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Sénégal,France Mars à Juillet 1974, Marc tremsal,100° à 102° Bon
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Macadam :: MacadaTextes :: Nouvelles
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Sénégal,France Mars à Juillet 1974, Marc tremsal,100° à 102° Bon
Tout le monde dort. Le train de nuit interminable, de marchandises, avec sa vieille locomotive à vapeur vient de passer. Il n’y en a qu’un par 24 heures, la nuit. La voie ferrée se trouve à cinquante mètres du Donjon. De ma fenêtre, je vois, j’entends le bruit de la vapeur et des roues d’acier sur les rails. ( de nos jours, ces trains ont disparu et les rames de transports de voyageurs font très peu de bruit). Ces vieilles locos me manquent.
Avant de me coucher, je prends le cahier de comptes et coche les fournisseurs qui ont été payés. Il reste à recevoir les factures des planches à voile, des voiliers Tabur et accessoires. J’attends la fin du mois de juin avec impatience, car tout aura été expédié. Ayant pris l’habitude de remplir chaque semaine quelques pages de mon carnet, je retrouve ce rappel : faire un saut au zoo de Thoiry (Yvelines), avant notre départ…
Ma visite à Thoiry m’avait certes un peu déçu, surtout pour deux éléphants bien tristes, dans une mini marre…Mais cette petite réserve était intéressante et je m’étais promis d’y revenir…
« Thoiry, années 78. J’avais eu un rendez-vous avec le Comte de la Panouse, pour lui parler de ce que nous avions réalisé à Nianing et envisager de faire une donation de quelques varans du Nil,( lézards carnivores, en voies de disparitions) qui étaient en sur population au Domaine. Finalement cette opération ne s’est pas faite.
Lors de cette visite et de son aimable accueil au château, je le félicitais et m’étais permis de lui signaler quelques remarques sur un certain manque d’espaces pour des animaux, en tout premier mes favoris, les éléphants, ainsi que la rareté de véritables espaces de verdure de panneaux d’informations etc, ».
À cette époque il est vrai, ce zoo avait à peine quelques années d’existence. Rassurez-vous au fil des années, le zoo-parc de Thoiry, est devenu un parc animalier et forestier exceptionnel et de grande renommée.
Hall méditerranée m’a confirmé que tout est prêt pour la mise à l’eau du bateau. Le pré rodage du moteur Mercury de 75 ch, est d’une dizaine d’heures à petite vitesse. J’ai promis à Christian de l’emmener avec moi mercredi. Je dois aller à Jet Tours, car le retard pris pour les travaux de la piscine nous inquiète tous. Miss Bach m’a donné un rendez-vous. Des touristes au retour du Domaine confirment une nouvelle fois l’absence d’une piscine…Tout c’est bien passé à Jet Tours, mais leur appui exige qu’en échange cette piscine soit finie dans les meilleurs délais. Miss Bach est catégorique.
Ci-dessous, le télex envoyé par Pierrette, de Paris à Apo, Mai 74 :
MR APO,
AMBIANCE MOINS FAVORABLE POUR NOUS A JET TOUR. APRES RENSEIGNEMENTS DES ARRIVEES, COMME QUOI PISCINE PAS COMMENCEE STOP. JET TOURS CONDITIONNE SON SOUTIEN QUE SI CETTE PISCINE EST TERMINEE DANS LES PLUS BREFS DELAIS. TU SAIS QUE LA REPUTATION ET LA SURVIE DU DOMAINE SE JOUE ACTUELLEMENT. JE SAIS ET CONNAIS TES PROBLEMES MAIS JE TE FAIS CONFIANCE. TU SAIS LA DETERMINATION QUE J’AI POUR NOTRE REUSSITE. JE COMPTE SUR TA CLAIRVOYANCE ET TON EFFICACITE BIEN A TOI. MARC TREMSAL.
Avant de quitter Jet Tours, je remercie Pierrette de sa gentillesse et je croise Mathilde dans les couloirs.
