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France,Premier Voyage à Nianing,Mars 1974 Tremsal 26 à 31° Bon°
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Macadam :: MacadaTextes :: Nouvelles
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France,Premier Voyage à Nianing,Mars 1974 Tremsal 26 à 31° Bon°
Nous arrivions à la veille de notre départ et j’avais demandé à Georges, un serveur de me préparer une table dans le jardin et j’avais commandé des langoustes et une bouteille de rosé. Mathilde arriva, vêtue en Africaine dans un « boubou » haut en couleurs. Mi-ombre, mi-soleil, nous étions bien installés, après une matinée à la plage et une visite au Village de vacances voisin, à la clientèle Allemande, le club Aldiana. Piscine superbe, aménagement sportif de qualité, tennis, voile, centre équestre, boutiques, grande discothèque, etc. Situé à environ un kilomètre du Domaine, faisant suite à la forêt de filaos, ce complexe hôtelier avait été construit côté mer. J’avais fait des photos, et m’étais informé pour faire du catamaran hobbie cat. En revenant par la plage, nous avions beaucoup parler avec Ty. Malgré son état joyeux, son bonheur de vivre de belles journées, je la sentais malgré tout, toujours angoissé, et préoccupé. Elle restait toujours discrète sur ce qu’elle ressentait…
En arrivant, on appela Suresnes et au téléphone, mon assistant m’assurait que les travaux artistiques étaient en cours de finition. Il m’informa que dés mon retour, je devais joindre Claude Chabrol, le cinéaste, avec lequel j’avais tissé des liens d’amitiés et professionnels, depuis toutes ces dernières années. Sa récente et brutale disparition, ravive cette époque très créatrice, des années 1965, et notre rencontre. Pour certains de ses films, il m’avait confié avec ses producteurs, les affiches et tout le matériel publicitaire.…Des enfants et de ma sœur Geneviève, de bonnes nouvelles, ils nous attendaient dimanche matin.
Bon déjeuner, les langoustes, bien que petites, furent appréciées. Ty me remercia et au fond de moi, la trouvant très belle, je priais que la providence nous protège. Après le repas, je décidais d’aller faire du voilier à l’Aldiana, car demain, jour du départ ça faisait juste. Ty partit se reposer. Le sable était réchauffé par le soleil, et en arrivant vers le village allemand, je fus interpeller par un marchand de statuettes dénommé Samba. Étant pressé, je lui disais que j’étais sur le départ et que peut être, on se verrait au retour. Le type de voilier Hobbie cat 14, un catamaran très véloce, me fut loué pour une heure. Le temps était assez fort et vraiment, j’en profitais à la limite du chavirage. Je tirer un bord vers le Domaine, virer, puis vers le large et retour vers la plage…J’étais heureux, oubliant tracas, soucis…Au retour, Samba était là ! Je m’arrêtais à sa « boutique » sur la plage, véritable caverne d’Ali Baba. Il était très érudit, et m’appris des tas de choses.
Il me laissa son adresse et au moment de partir, me donnant un Talisman, (un gri-gri, un porte–chance), pour vous, me dit-il. J’eus l’impression que samba avait devinait mon tourment…
--Merci, je suis très touché.
Cette semaine était passée si vite ! Loin de tout, des nouvelles, de la télé, dans un monde nouveau. Mon regret, c’était de n’avoir pas découvert l’Afrique profonde, les parcs nationaux, la région de Saint Louis, l’ancienne capitale et la légende de Mermoz. Mais le Sénégal n’était il pas « la porte de l’Afrique Noire », un pays accueillant, ou l’on revient… Je pensais que je n’avais pas pris le temps d’appeler mes parents dans les Vosges, et je le fis en arrivant. Ils étaient loin de se douter que leur fils Marc, bien qu’étant sous le soleil de l’Afrique, traversait une période délicate et tragique. Tout allait bien à Nompatelize. Nos parents vivaient heureux. Le magnifique parc était en fleurs. Les travaux de la maison de Denis avançaient vite. Nous étions tous heureux pour notre frère, qui serait ainsi très prêt d’eux…Ne m’en voulez pas, quittes à me répéter, à vous relatez des faits…
« Mes parents s’aimaient tendrement après plus de quarante années de bonheur. On ne pouvait oublier cette période difficile de leur vie, mais très brutale, ou mon père, dernier Maire Français de Tunis, fut emprisonné et expulsé de Tunisie en juillet 1961. Cela se passa, pendant les graves événements de Bizerte, dont les médias français, parlèrent très peu… Mon père avait consacré toute sa vie en tant que médecin et homme politique, pour cette Tunisie qui lui était si chère.
Certaines circonstances firent que j’arrivais de Paris... pour quelques jours... à Tunis, le jour même de son arrestation. Ainsi, nos deux destins étant liés, je devais en tant qu’ ainé, assumer la suite des événements durant les mois qui suivirent, avec ma tendre mère, notre grand-mère paternelle, mes deux jeunes sœurs, Marie Noël et Geneviève, ainsi que les trois dernier de la grande famille, Anne-Marie, Paul et Hubert…Toute cette petite famille, devait le rejoindre en France, définitivement, quelques mois après. Notre père, ne voulut jamais retourné dans ce pays. Il arriva à tourner la page, en regardant droit devant lui. Il commença dans ses Vosges natales, avec foi et courage, une nouvelle existence à soixante ans, comme médecin d hygiène scolaire. Tout en exerçant son travail, il entreprit de faire revivre, une très ancienne ferme vosgienne, celle de ses ancêtres. Il voulu avec notre chère maman, recréer un nouveau lieu de bonheur et de joie pour toute la famille. Le connaissant, de cette Tunisie qu’il avait essayer d’oublié, seule, « la parcelle de terrain à Hamam-plage, face à la mer, sur laquelle il fit bâtir « Les heures claires », restait gravé en lui ».
J’appréhendais le retour en France, et notre dernier après midi, nous permis de profiter de la plage. Avec Ty, ont eu une longue conversation, en tentant de trouver un compromis, mais tout sembler sans issu, c’est-à-dire, favorable à ce que nous retrouvions une vie de famille, en acceptant et en faisant chacun des efforts. Nous allions repartir, sans avoir trouvé une issue optimiste, à notre crise. Voulant profiter du parc, et voulant faire encore quelques photos, j’allais vers le marigot et eu la surprise d’y voir quelques singes rouge appelés « patas » en train de jouer. Une bande en liberté qui était attirée par la décharge, côté brousse, et l’eau, qu’Ali avait déversée avec sa citerne. Voulant dire au revoir à N’Diaye, je rejoignais la pépinière et eu la chance de le voir.
