Premier voyage,Nianing,Sénégal,Marc Tremsal 50°51°52° Mars 1974 Bon°

Nous n’avions pas de nouvelles d’Apo. …Je n’avais rien dit à Alain, du drame que nous vivions avec Ty. Toujours dans la discrétion, je lui disais, que je croyais dans cette aventure de Nianing, que notre décision était prise, et que je revenais en famille, pour m’installer, en Juillet. Mon ami Alain avait rendez--vous avec Armande.
Il fallait que je la vois avant. Elle devait être à son bureau et je fis un saut.
--Armande, tout s’est bien passé…C’est incroyable ! Je connaissais Alain Tuil de la Tunisie, il va faire au mieux, mais ce n’est pas simple.
Il me restait l’après midi, et je voulais revoir Apo. Il s’était éclipsé discrètement, et avec un peu de chance, je le trouverais aux ateliers. L’affaire Hertz était grave, d’après ce que j’avais compris. Il y avait un très grand retard dans les règlements, leur cote part, qui leur était dûe, n’avait pas été réglée depuis plusieurs mois. En passant par la case, je trouvais Ty, faisant nos deux valises.
--N’oublie pas les deux boutures de notre ami, N’Diaye. Comment vas-tu ?
--Je ne cesse de penser à nous et à notre avenir, mais l’angoisse reprend le dessus !
--Ty, tout va bien se passer, sois forte, je t’aime. Notre amour avait été si fort dans notre jeunesse à Tunis, puis à Paris…Mais Ty aujourd’hui aimait un autre homme…Moi, j’avais pris notre destin en main et une vie nouvelle était devant nous. Prenant la direction des garages, je vis arriver le bus parisien, réparer, et il me fit bonne impression. Apo m’avait dit qu’il faisait des navettes sur M’Bour l’après midi, avec des touristes et qu’il avait un succès fou. Le bus ralentit et je demandais au chauffeur s’il avait vu Apo.
--Oui, il est au bureau des ateliers. Il était déjà quinze heures, lorsque je le retrouvais avec Monsieur Tiss.
--A tout à l’heure Monsieur Tiss. Bonjour, Marc, alors cette rencontre avec Monsieur Tuil ?

Quelle ne fut pas sa stupéfaction, lorsque je lui racontais…Que ce monsieur était de Tunisie et que nous nous connaissions depuis l’enfance. Le repas s’est bien passé et il est actuellement avec Armande… D’après ce que j’ai compris, ton projet pour régler la situation, de vendre la carte Hertz, les voitures, peut être le bon choix. Mais le contentieux est lourd avec vous. On a prévu de toute façon, de se revoir à Paris avec Alain.
Le fait que j’avais renoué, tel était le destin, avec cet ami, semblait rassurer Apo, qui ne tarda pas à me dire !
--Marc, en plus vous êtes chanceux ! Venait voir votre future maison, Monsieur Tiss, venez !
Rangé parfaitement, complètement démonté, couleur gris bleu, un ensemble important de panneaux, de planches, était entreposé le long de la clôture. Ce sera vous, Monsieur Tiss qui monterait la maison de Monsieur Tremsal. Apo, prit la jeep et l’on alla voir le lieu qu’il avait prévu pour l’installation. Au milieu de Filaos, de nims, près de l’allée principale, l’endroit pour nous, était bien choisi.
Apo me remercia, en s’excusant de n’avoir pas été présent au déjeuner. Il voulait que nous nous retrouvions à son bureau, pour faire un dernier point. J’en ressortais au bout de deux heures. La fin de l’entrevue s’était passée en présence d’Armande, qui me remit une liste des gens à voir chez Jet Tours. Nous étions une nouvelle fois ses invités pour notre dernier soir.
Le rendez-vous était pour vingt heures. Cette semaine me semblait avoir été une éternité, et nous étions, Mathilde et moi, face à notre destin. Dimanche ce serait les retrouvailles et l’annonce à nos deux enfants, de ma décision de quitter Suresnes, Paris et la France.