--Tout va bien Marc, et tu as la cote ici ! l’on entend, que tout ce que tu entreprends pour Nianing va permettre de dynamiser une saison touristique 74/75, innovante, à ce soir. C’est encourageant ?
--Merci Ty, à ce soir.
Tout se met en place et vraiment il me tarde d’arriver sur place avant les premières pluies d’hivernage. D’après ce que j’ai appris dans les agences, le Sénégal a une nette baisse de fréquentation touristique de juillet à octobre, cause, la saison des pluies... J’ai trouvé enfin, les livres que je cherchais, sur les oiseaux d’Afrique de l’Ouest Africain ainsi que sur la flore. Ouvrages précis, illustrés qui me seront d’un grand secours sur place. Je suis convaincu que la richesse écologique du Domaine, repose sur la protection et la poursuite de plantations d’arbres, et la création d’une zone aquatique saine, (eau du forage) et arbustive. La forêt primitive si j’ose dire, plantation d’arbres remontant aux années 30, est un riche patrimoine. Ensuite tout ce qui a été entrepris et poursuivit par Apo, une nouvelle génération de plantations, est d’une grande valeur. Je sens que mon futur métier sera on ne plus riche et varié. De la publicité du produit à assurer, à la conception d’un département animation, sports et loisirs, à sa pratique sur le terrain, quel programme ! Concernant la « nature », mon engagement auprès d’Apo, pour la défense de l’environnement, sera aussi exaltant.
A l’Ile de la Jatte, la mise à l’eau du bateau blanc, est assurée par l’équipe du fournisseur Monsieur Paul BROT, le génial inventeur des coques semi-rigides. Tout est en place. Les commandes fixées prés du petit volant. Le réservoir de 25 l. m’assure une bonne autonomie. Je garde un excellent souvenir de Monsieur BROT que je reverrai souvent par la suite. Les conseils sont de naviguer près des berges afin d’éviter les grandes péniches et leurs remous. Mon permis bateau en poche, me voici très fier sur l’eau verte. Je vais faire un tour de l’Ile, être prudent car le trafic est dense dès qu’on s’éloigne sur la Seine. Je pense à Christian qui sera heureux de « barrer » ce bateau. Au Sénégal, il faudra que je forme un bon marin, car pratiquer la traction du ski nautique est assez délicat. Au bout d’une heure, je reviens et accoste le long du quai. Tout s’est bien passé. J’en profite pour voir la commande de skis, et les gilets de sauvetage.
Avec ma 403 qui a des freins tout neufs, je quitte Neuilly pour rentrer à Suresnes. Chaque jour je dois m’assurer que les travaux de publicité avancent. Mon équipe me semble moins d’attaque et je comprends que la perspective de mon départ y est pour quelque chose. A moi de les motiver, car pour la fin Juin, je veux que la page publicitaire à Paris, soit tournée. A Suresnes, de nouveaux colis sont arrivés. Il faudra acheter des cantines aux puces de Clignancourt.
Je fais le tri dans les coups de fil, le courrier et m’installe à ma table à dessin qui m’a tant servi ! AviaPlans-Dassault m’avait commandé des couvertures de classeurs confidentiels, concernant des « Mirages », que j’avais dessinés aux feutres sur calques en prémaquettes et j’ai la bonne surprise d’apprendre par Monsieur Langlois, que c’est accepté. Cela me rappelle que je dois aller faire mes adieux à toute l’équipe de cette société. Le fils Sicard doit passer pour voir mon installation et j’ai prévu des rendez-vous avec lui chez mes clients. Je profite d’être au calme pour appeler mes parents. Mon Père, toujours au fait de la politique, attend beaucoup des réformes, promises par le candidat Giscard d’Estaing. A ce sujet, le chœur des perdants se fait entendre chaque jour sur les ondes, sans rien proposer. Pour ma part, la perspective du départ, tout ce qui me reste à faire, me déconnecte de tout çà. C’est avec joie qu’on se retrouve tous à la maison. Ty est détendue et nous confirme qu’elle va partir, peut être au Maroc, en stage. Du Sénégal, Armande a pratiquement obtenu toutes les détaxes et organise pour le mois de Juin, la réception des envois de matériel. Tout arrivera par avion, départ d’Orly, sauf les voiliers Hobie Cat et Tabur par voie maritime. Apo doit appeler ce soir. Ty me dit qu’à Jet Tours, elle a appris que Miss Bach envisage d’aller au Sénégal. Enfin le téléphone sonne.