--Monsieur Marc, n’avez-vous pas quelques médicaments ?
Nous savions combien tous ces gens manquaient de tout, et surtout de remèdes simples. Je lui promettais de lui donner de la nivaquine, (anti-palu) et de l’aspirine. N’ayant pas revu Ali Kébé, l’homme de confiance d’Apo, j’en concluais qu’il avait rejoint Dakar. Décidément notre séjour se terminait et nous n’avions pas vu Apo, le propriétaire. Sur la quarantaine de touristes présents, nous avions sympathisé avec une dizaine de personnes, mais avec Mathilde on avait choisi une certaine réserve pour être tranquille. Le soir au repas, on nous servit quatre dorades, que nous avions péché. Bien grillées et au gingembre, avec une bouteille de rosé, elles étaient excellentes. Nous avions fait signe à un autre jeune couple en vacances. Le lendemain, le départ était prévu vers onze heures trente, le vol en fin de journée.
Il nous restait à aller une dernière fois à la plage et tout se passa bien. Mathilde avait déjà préparé nos deux valises. Après le dîner, on alla à la plage, le ciel était d’un noir intense, ce qui soulignait la splendeur deb la voûte céleste, des étoiles, la grande ourse, la voix lactée, l’étoile Polaire…L’océan était calme, silencieux et grâce à ma lampe de poche, on pouvait apercevoir, des milliers de petits crabes qui couraient dans tous les sens, faisant des allers et venus vers l’eau. Ce qui me frappa, cette nuit sans lune, c’est la luminosité du ciel et ses reflets sur l’océan. L’écume des vagues était légèrement visible, Pendant tout ce séjour, nous avions souvent gardé une certaine prudence, l’un en vers l’autre, et ce soir-là, assis côte à côte, aucun de nous deux, semblait avoir envie de parler. Je rompis le silence, en disant simplement,
--Ty, crois-tu que « l’avenir » nous sera favorable et que, vu l’âge de nos deux enfants, tu te comporteras à notre retour, en épouse et en mère.
Ty, attendit quelques instants et me dit.
--Marc, je sais que tu vas m’en vouloir, mais tout reste confus en moi, je ne peux rien dire. Je ne te reproche rien. J’ai été heureuse pendant toutes ces années, et pendant ce séjour ici, aussi. Je te remercie d’avoir respecté ma situation, mais le fait que tout mon être est envahi par « cet amour » m’empêche d’y voir clair…J’étais vraiment déçu, mais devant un être que l’on aime, notre longue histoire d’amour, je voulais espérer... En rentrant, nous passions prendre une bouteille d’eau minérale à la discothèque presque vide. Ty rentra se coucher et je fis de même après avoir bu un bon scotch !
Notre dernier soir en Afrique, chacun dans notre lit, nous devions penser que devant nous, rester en toute sagesse, à nous entendre, à ne pas se déchirer. Je ne pouvais m’empêcher de penser à quelques exemples, couples d’amis où autres qui avaient connu de véritables tourments. Le fait était que Mathilde avait rencontré un nouvel amour, dont elle ne parlait jamais, et celui-ci, semblait avoir effacé tout ce que nous avions vécu. C’était évident, mais je ne pouvais y croire complètement. Ce que je craignais, c’était le retour, avoir à affronter la réalité…
Tout était prêt pour le départ du Domaine, le lendemain matin. J’avais fait plusieurs pellicules, des diapos surtout. Ce pays m’avait conquis, malgré toute la pauvreté et les conditions de vie des gens, la joie de vivre, les sourires éclatants, le courage, étaient toujours présents. La rencontre avec le Docteur Diouf, responsable du dispensaire de M’Bour, avait été intéressante. Son cabinet de médecin libéral était renommé et il se déplaçait dans les premiers hôtels de la côte, pour les urgences et la médecine du travail. Il me rappelait un peu mon père, médecin pédiatre à Tunis, tant il avait d’activités. Il m’apprit que l’espérance de vie d’une femme était de quarante-huit ans, celle d’un homme de cinquante-deux ans au Sénégal ! Il n’hésita pas à me demander de lui faire parvenir des médicaments, surtout des anti-biotiques et des antipaludéens. Je réalisais combien notre vie en France était différente, combien notre société sécurisée, de surconsommation, de gaspillage était flagrante.
Ce soir là, je m’endormis tard. Je fus réveillé par le bruit de fenêtres qui battaient. Un fort vent de sable soufflait, avec un peu de pluie en bourrasque. L’électricité avait été certainement coupée par précaution. C’était le noir complet. Ty me demanda ce que je faisais debout à cette heure-là. Ce bruit qui l’avait réveillé, lui faisait peur. Je lui disais qu’avec ces rares pluies, en hiver et au printemps, (pluies des Mangues), cela permettait la floraison des arbres fruitiers. L’hivernage, quatre mois par an, ne commencerait qu’en Juillet, et grâce à de fortes pluies, tout le pays s’animerait. Le mil et l’arachide seraient plantés en juin, juillet. En Septembre, il y aurait les premières récoltes, dans tout le Sénégal, jusqu'à la fin Octobre. Les Sénégalais étaient un peuple courageux, composé surtout dans cette région d’agriculteurs et de pêcheurs. Curieux, je réalisais que j’avais appris par N’Diaye pas mal de choses. Le courant revint…J’avais laissé la lampe de chevet allumée et profitant du moment où Ty était éveillée, je lui demandais si elle avait réfléchi et pris une décision ? Dés notre arrivée à Paris, ne retomberait-elle pas, dans une fuite en avant. Avait-elle pensait à l’équilibre des enfants pendant notre séjour ? Je n’eus pas de réponse, Ty s’était endormi…
J’avais une faim de loup en me réveillant et j’allais sans tarder, prendre le petit-déjeuner. J’ouvris la porte, et déjà à sept heures, le ciel était bleu.
À ma grande surprise, posée par terre, je découvris dans un sac, deux boutures de bougainvilliers ! Mon nouvel ami N’Diaye était passé par là…La terre de latérite était un peu trempée Sous la paillote, personne, à part les serveurs du matin. Je fus gâté ce dernier jour, à quelques heures de notre départ. Grégoire eut la gentillesse de faire un plateau bien garni pour Ty, j’y rajoutais un bel hibiscus. De si bonne heure, déjà, des tisserins audacieux voletaient sur les tables pour chaparder quelques miettes et boire dans les verres, le fameux jus de fruit du Domaine. Le départ était fixé à onze heures. Mathilde était levée et dés mon arrivée à la case, j’eus droit à un, ho ! merci Marc, tu me gâtes. Les croissants étaient encore chauds, et je reprenais avec elle, un café. Ce moment fut comme un rêve. Tout semblait aller pour le mieux.
