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carnets 25 mai-1 juin 2010

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carnets 25 mai-1 juin 2010 Empty carnets 25 mai-1 juin 2010

Message  marc Jeu 3 Mar - 3:20

Carnet 3
25 mai 2010 – 22 juillet 2010






Mardi 25 mai 2010

St Laurent, fin de matinée. Des visages grossis, fripés. J’aimerais vraiment déduire de l’imbécilité de tout ça. Une femme en djellaba rouge passe devant moi.
« Tout ce que ces yeux ont vus »
Sylvie est venue me dire bonjour alors qu’elle passait dans la rue. Elle pue l’orgueil, presque une prostitution. Elle n’écoute pas ce qu’on lui raconte.

St Hippolyte. Nous venons de rentrer. Ma curatrice ne répond pas. J’ai acheté trois livres regroupant des textes de Walter benjamin. Prise de calmants, les deux qui restaient dans mon pilulier en fait. J’ai croisé Julien et son fils. « J’essaie de garder la tête hors de l’eau » me dit-il avec un sourire. Je dois rentrer sur Perpignan en fin d’après-midi pour mon rendez-vous chez le psy.

La vie qui passe aujourd’hui a quelque chose de rassurant.
(Oui Sylvie est une pute comme Babylone.)

Une des deux places de St Hippo. Un mec picole assis sur les marches d’une maison, un autre assis devant le Vival gratte des tickets de jeux. La lenteur en moi, le calme.

Les surfaces lisses des miroirs
Et la profondeur des êtres
De passage
Des touristes reprennent leurs courses
Sous le soleil
Nous somme vivants, encore

Le studio de Julien. Claviers, consoles, écrans. L’arsenal de la technique.
« Assied toi, fais comme chez toi »
A cette heure ci, nous étions libres et heureux.

Le rêve de la patience ou la demeure des chiens, des sans conscience.
Il faut écrire un grand roman sur le Sud d’aujourd’hui, sur ces heures-ci ou la télé est agoraphobe, ou ca vit, ca baise, ca aime dans la pénombre tiède des intérieurs. Une voix, a peine s’élève au-dessus du silence.

15h. en attente du bus pour Perpignan. Je repense pour me soutenir le moral au mail que j’ai reçus d’Aude. J’aimerais tant passer la nuit avec elle.
Une voiture passe à toute vitesse.
Certain passage dans le mail me laisse espérer que nous puissions être ensemble, à nouveau. Je me trompe surement. Il faut que je fasse taire cet espoir en moi.
Une autre voiture passe, boom-boxes, rap.
Des ordures de l’autre côté de la rue s’accumulent, une dame qui empeste le parfum passe devant moi. Le vent semble se calmer.
Attente.

Arrivé chez moi depuis 1h. Après une petite somnolence plutôt qu’une véritable sieste, je confirme mon rendez-vous chez le psy et je viens de téléphoner à Aude qui devait se rendre en ville. Sa voix est douce comme l’était son corps. Elle n’est venue que une ou deux fois dans cet appartement. Il n’y a pas de retour possible.
Les jours me terrifient.

« L’éclatement, le désordre sont nos lois. »

Il me faut le léger murmure éparpillé dans le bruit et la lumière de fin de journée.

Salle d’attente du docteur M, 18.05. De la fatigue, murmures agressifs de pétasses suivies de portes de voitures lourdement claquées. Le docteur fait entrer une patiente en refermant brusquement la porte de son cabinet. Je ressens cela comme une agression, envie de lui déchirer le visage. Des voix de jeunes se font à nouveau entendre dans la rue. Le parc à côté est le soir hanté de clodos. Au bord de l’avenue qui le sépare de la place Méditerranée, se massent une population patiente de bus. La journée, des routards perdus ouvrent leurs bouches sur des dents jaunis, un sourire pour mendier.

La chaleur de fin d’après-midi. Une fille assise sur le rebord de la rue fume une cigarette attendant peut-être quelqu’un. La voix d’Aude était douce, consolante.

Un ancien dealer de st Mathieu gare sa voiture. Il trainait du côté de l’estaminet il y a une vingtaine d’années. Le visage est plus grave aujourd’hui, plus banal.

Retour à mon appartement. Le Tercian fait sa réapparition dans mon traitement. Discussion avec Marge sur MSN. Nous devrions nous voir jeudi soir normalement.

La soirée seul donc. J’ai téléphoné à Aude. C’est la première fois que je ne suis pas dans une démarche de séduction et d’ailleurs lorsque mon enthousiasme est monté d’un cran, j’ai préféré écourté la conversation pour aller me caresser en pensant à elle, à son corps.

Le Tercian m’englue un peu, je sauve une dernière cigarette dans le cendrier avant de dormir.


