Journal de Zette, entre « chiens et chats » ,

Cher goupillon du soir,
La grenouille de bénitier qui nous sert de voisine à conscience dit que les « chiens ne font pas des chats ».
Je ne vois pas le rapport.
Comme si on était des chats !
Celle-là, elle ferait mieux de se faire sauter par le père Gélule, le veuf du quatrième.
J’ai beau chercher , j’ai jamais vu de chats enfiler des chiens dans la zone « à Jonasz » ni ailleurs.
C’est stupide comme réflexion.
Si c’est ça devenir adultérin je préfère coincer la vie à neuf ans.
Pour finir avec la « vieille » plutôt chameau que chat, il paraît que c’est génétique les grandes dents.
J’ai peur.
C’est dimanche et je dois aller à la messe obligatoire que c’est obligé sinon l’enfer m’attend et le diable est prêt à me rôtir les fesses avec son tourne broche à pécheurs.
Comme je suis d’un naturel trouillard je file. Maman marche droit devant avant son rendez-vous avec le nouveau « papa » mensuel.
Je te raconterai plus tard.
J’ai mis mes belles chaussettes blanches, dans mes petits souliers vernis noirs. Je suis bien coiffée en « anglaises » que Jeannot, avant, il se moquait de mes boucles et les appelaient « tire-mouchons » .
Pour une fois j’assure.
Nous entrons dans l’église religieuse, toute dorée sur les contours, les statues, les ex-voto, les fleurs, les bougies.
Sapin de Noël.
Vite, je m’assieds.
Au loin le bonhomme chante en latin « semper, semper » méable sans doute. Il cherche quelque chose au ciel. Tu parles que l’autre va le lui rendre son pardessus !
L’autre, je lui parle tout le temps et il me répond jamais. Tu vas pas me dire qu’il m’entend pas non ?
Il fait la gueule parce qu’on se tripote avec Gégé dans la cave ? Tu crois ?
Fallait bien que ça arrive un jour ou l’autre de se baisser la culotte. Je ne vois pas en quoi c’est sale.
Si l’autre est susceptible faudra qu’il s’habitue. Je veux bien l’épouser plus tard quand j’aurai dix, quinze ans, mais pas avant.
Maman dit que ça fait bien d’avoir une religieuse dans la famille. Je me tâte. J’ai peur quand même de m’ennuyer dans les couloirs des monastères et des cloîtres, il paraît qu’on peut même pas parler et qu’il n’y a pas de garçons !
Oulala la vie qui se « propose » !
Je peux pas aller croquer l’hostie parce que j’ai commis plein de choses mortelles cette semaine :
Caché les lunettes du vieux, arrosé le linge de Mme Clou avec l’eau de vaisselle.
J’explique : nous sommes pas riches avec maman et les « papas mensuels » non plus, z’ont tous quelque chose en moins ceux-là, qui un œil, qui un bras, qui un neurone. Des occazes de l’amour qu’elle dit.
Tu parles d’ « occazes » même Paulo le ferrailleur l’en voudrait pas !
Bref, on économise l’eau. Je fais la vaisselle à la main, dans la bassine jaune spéciale vaisselle, la rouge c’est lavage hebdomadaire intégrale avec cheveux ; ensuite je jette l’eau sur les plantes.
Sauf que, quand j’en ai marre, je jette par la fenêtre sur la cour. Juste sur la lessive de Mme Clou.
Je ne sais pas comment elle fait pour deviner que c’est moi, mais résultat elle monte et raconte tout à maman. Je te passe le déluge verbal et les claques.
Ben quoi, l’eau c’est bon pour le linge non ?
Comment veux-tu qu’on s’en sorte quand tout le monde dit le contraire de tout le monde qui a dit ?
Bon, le linge c’est fait.
Ah oui, j’ai aussi signé mon carnet de notes à la place de maman, pour lui éviter l’humiliation de voir sa fille « la croix sur la terre comme au ciel » encore dernière ce trimestre .
Je trouve que c’est généreux de ma part, mais faut croire que non. La dérouillée que j’ai prise ! Tous les voisins suivaient l’affaire en direct. Et pis avec commentaires : « Allez-y Madame Lulu ces enfants sont de la mauvaise graine, il faut leur montrer qui est le maître, les dresser, sales gosses, elle finira pendue ! ».
Pendue ?
Y’a un bonhomme à la radio qui chante les « braves gens n’aiment pas que ».
Fin des signatures.
C’est vrai mon père, j’ai aussi arrosé le salon de la voisine du rez-de chaussée au bout de la ruelle avec ma copine Moumoune, on a bien rigolé. On a pris nos seaux, on les a remplis à la fontaine et voilà, nettoyage gratis du plancher vernis.
Sauf que, quelqu’un a dû nous voir, mais la voisine n’a pas cafté à maman. Peut-être qu’un spectacle hebdomadaire de fessée publique ça suffit ?
Résultat je n’ai plus le droit de jouer avec Moumoune.
Y’a un autre bonhomme à la radio qui chante « la solitude ». T’imagines pas le nombre de gens qui chantent quelque chose de nos aventures !
Pile poil en plus, pas un mot qui dépasse.
Voilà pour cette semaine. Je vois l’hostie glisser dans les bouches à bonbecs de tous les voisins, rien dans la mienne, je suis privée de friandises jusqu’à nouvel ordre.
Tu sais quoi ? Tout le monde fuit l’enfer, et moi je suis la seule qui l’aie trouvé !