Tout en l’observant, je me disais quand même au fond de moi, qu’à première vue, rien n’avait été résolu, qu’il fallait que, quoi qu’il arrive, je gardes mon calme, ma clarté d’esprit. Il fallait la persuade de rester à nos cotés et qu’on puisse poursuive ensembles notre route…Ty, me dit :
--Marc , on ne se fâchera jamais, quoi qu’il arrive ?
--Mais non, pour quelle raison. Aller, dépêche-toi…
Le car n’était pas là. À la réception, nos valises avaient été emmenées. Je voulais aller dire au revoir aux gens de la plage et me baigner une dernière fois. Ty ne se fit pas prier et l’on partit la main dans la main. L’océan après la pluie était gris vert et l’eau vraiment chaude. Ce dernier bain, avec Ty, me fit un bien fou. Elle riait et nageait dans les vagues comme une sirène, mais le temps passait et il était temps de rentrer... On remercia Cheikh ba et Malik de leur disponibilité et après un dernier regard vers cet océan gris vert, nous regagnâmes le parc en traversant, encore…cette fameuse route goudronnée, vraiment gênante.
Le car était là et les employés des chambres rangeaient les bagages. En allant à notre case pour se changer, ma surprise fut d’entendre des petits cris sur la gauche de l’allée principale, assez loin dans les feuillus. On y alla et l’on vit trois singes attachés à des chaînes…Deux babouins et un singe rouge, tous très jeunes. Ils avaient dû être mis là, la veille, et semblaient apprivoisés. Un jardinier me dit, que régulièrement les enfants en brousse, capturaient de très jeunes singes et allaient les monnayer au plus offrant…Nos maillots mouillés rangés dans le sac de voyage, nous étions de retour à l’accueil, pour régler nos extras.
Elysa, la belle jeune femme noire, au beau sourire, qui était à la réception, nous souhaita un bon retour. Nous étions moins de personnes pour le retour, des gens avaient choisi une semaine de plus, voire trois. Quelques employés nous faisaient des signes de sympathie et j’aperçus la grande silhouette, déjà familière, du chef jardinier. Je le remercier pour tout, en lui donnant un petit paquet de médicaments.
Pour être mieux installé, je dis à Ty, d’aller sur le fauteuil double au fond du car. On n’était en fait, plus qu’une quinzaine à partir et l’attente commença, le chauffeur n’était pas là. Enfin il arriva, ferma les portes, mit le moteur en marche, et c’est là ! là ! A cet instant précis, dans un bruit de moteur et de voix, que notre destin allait se jouait ! Sur la marche, à l’avant droit du véhicule déjà en marche, monta une sorte de colosse avec des lunettes de soleil ! Il brandissait une petite carte à la main et faisait des grands signes au de s’arrêter, en parlant avec un fort accent grec…
--Arrête-toi, arrête-toi, stop ! Coupe le moteur ! Et puis j’entendis mon nom :
--Monsieur Tremsal, vous ne partez pas, on m’a beaucoup parlé de vous ! J’ai besoin de vous…Descendez, descendez avec madame ! Vous êtes mes invités !
Mathilde était abasourdie et, moi, à cet instant, je pensais surtout à nos enfants qui nous attendaient le lendemain. Que devais-je faire ? Si j’acceptais, si nous restions, c’était une semaine de plus, car il n’y avait qu’un seul vol, chaque samedi…Ty, ne semblait pas réaliser ce qui se passait. Il fallait faire vite, décider pour deux, je ne perdis pas de temps à la motiver et on décida de descendre et de débarquer nos valises. Nous nous retrouvâmes enfin, face à face avec ce monsieur, « Apo ».
--Cela me fait plaisir, vous êtes mes invités, c’est mon chauffeur Ali Kébé qui m’a remis cette carte, où il est marqué que vous êtes graphiste publicitaire à Paris et moi , je dois faire ma publicité pour la saison prochaine !
Pas plus ni moins…Le car pétarada et nous le regardâmes s’éloigner Domaine. Cet homme, Apo, nous apparu comme une véritable force de la nature, d’au moins cent trente kilos et assez grand. Il dégageait de ce personnage vêtu d’un pantalon bleu et d’une chemise style boubou africain quelque chose de romanesque...Nous faisant signe de le suivre, il s’installa à une table du restaurant, et nous invita à nous asseoir. Les serveurs ne tardèrent pas à venir saluer leur patron, et à nous faire de beaux sourires, surpris de nous voir là ! Je sentais Ty ailleurs, et la rassurant, je lui disais, qu’après le repas, on appellerait les enfants et Geneviève. Apo nous mit à l’aise :
--j’ai plein de choses à vous dire, et je me suis organisé pour rester au Domaine quelques jours, car nous avons du travail…
Les vacanciers qui s’installaient pour déjeuner furent aussi surpris de voir le propriétaire à cette table en bout de salle et nous deux…De retour. Un copieux plat de langoustes, du vin rosé et le ton était donné !
--J’ai appris que vous avez fait des photos de mon Domaine, alors, comment le trouvez vous ?
J’étais dans un état de bouillonnement intérieur, et Apo était loin de s’imaginait ce que Mathilde et moi étions entrain de vivre. Je me posais quantité de questions. Une chose était sure, un nouveau chapitre de notre vie était peut-être devant nous. Je disais à Apo tout le côté positif de ce produit vendu en France par Jet Tours. Il me proposa que l’on fasse un tour ensembles, vers dix-sept heures et voulût qu’on s’installe dans une case près de la réception, non loin de son bureau. Ty quitta la table avant nous et au moment du café, Apo, curieux, me fit parler de mon job, de Paris, de nos enfants. Il aborda ensuite ce qui l’intéressait, la réalisation d’un quatre pages sur le Domaine. Il n’avait jamais fait de publicité sur son produit, faisant confiance à Jet Tours qui avait une brochure dans les agences de voyages en France. Apo se leva et me dit qu’il était très heureux de notre rencontre et qu’on se reverrait comme prévu un peu plus tard. Un des serveurs m’apporta un café glacé et je profitais selon mon habitude, de finir quelques notes.