--Bonsoir Marc, comment vas tu ?
--Tout va bien Apo.
--On a peu de touristes en ce moment, est-ce que tu continues tes actions dans les agences ? Au fait, chez jet tours comment est l’ambiance ?
--Je n’arrête pas mes actions auprès des agences. Il est question que Miss Bach aille au Sénégal et vienne vous voir, es tu au courant ?
--Oui. Bon, embrasse Mathilde pour moi, bon courage, au revoir.
Apo ne m’a pas parlé de la piscine, donc c’est au point mort. Je compte beaucoup sur l’arrivée de Miss Bach, pour que les choses avancent car je vais mettre pour les expéditions Jet Tours et Air France à contribution dans quelques jours ! Je raconte ma journée aux enfants, ma promenade en bateau sur la Seine et Christian se fait une joie mercredi pour recommencer avec moi. Isabelle veut que nous rencontrions sa maîtresse. Elle me donne un beau dessin, plein de couleurs vives, en me disant.
--Papa, tu sais, je suis heureuse qu’on parte tous ensemble en Afrique.
Ty nous appelle à table pour déguster une pizza. Pendant le repas chacun prends la parole. Les enfants sont en pleine forme et Ty nous annonce l’arrivée de son père, papy Georges…Un souvenir d’été, parmi tant d’autres, me revient à l’esprit, et je le raconte aux enfants :
« Tunisie année 71… Un après-midi, à bord du voilier Dragon, papy Georges à la barre, ma sœur Geneviève et moi à bord, naviguions dans le chenal de la Goulette. Brutalement le voilier s’arrêta, la quille avait dû heurter un rocher et celui-ci bloqua le bateau. Papy, me demanda d’aller voir la quille…Je plongeai pour voir ce qui se passait et bien que l’eau soit trouble, je distinguais que la base de la quille était coincée entre deux gros rochers. Après trois ou quatre plongeons, conjuguant nos efforts, par une manœuvre dont il avait le secret, et toutes voiles dehors, papy dégagea le voilier ! »
Les enfants connaissant bien le voilier de leur papy. Christian me dit.
--Papa, on retournera en Tunisie ? J’avoue que sa question me surprend, mais je trouve la réponse.
--Certainement, quand on rentrera du Sénégal en été, on en aura des personnes chères à voir ! C’était l’heure de se coucher pour les enfants, de réviser les leçons. Isabelle veut que je lui lise un poème après… Je vous lirai une poésie d’Apollinaire, encore inspirée par un coin de Paris. Je me souvenais à cet instant précis, des instants d’émotion, de joie, de plaisir, lorsque maman en Tunisie, nous déclamait par cœur des textes poétiques. Le moment arriva et je commençais ma lecture :
« La boucle retrouvée »
Il retrouve dans sa mémoire
La boucle de cheveux châtains
T’en souvient-il à n’y point croire
De nos deux étranges destins
Du boulevard de la Chapelle
Du joli Montmartre et d’Auteuil
Je me souviens murmure-t-elle
Du jour où j’ai franchi ton seuil
Il y tomba comme un automne
La boucle de mon souvenir
Et notre destin qui t’étonne
Se joint au jour qui va finir
Isabelle me remercia et me promis, d’apprendre par cœur, tous les poèmes que je leurs lisais…
--Papa, mamyette connait ce poème ?
--Certainement ma chérie.