Demain, jour du départ, j’avais prévu d’aller dire au revoir aux membres du personnel, avec lesquels nous avions sympathisé. Le car était attendu en fin de matinée. Aurais-je le temps de faire une dernière balade à cheval avec Marcel ? Je désirais aller me changer avant le dîner. J’aperçus Bernard à vélo. Avec le couple de gérants, Bernard et sa femme, dont l’occupation prioritaire semblait être la restauration, je n’avais pas créé de liens particuliers. Apo, n’avait pas pu ou voulu me parler d’eux. Bernard s’arrêta et trouva les mots pour me dire.
--Apo m’ a tenu au courant de votre décision de venir vous installer au Domaine. Je vous souhaite bonne chance, car c’est un métier ingrat. Bernard savait-il que j’arrivais, en associé d’Apo ?
--Je crois que vous avez une petite fille, nous aussi, elle s’appelle Nathalie…Elles pourront s’entendre. Ty n’était pas à la case, les valises étaient presque finies. Je m’allongeais un moment, en pensant à elle. Il est vrai que je ne lui avais laissé aucun choix, sauf, le seul, que si elle nous quittait, de toute façon, je quitterais Paris avec les enfants pour l’Afrique.

Ma rencontre, avec Apo, avait été le déclenchement d’un ensemble de choix irréversibles. Nous en étions arrivés avec Apo, après deux semaines de séjour, à une véritable association, à une entente réelle. Certes, je n’avais voulu voir que le coté positif des choses, me disant qu’en arrivant en position de force, ce serait plus aisé d’agir.
Ty, rentra, elle venait de la plage ou elle avait revu Samba l’antiquaire qui lui avait donné une statuette Dogon, (Ethnie du Mali), pour moi. Ty, prit une douche et s’habilla. Je la trouvais belle et souriante. Je lui racontais mon après-midi et l’invitation pour ce soir. Un bruit de tambours, signala le début du spectacle, de la famille Gaye. On arriva en retard, pour apprécier ce groupe de danseurs et d’excellents batteurs. Thiam, notre serveur habituel, nous proposa un apéritif et nous rappela que l’on dînerait avec Apo. Habillé d’un magnifique boubou bleu, Apo fit son entrée au restaurant, ce qui lui valut d’être applaudi. La troupe d’artistes était partie et les vacanciers rejoignaient leurs tables, quand Apo vint nous saluer, en nous demandant de le suivre.
--Quelle joie Marc et Mathilde, de vous revoir. Armande est repartie sur Dakar, elle m’a dit de vous dire au revoir pour elle.
Pendant le repas, on évoqua la venue de mon ami Alain et Apo me demanda de le revoir à Paris. Ty, dégustait sa soupe de légumes et demanda à Apo :
--Oui, c’est la seule solution, mais avant il faut remettre en état tout le parc à voitures. Il y en a pour plusieurs mois.
Admirant l’architecture de la paillote, je complimentais une nouvelle fois Apo, pour cet ouvrage, sous lequel l'on pouvait dresser plus de trois cent cinquante couverts. Apo me parla d’un ami à lui, René Tabone, travaillant à Air France, à Paris. Il vous sera d’un précieux secours pour les expéditions, puis il me dit que la bande musicale, faite avec le responsable de la boîte de nuit état très bien. Nous avions trouvé quelques vieux disques en bons états, de chansons françaises, de Jazz, et de Country, dans les archives. Le poulet Yassa (relevé au citron), avec du riz, faisait partie des plats courant au Sénégal, et on l’apprécia. Apo, reprenant la parole, nous parla de Bernard, nous disant qu’il avait perdu ses parents très jeunes et qu’il s’en était occupé. Pour le moment il lui avait confié des responsabilités au Domaine.
--Marc, à Paris, vous allez connaître Miss Bach, à Jet Tours, c’est une personne qui a cru en Nianing, qui m’a soutenu dès le début, nous lui devons beaucoup. Mathilde, vous la rencontrerez, je lui ai parlé de vous. Dès le dessert fini, le restaurant commença à se vider. Apo ne s’arrêtait pas de parler. Il nous confia combien Armande comptait dans son échiquier et dans sa vie, mais qu’il se devait d’agir avec une grande discrétion…