D’Apo, je n’avais pas découvert grand-chose et j’attendis qu’il m’en dise plus. Le peu que j’avais appris, entre autres, c’est qu’il avait des soucis à Dakar. Je rejoignais la réception pour appeler les enfants à Suresnes. Ty avait eu la ligne et très vite ont eu ma sœur Geneviève. Sans m’attarder je lui expliquais qu’on resterait huit jours de plus au Sénégal et que tout se passait bien. De son côté, elle s’était bien organisée malgré son travail… Ty parla aux enfants et ce fut mon tour de leur dire toute ma tendresse. Christian, l’aîné me parut soucieux et un peu déçu. Je lui promis de faire le récit de notre voyage et que je l’aimais très fort. Notre nouvelle case était identique et pas très loin des singes attachés…Nous nous retrouvions seuls et Ty enfin, se confia :
--Marc, tu as décidé tout seul de rester quelques jours de plus, c’est ton tempérament, toujours impulsif… Dire oui à ce Monsieur Apo, que nous ne connaissons pas…Et nous deux ?
Je répondis que tout se passerait bien, qu’elle ne s’inquiète pas, qu’on allait bien profiter de ces huit jours, qu’on prendrait tout le temps de parler de nous deux. Ty s’allongea et je sortis, étant attiré par ces pauvres singes en captivité, pour faire des photos.
Je réfléchissais à notre balade avec Apo, à ce que j’avais noté, remarqué dans son grand Domaine. Tout se bousculait dans ma tête, et l’urgence, restait toujours, le tourment de Ty et l’avenir de notre situation familiale. Cette semaine allait-elle nous permettre de trouver une porte de sortie honorable ? J’avais tout fait pour rester discret, que presque personne de notre grande famille ne soit au courant. Pour nous deux, ce voyage était certes une évasion, pour aller l’hiver, au soleil de l’Afrique Noire. Mais tout restait à faire.
Deux, trois photos des singes… Mais un des Babouins n’était plus là. Ayant pris mon appareil de photos, mon bloc note, de quoi écrire, j’allais attendre Apo devant l’entrée. Ce samedi soir, le propriétaire étant là, un dîner surprise avait été annoncé. Je croisais Marcel des chevaux, qui fut surpris de me voir et sans perdre de temps, je réservais une sortie pour le Dimanche matin. Marcel me proposa une balade.
--On ira au village Peulhs et à mon village.
--Merci Marcel, à demain.J’aperçus une jeep de loin et Apo au volant… Avec un babouin sur son épaule. Arrivant à ma hauteur, il m’interpella :
--Montez Monsieur Tremsal, on commence par la plage ?
La traversée de la route goudronnée qui coupait le Domaine en deux, me permis de lui dire :
--Quel dommage que cette route très fréquentée, nous sépare de la plage !
--Vous avez raison, j’ai des idées.
Apo me présenta sa chère Cyno, (diminutif de Cynocéphale), sa babouine qui se jeta sur mois…Il l’avait recueilli toute petite, et élevée mi-captivité, mi-liberté. Ces singes en 1974 étaient encore nombreux au Sénégal, ce n’est plus du tout le cas aujourd’hui. Apo commença à me raconter comment il était arrivé à Dakar dans les années cinquante, après la guerre civile en Grèce. Il parlait beaucoup de lui, et je l’interrompais, lui posant des questions sur cette partie du Domaine côté plage. Aucune infrastructure n’y avait été construite.
Lui ayant dit que j’avais fait les Beaux Arts à Tunis, et que j’abordais ma dixième année de publicitaire, il me dit qu’il avait des tas de projets et qu’il serait content que je lui propose aussi des idées.
Côté plage, tous les arbres, surtout les Filaos et les Acacias à fleurs jaunes, devaient avoir plus de quarante ans, si ce n’est plus, et témoignaient d’une présence antérieure à l’installation d’Apo, ce qu’il me confirmera. Les derniers propriétaires en date avaient été la Société Pechiney et ensuite ce lieu s’était appelé le ranch de Nianing, avec quelques chevaux, des logements et un restaurant. Apo avait fait goudronner deux cours de tennis, lors des travaux de la route et il était très fier de me les montrer en passant. On descendit de la jeep (véritable Willis de 39/45), sur une piste qui parallèle à la plage, filait vers le village de Nianing. Au loin, une pirogue multicolore venait de s’échouer sur la plage, Apo fit des grands signes aux pêcheurs. J’avais hérité de sa Cyno qui devait peser une quinzaine de kilos et qui semblait m’apprécier. Avec ses doigts, elle jouait dans mes cheveux en poussant des petits aboiements. Le patron pécheur amena un cageot rempli de poissons qu’Apo regarda avec un vrai plaisir, en disant
--Bravo, ne perds pas de temps, va vite aux cuisines voir le chef.
L’océan était agité et à cette heure-ci, peu de vacanciers étaient à la plage. Il était déjà dix-huit heures. Apo me demanda de faire quelques prises de vues de cet immense secteur désolé, mais encore sauvage.. De la route à l’océan, les chevaux attachés, devait dormir à la belle étoile, pas mal de vieux tamaris, de nims, de lauriers… Apo m’appris qu’il avait un bail renouvelable, sur les terrains situés de ce coté. Mais il y avait des conditions à respecter. Justifier l’occupation de cette surface, en construisant… des installations hôtelières, sportives, etc… Et pour cela, il fallait de gros moyens financiers !
« Qui pouvait imaginer que ce territoire vierge encore sauvage en mars 1974, serait vingt ans après, sur une dizaine d’hectares, équipée en six cours de tennis, centre équestre aménagé, piscine, un restaurant plein air, cuisines, et de plus d’une centaine de belles cases d’habitation… sans oublier des transplantations réussies, de plusieurs dizaines de cocotiers»
Mais ce n’était pas le cas…ce mois de mars 74, loin de là ! Mais c’était encore vierge…
Au loin, venant de la plage, de très jeunes enfants criaient Apo, Apo, Apo…Puis on se dirigea, vers le coin des chevaux.
--Je sais que vous aimez les chevaux, nous en avons six et une calèche. Ils vivent bien ici, sous les arbres, avez-vous des meilleures idées pour leur confort ?
--On étudiera Apo, des boxs aérer.
…Tout en l’écoutant mon esprit vagabonda et comme un flash, me revint mon adolescence en Tunisie et mes premiers moments d’initiation au cheval, à Edékila, par mon grand cousin Jacques Charmettant.
