Dans l'cochon tout est bon. (Chronicle)

Dans l'cochon tout est bon. (Chronicle)


Dédé: Salut les gonzesses. C'est Dédé.

Dédé: Dans l'cochon tout est bon.

Dédé: Pas pour les musulmans, j'vous l'accorde. Bon, en même temps on leur d'mande pas d'bouffer du poisson l'vendredi saint. Et puis y a bien les outre-manchots qu'aiment pas les escargots. C'est vrai qu'dans les escargots c'qu'est bon c'est plutôt l'truc plein d'beurre qui va avec. Vous avez déjà essayé vous d'bouffer des escargots "nature" ? J'veux dire juste bouillis. Moi non plus, même pas en brochette, mais j'imagine que ça doit être dégueulasse. Pis essayez pour voir de faire manger du serpent à un Auvergnat, ou du chien à un Panaméen. J'pense pas qu'vous s'rez bien reçus. Enfin quand j'dis bien r'çus c'est pas qu'y vont vous inviter chez eux pour ça, pasque ça leur viendrait même pas à l'idée. Rien qu'd'y penser y pensent "beurk", y en a même qui l'disent, et queq'z'uns qui gerbent direct. Non, c'est si vous les invitez chez vous pour leur faire avaler ça qu'vous risquez d'pas être bien r'çus. C'qui est un comble quand même. Pas bien r'çus chez vous. Moi l'mec qui m'recevrait pas bien chez moi j'crois bien qu'je f'rais comme Papy, j'y en collerais une. M'man aussi j'crois bien. Pasque j'sais pas si j'vous l'ai déjà dit mais M'man quand on la gonfle elle est pas que finaude. Sans doute pasque c'est la fille à Papy.

Dédé: Tiens, de vous parler de M'man ça m'fait penser qu'j'étais pas v'nu pour ça. Mais quand même j'crois vous l'avoir déjà dit qu'elle est pas que finaude quand on la gonfle. Si vous vous en souv'nez pas dites le moi j'vous filerai le titre de toutes les chronicles dans lesquelles j'vous l'ai dit. Et à mon avis, vu qu'vous suivez pas bien, y va y en avoir un paquet qui vont d'mander.
Tiens, juste pour voir, on va faire un test. De quoi j'suis v'nu vous parler aujourd'hui ? Vous avez jusqu'à la fin d'ma chronicle pour répondre. Mais j'me fais pas d'illusion, d'ailleurs je reposerai même pas la question. J'vous donnerai la réponse direct.

Dédé: Attention hein, quand j'vous parlais d'un Panaméen, (ouais, juste deux paragraphes au-dessus, suivez un peu putain) c'est pas un gars qu'habite une république bananière d'Amérique centrale traversée de part en part par un canal. Non, c'est un mec, un vrai de vrai, qui crèche à Paname. C'est vrai qu'chez nous aussi on en a un d'canal. J'le sais j'habite juste à côté. Même qu'y a trois ou quatre ans c'était un vrai repère de bobos qui mangeraient jamais du serpent ou du cabot. Faut dire que ceux là y sont assez langue de vipère et pas mal cabot eux-mêmes et que ni les serpents ni les chiens sont des animaux anthropophages à c'qui paraît. Enfin, pas les cabots des villes, pasque Papy y m'a dit qu'les cabots du désert y crèvent tellement de faim qui s'raient prêts à avaler n'importe quoi, même un d'leur pote. Les nôtres de cabots (les bobos du canal Saint Martin), leurs potes y sont prêts à les descendre en flèche mais y z'iraient pas jusqu'à les bouffer.

Dédé: J'sais pas si vous vous souv'nez (pour ceux qui r'gardent la téloche bien sûr, et j'sais qu'vous êtes pas nombreux vous les poètes d'la toile à la regarder pasque vous avez autre chose à foutre sur lequel je dirai rien aujourd'hui, ça risquerait de me faire perdre le fil de ce dont j'suis venu vous parler) mais y avait pas qu'des bobos sur les berges du canal à c't'époque. Y avait aussi des mecs qui crevaient d'froid, et accessoirement de faim, qu'en auraient p't'être bien mangé du chien ou du serpent si on leur en avait filé (sans leur dire bien sûr). Y s'raient même allés volontiers coucher chez les bobos si y les avaient invités chez eux. C'est vous dire si y z'étaient prêts à tout pour pas crever d'faim ou d'froid. Vous vous imaginez vous aller dormir chez un bobo showbisé qu'a froid nulle part, même pas aux yeux et qu'a tellement peur de rien (sauf qu'on lui tire son larfeuille) qu'y vient s'montrer sur les berges du canal Saint martin pour soutenir les SDF les jours où y a la téloche qui passe pour faire un reportage pasqu'y a pas assez d'morts de faim au Sahel pour gagner du pognon avec Nestlé ou Danone qui garnissent le panier d'la ménagère de moins cinquante ans qu'a un peu de temps d'cerveau disponible et qu'est prête à pleurer devant tant d'misère à deux pas d'sa porte qu'elle garde quand même bien fermée. Des fois qu'on lui f'rait avaler des couleuvres. Ouais je sais, mes phrases sont un peu longues et vous avez du mal à suivre. Et alors ! J'espère qu'vous avez au moins remarqué que j'soigne mon champ sémantique.

