Sénégal,France, Mars à Juillet 1974, Marc Tremsal 63°64°65° Bon

Que de souvenirs avec Jean-Claude et cette belle Place des Vosges ! Combien de fois suis-je passer devant la plaque de marbre, indiquant la maison ou vécut Victor Hugo…Je me remémorais, les années 60, en débarquant à Paris…Notre rencontre à la Comédie Française, et le début de ce qui fut, une belle amitié. Toutes ces années, partageant tant de fois, des instants de camaraderie, souvent autour d’un bon repas, en parlant travail, cinéma, politique, famille…Nous avions convenu que Jean-Claude viendrait bientôt déjeuner à Suresnes. Voulant téléphoner à la maison, je pris un café dans un bar. Ty me répondit que tout aller bien. Apo avait encore téléphoné. J’appelais Alain Tuil, qui me proposa que l’on se rencontre. Il avait obtenu un sursis pour le contentieux Hertz, à condition qu’Apo négocie la vente de sa carte dans les meilleurs délais

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[justify]C’était de plus en plus impossible de se garer dans le quartier des grands magasins, ou Monsieur Sicard avait ses bureaux. Finalement je trouvais un parc à voitures. Je faisais le compte, cela faisait quatorze ans qu’on se connaissait et nos relations étaient très bonnes. Je lui avais amené, beaucoup de clients et il était très correct avec moi. Cela me faisait un appoint dans mes revenus. Lui aussi allait tomber des nues, en apprenant mon départ. Le but de ma visite de sympathie était surtout ma proposition pour que son jeune fils Patrick, qui avait une formation de publicitaire, s’installe dans mon studio. Après un long moment d’entretien, d’échanges de vues, de stupéfaction lorsque j’appris à mon ami Sicard, stupéfait ! …Que j’envisageais de quitter la France. Ma proposition trouva un bon écho. J’obtins un accord pour la vente de mon matériel photos. C’était une bonne chose de faite.
Il fallait rentrer à Suresnes, car Alain Tuil, m’avait laissé entendre qu’il passerait dans la soirée. J’avais des coups de fil à passer et à travailler. À Suresnes, habitait un bon dessinateur, spécialiste en aérographie, du nom de Fauvet, il m’était d’un précieux secours en cas de surcharge. Je devais aussi le mettre au courant de notre décision…

*

On allait s’organiser avec Ty, pour aller bientôt, à Nompatelize, voir mes parents. Ce lieu, « Le Clos sur la Route », demeure familial de nos ancêtres, ou notre père avait voulu reconstruire sa vie avec les siens, nous était très cher. Pendant plus de dix ans, Noël, Pâques, les fins de semaines avec pont, étaient incontournables pour que l’on s’évade en famille de Paris vers les Vosges. J’avais hâte de retrouver Ty, de la voir vivre plus heureuse auprès de nous. Je savais combien son cœur était tourmenté, et que si elle craquait, tout pouvait être remis en question. Il tardait à Mathilde d’être reçu par les gens de Jet Tours, que sa formation soit faîtes et son contrat signé. Je lui avais promis d’aller à la Fnac, lui acheter un très bon guide sur le Sénégal. Quant aux livres sur l’Afrique Noire, il y avait de bonnes librairies au quartier latin. Je voulais trouver des Œuvres de Léopold Sedar Senghor, le Président du Sénégal, écrivain et poète reconnu. J’étais à la recherche de livres sur la faune et la flore du Continent Africain. Je dois avouer que notre bibliothèque était pauvre en ouvrages culturels, voire géographiques, sur cet immense continent. Mais je savais, que perdu au milieu de mes favoris livres de poches, romans de St Exupéry, d’Albert Camus, de Joseph Kessel, d’Henri Troyat, je savais que j’y retrouverais « L’enfant noir » du Guinéen Camara Laye. J’avais acheté cet ouvrage, car cet auteur, traduit dans le monde entier, était au programme du primaire à l’école de Christian, sous forme de textes choisis. Hommage pathétique aux peuples d’Afrique Noire, à la femme Africaine…