Armande était originaire du Nord, et en elle était fier. D’origine modeste, elle avait du se battre pour débarquer à Paris. C’est là qu’elle avait connus Apo.. La soirée s’éternisa à la discothèque qui était à deux pas, autour d’un verre. Je n’avais pas l’habitude de boire du Whisky, mais avec du Perrier, je l’appréciais. Ty avait rejoint des vacanciers et nous restions Apo et moi au bar.
--Marc, vous ne dansez jamais avec Mathilde ?
C’était vrai que depuis notre arrivée ici, nous n’avions jamais dansé ensemble, depuis longtemps aussi… Ne trouvant pas les bons mots pour répondre, je posais à Apo, une question qui me taraudait.
--Apo, si vous vendez Hertz d’ici quelques mois, serez-vous en mesure de me rembourser une partie de mon investissement ? Vous êtes conscient de l’énorme effort que je vais faire, vu votre situation.
--Marc, aujourd’hui, je ne peux rien promettre, mais vous serez ma priorité. Sachez que le fait de savoir que vous revenez en Juillet me donne du courage. Je sais que pour vous, ça ne va pas être facile de quitter la France, votre famille des Vosges, vos amis, de vous occuper des achats, en si peu de temps. Ici, on va tout mettre en œuvre pour faciliter votre installation.
J’avais il est vrai parlé de mes parents, de l’exode de Tunisie, à Apo et il s’en souvenait. Le temps passait et à minuit on se sépara. J’ai du courrier pour Jet Tours, me dit Apo, on se verra demain matin. À cette saison, les nuits sont un peu fraîches et Ty, me fit remarquer la beauté du ciel, noir d’ébène, sans lune, mais avec des milliards d’étoiles. Je lui montrais mon étoile fétiche, Vénus, vers le Sud…


Je me levais en douceur, Ty dormait. On s’était couché tard. Après un bon petit-déjeuner, vers sept heures, un au revoir à Grégoire et Jean-Pierre, auxquels je remettais une lettre pour la Mère Henri Prigent, du dispensaire, je rejoignais le centre équestre. Marcel avait sellé nos chevaux, Hirondelle et Latdior. On resta à l’intérieur du parc, très calme, avant le réveil des oiseaux. En passant vers le marigot, je me disais qu’il y aurait un énorme travail, pour le vivifier. Il était envahi par les ronces, les broussailles, les bois morts.
On alla jusqu’au forage, ou était garé une des citernes mobiles. La balade se termina et Marcel me remit une liste d’achats, de matériel d’équipements et de selles, que je lui avais demandés. Il me quitta avec un grand sourire. De retour au restaurant, Ty était là, et ont repris un copieux petit-déjeuner. Elle voulait aller se baigner avant le départ. Je l’accompagnais à la plage pour dire au revoir à Cheikh Bâ et Malik, les dcux marins. Tout le monde savait que je reviendrais au mois de Juillet. J’avais acquis une conviction, revenir avec autant d’équipement, cela aller changer beaucoup de choses, motiver le personnel, satisfaire la clientèle, la rajeunir un peu, montrer à Jet Tours, notre désir d’aller de l’avant. Après la plage, je désirais aller aux cuisines, voir les chefs. Ils étaient tous là. Je croisais Bernard, le gérant, qui me fit un au revoir discret. Vers la pépinière Ali Kébé arrosait les allées avec l’eau du forage d’eau saumâtre, pour tasser la latérite. Il était pour Apo, vraiment l’homme à tout faire et j’étais fier d’être devenu son ami.
--Au revoir Ali, au mois de Juillet.
J’eus droit à un « bon voyage » …Revenez vite ! Ce souvenir de tous ces gens si aimables, de conditions très modestes, disponibles, serviables, parlant un excellent français, est toujours présent en moi en cette année 2010…Ty après sa baignade revint rapidement à notre case se changer. Les valises étaient bouclées. Nous devions passer à la réception régler nos extras, dire au revoir à la gentille Sénégalaise, Elysa. J’eus la bonne surprise d’entendre, que nous n’avions rien à régler, ni les extras de bar, de langoustes, de vins rosé et d’hébergement. Elysa, à la peau d’ébène, si gentille, disparaîtra prématurément, quelques années plus tard, à la suite d’une longue maladie. Elle nous observe avec bienveillance du firmament.