En arrivant, on appela Suresnes et au téléphone, mon assistant m’assurait que les travaux artistiques étaient en cours de finition. Il m’informa que dés mon retour, je devais joindre Claude Chabrol, le cinéaste, avec lequel j’avais tissé des liens d’amitiés et professionnels, depuis toutes ces dernières années. Sa récente et brutale disparition, ravive cette époque très créatrice, des années 1965, et notre rencontre. Pour certains de ses films, il m’avait confié avec ses producteurs, les affiches et tout le matériel publicitaire.…Des enfants et de ma sœur Geneviève, de bonnes nouvelles, ils nous attendaient dimanche matin.
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Bon déjeuner, les langoustes, bien que petites, furent appréciées. Ty me remercia et au fond de moi, la trouvant très belle, je priais que la providence nous protège. Après le repas, je décidais d’aller faire du voilier à l’Aldiana, car demain, jour du départ ça faisait juste. Ty partit se reposer. Le sable était réchauffé par le soleil, et en arrivant vers le village allemand, je fus interpeller par un marchand de statuettes dénommé Samba. Étant pressé, je lui disais que j’étais sur le départ et que peut être, on se verrait au retour. Le type de voilier Hobbie cat 14, un catamaran très véloce, me fut loué pour une heure. Le temps était assez fort et vraiment, j’en profitais à la limite du chavirage. Je tirer un bord vers le Domaine, virer, puis vers le large et retour vers la plage…J’étais heureux, oubliant tracas, soucis…Au retour, Samba était là ! Je m’arrêtais à sa « boutique » sur la plage, véritable caverne d’Ali Baba. Il était très érudit, et m’appris des tas de choses.
Il me laissa son adresse et au moment de partir, me donnant un Talisman, (un gri-gri, un porte–chance), pour vous, me dit-il. J’eus l’impression que samba avait devinait mon tourment…
--Merci, je suis très touché.
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Cette semaine était passée si vite ! Loin de tout, des nouvelles, de la télé, dans un monde nouveau. Mon regret, c’était de n’avoir pas découvert l’Afrique profonde, les parcs nationaux, la région de Saint Louis, l’ancienne capitale et la légende de Mermoz. Mais le Sénégal n’était il pas « la porte de l’Afrique Noire », un pays accueillant, ou l’on revient… Je pensais que je n’avais pas pris le temps d’appeler mes parents dans les Vosges, et je le fis en arrivant. Ils étaient loin de se douter que leur fils Marc, bien qu’étant sous le soleil de l’Afrique, traversait une période délicate et tragique. Tout allait bien à Nompatelize. Nos parents vivaient heureux. Le magnifique parc était en fleurs. Les travaux de la maison de Denis avançaient vite. Nous étions tous heureux pour notre frère, qui serait ainsi très prêt d’eux…Ne m’en voulez pas, quittes à me répéter, à vous relatez des faits…
« Mes parents s’aimaient tendrement après plus de quarante années de bonheur. On ne pouvait oublier cette période difficile de leur vie, mais très brutale, ou mon père, dernier Maire Français de Tunis, fut emprisonné et expulsé de Tunisie en juillet 1961. Cela se passa, pendant les graves événements de Bizerte, dont les médias français, parlèrent très peu… Mon père avait consacré toute sa vie en tant que médecin et homme politique, pour cette Tunisie qui lui était si chère.
Certaines circonstances firent que j’arrivais de Paris... pour quelques jours... à Tunis, le jour même de son arrestation. Ainsi, nos deux destins étant liés, je devais en tant qu’ ainé, assumer la suite des événements durant les mois qui suivirent, avec ma tendre mère, notre grand-mère paternelle, mes deux jeunes sœurs, Marie Noël et Geneviève, ainsi que les trois dernier de la grande famille, Anne-Marie, Paul et Hubert…Toute cette petite famille, devait le rejoindre en France, définitivement, quelques mois après. Notre père, ne voulut jamais retourné dans ce pays. Il arriva à tourner la page, en regardant droit devant lui. Il commença dans ses Vosges natales, avec foi et courage, une nouvelle existence à soixante ans, comme médecin d hygiène scolaire. Tout en exerçant son travail, il entreprit de faire revivre, une très ancienne ferme vosgienne, celle de ses ancêtres. Il voulu avec notre chère maman, recréer un nouveau lieu de bonheur et de joie pour toute la famille. Le connaissant, de cette Tunisie qu’il avait essayer d’oublié, seule, « la parcelle de terrain à Hamam-plage, face à la mer, sur laquelle il fit bâtir « Les heures claires », restait gravé en lui ».
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J’appréhendais le retour en France, et notre dernier après midi, nous permis de profiter de la plage. Avec Ty, ont eu une longue conversation, en tentant de trouver un compromis, mais tout sembler sans issu, c’est-à-dire, favorable à ce que nous retrouvions une vie de famille, en acceptant et en faisant chacun des efforts. Nous allions repartir, sans avoir trouvé une issue optimiste, à notre crise. Voulant profiter du parc, et voulant faire encore quelques photos, j’allais vers le marigot et eu la surprise d’y voir quelques singes rouge appelés « patas » en train de jouer. Une bande en liberté qui était attirée par la décharge, côté brousse, et l’eau, qu’Ali avait déversée avec sa citerne. Voulant dire au revoir à N’Diaye, je rejoignais la pépinière et eu la chance de le voir.
--Monsieur Marc, n’avez-vous pas quelques médicaments ?
Nous savions combien tous ces gens manquaient de tout, et surtout de remèdes simples. Je lui promettais de lui donner de la nivaquine, (anti-palu) et de l’aspirine. N’ayant pas revu Ali Kébé, l’homme de confiance d’Apo, j’en concluais qu’il avait rejoint Dakar. Décidément notre séjour se terminait et nous n’avions pas vu Apo, le propriétaire. Sur la quarantaine de touristes présents, nous avions sympathisé avec une dizaine de personnes, mais avec Mathilde on avait choisi une certaine réserve pour être tranquille. Le soir au repas, on nous servit quatre dorades, que nous avions péché. Bien grillées et au gingembre, avec une bouteille de rosé, elles étaient excellentes. Nous avions fait signe à un autre jeune couple en vacances. Le lendemain, le départ était prévu vers onze heures trente, le vol en fin de journée.
