Ite missa est. (Chronicle)

Ite missa est. (Chronicle)


Dédé: Salut les gonzesses. C'est Dédé.

Dédé: Ite missa est.

Dédé: Rassurez-vous j'vais pas vous dire la messe. Quoi que. En fait j'en sors. Ben oui, comme tous les dimanches. Pas vous ? Ca m'étonne pas, vous hésitez entre l'agnosticisme (c'est un mot que papy m'a appris récemment alors qu'on buvait un coup de Saint Amour dans un bistro en face de la cathédrale de Chartres) et le mécréantisme. Enfin, j'en sors, pas tout à fait parce que pour vous dire la vérité je suis passé au bistro après la messe. Comme tous les dimanches. L'apéro pour moi c'est sacré. Faut dire que le vin de messe c'est pas du Margaux alors faut que j'aille me rincer la bouche pour pas dire des conneries avec le sang du Christ entre les dents. Ca serait pas bon pour ma vie éternelle. Donc le bistro c'est un passage obligé après la messe. Putain vous imaginez pas le monde (pas vraiment des croyants, sauf ceux qui croient qu'y vont gagner au quinté+) qu'il y a au bistro après la messe. C'est vrai vous allez ni à la messe ni au bistro, un peu comme les gonzesses et les mecs de gauche bien-pensant qui les évitent soigneusement les bistrots en rentrant du marché (faut pas compter sur eux pour aller à la messe). Jamais. Vous pourriez faire des efforts quand même. Au moins pour le bistro, parce que vous pouvez pas dire qu'il y en a pas à tous les coins de rue. C'est vrai quoi, des églises encore y en a pas trop, enfin pas à tous les coins de rue en tout cas, mais des bistrots c'est pas c'qui manque. A croire que vous souhaitez la mort du petit commerce. Papy y dit que c'est la faute à ceux qui vont pas au bistro qu'y a si peu de monde dans les églises. Il a pas tort parce que la messe c'est l'alibi de ceux qui vont boire un coup après la messe. Alors si plus personne va boire un coup en semaine et encore moins le dimanche y faut pas s'étonner de la crise des vocations.

Dédé: Donc, en gros là tout de suite je sors du bistro. Et à peine j'ai digéré mon Ostie que j'viens vous voir. Si ça c'est pas de l'amour je veux bien qu'on me les coupe. Et vous savez que j'y tiens, alors vous pouvez m'croire quand j'vous dis que je vous aime. Même si souvent vous me gonflez avec vos jérémiades et vos pensées tellement toutes faites qu'on les croirait sorties de Libé. C'est vrai vous imaginez pas ce que j'ai pu lire comme conneries en quelques jours. Rassurez-vous, pas dans les merveilles sorties du volcan de votre pensée créatrice, non dans vos incursions désespérées sur des sujets anodins que vous voulez transformer en tribune de la boboïtude par le simple fait de la vacuité du propos et par l'outrecuidance des clichés auxquels vous n'hésitez pas à faire appel. C'en est affligeant. Tellement affligeant que si j'vous aimais pas au point de mettre mes burnes sur le billot pour vous prouver mon amour j'vous traiterais tout simplement de cons. Pas tous hein, ceux qui sont concernés se reconnaîtront. J'vous le dis comme ça parce que je sors de la messe (ouais juste avant le bistro, rappelez-vous) et que j'suis encore sous l'effet de la grâce. Sinon j'aurais pu sortir de mes gonds ce qui aurait aussi pu mettre en danger mes espoirs de vie éternelle.

