Journal de Zette, le joker de la peur

Salut à toi copain d’haleine franche

Depuis une semaine que je suis rentrée dans cette classe de 5ème AC, j’ai touché le plafond et ses petits cochons pendus. La prof de français, le prof de maths et celle de dessin, font tomber sur nos têtes de pioches les œufs de la poule en peau de rire.
Bien sûr que je n’ai pas envie de décrocher mes timbales de fer (ben oui, je porte depuis août un appareil dentaire comme mémé et pour le bien de ma bouche) quand je les vois j’ai plutôt envie de fendre l’air et de m’envoler sur le dos des écureuils. C’est quand je les entends que je me bouche les canaux.
Y’en a un qui te dit un truc, l’autre son contraire, et le dernier brame ( j’adore ce verbe au fond de moi…) que l’on est la classe la plus, la moins…qu’il aurait mieux fait de sombrer au large du cap de Bonne Espérance quand il a accepté de nous prendre en dernier recours parce qu’il n’y avait plus rien d’autre à faire et que personne n’en voulait. Je vois bien dans ses petits yeux en serrure d’acier ce qu’il pense de nous « raclures de sous-sol, restes hybrides de familles décomposées, cas sauce aigre-douce, trisomiques non détectés au rayon laser » toutes ces douceurs du corps en saignant sur les fibres de nos envers.
C’est pour ça que je reste près du radiateur, tu vois ? Le radiateur à gauche près de la fenêtre
- Zette tu veux fermer la fenêtre s’il-te-plaît ? On se gèle !
- Mais m’sieur on transpire à cause du sport
- Zette tu entends ce que je te dis ?
- Mais m’sieur
- Ferme cette fenêtre !
- Je risque pas de m’envoler…
Rires dans le rang devant. Je sors, condamnée au rapport à la prof principale. Avec en sus un double chez le principal qui ne rigole qu’avec ses morts…quand il les rencontre.
Que veux-tu que cela me fasse mangeur de soupe ministérielle ? Ton rapport sur gros carreaux ou courriel fou ? Que veux-tu ? Ce sont des pattes de miouches, des crottes de fourmi énervée. Je sais bien qu’il finira dans le dossier suspendu chez Mr Rognon. Quelqu’un le lira entre deux pets. Et prout aux oubliettes.
Bref.
Je suis dans le couloir bleu.
Entre deux portes.
Je peux entendre la voix éraillée du prof de géo qui grince sur les départements. Plus loin celle veloutée de la prof de musique qui vient d’abandonner la flûte sur circulaire.
On se marre mon vieux, on se marre en rêvant d’anacousie de l’âme.
Mon cul par terre qu’un jour je décollerai de cet univers en conserve.
Avec l’ouvre-boîte.
Et le joker sur ma peur de leur ressembler.
Mon cul par terre, mais la tête toujours dans le nappage des nuages.

Oh putain ! Zette est déjà en 5ème, Si ça s'trouve un jour elle finira docteur ou désagrégée. Ca nous rajeunit pas. Enfin, surtout vous pasque elle et moi on s'en fout, on s'ra toujours des gamins insolents.
Alors que vous, vous allez en chier de plus en plus.
En tout cas j'me suis bien amusé avec cette histoire de radiateur du fond à gauche...

Dédé.

Ah oui, elle est fraiche cette page de journal de rentrée.
Et le léger courant d'air qui vient de cette fenêtre ouverte au fond à gauche fait le plus grand bien à ces lecteurs que nous sommes, avec nos souvenirs personnels et éventuelleme,t nos souvenirs de parents d'élèves. Avec cette arrogance inutile de certains profs qui la ramènent un peu trop à défaut de ramener les gamins sur les chemins du savoir.
Zette nous dit ça très bien, et c'est pour ça que je l'aime. En plus ça rejoint un peu quand même la dernière interview de Dédé... Comme quoi les gamins insolents ont des convergences de vécu si ce n'est de vie.

Nilo, sans peur et sans joker.

Ben ça promet pour cette année...! Pour sûr Zette va pas se laisser enquiquiner bien longtemps... ^^