Va falloir relever les compteurs ! (Chronicle)

Va falloir relever les compteurs ! (Chronicle)


Dédé: Salut les gonzesses. C'est Dédé.

Dédé: Va falloir relever les compteurs !

Dédé: Non, je viens pas vous parler de la petite entreprise que j'ai installée sur le pavé de Pigalle et que je gère avec toute l'attention que nécessite une activité de service à la personne. Sauf que chez moi on paie pas avec des chèques emploi-service. Faut pas exagérer. Faut pas rêver non plus. Chez moi c'est du cash, et en fraîche. Et en plus on raque avant de consommer, comme chez Leader Price ou Auchan, sauf que c'est les prix de chez Fauchon. Oui, moi je fais dans la débauche de luxe, ou au moins au prix du luxe. Mes employées font pas de la pipe prêt-à-tailler dans des ateliers clandestins. Non chez moi les petites mains mettent des gants de soie avant de commencer le travail, et du travail sur mesure, comme dans les boites chic de l'avenue Montaigne ou de la rue du Faubourg Saint Honoré.

Dédé: Enfin bref, je suis pas là pour vous parler boutique. Je vous disais "va falloir relever les compteurs". Me demandez pas lesquels, je sais que vous savez. Les écolos en parlent tellement que vous pouvez pas avoir loupé tout le foin qu'on nous fait autour d'une ou deux malheureuses fuites dans une centrale nucléaire. A croire que c'est plus grave que la fuite des cerveaux. Si y restaient chez nous les cerveaux y aurait pas besoin d'aller chercher des plombiers polonais pour venir boucher les fuites dans nos centrales.

Dédé: Quand je pense qu'ils la ramènent avec ça et qu'en même temps y nous emmerdent avec le bruit du vent dans les pales des éoliennes je me dis qu'y brassent bien de l'air pour pas grand chose. Des vrais moulins à vent les écolos, sauf qu'y z'ont plus de grain à moudre vu le prix du pétrole et la fusion Suez-GDF. C'est vrai que quand même cette fusion elle est vachement plus dangereuse que c'elle de l'atome d'uranium. On les a même pas entendus gueuler après la fuite chez Renault. Ouais vous savez bien le dessin de la nouvelle voiture de pauvre qu'y vont nous faire pour quand y aura plus d'essence. A l'électricité qu'elle va marcher cette bagnole. Et à quelle électricité ? Je vous le donne en mille. Nucléaire ! Parfaitement, à la pile à combustible. Comme à Tricastin. Putain quand y aura des fuites on risquera autre chose que de péter un joint de culasse.

Dédé: Enfin bref, je suis pas là pour vous parler bagnoles.

Dédé: Donc, va falloir relever les compteurs. Alors là je me demande. Lesquels ? Les compteurs bleus, les compteurs d'eau à l'uranium enrichi, les compteurs Geiger ? On sait plus avec tout le bruit qu'y font autour. Les compteurs à rebours peut être. Ca c'est une blague à Papy que j'aime bien. Papy aussi je l'aime bien, surtout quand y refait le monde.

Dédé: A propos, y a longtemps que je vous ai pas parlé de Papy. Ben, j'y viens justement. Parce que les tuyaux, les fuites qu'y a dedans et les compteurs qui sont au bout il en connaît un rayon la dessus.

Dédé: Tiens, par exemple Papy y dit que ça fait vingt ans qu'y dit qu'y comprend pas pourquoi on sait creuser des puits et mettre des milliers de kilomètres de tuyaux dans tous les déserts du monde pour trouver et trimballer du pétrole et qu'on a pas pensé à faire pareil pour trouver et trimballer de la flotte. Y dit aussi que quand la flotte sera au prix du pétrole on arrivera à les creuser les puits à eau, et à les mettre les tuyaux dans le désert. Y dit qu'on fera même des moteurs à eau pour les bagnoles et que la flotte on pourra plus la boire tellement elle sera chère. Moi je m'en tape je bois du vin rouge. Lui aussi. Il s'en tape et il boit du vin rouge. Non, ce qui l'emmerde dans tout ça c'est que les mecs chez qui on va creuser les puits de flotte (vous savez bien, en plein désert) y pourront même pas s'en servir pour arroser leurs patates et leur mil et y continueront à crever de faim et de soif. Mais les bagnoles rouleront à la flotte. C'est le progrès y paraît.

Dédé: Vous avez déjà vu la gueule d'un compteur d'eau. Moi si. Ben ça a rien à voir avec une pompe à essence. Si, je vous jure. Ca va en faire un ramdam quand faudra changer tous les compteurs d'eau. Je vous raconte pas le bordel. Surtout qu'en même temps faudra changer aussi les compteurs bleus, mais croyez pas que c'est pour dans longtemps parce qu'y z'ont déjà commencé à les changer les compteurs bleus. Si, je vous le dis. Et devinez quoi ! Ben les nouveaux y affichent le prix en direct. Comme les pompes à essence chez Auchan. Ca vous la coupe hein !

Dédé: C'est pas du vent c'que j'vous dis. Tiens du vent, ça me fait penser à la fois à Don Quichotte et aux éoliennes. Allez savoir pourquoi. Peut être parce que Papy y dit que quand on se déplacera rien qu'en char à voile y aura plus besoin de pétrole. Et que si on laisse faire à tous les Don Quichotte des combats d'arrière garde on est pas loin de tirer des bords sur les Champs et sur la Croisette. A moins que le vent tourne, il rajoute.