J'aime cette plume insolente, qui gambade, se fout des clichés et nous propose toujours du neuf... Je la lis avec constance et m'en lèche les babines à chaque fois !

A te lire.

Z, A lucky day in Hell.

Ah que j'aime cette impertinence de Zette.
Et dit comme ça je crois que c'est la seule dont je puisse supporter les blasphèmes. C'est tout dire.
Enfin, peut-être que Dédé t'expliquera Zette.
En attendant je te remercie de me distraire et t'embrasse.

Nilo, embouteilleur de vin de messe.

dire qu'il faut que je sois malade pour pouvoir venir lire ça! Je crois que je vais vite guérir avec ce médicament.

Oui Zette, le monde est complètement Stone .. et tu parais si pure au milieu de bourbier !

Elle a tout pour plaire cette gamine la.

Sans rire, la moitié de ce que raconte Zette est vraie ( vi, surtout la fessée publique devant la cave à charbon ) encore mal aux fesses aujourd'hui...
Si ça peut guérir, tant mieux !
PS à Lalou j'ai gardé l'illustration de Zette !

je crois que j'ai tout lu ...
vivement qu'elle écrive une autre page de son journal, la petite Zette !
Yzaé

Houla ! Plus d'un an déjà que cette page du Journal de Zette n'avait pas été lue.
Heureusement que son pote Dédé la remet en kiosque à l'occasion de son Printemps de la Prose.
Profitez-en, c'est de la bonne.

Nilo, chien de faïence.

Ca oui alors, c'est la bonne! ^^
Tout a déjà été dit, alors je rajouterai rien... Si ce n'est, faut que je voie si y'en a d'autres....

Sasvata, après la messe

J'ai fait le vœu de mettre mon aumône dans la sébile de tous les mendiants que je trouverai sous toutes les portes cochères qui mènent au Petit Etablissement de Crédit que je viens d'ouvrir au profit de ceux qu'en ont pas besoin. En particulier à la Seizième liste que j'vous ai filée.
Juste histoire de pas avoir bossé pour rien à les chercher pasque si j'compte que sur vous j'crains qu'y en ait qu'entendent pas le son de votre obole tombant dans leur coupelle.
Charité bien ordonnée...

Dédé.

je suis venu, j'ai vu et j'ai lu....Moi c'etait pas zette c'etait Jo...Tout à fait le même parcours

des sales momes dela rue parisienne, tu m'as fait passer un bon moment et vivre en play back un peu de nostalgie

l'iconoclaste