Dédé: Ben si vous suiviez vous auriez compris qu'les couleuvres à avaler c'était pour faire le lien avec les langues de vipères. Pasque si vous suiviez bien depuis l'temps que j'viens vous raconter des trucs dont vous avez rien à foutre vous sauriez aussi que tout c'que j'dis c'est vach'ment construit et qu'mes liens moi j'les soigne, c'qu'est pas toujours vot' cas à vous les poètes. Mais ça doit être pasque vous avez la tête dans les nuages, avec les p'tites fleurs à vos pieds. Comme des vrais poètes quoi. Du genre de ceux qui s'assoient au bord de l'eau pour regarder passer les cadavres dans la brume du petit matin. Pour bien vous imprégner d'l'atmosphère avant de commettre un crime de lèse-poésie.

Dédé: A propos d'atmosphère, je cause et je sais même pas si vous l'connaissez le canal Saint Martin. Non, vous l'connaissez pas ? C'est qu'vous r'gardez pas assez la téloche pasque putain y z'en ont assez parlé du canal les Sancho Panza du moulin à vent des larmes à bon marché. Pis au pire vous auriez pu vous souv'nir d'la gonzesse qui fréquentait du côté d'l'Hôtel du Nord. Me dites pas qu'vous allez pas non plus au ciné, j'vous croirais pas. En plus "Hôtel du Nord" c'est un truc qu'est passé au moins dix mille fois dans tous les ciné-clubs, y compris ceux d'la télé. Et vous les poètes de la toile vous les r'gardez les ciné-clubs d'la téloche. C'est assez intello pour vous. Même en VOST (comme y disent dans Télérama). Tiens j'vous imagine bien en train d'essayer de déchiffrer les ST d'la VO, écrits en jaune ou en blanc pâle sur le fond grisâtre des vieux films tout râpés à force d'être passés dans des projos qui leur ont raclé la couenne.

Dédé: Tout ça pour me ram'ner au cochon. Vous voyez pas l'rapport ? J'vais pas vous faire un dessin, c'est pas facile avec un traitement de texte. Mais "couenne", "cochon", ça vous dit rien ? Vous faites pas le rapprochement ? Putain, vous êtes indécrottables. Tout juste bons à balancer dans la fosse à purin.

Dédé: Enfin bref. J'suis retombé sur mes pieds et c'est bien le principal. Ah, les pieds d'cochon. Putain qu'c'est bon ! Avec un p'tit coup d'rouge si y sont en sauce, ou un p't'it blanc qu'à un goût d'pierre à fusil si vous les faites juste griller, avec la peau qui craque et les p'tits os qui vous roulent sous la dent. Ouais je sais c'est chiant les p'tits os qui roulent sous la dent mais putain qu'c'est bon. Surtout si vous faites ça avec des potes quand vous v'nez juste de tuer l'cochon. Vous avez jamais tué l'cochon non plus ? Putain, j'vais finir par plus savoir de quoi j'pourrais bien vous parler. Bordel de merde, lâchez un peu votre clavier de temps en temps et allez faire un tour dans la vraie vie. Merde !

Dédé: Avec Papy tous les ans on va en manger des pieds d'cochon. Sur le coup d'la fin d'l'année, novembre en général, un peu comme un rituel après les vendanges. Papy y le tue plus souvent l'cochon mais bouffer ses pieds avec des potes y continue. Et y m'invite. On commence par un Ricard avec Henri (ouais, son pote qu'était un des grands patrons d'Ricard, j'vous en ai déjà parlé d'Henri aussi), mais tout d'suite après on s'met au rouge ou à la pierre à fusil selon qu'on s'les fait en sauce ou grillés les pieds d'cochon. Des fois on y va avec P'pa et M'man aussi. Ouais, ça doit être un rituel. Les pieds d'cochon de la Toussaint c'est un peu comme le gigot d'Pâques.

