeu et mentir. Je ne cherche pas un confesseur ni un confident. Faire la « pute ». Celui qui offre dirige.

Je ne suis pas ceci ou cela. Janus. Gemini. Je traverse des images de moi. Nostalgie de l’utérus. Aujourd’hui. C’est le seul conseil à donner à un être. Quand un jeune homme de 20 ans vous drague ou bien un homme de 30, on peut facilement en faire ce qu’on veut dans la nuit. Suffit de quelques renseignements. Actif ? Passif ? Avec ces deux mots vous fabriquez une nuit si vous savez parler et jouer un peu avec votre désir et surtout avec le sien. Finalement, on est toujours un autre. « Perméabilité ».

« Il y a tant de plaisirs à se plaindre, disait un sage, que pour mieux se lamenter on devrait rechercher les malheurs » Calderon

J’ai commencé à rire. La sueur parle et coule le long de ma gorge.
Pas d’heure
Quelle heure peut-il être ?
Donnez-moi un espace que je ne nommerai pas et que je ne partagerai pas
Pas même avec toi

Je veux bien quelques temps devenir un monstre, c'est-à-dire « tout autre »

Alanguis sur la plage. Je repense à toutes ces rencontres. J’essaye d’accrocher à ma lecture de Miller et d’oublier un temps cette saison. A cette heure-ci, je ressens comme une anémie de mon érotisme.
Je me suis endormi sur la plage une heure environ. J’avais besoin de cette « sieste ». Il fait encore jour. 20H36. Les bars qui drainent touristes et autochtone vont bientôt ouvrir.
Je rentre sur Perpignan et je prends une douche. Je m’assoie devant la fenêtre. Ma nuit est commencée. Elle commence par mon corps propre. Il n’y a rien en moi, juste une nuit à écouter de la musique et à lire. Je vais acheter un peu de H

Très déhanché, très féminin

Il y a quelque chose qui s’est réveillé en moi cet été et cela s’est réveillé aux heures de travail. J’étais devenu un animal nocturne. Je regarde des vieillards centenaires regarder un aquarium. Le jour me blesse. Serais-je un jour vieux ? A mon âge, on concentre toute l’éternité en une nuit.
« the edge »
« Ouais c’est un faiseur de son »
Je dis ça à un inconnu au Mumba. Nous sommes attablés autour de quelques bouteilles de Jeanlain. Je souris, je ris, j’ai le rire et la voie juste. Elle dort encore dans son enfance de femme. Toutes les femmes qu’elle deviendra ! L’ivresse ne suffit pas. Il faut s’enfoncer dans le quotidien comme un colosse dans des sables mouvants.
Mémoire puis enthousiasme. Il est 22H09

Je me suis un peu retiré du monde des noctambules. J’ai passé trois jours à ne pas dormir et je griffonne avant de dormir. Ecrire me rassure. C’est comme si j’avais une stature dans le monde et une généalogie dans l’histoire. Je peux me prendre pour un écrivain.
Chercher dans l’air neuf
Aujourd’hui
Celui qui est sur le rivage n’est plus nommé
Yeux nus
Bras nus
Laisses tomber ce visage
Orage nus
La douleur me relie au monde des vivants. C’est presque amusant d’être un homme qui souffre d’une rupture et de cette rupture avoir commencé à écrire.
Il est 3H
Espace indolore, bordure des jours

Sur moi tu peux te reposer et dormir un peu avant que le jour ne t’agresse et ne te rende coupable de t’être donnée à un autre devant moi. Tu prenais cela à la légère mais quand il t’a prise et que ton regard à croiser le mien (cigarette tranquille), j’ai bien vu que tu n’aimais pas cela de t’être donner à cet amant objet. Mes yeux pour se spectacle que j’ai mis une soirée et une nuit à monter. Tout cela pour que tu te sentes coupable d’être désirable et de franchir des limites pour arriver dans un désert érotique ou plus aucun signe n’indique la direction, le repentir.
Souffle, souffle comme une bête nue. Comme tu étais belle attachée ! Je suis dans la patience de ton sommeil et le jour se lève. J’ai retardé le moment de ma jouissance et ta sueur de fleur à 25 ans valait bien le gout de ta cyprine ou le jet de pisse sur mes mains quand mous nous aimons même en mentant puisque nous étions jeune.
Mes souvenirs
Café
Je regrette ce cirque
Je perds pied
Je m’emballe

Il était si sensible que la musique qui lui procurait un de ses plus grands plaisirs saturait tous ses organes. Il arrêtait souvent son regard sur une lame rasoir. Il y avait là l’outil d’une mort sanglante qui pourrait être une performance et l’outil d’une hygiène et d’une esthétique. C’était tout un que d’apparaitre sous la forme du cadavre ou du don Juan.

