Marche ou rêve.

Je rêve d’un ailleurs, et j’en rêve si fort,
Les mots pour le chanter hantent à ce point mon corps
Qu’ici, je ne vis plus ; qu’ici, je me repose.
Je n’ai plus que l’amour pour donner à ma prose
Le souffle suffisant, l’envergure, l’espace !
Les maîtres-mots, jeunes et vieux, je les embrasse.

Il faut se faire grand, lorsque l’on naît primate.
Le crâne mal fichu, vacillant sur deux pattes
Et cette peur innée de ce qui nous entoure ;
Il faut rêver ; rêver ! Tous ces chemins trop courts
Ne mènent qu’à vieillir... La raison ! Le profit !
Je veux choisir d’aller au-delà de la vie.

Un jour, quand l’horizon blêmit de taches froides,
Quand les vieux idéaux ont périt en croisade
Et que les survivants, fatigués, se pardonnent,
On se donne le temps ; les douleurs se cramponnent
Aux parois de nos nuits, comme des parasites.
Il n’est plus temps, déjà ; les mânes nous habitent.

Sagesse ! Tu n’es rien qu’une façon étrange
Que trouve le valet, l’homme faible, l’archange,
D’accepter le tourment qu’est sa disparition
Dans la voracité crâne des conditions.
Humains, sous conditions ! Poètes en sursis !
Bazardés, balancés comme du pain rassis !

Rêver, rêver d’ailleurs ; crever de ses chimères,
Grignoter dans la main de la nuit la lumière,
Se convaincre d’un coup ! d’un seul coup ! de l’ailleurs.
Y croire ; se glisser dans un bain de couleurs
Et se noyer, perdu, forme parmi les formes...
Mon rêve vous attend ; venez, que l’on s’endorme.

Enfants et vieux enfants, la poésie vous berce,
Et par elle, prenez le chemin de traverse ;
N’écrivez plus : vivez ! Les mots sont un refuge,
Un vrai, une maison, où les cris du déluge
Ne vous atteignent pas... Miracle de sourdine,
Cathédrale feutrée des âmes enfantines ;

Aujourd’hui, c’est mon jour ; c’est la marche du rêve.
Comme des fantassins, les utopies se lèvent
Et marchent sur le monde en chantant “Liberté” !
Une voix ! Un élan sauvage de fierté !
Dans le spectacle mou de ce monde trop fade,
Je lance mon soleil contre les barricades.


Z non-daté.

Il est de ces poèmes Z ou tu sembles avoir 1000 ans.....malgré justement ce que tu revendiques, c'est une leçon de vie, la vraie !
Toujours bravo... (j'ai mal aux mains!!)

Le dernier cri se doit d'être le plus fort, ici c'est gagné " lancer son soleil contre les barricades ". Espoir et force de vie.

Quel souffle ! Il porte tous les rêves de tous les ailleurs. Je m'embarque et souque ferme.
Mes line

Tu nous prends, nous malmènes, nous entraînes et finalement c'est bien nous que tu jettes contre les barricades.

Rêver, rêver d’ailleurs ; crever de ses chimères,
Grignoter dans la main de la nuit la lumière,
Se convaincre d’un coup ! d’un seul coup ! de l’ailleurs.
Y croire ; se glisser dans un bain de couleurs
Et se noyer, perdu, forme parmi les formes...
Mon rêve vous attend ; venez, que l’on s’endorme.

Je ne pouvais qu'être touché par ceci.

Nilo, éleveur de chimères.

pas 1000 ans, Lalou, pas 100 ans, même pas 20 !!!
si jeune et quel talent !
j'en suis à chaque fois abasourdémerveillée ...

"Je n’ai plus que l’amour pour donner à ma prose
Le souffle suffisant, l’envergure, l’espace !"
continue d'aimer alors ...
Yzaé, intéressée ...

Merci de vos réactions. C'est un combat qui prend au corps. Je suis encore trop jeune pour savoir qu'il est vain, et la naïveté est encore la plus grande force !

T'en fais pas pour ça, Yzaé

Z, amoureux de toujours.

J'adore ta réponse à Yzaé

Je pense que tu marches sur le bon endroit et que tu sais rêver les images offertes !

Du très beau ... un bel instant de poésie

Merci

Sylvie

C'est vrai qu'il est grand ce texte. Tu me connais, venant de moi, ce n'est pas peu dire.
Un de ces jours, je vais confondre tes textes avec ceux des frères Schlegel, ou de Novalis .

Le mur a ses bijoux que le hasard ignore.

Rêve et marche!

pfiou, quelle envolée, j'ai les orteils qui s'entortillent et des frissons partout.

Trop jeune ? Trop naïf ? Mais garde-la cette naïveté, et continue à en nourrir les autres.
Qu'est-ce que ça vibre, qu'est-ce que ça vit !! Et qu'est-ce que ça résonne surtout... c'est pas possible, tu as quelque chose d'un dompteur de fauves quand tu fais mettre les mots en rang comme ça, l'air de rien.
C'est superbe.

Quel bonheur de lire ça !

Dam, ... et ne te retourne pas.

Je suis revenue à ce texte car vraiment il est tellement parlant pour ceux qui s'accrochent à leur poésie.

Mais en le relisant j'ai juste vu une petite erreur de frappe:

"vieux idéaux ont périt" ....le T de péri

Tu as vraiment beaucoup de talent et je ne peux que souhaiter te lire encore en 2011...2012...etc.

Bonnes fêtes de fin d'année et merci de ta présence.

Sylvie

J'ai fait le vœu de mettre mon aumône dans la sébile de tous les mendiants que je trouverai sous toutes les portes cochères qui mènent au Petit Etablissement de Crédit que je viens d'ouvrir au profit de ceux qu'en ont pas besoin. En particulier à la Sixième liste que j'vous ai filée.
Juste histoire de pas avoir bossé pour rien à les chercher pasque si j'compte que sur vous j'crains qu'y en ait qu'entendent pas le son de votre obole tombant dans leur coupelle.
Charité bien ordonnée...

Dédé.

je pense que c'est un très bon texte, par sa musicalité et son respect des règles poètiques... j'avoue ne pas avoir tout saisi du message qu'il veut transmettre, mais peu importe, ça vient de moi, faudrait sans doute que je m'y imprègne d'avantage.

Au jolie poème qui donne des réalités frappantes sur notre monde et la différence qu'il y a avec l'imaginaire et ceux qui en prennent et en créent.

Joli rêve !

Rythme souvent sec, cassant. Etonnant.