Dédé: Vous voyez, non vous voyez pas mais j'vais vous l'dire. Encore une fois j'fais dans l'œcuménisme pasque je sais pas si vous vous souv'nez (en même temps j'dis "j'sais pas" mais je sais en fait que vous vous en souv'nez plus) mais j'ai commencé ma chronicle (ouais celle là, pas une autre) par " Pas pour les musulmans". Et bien pour pas qu'vous alliez vous imaginer des fois qu'j'aimerais pas les musulmans sous prétexte qu'un jour j'vous ai fait une chronicle qui s'app'lait "Nègres, Juifs, Arabes, Homosexuels, Belges, Greffiers et autres nuisibles…" (j'vous ai mis l'titre en entier pour qu'vous puissiez la retrouver dans la liste de mes œuvres complètes, mais y a que "Arabes" qu'est en rapport avec c'que j'suis en train d'vous dire, allez pas chercher une relation avec les Belges ou les Greffiers). Donc pour pas qu'vous alliez vous imaginer qu'j'aimerais pas les musulmans j'vous parle du gigot de Pâques qu'est du gigot d'agneau pour les riches et d'l'épaule de mouton pour les autres (enfin pas pour tous les autres pasqu'y faudrait pas oublier ceux qui crèvent de faim) comme ça j'fais un clin d'œil à mes potes Salem (pas celui des sorcières) Nordine et Baby (ça fait pas très arabe mais c'est qu'son surnom, en fait c'est un pote Marocain à Papy qu'avait un resto d'couscous à côté d'chez nous quand j'habitais chez Papy, depuis il a vendu son resto et Papy il a déménagé, mais quand même) qui bouffent jamais d'cochon (y savent pas c'qui perdent) mais beaucoup d'mouton. Souvent y font un méchoui avec. C'est une sorte de grosse brochette sur laquelle y mettent le mouton entier.

Dédé: La brochette ça me ramène à mes escargots qu'les anglais y z'aiment pas. Mais c'est juste pour retomber sur l'cochon qu'les potes portos à Papy y font aussi griller entier sur une brochette, enfin quand il est petit.

Dédé: Vous en avez déjà mangé du porcelet grillé, avec un bon coup d'blanc ou de vino verde ? Ah non, ça non plus. Vous devriez essayer une fois, ça vous changerait des Big Mac/Coca.

Dédé: Bon, si j'vous parle de rillettes, ça vous dit quelque chose quand même ? Ouf, vous m'rassurez. J'ai failli croire qu'vous étiez tous musulmans. Ca m'aurait emmerdé pasque entre le Ramadan et l'Carême ça nous aurait sucré pas loin d'quatre mois dans l'année où vous auriez pas pu m'inviter à bouffer chez vous.

Dédé: Donc les rillettes ça va. J'vous dis ça pasque P'pa faut pas lui en promettre des rillettes. Et encore c'est rien à côté du saucisson. Vous lâchez P'pa dans un Auchan ou un ProxiMarket, ou mieux une charcuterie artisanale (tiens, encore un commerce qu'y z'ont pas les muslims, après y en a qui s'plaignent de pas trouver d'boulot, pourtant les charcutiers ça embauche, et ça paye bien y paraît, enfin bref), donc vous mettez P'pa en présence de saucisson et vous l'tenez plus. Il est cap' d'en manger un entier (un gros) à l'apéro à lui tout seul pendant qu'vous vous esquintez les dents et qu'vous vous étouffez avec des cacahuètes. Puis après y s'enfile facilement sept ou huit chipolatas avec sa purée suivies d'une belle côte de porc avec des péteux. P'pa c'est une publicité vivante pour la viande de porc. Tiens, quand vous l'croiserez un jour qu'vous irez au Louvre parlez lui d'un bon p'tit museau vinaigrette ou de fromage de tête, vous verrez l'effet qu'ça lui fait.

Dédé: Tout ça pour vous dire qu'y faudrait pas qu'ces putain d'cochons mexicains y viennent nous casser les burnes avec leur grippe qu'y z'ont chopé en s'approchant un peu trop près des poules. Ca priverait vach'ment P'pa et moi aussi pasque j'pourrais pas aller bouffer des pieds d'cochon avec Papy sur le coup d'la fin d'l'année.
Remarquez, qu'des cochons qui baisent avec des poules j'en connais un paquet, Papy aussi d'ailleurs. Heureusement qu'y z'attrapent pas tous la grippe pasque déjà qu'Papy il a pas mal de ses potes qui meurent depuis quequ'z'années si y devaient en plus choper la grippe avec ça il en aurait plus beaucoup. Enfin moi j'les ai vus y a pas longtemps les potes à Papy. Y toussent pas, y crachent pas, y semblent en bonne santé, y paraît même qu'y bandent, c'est les poules qui vont être contentes.

Dédé: Bref, allez surtout pas vous laisser impressionner par ce que vous lisez dans les journaux et souv'nez vous que quoi qu'en disent les potes musulmans à Papy dans l'cochon tout est bon.


Ciao les gonzesses, c'était Dédé.