Dédé: Remarquez, si le vent tourne ça serait bien d'en avoir plein des éoliennes, surtout que si on les mets aux bons endroits (dans le désert par exemple) on pourrait même réussir à leur faire pomper de l'eau. Vous voyez où je veux en venir ? Non ! Putain, vous suivez pas. C'est pourtant simple comme raisonnement. Oui, depuis que je sais que l'univers est plat, et que je sais surtout pourquoi, je raisonne. Et je raisonne simplement. Pour que vous puissiez me suivre. Et vous suivez pas. Faites chier bordel !

Dédé: Je reprends. On met des éoliennes dans le désert. Pendant qu'elles fabriquent de l'énergie propre, comme y veulent les écolos, elles puisent de l'eau pour arroser les patates et le mil des mecs qui y habitent et au bout des rigoles on met des tuyaux pour aller jusqu'aux usines de flotte qui fabriqueront l'eau sans plomb (faudra quand même faire attention avec quoi on les fera les tuyaux) qu'on mettra dans nos moteurs. Y aura plus besoin de piles à combustible, plus besoin de centrales nucléaires, plus besoin de plombiers polonais, plus besoin de compteurs bleus. Ce sera le bonheur.

Dédé: Et c'est là que normalement, si vous suivez bien, vous devriez me demander "mais alors c'est lesquels les compteurs qu'il va falloir relever ?"

Dédé: A votre avis, lesquels ? Et ben, les compteurs à rebours. Parce que je sais pas si vous avez remarqué mais une éolienne ça ressemble vachement à un moulin à vent et quand on sera revenu au temps des moulin à vent tous les Don Quichotte pourront recommencer leur guerre pour pas que les habitants du Sahel puissent arroser leurs patates et moudre leur mil pour faire de la farine. On sera à la fin du compte à rebours. Parce que c'est là que tout recommencera. Y aura bien un con pour aller trouver du pétrole au pôle nord et un autre pour poser des tuyaux pour l'amener jusqu'aux pompes à essence de chez Auchan. Vous suivez toujours ou vous avez perdu le fil ?

Dédé: A la fin du compte à rebours faudra aussi penser à remettre les pendules à l'heure. Mais comme aujourd'hui on mesure le temps (celui qui donne l'illusion de la courbure de l'univers, souvenez vous, la "mauvaise" mesure de la courbe de von Koch) avec des horloges atomiques y aura aussi un con pour reconstruire des centrales nucléaires. Et ce sera reparti pour les fuites dans les tuyaux, les plombiers polonais, les écolos qui gueulent (y z'avaient qu'à la fermer, on serait pas revenu au temps des moulins à vent) et les gens qui vont plus chez Monsieur Mulliez (le patron d'Auchan, bandes d'ignares) pour acheter leurs patates et leur farine parce que l'essence est trop chère et patati, et patata…

Dédé: Vous vous rendez compte, cette petite fuite dans un tuyau de la centrale de Tricastin tout ce qu'elle a fait comme dégâts. Quand Monsieur Mulliez il en sera réduit à faire le videur à la porte du "Royaume des cieux" ce sera la faute aux écolos qui auront gueulé parce qu'y avait une bulle d'air à l'uranium enrichi qu'avait fait tourner trop vite leur compteur d'eau. Et que ça l'aura ruiné le pauvre Monsieur Mulliez. Je vous le dis, la misère est aussi chez les riches.

Dédé: Même que si ça continue comme ça ma petite entreprise (vous savez celle que j'ai sur le pavé de Pigalle) va finir par couler elle aussi quand y aura plus de riches pour se faire faire des pipes sur mesure. Je finirai sur le trottoir et j'irai frapper à la porte du Royaume des cieux.

Dédé: D'accord, y a pas encore le feu au lac mais y a déjà de l'eau dans le gaz. Tiens, à propos de gaz, je sais pas si je vous ai parlé des compteurs à gaz. Parce que souvenez vous c'est quand même le sujet de ma chronicle les compteurs. Faut bien que je vous en parle des compteurs à gaz. Ben figurez vous que Papy un jour qu'un mec le faisait chier il lui a parlé de sa tronche et après il lui a mis un coup de boule. Le mec il avait la tête comme un compteur à gaz y m'a dit, moi j'y étais pas j'étais pas encore né. Vous voyez pas le rapport ? C'est que vous avez pas bien suivi. Je vous explique : les mecs qui font chier, genre ceux qui gueulent à cause d'une fuite de rien du tout dans un tuyau qui trimballe même pas du pétrole au pied d'une centrale nucléaire qu'est là pour faire tourner les compteurs bleus y vont se retrouver avec la tronche comme un compteur à gaz. Si vous voulez je recommence, mais faut me dire où vous avez été largués.

Dédé: Bon, c'est pas tout ça, mais va quand même falloir que j'aille au turbin. C'est pas à vous que je vais apprendre que si on laisse aller on risque de se faire entuber par le petit personnel (ah si, je vous l'apprends ? Vous êtes pas à la veille d'être riches.) et comme j'ai pas vraiment envie d'aller faire tout de suite la queue à la porte du Royaume des cieux vaut mieux que je retourne au boulot.

Dédé: Au fait, vous avez remarqué ? J'ai pas dit une seule fois gonzesse, le sujet s'y prêtait pas. Mais je papote et pendant ce temps les compteurs tournent…


Ciao les gonzesses, c'était Dédé.