Mercredi 26 mai 2010

Je me ressens à nouveau comme libre de consumer cette liberté pour arriver à cette vacuité qui m’a terrifié ce week-end. Il y a une fête dans un bar de l’autre côté de la rue. Ils braillent. Quelques minutes avant minuit.

Réveil aux alentours de 3.30. Le plaisir à la différence des autres jours est mitigé, étouffé. Je ressens presque de la peur. Posté un poème sur Macadam.

Faire quelque chose contre la tiédeur de mon esprit au réveil. Je ne m’explique pas la peur, l’envie de me recroqueviller comme un enfant. Il y a quelque chose qui gagne en moi depuis la semaine dernière. Une mélancolie sans passé. En quelques jours il lui a poussé une belle rangée de dents. Je regarde la nuit par la fenêtre.
Après un coup de fil aux urgences qui n’aboutit à rien, les larmes. Je me recouche.

A l’arrêt de bus, une fille en pantalon blanc, poitrine opulente. Une tristesse en moi.

St Hippolyte
En allant chercher des clopes, j’ai croisé Sylvie et son sourire babylonien. Son mec, un esclave en loque était détesté dans le village, il ma taxait souvent des clopes lorsque j’étais à la place. Je me rappelle, là, que Bubu quelque temps avant sa mort avait baisé Sylvie. Il ne reste rien du corps de Bubu. Sylvie n’était pas à la crémation. J’avais voulu moi aussi la baiser il y a longtemps. Elle avait dit non presque en souriant.
Après l’écoute de tango de Piazzolla, le Jazz décalé étrange parfois de Monk.
Le sourire de Sylvie comme une paire de jambes écartées alliées à la bêtise. Elle n’a que l’intelligence des sourires qu’elle phagocyte.



Je me suis reposé une heure environ. Discussion avec Patrice et Marge sur MSN. Je me suis installé dans la pièce intermédiaire que j’ai envie de transformer en bureau. J’y ai installé une platine CD avec deux petites enceintes. Il y avait déjà une vielle télé que je n’allume jamais.
Des photos d’Eric, un ancien copain qui sortait avec une jeune danseuse débordant de gestes autant que de mots , une autre d’un type avec qui j’avais couché, mort sans doute.
Autour de ces photos, les années 90, mon appartement à côté de la place république. J’avais écris de manière assez furieuse un carnet datant de 2000, année charnière avant de plonger dans les médicaments. J’ai l’impression de rôder dans un cimetière en écrivant cela.

Un besoin d’obscurité. Bien que j’aie lutté contre ma paranoïa, elle triomphe et réclame sa ration de ténèbres.

En allant voir Julien, je suis tombé sur Antonio. Je lui ai offert une Winston, il m’a offert une gauloise. Nous sommes allés jusqu’au cimetière, des époques, des continents, des vies posées là, englouties. Une leçon silencieuse et toujours aussi incompréhensible, la perceptive des graviers blancs et de l’allée de cyprès toujours aussi accueillante.

Fin de journée à st Hippo. J’ai pris quelques calmants et malgré cela, j’ai du mal à dormir. Je m’installe dans le fauteuil de la pièce intermédiaire. Lu quelques pages des carnets de Matzneff en écoutant des pièces de piano de Debussy, un compositeur que je trouvais « anorexique » il y a une quinzaine d’années a force de me gaver des puissants concertos de Brahms et de Rachmaninoff. Je repense à acheter quelques CD de cette veines dont la « musica callada » de Mompou. Ecoute des suites Bergamasques et des estampes.


Jeudi 27 mai 2010

Assis sur des marches au soleil. Une nuit très difficile a cause de ce sentiment de vide et d’angoisses. J’ai donc erré en quelques sortes dans la maison et finis par prendre deux Lexomils pour me recoucher.
Mes réveils en pleine nuit était longtemps heureux, enthousiaste mais depuis le clash du week-end dernier, cela vire à un cauchemar éveillé. C’est l’orage qui m’a réveillé cette nuit et bêtement, j’ai voulu rester éveillé.
Ce matin en buvant un café, écoute de transcriptions de chorals de Bach.

Une belle fille traverse la place du village.
Marge m’a dit qu’elle serait libre dés le début d’après-midi.

Un des schizos du village passe, il traine toujours a ces heures là. Il stoppe, se gratte la tête, fait demi-tour.
Il prévoit 26 degré pour aujourd’hui.
Le village bientôt dans l’été.

Après tout les médocs pris hier soir et cette nuit, j’émerge difficilement. Maintenant assis sur la place du village. Je pense recevoir ma carte bancaire aujourd’hui en rentrant sur Perpignan.

