Comme un DeepKiss de série B

Les oiseaux déglutirent mes poèmes
comme un DeepKiss de série B
fouettant la brèche des mots-mygales
alors que la voix d'Eddy Mitchell chantait
Tu peux préparer le café noir

J'écrivais des bouquets de trottoir
des trucs qui schlinguent l'amour qu'est mort
des verbes chuintés comme un vent sale
la gueule baignée dans le Formose

J'écrivais la mémoire des baise-sans-jouir
le froque trempé dans la basse-fosse
quand la lecture de Jacques Prévert
faisait gémir les filles du nord

A l'occasion de se faire la belle aux bois d'orme
je m'endormais sur mon registre
plein d'entremises et d'ancres à lever
comme un héron du Tricastin
de l'étincelle à l'extinction

Je nu créais des folles alliées
sur le fauteuil des cônes roulants
c'était le réveil du monde entier
sans que les cons n'aient eu le temps
de m'entuber les fondations

Poussez fort madame ! Poussez fort monsieur !
y a pas urgence mais la cigüe
ça se boit cul-sec entre les cuisses
quand le vilebrequin de la Matrone
me fait écrire des puissances dix

En haillons sur le boulevard des hors-paliers
j'écrivais la merde comme si c'était de l'or
dans ce décor de feuilles de paye
(bien plus belles que les feuilles des arbres)
où j'entendais le jazz me dire : t'en pince pour elle

Dans la trompette des hommes de guingois
y a toute l'histoire d'un peuple qui meurt

Et quand soudain, je pense à elle
je vire mes poèmes et mes sangsues dessous
je me fous à poil pile dans le rétro
et cale mes mots sous l'armoire des solitudes
en me disant : tant pis pour moi

Mais où est ce que j'ai planqué mes Eddie Mitchell que je me les passe sur un vieux pick up du genre aiguille qui gratte pour te lire dans le mood ad hoc ...

Trop fort celui-là ! Ça déménage, ça surprend, ça emporte ... du rock, du blues, du Léo Ferré et de la littérature tout ensemble !

Putain, c'est de la bonne !

Nilo, je ne rentre pas ce soir.

En voilà encore un qui décoiffe et là je pourrais dire

" toujours un coin qui me rappelle..." (EM)

"J'écrivais des bouquets de trottoir" ou "de la merde comme si c'était de l'or" mais là c'est pas d'la merde, ici y'a du rock du jazz et du punk. Très bonne lecture pour moi.

"bye bye, rendez-vous à jamais"

top! Tout un univers sombre qui vomit de la musique et de l'aigreur, de l'art unique, du style, de la rébellion, du triste, du beau...

"...tes nuits blanches et même ton mouchoir"

Il te va bien celui la !

Ca claque tous les 4 temps et ça suinte le Whisky, du bonheur crade !

Merci à tous !

(ouais je sais ça se fait pas, mais comme je viens plus très souvent...)

Et Marquise, tu as tellement raison que ça me fait froid dans le dos. Merci pour tes lectures attentives.