J'ai créé un monde

J'ai créé un monde
là, sur le tissu blanc des arbres électroniques

J'ai fait des murs sans fenêtres
et les fenêtres se sont ouvertes
J'ai fait des lampes sans ampoules
et les ampoules se sont mises à briller
Je n'ai rien dessiné sur les murs
et les murs se sont animés de peintures
Je n'avais pas imaginé de femme
et une femme dormait sur la terre
J'ai dressé des bibliothèques vides
et les livres se sont effeuillés

Je n'avais pas pensé l'histoire
et l'histoire m'a offert ses bras et ses yeux
Il n'y avait pas de vent
et le vent a ébruité le mouvement de l'histoire

J'ai fait des bouches sans cris, des visages sans douleur
et les bouches se sont mises à crier
et les visages se tordaient de douleur

Alors j'ai inventé la joie et le cœur
et la joie et le cœur se sont mis à battre des mains

Les enfants n'étaient pas des enfants
et les enfants sont devenus des enfants
J'ai fait des montagnes sans sommet, sans neige, sans bêtes
et les sommets sont apparus enneigés immortels
marqués de l'empreinte des bêtes

Alors j'ai soufflé de l'invisible
et l'invisible s'est empli de nature et de réalité

Je t'ai créé un monde
poésie
et les mots se déballent
comme des molécules primaires

La vie, le poète la crée par ses mots, c'est certain !
J'aime le monde que la poésie me donne à voir, à ressentir, à vivre...et ce poème aussi.

J’ai apprécié cette lecture entêtante, envoutante, enivrante. Le rythme ! Bien
J’en connais d’autres des mots qui se déballent
comme des molécules primaires, en ce moment.
On sera content de les Revoir prendre forme, et place comme au Premier Jour.

Dam, mots débineurs !

Une autre plume dans ta plume, un autre rythme et un autre souffle. J'ai aimé ce texte et j'ai compris le 'deus ex machina' dont tu nous parles, despote et faiseur de vie.

Avec ce petit bémol quand même sur certaines répétitions qui induisent quelques lourdeurs.

Z.