J’ai laissé mon numéro de téléphone à M. Une confiance idiote parce que la passion la surplombe.

Je me sens « coupable » d’écouter autant de musique. Ce n’est pas une drogue pour moi quoique qu’il y ait une part de nécessité mais c’est une écoute quasiment religieuse, un rituel qui est la première marche d’un temple pour accéder à la fois à cet enfant qu’est le monde et à cet enfant que je suis.

Carnets 98. Beaucoup de pages sont illisibles à cause de la prise de médocs. Les termes de Lexomil ou d’autres anxiolytiques reviennent très souvent vers la fin du carnet. Après l’appétit des corps et les pleurs, le dégout qui va avec, je commençais à me rabattre sur l’oubli peut-être d’ailleurs de ces relations d’entre minuit et six heures du matin.
Le rapport entre les corps et les médicaments allait crescendo d’autant plus que je n’avais aucun mal à me les procurer.
Je ne me rappelle pas de la fin de cet été 98. Je ne me rappelle même pas de la présence de F ou de H. Ce que je n’ai peut-être pas réussi à mettre en relief à cause d’une fascination pour le plaisir, c’est que je mettais le doigt dans un engrenage qui quelques années plus tard m’avalerait le bras. C’est un peu ma « dernière station avant l’autoroute » où je pouvais gouter avec une douleur d’esthète des différents plaisirs de la nuit mais je ne me suis rendu compte que plus tard que je n’étais pas fais pour vivre la nuit, pour prendre des drogues ou même pour coucher avec des mecs. Je commençais donc un vaste mensonge qui allait durer dix ans et qui nourrirait mes écrits.


Septembre 98

Ce carnet commence par des numéros de téléphone ou des adresses mails notées sur la couverture. Oubliés toutes ses notations d’inconnus que je devais surement espérer rencontrer. Encore un fois je devais bêtement chercher une pauvre fille à qui j’aurais mentis. Enfin bon des 06, des 04, des @ etc.

La douleur s’est apaisée. Ai-je eu mal ? C’est d’orgueil que je souffre. J’ai perdus, retrouvé, baisé, reperdus Karine. Je ne m’embarrasse plus de dialogues inutiles dans mes rencontres homosexuelles. Je me demande à quoi il marche pour être aussi chaud du soir au matin, du matin au soir. Cela me va puisque je ne cherche que des corps à jeter après usages. D’ici 30 ans, je veux voir toutes les capitales d’Europe et jouir comme un pornographe !

Je suis allé porter son paquet à Aurélia. Petite vagabonde urbaine défoncé au shit. Je ne vends pas, j’apporte, je propose, je pervertis. Elle était complètement HS quand la porte s’est ouverte mais avec deux grammes de coke, on fait des miracles.

Partagez des corps ou voir des filles se caresser est devenu une passion. On devient miroir d’autrui. Portez le masque que vous voulez de l’amoureux au libertin et se mettre à table devant de futurs cadavres. J’y pense souvent. Les voir nue me fait penser à la mort ou à la vieillesse de ce corps que j’ai sous les yeux. J’avais croisé des laisser pour compte à l’hosto et le parallèle entre une fille qui se caresse et un vieillard qui s’oubli, qui contemple son cimetière m’a toujours était frappant. Pour ceux qui resteront, le futur est certains.

J’ai envie de passer à des expériences à plusieurs. Jouer les homos (en suis-je un ?) dope mon désir parce que les occasions se présentent à moi. Mon désir devient pratique et non plus fantasmagorique.




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Message  Nilo Mer 31 Aoû - 9:32

Je sais maintenant que l’amour est derrière moi comme un train parti, comme une fleur séchée dans un livre. Le chapitre du cœur est clos
Quel dur constat. Mais qui a indéniablement sa part de vérité.
Alors oui je sais, c'est un long texte, très long. Mais c'est du Marc, ne vous privez pas de le lire. Il y a là de ces fulgurances - du genre enthousiasme de funérailles - qu'il sait nous poser sous les yeux. Il y a bien sûr également des faiblesses. mais jamais de longueurs, son style ne s'y prête pas.
Un regret cependant, l'abondance de fautes...

Nilo, ne prête qu'aux riches.

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Message  marc Ven 5 Juil - 2:36

merci nilo
je ne sais pas ce qui se passe pour toi
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Message  asphalt Ven 5 Juil - 13:49

Oui c vrai et nous le savions que la voix de Nilo et sa perte serait un coup dur pour le site.
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