Dédé: Donc, puisque la messe est finie je vais pouvoir en venir au vif du sujet. Que ceux qui avaient envie de dire "c'est pas trop tôt" cachent leur joie et se réjouissent pas trop vite quand même. D'une part parce que c'est pas sûr que mon vif du sujet leur fasse vraiment plaisir et d'autre part parce qu'y faut pas croire que j'vais dévoiler mon jeu comme ça tout de go. Vous l'aviez pas vue venir celle là. Allez, vous vantez pas, dites moi pas que si. D'abord vous y jouez pas au jeu de go. Vous pouviez pas vous y attendre. Ensuite, question stratégie vous êtes aussi insignifiants qu'un pion dans un jeu de quilles. Et Dieu sait (j'vous rappelle que je sors de la messe alors Dieu il a quelque chose à faire dans cette chronicle, que ça vous plaise ou non) si un pion ça a rien à faire dans un jeu de quilles. Bref vous vous y attendiez pas. Pas plus qu'au vif du sujet de ma chronicle. Parce que contrairement à vos plus subtiles supputations le vif du sujet c'est ni la messe, ni le vin rouge, ni les gonzesses ni le PS (ça me fait penser qu'y a longtemps que j'vous ai pas parlé des gonzesses ou du Parti Socialiste, faudra que j'revienne rien que pour ça, je sais pas si j'le ferai en une ou deux fois mais c'que je sais c'est que j'voudrais pas gâcher mes propos sur les gonzesses en les mêlant au degré zéro de l'hystérie collective).

Dédé: Donc le vif du sujet. Il est temps vous direz mais je m'en tape, moi j'ai tout mon temps. Alors on va parler un peu météo. Vous avez vu ? Il a neigé à Port au Princes (c'est une image). Je vous l'accorde ça a l'air de pas être de très bon goût. Et alors, vous croyez que c'est de bon goût de la part de tous les beaux parleurs au cœur tendre de compter les morts à chaque fois qu'y a une catastrophe naturelle quelque part dans le monde en général et en Haïti en particulier ? Vous croyez que c'est de bon goût les belles paroles qui montent au ciel pour tomber comme la neige (ouais c'est encore une image) sur la misère du monde et qui fondent illico sous le soleil des îles tropicales et trop paradisiaques. Tellement paradisiaques que ça fait chier le Bon Dieu de voir tant de bonheur en si peu de surface qu'il décide de temps en temps de nous mettre le nez dans notre caca de nantis à l'abri des ouragans et des tremblements de terre. Et après ? Ben après on fait un pont aérien et des rondes d'hélicos. Y manque plus que de jouer à la marelle dans les rues. C'est pas les cailloux qui manquent en ce moment à Port au Princes, ce serait plutôt les gens qu'auraient envie de jouer. Oh pardon, j'oubliais les "humanitaires". Ben ouais, y débarquent avec des sacs de riz comme si y croyaient qu'y avait plus qu'a mettre l'eau à chauffer sur le gaz pour les faire bouffer tous ces connards des pays pauvres qui crèvent de faim rien qu'pour emmerdez les connards des pays riches. Y z'oublient qu'y a plus ni eau ni gaz à tous les étages, y a plus d'étages non plus, tout s'est écroulé. Alors y f'raient mieux d'arriver avec de l'eau et des biscottes qu'avec du riz et du café en poudre. Sincèrement, à part les politiques, vous connaissez plus con qu'les humanitaires ? Répondez pas le PS, ceux là y sont hors concours et en plus avec un peu d'imagination on pourrait les mettre dans les politiques.

Dédé: Moi j'aime bien les grand-messes de la compassion mondiale. Ca m'fait marrer. C'est une façon d'parler hein, allez pas prendre tous mes mots au pied d'la lettre ça pourrait vous occasionner de sérieuses courbatures du gras du cerveau. Ouais par chez nous même les cerveaux y sont gras tellement on baigne dans la béatitude des nantis qu'on pas à craindre la colère des éléments et dans l'opulence cholestérique. Y trempent dans le gras de la mansuétude et de la charité mal ordonnée. Y a autant d'ONG que de mecs qui se croient indispensables à la bonne organisation du monde. Ca en fait un tas d'incapables qui collectent pour redistribuer. Au fait vous le savez vous ce qu'y redistribuent ? Moi pas. Ah si, vous pensez aux sacs de riz et aux rondes d'hélicos. C'est un peu comme ceux qui faisaient des ronds dans l'eau après le tsunami. Putain, heureusement qu'on l'a eu le tsunami ça fait une occasion de plus de célébrer l'anniversaire de la satisfaction du devoir accompli. Et puis ça a permis à quelques centaines de millions de gens d'apprendre un mot nouveau. Ceux qui l'ont pris en pleine tronche y z'ont pas eu le temps de l'apprendre et on s'en tape pasque ça leur aurait servi à rien de connaître un mot nouveau vu qu'y z'avaient plus l'occasion de parler de quoi que ce soit.