Il nous restait à aller une dernière fois à la plage et tout se passa bien. Mathilde avait déjà préparé nos deux valises. Après le dîner, on alla à la plage, le ciel était d’un noir intense, ce qui soulignait la splendeur deb la voûte céleste, des étoiles, la grande ourse, la voix lactée, l’étoile Polaire…L’océan était calme, silencieux et grâce à ma lampe de poche, on pouvait apercevoir, des milliers de petits crabes qui couraient dans tous les sens, faisant des allers et venus vers l’eau. Ce qui me frappa, cette nuit sans lune, c’est la luminosité du ciel et ses reflets sur l’océan. L’écume des vagues était légèrement visible, Pendant tout ce séjour, nous avions souvent gardé une certaine prudence, l’un en vers l’autre, et ce soir-là, assis côte à côte, aucun de nous deux, semblait avoir envie de parler. Je rompis le silence, en disant simplement,
--Ty, crois-tu que « l’avenir » nous sera favorable et que, vu l’âge de nos deux enfants, tu te comporteras à notre retour, en épouse et en mère.
Ty, attendit quelques instants et me dit.
--Marc, je sais que tu vas m’en vouloir, mais tout reste confus en moi, je ne peux rien dire. Je ne te reproche rien. J’ai été heureuse pendant toutes ces années, et pendant ce séjour ici, aussi. Je te remercie d’avoir respecté ma situation, mais le fait que tout mon être est envahi par « cet amour » m’empêche d’y voir clair…J’étais vraiment déçu, mais devant un être que l’on aime, notre longue histoire d’amour, je voulais espérer... En rentrant, nous passions prendre une bouteille d’eau minérale à la discothèque presque vide. Ty rentra se coucher et je fis de même après avoir bu un bon scotch !
Notre dernier soir en Afrique, chacun dans notre lit, nous devions penser que devant nous, rester en toute sagesse, à nous entendre, à ne pas se déchirer. Je ne pouvais m’empêcher de penser à quelques exemples, couples d’amis où autres qui avaient connu de véritables tourments. Le fait était que Mathilde avait rencontré un nouvel amour, dont elle ne parlait jamais, et celui-ci, semblait avoir effacé tout ce que nous avions vécu. C’était évident, mais je ne pouvais y croire complètement. Ce que je craignais, c’était le retour, avoir à affronter la réalité…
Tout était prêt pour le départ du Domaine, le lendemain matin. J’avais fait plusieurs pellicules, des diapos surtout. Ce pays m’avait conquis, malgré toute la pauvreté et les conditions de vie des gens, la joie de vivre, les sourires éclatants, le courage, étaient toujours présents. La rencontre avec le Docteur Diouf, responsable du dispensaire de M’Bour, avait été intéressante. Son cabinet de médecin libéral était renommé et il se déplaçait dans les premiers hôtels de la côte, pour les urgences et la médecine du travail. Il me rappelait un peu mon père, médecin pédiatre à Tunis, tant il avait d’activités. Il m’apprit que l’espérance de vie d’une femme était de quarante-huit ans, celle d’un homme de cinquante-deux ans au Sénégal ! Il n’hésita pas à me demander de lui faire parvenir des médicaments, surtout des anti-biotiques et des antipaludéens. Je réalisais combien notre vie en France était différente, combien notre société sécurisée, de surconsommation, de gaspillage était flagrante.
Ce soir là, je m’endormis tard. Je fus réveillé par le bruit de fenêtres qui battaient. Un fort vent de sable soufflait, avec un peu de pluie en bourrasque. L’électricité avait été certainement coupée par précaution. C’était le noir complet. Ty me demanda ce que je faisais debout à cette heure-là. Ce bruit qui l’avait réveillé, lui faisait peur. Je lui disais qu’avec ces rares pluies, en hiver et au printemps, (pluies des Mangues), cela permettait la floraison des arbres fruitiers. L’hivernage, quatre mois par an, ne commencerait qu’en Juillet, et grâce à de fortes pluies, tout le pays s’animerait. Le mil et l’arachide seraient plantés en juin, juillet. En Septembre, il y aurait les premières récoltes, dans tout le Sénégal, jusqu'à la fin Octobre. Les Sénégalais étaient un peuple courageux, composé surtout dans cette région d’agriculteurs et de pêcheurs. Curieux, je réalisais que j’avais appris par N’Diaye pas mal de choses. Le courant revint…J’avais laissé la lampe de chevet allumée et profitant du moment où Ty était éveillée, je lui demandais si elle avait réfléchi et pris une décision ? Dés notre arrivée à Paris, ne retomberait-elle pas, dans une fuite en avant. Avait-elle pensait à l’équilibre des enfants pendant notre séjour ? Je n’eus pas de réponse, Ty s’était endormi…
*
J’avais une faim de loup en me réveillant et j’allais sans tarder, prendre le petit-déjeuner. J’ouvris la porte, et déjà à sept heures, le ciel était bleu.
À ma grande surprise, posée par terre, je découvris dans un sac, deux boutures de bougainvilliers ! Mon nouvel ami N’Diaye était passé par là…La terre de latérite était un peu trempée Sous la paillote, personne, à part les serveurs du matin. Je fus gâté ce dernier jour, à quelques heures de notre départ. Grégoire eut la gentillesse de faire un plateau bien garni pour Ty, j’y rajoutais un bel hibiscus. De si bonne heure, déjà, des tisserins audacieux voletaient sur les tables pour chaparder quelques miettes et boire dans les verres, le fameux jus de fruit du Domaine. Le départ était fixé à onze heures. Mathilde était levée et dés mon arrivée à la case, j’eus droit à un, ho ! merci Marc, tu me gâtes. Les croissants étaient encore chauds, et je reprenais avec elle, un café. Ce moment fut comme un rêve. Tout semblait aller pour le mieux.
Tout en l’observant, je me disais quand même au fond de moi, qu’à première vue, rien n’avait été résolu, qu’il fallait que, quoi qu’il arrive, je gardes mon calme, ma clarté d’esprit. Il fallait la persuade de rester à nos cotés et qu’on puisse poursuive ensembles notre route…Ty, me dit :
--Marc , on ne se fâchera jamais, quoi qu’il arrive ?
--Mais non, pour quelle raison. Aller, dépêche-toi…
Le car n’était pas là. À la réception, nos valises avaient été emmenées. Je voulais aller dire au revoir aux gens de la plage et me baigner une dernière fois. Ty ne se fit pas prier et l’on partit la main dans la main. L’océan après la pluie était gris vert et l’eau vraiment chaude. Ce dernier bain, avec Ty, me fit un bien fou. Elle riait et nageait dans les vagues comme une sirène, mais le temps passait et il était temps de rentrer... On remercia Cheikh ba et Malik de leur disponibilité et après un dernier regard vers cet océan gris vert, nous regagnâmes le parc en traversant, encore…cette fameuse route goudronnée, vraiment gênante.