J’arrivais juste en même temps qu’Alain Tuil et on monta prendre un thé au citron. Ty avait fait un grand ménage et l’on apprécia ce moment de retrouvailles, et cette boisson agréable. Le litige avec le Domaine, problème de chèque entre autres, avait été pris en main par Alain, mais il y avait urgence pour qu’Apo trouve un repreneur sérieux, et qui convienne à Hertz. Je remerciais Alain de sa patience et de tout ce qu’il avait entrepris pour éviter une action juridique. Ty lui demanda s’il pensait que nous avions été imprudent, de se lancer sans garantie, dans cette aventure.
--Mathilde, on en a parlé avec Marc, je peux comprendre votre inquiétude, mais Marc ne peut plus faire marche arrière. Votre poste d’hôtesse Jet Tours vous donnera un poids certain, un revenu, et par rapport à l’organisation du Domaine, une certaine indépendance. Donc, continuez à bien préparer votre arrivée là-bas, à mettre absolument noir sur blanc, votre plan d’investissements, à tout comptabiliser…Il reprit :
--Connaissant les faiblesses sur le plan des sports et loisirs au Domaine, les soucis d’Apo, je comprends qu’il ait demandé à Marc de venir s’installer en famille, mais de participer à l’équipement du Domaine, c’est assez culotté ! Il faut que tu te fasses faire des papiers en règle, justifiant tes avances financières. Aussi, un statu d’expatrié est à exiger.
En faisant des esquisses sur le futur sigle avec la tête de l’oiseau Calao, au bec rouge, dont je remettrai à Apo, le dessin définitif, je voulais aussi imposé le nom propre « Nianing », (inspirée de Niani, ville réputée, située au sud de l’ ancien Empire du Mali ). J’avais appris cela par un conteur… Ce nom, du village sénégalais, situé à la limite des clôtures, devait peu à peu, être l’appellation définitive de ce lieu de vacances. « Le Domaine de Nianing ». Plus tard c’est le mot NIANING qui s’imposera et pendra le pas sur…Le Domaine.
En écoutant la pertinence des propos d’Alain, je sentais combien ma détermination était grande.

Qui pouvait se douter que Marc et Mathilde n’étaient pas un couple heureux, enthousiaste, déterminé. Pourtant, malgré ma foi, ma conviction dans ce combat, j’avais au fond de moi, une angoisse réelle… Alain nous quitta. Les enfants venant de l’école avaient juste le temps de repartir. Isabelle allait à la danse, Christian au Judo. Il faisait déjà nuit et Ty se chargea de les accompagner. La confirmation du rendez-vous, à Jet Tours, était faîtes. Demain à quatorze heures. J’avais fait une étude précise sur le Domaine, l’existant et le devenir. Les maquettes pour la publicité étaient prêtes.
En attendant le retour de Ty, j’appelais longuement mes parents. Avec délicatesse, je leur parlai de notre avenir, et l’on se mit d’accord, que nous viendrions bientôt les voir. Avant de revoir mon frère Paul, je devais faire les comptes. Les devis devaient arriver par la poste. J’avais tendance à rajouter certains équipements, mais y avait-il urgence ? Ce que j’appréhendais, c’était de me retrouver sur le terrain, et de regretter de n’avoir pas commandé à temps, du matériel indispensable. En attendant les enfants et Ty, je m’installais avec un verre de whisky, en écoutant la radio. On parlait de la FNAC qui ouvrait sa première librairie à Paris. Au Portugal la situation était très tendue...Monsieur Jacques Chirac, Premier ministre devait s’adresser aux Français…

Et puis, coup de fil du Sénégal d’Apo qui voulait savoir si j’avais des récentes nouvelles d’Hertz. Il me sembla rassuré et me souhaita du courage pour la suite des opérations en France.
--Et avec Tabone, tout baigne ?
Je n’osais pas lui rappeler ou en étais les travaux,
de la piscine, et ceux de notre future maison familiale, « blottit au fond des bois »…
--Oui, tout baigne, au revoir Apo.

Une bonne soirée en famille, le dîner, et l’on ne se fit pas prier pour aller se coucher sans tarder, après un moment que je consacrais aux enfants. Après la matinée de travail à l’atelier, à voir le courrier, les devis, je préparais notre rendez-vous au groupe Sotair (Jet Tours). Les documents de publicité étaient prêts. Monsieur François, devait assurer pas mal de travail, et il voulait mon avis. Commandes en cours, dépliants, affiches, catalogues, à sortir dans les meilleurs délais ! Mon frère Paul au fil me donna des conseils, parapport aux
personnes que nous allions rencontrer.