Je dois passer par la place vers 13.30 pour chercher un peu de H. Marge passe à 14h et nous filons au Barcarès. Un bel après-midi en perceptive pourtant malgré tout je suis maussade. Je falsifie le tom de ma voix auprès de mes parents pour ne pas les inquiéter.

L’orage cette nuit a rafraichit l’atmosphère.



Vendredi 28 mai 2010

Marge dort encore, sommeille nue sous les draps. L’après-midi d’hier au Barcarès où nous avons trainé sur la plage principale. Nos postures sur le sable prenaient un accent amoureux. Le Tercian pris à midi m’engluait un peu et il me tardait de rentrer à l’appart.
Nous avons fait l’amour puis la nuit.

St Hippo, place du village. Le mec à Sylvie vient me demander une clope que je lui refuse. Il a parlé un peu puis est repartit.
Un deal s’est fait il y a quelques minutes. Le type est descendu de la voiture en regardant aux alentours puis s’est éclipsé. Les habituées attendent devant la superette.
A nouveau la pluie cette nuit, il fait bon.

Un des autres schizo du village est déjà assis sur son banc habituel. Il a le visage plus grave que d’habitude. Le type sortit de la voiture s’installe a son tour devant la superette.

Mon père se prépare pour sa première opération de la cataracte cette après-midi. Il devrait sortir en fin de journée.
Une après-midi à me défoncer, submergé par la vie ? Ma vie ? J’ai pris quelques calmants et je me suis monté une fiole de Ricard.
J’émerge une ou deux heures après avoir plongé. Quand je me suis endormi, le temps était gris, il flottait une lumière malveillante. J’ai ouverts les volets du côté chambre, un peu aussi la fenêtre dans la pièce intermédiaire. On croirait une de ces journées d’été un peu fraîche. Il n’y a pas vraiment de bruit.
« Et tu te réveilles dans le calme »

La place, 16.30. Les deux schizo se font face, je retombais dans le silence, dans une posture de quelqu’un ou de quelque chose de silencieux.
J’imaginais qu’il y avait de la haine envers moi, en tout cas moi j’en nourrissais pour eux, eux, peu importe qui que j’espère et qui ne réponds pas. J’avais la tête dans une Californie imaginaire, j’étais bien réveillé, j’attendais un copain, un ami ou une victime.
Personne n’est venu, n’est passé sur la place. Je trainais comme un extravagant en période de solitude.

L’après-midi se termine, je m’accrochais au sourire de mon père. Ma mère qui avait su me tenir ici se rognait les sangs devant la télé pensant surement « manger, se remplir, manger. »
Je tremblais comme d’autres ont la migraine. Ici chez mes parents je ne pouvais rester une journée sans prendre de calmants. Il me fallait une dose régulière d’insouciance pour me situer, poser mon esprit entre l’enthousiasme et la colère.
Pourquoi est-ce que Mage couchait elle avec moi ?
Je n’ai réussis à maintenir mon esprit a flot quelques heures, je replonge.



Samedi 29 mai 2010

Un sursaut hier soir. Je suis finalement sorti de l’obscurité pour aller marcher, titubant un peu. Même si l’envie n’y était pas vraiment, l’air frais m’a fait du bien.

Levé à 4h. J’ai dormis 6h. Je n’ai même pas eu besoin de café. Mon père va ce matin changer son pansement. Je ne vais pas tarder à aller chercher le pain et le journal. Je passe plus de temps sur Macadam à laisser quelques commentaires sur les textes posté par d’autres. J’essaie de consacrer une heure par jour à mes carnets. Finale de Rugby ce soir, je ne pense pas rentrer en ville, ca sent l’émeute.

Une autre fêlée devant la boulangerie. Elle attend que ça ouvre en balançant légèrement son corps d’avant en arrière. Un visage assez hideux. Un type passe et en rejoint un autre dans le petit matin. J’ai fais les vendanges avec lui il y a quelques années, pas grand-chose à en dire. Dans ce petit matin enthousiaste « l’aube est rose ».

Mon enthousiasme pourrait invectiver tous ces gens, réduire, falsifier. Je regarde encore un moment ce petit monde. Aude doit surement dormir à cette heure ci.

Attente de l’ouverture du bureau de tabac. Le nouveau marché qui s’est installé désormais tout les samedis matins diminuait un peu plus chaque semaine. J’ai marché dans le village, d’une place à l’autre. Ma paranoïa se calmait un peu dans la proximité du monde.

Urgence psy de l’hôpital de Perpignan. J’essai de me calmer. Dés que j’ai franchis l’enceinte, une amertume, une souffrance faite de vieux souvenirs qui remontent. Ne pas trop penser, poser quelques mots sur le papier. Un vieil homme avec un bandage a l’œil somnole devant moi. Il semble souffrir et s’agacer. On me parle un peu trop vite d’hospitalisation.
J’aimais le trajet jusqu’en ville par une belle journée comme celle-ci. Le ciel est dégagé, le soleil éclatant.