*
Elysa, déesse noire
Odyssée qui fait date.
Apo, très attentionné.
Elysa, déesse noire
Odyssée qui fait date.
Apo, très attentionné.
Le car était là et les employés des chambres rangeaient les bagages. En allant à notre case pour se changer, ma surprise fut d’entendre des petits cris sur la gauche de l’allée principale, assez loin dans les feuillus. On y alla et l’on vit trois singes attachés à des chaînes…Deux babouins et un singe rouge, tous très jeunes. Ils avaient dû être mis là, la veille, et semblaient apprivoisés. Un jardinier me dit, que régulièrement les enfants en brousse, capturaient de très jeunes singes et allaient les monnayer au plus offrant…Nos maillots mouillés rangés dans le sac de voyage, nous étions de retour à l’accueil, pour régler nos extras.
Elysa, la belle jeune femme noire, au beau sourire, qui était à la réception, nous souhaita un bon retour. Nous étions moins de personnes pour le retour, des gens avaient choisi une semaine de plus, voire trois. Quelques employés nous faisaient des signes de sympathie et j’aperçus la grande silhouette, déjà familière, du chef jardinier. Je le remercier pour tout, en lui donnant un petit paquet de médicaments.
Pour être mieux installé, je dis à Ty, d’aller sur le fauteuil double au fond du car. On n’était en fait, plus qu’une quinzaine à partir et l’attente commença, le chauffeur n’était pas là. Enfin il arriva, ferma les portes, mit le moteur en marche, et c’est là ! là ! A cet instant précis, dans un bruit de moteur et de voix, que notre destin allait se jouait ! Sur la marche, à l’avant droit du véhicule déjà en marche, monta une sorte de colosse avec des lunettes de soleil ! Il brandissait une petite carte à la main et faisait des grands signes au de s’arrêter, en parlant avec un fort accent grec…
--Arrête-toi, arrête-toi, stop ! Coupe le moteur ! Et puis j’entendis mon nom :
--Monsieur Tremsal, vous ne partez pas, on m’a beaucoup parlé de vous ! J’ai besoin de vous…Descendez, descendez avec madame ! Vous êtes mes invités !
Mathilde était abasourdie et, moi, à cet instant, je pensais surtout à nos enfants qui nous attendaient le lendemain. Que devais-je faire ? Si j’acceptais, si nous restions, c’était une semaine de plus, car il n’y avait qu’un seul vol, chaque samedi…Ty, ne semblait pas réaliser ce qui se passait. Il fallait faire vite, décider pour deux, je ne perdis pas de temps à la motiver et on décida de descendre et de débarquer nos valises. Nous nous retrouvâmes enfin, face à face avec ce monsieur, « Apo ».
--Cela me fait plaisir, vous êtes mes invités, c’est mon chauffeur Ali Kébé qui m’a remis cette carte, où il est marqué que vous êtes graphiste publicitaire à Paris et moi , je dois faire ma publicité pour la saison prochaine !
Pas plus ni moins…Le car pétarada et nous le regardâmes s’éloigner Domaine. Cet homme, Apo, nous apparu comme une véritable force de la nature, d’au moins cent trente kilos et assez grand. Il dégageait de ce personnage vêtu d’un pantalon bleu et d’une chemise style boubou africain quelque chose de romanesque...Nous faisant signe de le suivre, il s’installa à une table du restaurant, et nous invita à nous asseoir. Les serveurs ne tardèrent pas à venir saluer leur patron, et à nous faire de beaux sourires, surpris de nous voir là ! Je sentais Ty ailleurs, et la rassurant, je lui disais, qu’après le repas, on appellerait les enfants et Geneviève. Apo nous mit à l’aise :
--j’ai plein de choses à vous dire, et je me suis organisé pour rester au Domaine quelques jours, car nous avons du travail…
Les vacanciers qui s’installaient pour déjeuner furent aussi surpris de voir le propriétaire à cette table en bout de salle et nous deux…De retour. Un copieux plat de langoustes, du vin rosé et le ton était donné !
--J’ai appris que vous avez fait des photos de mon Domaine, alors, comment le trouvez vous ?
J’étais dans un état de bouillonnement intérieur, et Apo était loin de s’imaginait ce que Mathilde et moi étions entrain de vivre. Je me posais quantité de questions. Une chose était sure, un nouveau chapitre de notre vie était peut-être devant nous. Je disais à Apo tout le côté positif de ce produit vendu en France par Jet Tours. Il me proposa que l’on fasse un tour ensembles, vers dix-sept heures et voulût qu’on s’installe dans une case près de la réception, non loin de son bureau. Ty quitta la table avant nous et au moment du café, Apo, curieux, me fit parler de mon job, de Paris, de nos enfants. Il aborda ensuite ce qui l’intéressait, la réalisation d’un quatre pages sur le Domaine. Il n’avait jamais fait de publicité sur son produit, faisant confiance à Jet Tours qui avait une brochure dans les agences de voyages en France. Apo se leva et me dit qu’il était très heureux de notre rencontre et qu’on se reverrait comme prévu un peu plus tard. Un des serveurs m’apporta un café glacé et je profitais selon mon habitude, de finir quelques notes.
D’Apo, je n’avais pas découvert grand-chose et j’attendis qu’il m’en dise plus. Le peu que j’avais appris, entre autres, c’est qu’il avait des soucis à Dakar. Je rejoignais la réception pour appeler les enfants à Suresnes. Ty avait eu la ligne et très vite ont eu ma sœur Geneviève. Sans m’attarder je lui expliquais qu’on resterait huit jours de plus au Sénégal et que tout se passait bien. De son côté, elle s’était bien organisée malgré son travail… Ty parla aux enfants et ce fut mon tour de leur dire toute ma tendresse. Christian, l’aîné me parut soucieux et un peu déçu. Je lui promis de faire le récit de notre voyage et que je l’aimais très fort. Notre nouvelle case était identique et pas très loin des singes attachés…Nous nous retrouvions seuls et Ty enfin, se confia :
--Marc, tu as décidé tout seul de rester quelques jours de plus, c’est ton tempérament, toujours impulsif… Dire oui à ce Monsieur Apo, que nous ne connaissons pas…Et nous deux ?
