Putain j’arrête de picoler ! (Chronicle)

Putain j’arrête de picoler ! (Chronicle)


Dédé: Salut les gonzesses. C'est Dédé.

Dédé: Putain j’arrête de picoler !

Dédé: Non mais là j'suis sérieux, je crois que j’arrête vraiment. J'ai l'impression que vous me croyez pas. Ouais vous vous dites "y picole tellement qu'y pourra jamais arrêter". Ben moi j'vous dis que j'vous raconte pas des bobards. Y a des trucs qui vous arrivent dans la vie que vous pouvez pas aller contre. J'en ai croisé un de ces trucs qui arrive et qu'on peut pas aller contre. Alors j'arrête de picoler. Enfin, j'espère.

Dédé: J’vous ai pas raconté que P’pa, des fois comme ça, ça lui prend, y part en virée avec ses potes et y rentre pas de la nuit. Alors là, Maman elle se fâche tout rouge pasque P’pa, y donne pas de ses nouvelles jusqu’à ce qu'y se soit rendu compte de où il est et de ce qu’y fait, c’est à dire jusqu’à c’qu'y soit plus bourré. Alors là, y regrette et y dit : "ça suffit, putain j’arrête". C’est ce qui s’est passé y a trois jours. Il est pas rentré d'la nuit et Maman elle a eu des nouvelles que le lendemain au milieu de l'après midi. Le blème c'est qu'en attendant qu'y lui en donne, des nouvelles, elle avait appelé tous les hôpitaux pour savoir si eux y z'en avaient pas des nouvelles de P'pa.

Dédé: Autant dire que P’pa y faisait pas l'fier pasque Maman quand elle s’énerve vaut mieux pas la ramener. Même Papy y fait pas le malin quand Maman elle fait les gros yeux, et pourtant y met des coups de boule même à des gros balèzes, alors j'vous raconte pas quand elle met les mots qui vont avec les gros yeux. Y vaut mieux faire profil bas. Alors P'pa y faisait pas l'fier, j'vous l'dis. Il avait pas intérêt !

Dédé: Mais c’est pas d'la virée de P’pa dont j’voulais vous parler pasque P’pa, y fait bien c'qu’y veut, c’est pas moi qui vais l’engueuler, ça c’est le boulot de Maman. Non, j’vous disais "j’arrête de picoler". Ouais j'arrête pasque j’ai fait un rêve et j’ai trop peur qu’y se réalise pour de vrai. Alors vous vous demandez pourquoi je vous ai parlé de P’pa. D'abord pasqu'y faut bien que je commence au début, et qu'on est pas le fils de personne. Ni le petit-fils de personne non plus. Alors mon histoire elle commence à P'pa. Un peu à Papy aussi, du côté de Maman. Et puis aussi j'vous ai parlé de la virée à P'pa pasque j'crois c’est ça qui m’a donné l’idée du rêve. Allez pas me demander comment ça marche les rêves et pourquoi la virée de P’pa m’a refilé ce rêve. Comment ça marche les rêves c’est le boulot des psychologues. J'le sais pasque Maman elle a une tata qu'est psychologue. On y va jamais chez elle.

Dédé: C'est con qu'elle soit psychologue pasque son mec à elle y fait vachement bien la cuisine, moi j'irais bien tous les dimanches bouffer chez eux. Mais putain qu'est-ce qu'on se fait chier. Papy y m’a dit que psy c’est un boulot qui rapporte un max et que même y z'ont tout un racket organisé. C’est un métier qui consiste à piquer les sous des dépressifs. Vous imaginez tout le pognon que ça représente. Moi j'peux pas rivaliser avec ma petite entreprise à Pigalle. Pourtant on fait un peu le même métier. Vous avez pas idée du nombre de dépressifs qui peuvent venir voir mes collaboratrices. Tiens, même les troquets y font un peu le même métier que les psychologues. En fait psychologue c'est de la concurrence déloyale pour plein de petits métiers qui vont disparaître si on les laisse faire, les psychologues. Ouais pasque les psychologues en plus de leur prendre leur pognon qu'y peuvent pas dépenser chez nous y disent aux dépressifs qu'y faut pas picoler et pas aller aux putes non plus.

Dédé: Sauf que chez moi, après y sont moins dépressifs. On est pas sûr qu’y reviennent. C'est vrai, on voit la vie différemment quand on est décontracté des burnes. Alors qu'avec les psy, y sont encore plus dépressifs après qu’avant, et du coup y z'y retournent toutes les semaines et en plus les psychologues y prennent vachement plus cher que moi. Y sont fort ! Moi pourtant j'ai des charges. Non j'parle pas de l'URSSAF, je parle de la protection de mes collaboratrices, des tournées dans les bistros pendant que j'les attends, des pertes au poker (ouais ça m'arrive de perdre, pas souvent mais ça m'arrive, pour blanchir le pognon de mes potes) des p'tits cadeaux aux gonzesses et puis toutes celles que j'peux pas vous raconter les charges. Mais c’est pas de psychologie dont j’voulais vous parler c’est de mon rêve.

Dédé: J’ai rêvé que j’partais en virée avec Papy. Là vous me dites que c'est pas forcément un rêve, j'suis d'accord mais me coupez pas. On faisait les cons dans un bar à pute. Je vous ai dit de pas me couper ! On picolait à fond des bouteilles de champagne et on faisait glisser les billets dans le string des filles. Putain, je vous le redirai pas, arrêter de m'interrompre bordel, j'vous raconte ! Là j'vous parle de mon rêve pas de c'que je fais en vrai avec Papy. Donc dans mon rêve, là où j'en étais, autant vous dire que j’étais pas dépressif à ce moment là. Y en a même une qui m’a foutu dans ses nichons. Et même que ça m’est déjà arrivé en vrai mais j’vous le raconterai une autre fois. Là j'vous parle que de mon rêve. Pour les histoires vraies de la vraie vie faudra attendre.