Je me suis installé de l’autre côté de la salle d’attente. Cet endroit me fait peur.
« Ils chuchotaient dans les corridors. »
Les choses, simplement la narration des choses. Rangée de sièges bleus, petite table pour les enfants. Deux poufs jaunes et rouges, des panneaux d’affichages de différentes tailles.


Dimanche 30 mai 2010

Décès de l’abbé P cette nuit.

Ces jours dernier me demandent beaucoup d’effort pour lutter, contrecarrer les angoisses, voire la peur. Un sentiment de vide.

J’ai dormis d’un trait mais assez peu finalement. J’espère pouvoir acheter du h cette semaine, 20 euros serait une bonne quantité.

Le corps de l’abbé sera exposé à l’église demain et il sera enterré dans son village natal mardi.

Mon père a perdu un ami aujourd’hui. Ils travaillaient ensemble la semaine. Il a les yeux rouges mais ne pleure pas. Une force de résignation comme toujours chez lui. J’ai baissé la tête, je me suis caché le visage derrière la visière de ma casquette.
En remontant dans ma chambre, mes défaites continuaient. J’essaie d’abattre le souvenir, l’autorité aux travers de mon âme. Aude me regarde encore, différemment, avec le cœur. Est-ce que je leur suis indifférent ou montent-ils une haine contre moi ?

Une après-midi très difficile, un soir gris qui tombe et ma douleur présente enfin des failles.
Le regard triste de mon père.


Lundi 31 mai 2010

Le whisky, les calmants m’ont fait dormir tôt hier soir mais seuls les anxiolytiques ont vraiment calmé mon sentiment de paranoïa.
L’envie de me replonger dans l’écoute d’albums des Doors et d’Hendrix.

Le réveil organique a sonné à 1.30.
Le moral est assez bon, une envie de faire aussi. J’ai posté un texte sur Macadam, lu quelques pages de la biographie de Schilling et continuer à taper mon premier carnet 2010.

Aude me disait que je ne ferais pas de vieux os et Marge me le dit aussi.
Mon deuxième réveil vers 9h, un réveil bien plus effrayant au contact du jour. Peut-être faut-il laisser toute ma personne et mon histoire s’effrayer ? Comme si cela était un accomplissement.

Après avoir subi le bruit des colères d’en bas, je décide de rentrer chez moi.
A l’arrêt de bus donc avec le minimum d’affaires dans mon sac a dos. Le temps vire au gris. Quelques précieux anxiolytiques dans ma poche. Sur les quatre schizo du village, il y en avait trois sur cette place, un vient de partir en jetant un œil anxieux à mon carnet. L’autre, bedonnant parfois débordant de terreur quitte a son tour l’endroit.

Le vent est terriblement violent, les gens dehors n’ont pas besoin de penser à leurs crasses personnelles. La lumière, le ciel toujours gris.
Il se pourrait qu’un type se mette à hurler contre le vent, son cri serait emporté, dispersé a son tour.
Le vent maudit les fumeurs.




Mardi 1 juin 2010

En me levant à ces heures-ci, je suis souvent angoissé, pris d’un vertige. Le vent s’est calmé. Le mois de juin commence, lieu mythique, préface de l’été ; moi qui ne goute que les commencements. Etrangement le fait de n’avoir aucun désir particulier cette nuit aurait pu me crisper, transformé mon humeur en tourbillon.
Je me passe de l’eau sur le visage, bu deux cafés. Dans l’antichambre de l’aube maintenant.

J’ai retrouvé Mohamed sur un site de rencontre gay. Il avait 22 ans l’été 98. Il reste toujours attirant mais sur les photos, sur une notamment il apparait bouffi. Est-ce après une cuite, une nuit blanche ? Un type plus âgé est en arrière plan et sourit. La fraicheur du jeune homme semble éteinte et peut-être son insolence. D’après ce que me disait Natacha il prenait beaucoup de coke au début des années 2001. Je me demande aussi ce qu’elle est devenue ainsi que le couple séropositif que nous fréquentions lorsque nous étions ensemble.
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carnets 25 mai-1 juin 2010 Empty Re: carnets 25 mai-1 juin 2010

Message  Nilo Jeu 3 Mar - 10:49

Que j'aime ces notes, ces instantanés (instants tannés) déliés, ces phrases courtes qui pinguent ponguent du Yin au Yang et s'immolent dans la densité.
Pas d'ennui là-dedans, malgré celui que tu nous décris.

Nilo, Marcophyle.

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