Je répondis que tout se passerait bien, qu’elle ne s’inquiète pas, qu’on allait bien profiter de ces huit jours, qu’on prendrait tout le temps de parler de nous deux. Ty s’allongea et je sortis, étant attiré par ces pauvres singes en captivité, pour faire des photos.
Je réfléchissais à notre balade avec Apo, à ce que j’avais noté, remarqué dans son grand Domaine. Tout se bousculait dans ma tête, et l’urgence, restait toujours, le tourment de Ty et l’avenir de notre situation familiale. Cette semaine allait-elle nous permettre de trouver une porte de sortie honorable ? J’avais tout fait pour rester discret, que presque personne de notre grande famille ne soit au courant. Pour nous deux, ce voyage était certes une évasion, pour aller l’hiver, au soleil de l’Afrique Noire. Mais tout restait à faire.
*
Deux, trois photos des singes… Mais un des Babouins n’était plus là. Ayant pris mon appareil de photos, mon bloc note, de quoi écrire, j’allais attendre Apo devant l’entrée. Ce samedi soir, le propriétaire étant là, un dîner surprise avait été annoncé. Je croisais Marcel des chevaux, qui fut surpris de me voir et sans perdre de temps, je réservais une sortie pour le Dimanche matin. Marcel me proposa une balade.
--On ira au village Peulhs et à mon village.
--Merci Marcel, à demain.J’aperçus une jeep de loin et Apo au volant… Avec un babouin sur son épaule. Arrivant à ma hauteur, il m’interpella :
--Montez Monsieur Tremsal, on commence par la plage ?
La traversée de la route goudronnée qui coupait le Domaine en deux, me permis de lui dire :
--Quel dommage que cette route très fréquentée, nous sépare de la plage !
--Vous avez raison, j’ai des idées.
Apo me présenta sa chère Cyno, (diminutif de Cynocéphale), sa babouine qui se jeta sur mois…Il l’avait recueilli toute petite, et élevée mi-captivité, mi-liberté. Ces singes en 1974 étaient encore nombreux au Sénégal, ce n’est plus du tout le cas aujourd’hui. Apo commença à me raconter comment il était arrivé à Dakar dans les années cinquante, après la guerre civile en Grèce. Il parlait beaucoup de lui, et je l’interrompais, lui posant des questions sur cette partie du Domaine côté plage. Aucune infrastructure n’y avait été construite.
Lui ayant dit que j’avais fait les Beaux Arts à Tunis, et que j’abordais ma dixième année de publicitaire, il me dit qu’il avait des tas de projets et qu’il serait content que je lui propose aussi des idées.
*
Côté plage, tous les arbres, surtout les Filaos et les Acacias à fleurs jaunes, devaient avoir plus de quarante ans, si ce n’est plus, et témoignaient d’une présence antérieure à l’installation d’Apo, ce qu’il me confirmera. Les derniers propriétaires en date avaient été la Société Pechiney et ensuite ce lieu s’était appelé le ranch de Nianing, avec quelques chevaux, des logements et un restaurant. Apo avait fait goudronner deux cours de tennis, lors des travaux de la route et il était très fier de me les montrer en passant. On descendit de la jeep (véritable Willis de 39/45), sur une piste qui parallèle à la plage, filait vers le village de Nianing. Au loin, une pirogue multicolore venait de s’échouer sur la plage, Apo fit des grands signes aux pêcheurs. J’avais hérité de sa Cyno qui devait peser une quinzaine de kilos et qui semblait m’apprécier. Avec ses doigts, elle jouait dans mes cheveux en poussant des petits aboiements. Le patron pécheur amena un cageot rempli de poissons qu’Apo regarda avec un vrai plaisir, en disant
--Bravo, ne perds pas de temps, va vite aux cuisines voir le chef.
L’océan était agité et à cette heure-ci, peu de vacanciers étaient à la plage. Il était déjà dix-huit heures. Apo me demanda de faire quelques prises de vues de cet immense secteur désolé, mais encore sauvage.. De la route à l’océan, les chevaux attachés, devait dormir à la belle étoile, pas mal de vieux tamaris, de nims, de lauriers… Apo m’appris qu’il avait un bail renouvelable, sur les terrains situés de ce coté. Mais il y avait des conditions à respecter. Justifier l’occupation de cette surface, en construisant… des installations hôtelières, sportives, etc… Et pour cela, il fallait de gros moyens financiers !
« Qui pouvait imaginer que ce territoire vierge encore sauvage en mars 1974, serait vingt ans après, sur une dizaine d’hectares, équipée en six cours de tennis, centre équestre aménagé, piscine, un restaurant plein air, cuisines, et de plus d’une centaine de belles cases d’habitation… sans oublier des transplantations réussies, de plusieurs dizaines de cocotiers»
Mais ce n’était pas le cas…ce mois de mars 74, loin de là ! Mais c’était encore vierge…
*
Du fauve Taouka au blanc Hirondelle.
De Marc à Jean-Marc, puis à Marc.
Koumba, belle et discrète femme peul.
Du fauve Taouka au blanc Hirondelle.
De Marc à Jean-Marc, puis à Marc.
Koumba, belle et discrète femme peul.
Au loin, venant de la plage, de très jeunes enfants criaient Apo, Apo, Apo…Puis on se dirigea, vers le coin des chevaux.
--Je sais que vous aimez les chevaux, nous en avons six et une calèche. Ils vivent bien ici, sous les arbres, avez-vous des meilleures idées pour leur confort ?
--On étudiera Apo, des boxs aérer.
…Tout en l’écoutant mon esprit vagabonda et comme un flash, me revint mon adolescence en Tunisie et mes premiers moments d’initiation au cheval, à Edékila, par mon grand cousin Jacques Charmettant.
Dernière édition par tremsal le Jeu 28 Juil - 18:50, édité 7 fois (Raison : Bon Document)
tremsal- MacadAdo
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Re: France,Premier Voyage à Nianing,Mars 1974 Tremsal 26 à 31° Bon°
Dans le cadre de Mon Concours pour moi tout seul j'ai décidé de pas me poser de questions, et tant pis si ça va pas faire ressortir que des trucs brillants...
Mais on sait jamais, peut-être que des perles ont échappé à l'œil acéré des promeneurs du Macadam.
Dédé.
Mais on sait jamais, peut-être que des perles ont échappé à l'œil acéré des promeneurs du Macadam.
Dédé.
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Ciao les gonzesses, c'était Dédé.
Dédé- MacaDédé
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