Dédé: Mais là je m'égare et je voudrais pas vous noyer dans un verre d'eau. Alors je reviens à mes moutons et à tous ceux de panurge qui ont sauté dans le premier avion disponible pour aller sauver les Portoprinciens (ou Portoprinciers, ou Portoprincipes je sais pas comment on peut dire) du choléra et des bandits de grands chemins. A propos de bandits de grands chemins, combien y en a eu des "humanitaires" pour aller au nom du "devoir d'ingérence" casser la tronche à Papa Doc tant qu'il était encore temps de sauver Haïti de la misère ? Ah, on savait pas à l'époque que Haïti était dans la misère. Ok, si on savait pas il nous sera beaucoup pardonné. Depuis on a beaucoup appris, et pas que des mots nouveaux hein. Non, on a appris à mettre les petits plats dans les grands pour défendre les bonnes et les mauvaises causes pourvu qu'elles soient loin de chez nous. C'est vrai, les pauvres des pays pauvres ça mérite plus d'attention que les pauvres des pays riches. D'abord dans les pays riches y en a jamais des tsunami ou des tremblements de terre. C'est un truc de pays pauvres les catastrophes naturelles. Chez nous (les pays riches) on a bien assez à faire avec les terroristes et les catastrophes industrielles. Chacun sa misère et les troupeaux d'imbéciles seront bien gardés. De toutes façon les imbéciles ça essaie même pas de sortir du troupeau, y a pas besoin de gardiens.

Dédé: Allez pas croire que j'suis en colère surtout. Je m'en tape de la misère du monde, j'ai bien assez à faire avec la mienne. Vous imaginez pas comme c'est difficile le petit commerce. Ca m'empêche pas de filer des sous à la quête de la messe du dimanche (cherchez pas, vous ne pourrez jamais me prendre en défaut de digressions telles que j'en perdrais le fil de mon sujet) pour les nécessiteux de ma paroisse. Ben ouais, des fois que leur toit leur tombe sur la tête aux SDF de mon quartier faudra bien que quelqu'un vienne leur apporter de l'eau et des couvrantes pour pas mourir de froid et de faim si y sont pas déjà morts avant le prochain tremblement de terre. C'est vrai que chez nous les pauvres y craignent plus la connerie ambiante et l'indifférence que les tremblement de terre mais on sait jamais on n'est pas à l'abri d'un coup de malchance ou de la colère de Dieu. Allez pas croire que ça peut pas arriver, on a bien eu les socialistes au pouvoir, vous voyez bien qu'on est à l'abri de rien, même dans les pays "riches". Ben ouais, j'ai pas pu m'en empêcher, vous m'connaissez, j'suis comme ça quand un sujet me tient à cœur il faut que j'en parle et je me laisse aller corps et âme (j'espère que j'arriverai à la sauver) à l'épanchement de mes émotions dialectiques.

Dédé: Donc, et pour en revenir au vif du sujet (vaut mieux pas que j'vous demande ce que c'est) on va dire que la messe est dite. Haïti était déjà le pays le plus pauvre de l'hémisphère nord (ouais c'est au nord Haïti, faut pas croire que toutes les îles paradisiaques sont au Sud, le Bon Dieu il en a semées un peu partout des îles paradisiaques, histoire d'avoir un pied à terre n'importe ou dans son monde) il vient d'un coup d'un seul, en une minute chrono de gagner le titre envié de pays le plus pauvre du monde. Ce qui concentre sur lui tout seul et pour une période indéterminée que tous souhaitent la plus courte possible l'intégralité des forces vives des ONG de tout poil qui se délectent de la publicité que peut leur faire un battement d'aile de papillon au bout de l'océan. Que les forces vives se rassurent (et que Haïti s'inquiète) cette période de générosité à bon compte sera de très courte durée, la misère ira bientôt frapper à une autre porte.

Dédé: Et moi je continuerai à aller à la messe le dimanche, ne serait-ce que pour avoir le plaisir d'aller boire l'apéro avec Papy et mes potes après.

Dédé: Ite missa est.


Ciao les gonzesses, c'était Dédé.