Dédé: Ouais donc on se marrait avec Papy et les gonzesses et d’un seul coup on a entendu des sirènes de flics. Oh putain qu'on s'est dit, dans le rêve. On a pas eu le temps de s'le dire longtemps. Heureusement que c'est des petits mots. Pasque s'il avait fallu qu'on se dise quelque chose de long, genre le préambule de la constitution, on aurait pas eu le temps. Dans mon rêve. En plus j'sais pas si vous avez remarqué mais tout va super vite dans les rêves. Et ben là c'est allé encore plus vite.

Dédé: On était pris dans une rafle de flics qui nous ont posé des questions sur ce qu’on foutait là. Alors moi, j'ai voulu calmer le jeu pasque Papy il aime pas que les flics le fassent chier et y leur met des pains (et pas qu'en rêve mais j’vous l'raconterai un autre jour, enfin j'lui demanderai avant, j'ai pas envie de m'en prendre un). J'vous disais que j'voulais calmer le jeu alors aux flics je leur ai montré ma carte de proxénète professionnel.

Dédé: Ça lui a pas plu du tout. J'comprenais pas pourquoi mais Papy m’a expliqué que c’était pas vraiment légal ma petite entreprise. Alors je lui ai demandé pourquoi psychologue c’est légal alors qu’on fait le même boulot et que chez moi t’as une gonzesse pour moins cher que chez eux le prozac et que chez eux quand tu pars t’as plus rien que des poches vides. Chez moi c'est les burnes qu'y viennent se vider, mais on les force pas. Y m’a dit qu’il savait pas vraiment pourquoi et que de toute façon il avait pas le temps de m'expliquer.

Dédé: Donc après ça, comme y z'ont pas aimé ma carte de proxo et que j'ai pas vraiment bien pu retenir Papy, on s'est retrouvé en tôle aux Baumettes (alors qu’on était chez les putes à Paris mais c’est un rêve donc je peux pas trop expliquer. J'crois que c’est à cause d’une chanson de Joe Dassin qui parle de moi, j’vous photocopierai les paroles). C’était pas super marrant, à part pour les contacts. Pasque pour les contacts c’est vraiment bien. Si t’es pas bandit ou que tu sais pas comment monter un coup, ou qu'y te faut des employés pour le faire ton coup, le mieux c’est d’aller en tôle, tu peux passer directement de "fraude fiscale" à la catégorie "Jacques Mesrine" en moins de deux. C'qui est chiant en cabane c’est les matons. Y sont pas sympa du tout. Attention y faut pas confondre avec un matou, un gros chat, un greffier, non maton c’est juste un gros con même si les chats sont cons aussi. Faut vous dire que j'aime pas les greffiers. J'ai du vous le dire ça que j'aime pas les greffiers. Au fait j'espère qu'y en a pas qui sont matons là dans ceux qui m'lisent. Si y en a tant pis. Y z'ont qu'à m'excuser ou faire comme si y z'avaient mal lu. De toutes façons c'qui est dit est dit. Et puis j'suis pas là pour cirer les pompes aux matons mais pour vous parler de mon rêve. Et dans mon rêve y z'étaient pas sympa les matons.

Dédé: Donc on a passé un moment en tôle et puis y nous ont foutu à la porte pasqu'y pouvaient pas nous garder trop longtemps juste pour une carte de proxo qu'était pas validée par l'URSSAF et les impôts. Surtout dans un rêve en plus, on peut pas rester trop longtemps en cabane dans un rêve sinon ça vire au cauchemar. Et moi c'était un rêve. Donc quand y nous ont foutu à la porte on s’est promis de se revoir dehors avec les potes qu'on s'était fait dedans. J'suis quand même pas bien sûr qu'on arrivera à les retrouver.

Dédé: Tout allait bien dans mon rêve en fait. Jusqu’à ce qu'on passe la porte de la prison. Devinez qui nous attendait, Papy et moi, à la sortie : Maman ! Oh putain qu'on s'est dit. On a pas eu le temps de s'en dire plus.

Dédé: On s’est pris une espèce d'avoinée avec Papy, même qu’on voulait repartir en tôle le temps que Maman se calme. Mais en fait en y repensant on s'est dit que ça l'aurait pas forcément calmée et qu'on était mieux dehors.

Dédé: Donc quand j'me suis réveillé, j’me suis dit qu’y fallait qu'j’arrête de picoler parce que j’veux pas me prendre une avoinée comme celle de mon rêve par Maman. Un peu comme celle que P'pa il a pris pour pas l'avoir prévenue, pas lui avoir donné de ses nouvelles et que même les hôpitaux y z'ont pas pu lui en donner.

Dédé: Ouais, j’arrête de picoler.

Dédé: Bon, après mon verre de rouge parce que j’ai du fromage à finir et que Papy y dit que le pain et le vin rouge c’est des inventions du bon dieu et que pas manger de pain ni boire de vin rouge c'est blasphémer. Le fromage c'est venu après. Ca a été inventé par des gens vachement croyants, comme le saucisson, pour pouvoir manger du pain et boire du vin rouge avec. Boire du vin rouge c'est un peu comme faire une prière, donc on a le droit.

Dédé: Enfin, j’vais demander à Maman quand même ! J'voudrais pas me prendre une avoinée. Mais j'crois pas qu'elle peut m'empêcher de faire ma prière.

Dédé: J'demanderai à Papy aussi, c'est un théologien du vin rouge. Et si y faut j'irai me confesser après chaque cuite. J'préfère aller à confesse que prendre une avoinée de Maman.


Ciao les gonzesses, c'était Dédé.