*







Notre atout parisien,
Ty a séduit tout Jet Tours.
La poursuite du combat.

Les enfants déjeunaient à la cantine, et l’on mangea en vitesse avec Ty. La ville de Saint Cloud était mitoyenne de Suresnes et l’on arriva à la colline dominant la Seine rapidement. J’avais noté de voir Miss Bach, Jacqueline Raymond, Monsieur Martin et un des Directeur Monsieur Pinson. Mathilde devait avoir un entretien avec les responsables…En entrant dans ses bureaux, où régnait une grande animation, on se fit conduire au service accompagnement ou Mathilde avait rendez-vous. Les présentations faites, Jacqueline Raymond nous emmena au bureau de Miss Bach, véritable personnalité de jet Tours.
Après un moment de conversation, sur nous, sur le Domaine et Apo, on fit la connaissance d’autres personnes. Notre couple semblait répondre au profil, surtout Mathilde qui resta plus d’une heure au service accompagnement. Pendant ce temps, je passais du temps avec Pierrette, qui était au service télex. On se mit en contact avec Armande, c’était magique cet appareil ! Monsieur Jean-Louis Martin chargé de publicité me reçut chaleureusement. Il allait éditer le quatre pages sur le Domaine, que j’avais bien préparé, et qui serait diffusé dans les agences de voyages. Pour l’affichette à tirage limité, il connaissait un spécialiste. Retrouvant Ty et Jacqueline Raymond, je fis le point sur toutes les expéditions à faire partir par avion au Sénégal, pendant les trois mois que nous avions devant nous. Cette équipe de Jet Tours était très sympathique et je ressentais combien était important, que nous réussissions notre implantation à Nianing. Ce produit hôtelier au Sénégal semblait comptait dans leur stratégie. Cela allait faire deux ans qu’ils étaient en contrat avec Apo, et notre arrivée, notre investissement dans un secteur primordial, était salutaire et ils semblaient ravis. Jacqueline Raymond me conforta, en me disant que Ty, possédait tous les atouts pour réussir dans son poste. Il était programmé pour elle, un stage à Jet Tours, et un court séjour à Agadir, à l’Hôtel de la Kasbah.

Le directeur Monsieur Pinson étant absent, je le verrai un autre jour. Mathilde était heureuse, très motivée et satisfaite de son rendez-vous. Je devais remettre à Miss Bach le courrier d’Apo, et avant de partir, nous passions par son bureau. Très affable, elle me remercia. Monsieur Tremsal, j’ai aidé dès le départ Apo, soutenu ses efforts, mais il est urgent que pour la saison prochaine, la piscine soit faîte, ainsi que certains aménagements du bord de mer. J’ai bien compris que pour réussir votre implantation, il vous fallait des moyens. Votre important effort personnel, ne doit pas dispenser Apo, de poursuivre le développement de constructions de nouveaux logements, l’entretien rigoureux de l’existant. Je veillerais à cela, soyez en sur. Nous allons vous aider pour les expéditions. Nos accords, avec Air France, faciliteront les choses. Miss Bach s’adressa à Mathilde, en lui disant :
--Madame Tremsal, nous sommes très heureux de vous accueillir au sein de notre groupe. Vous aurez tout notre soutien. Nous avons prévu le rapatriement de Philippe, que vous devrez remplacer, dés votre arrivée au Domaine. L’après-midi avait été bien remplie et l’on rentra à Suresnes. Mathilde était silencieuse et ne tarda pas à me dire.
--Marc, je devrais être très contente, mais j’ai toujours peur de ce que tu nous fais entreprendre.
--Ty, je sais ta fragilité, mais à l’heure actuelle, il faut que tu fasses corps avec nous. Je t’y aiderais…

Mathilde avait-elle franchi le seuil du non-retour en arrière. Nous avions plus beaucoup de temps à passer, avant le grand départ. Tiendrait-elle, m’aiderait-elle à faire face à la charge de travail ? J’ avoue que j’avais terriblement besoin d’elle, de son soutien affectif et moral. Après avoir fait quelques courses, on prépara le repas. Ce jour était important pour Ty, pour nous. À partir du premier août, elle serait en place, comme représentante Jet Tours au Domaine de Nianing, avec un salaire très correct.

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