Les enfants se sont endormis. Je ne peux m’empêcher de penser encore, à ma chère maman. Je me « retrouve » avec émotion, en toute complicité, auprès d’elle…Malheureusement trop tôt disparue…
« Pendant sa tendre jeunesse en Provence, elle avait appris par cœur des poèmes de Lamartine, de Hugo, de Musset…Sans oublier Racine, Corneille et le grand Frédéric Mistral, dont je vous ai déjà parlé. Bien que très occupé par ses charges de mère de famille nombreuse, d’épouse d’un homme public, j’ai le souvenir de l’avoir souvent vue avec un livre à la main, lors des rares instants de repos qu’elle prenait »
Isabelle durant ses huit années avant notre départ en Afrique, s’était beaucoup attaché à sa mamyyette. Nos nombreux voyages vers les Vosges, en cours d’année, et les huit Noëls passés à Nompatelize, lui avait permis de vivre pleinement, les valeurs d’une grande famille, la nôtre. Il en est de même pour Christian, très attaché à ses grands-parents et au « Clos sur la Route », leur grande maison ».
…j’éteignais leur lampe de chevet. Me retrouvant dans ma chambre, bouquinant le gros livre sur la flore d’Afrique de l’ ouest. Il apparaissait, que plusieurs espèces d’arbres, de fleurs provenaient d’Amérique du Sud, des Indes, et d’Australie. Elles avaient été acclimatées avec succès, pendant l’ère coloniale. Je citerai un de ces arbres que l’on trouve dans les capitales Africaine, le flamboyant, ainsi que le filao, sorte de pin élancé, le long des côtes. Sur le baobab, arbre ancestral, très présent au Sénégal, et qui vit très vieux, ce livre donne beaucoup de renseignements. Toutes les sortes de bougainvilliers, les hibiscus, viennent aussi des îles lointaines, ainsi que les pervenches de Madagascar…
Avant de me coucher, je prends le cahier de comptes et coche les fournisseurs qui ont été payés. Il reste à recevoir les factures des planches à voile, des voiliers Tabur et accessoires. J’attends la fin du mois de juin avec impatience, car tout aura été expédié. Ayant pris l’habitude de remplir chaque semaine quelques pages de mon carnet, je retrouve ce rappel : faire un saut au zoo de Thoiry (Yvelines), avant notre départ…
Ma visite à Thoiry m’avait certes un peu déçu, surtout pour deux éléphants bien tristes, dans une mini marre…Mais cette petite réserve était intéressante et je m’étais promis d’y revenir…
« Thoiry, années 78. J’avais eu un rendez-vous avec le Comte de la Panouse, pour lui parler de ce que nous avions réalisé à Nianing et envisager de faire une donation de quelques varans du Nil,( lézards carnivores, en voies de disparitions) qui étaient en sur population au Domaine. Finalement cette opération ne s’est pas faite.
Lors de cette visite et de son aimable accueil au château, je le félicitais et m’étais permis de lui signaler quelques remarques sur un certain manque d’espaces pour des animaux, en tout premier mes favoris, les éléphants, ainsi que la rareté de véritables espaces de verdure de panneaux d’informations etc, ».
À cette époque il est vrai, ce zoo avait à peine quelques années d’existence. Rassurez-vous au fil des années, le zoo-parc de Thoiry, est devenu un parc animalier et forestier exceptionnel et de grande renommée.
*
Hall méditerranée m’a confirmé que tout est prêt pour la mise à l’eau du bateau. Le pré rodage du moteur Mercury de 75 ch, est d’une dizaine d’heures à petite vitesse. J’ai promis à Christian de l’emmener avec moi mercredi. Je dois aller à Jet Tours, car le retard pris pour les travaux de la piscine nous inquiète tous. Miss Bach m’a donné un rendez-vous. Des touristes au retour du Domaine confirment une nouvelle fois l’absence d’une piscine…Tout c’est bien passé à Jet Tours, mais leur appui exige qu’en échange cette piscine soit finie dans les meilleurs délais. Miss Bach est catégorique.
Ci-dessous, le télex envoyé par Pierrette, de Paris à Apo, Mai 74 :
MR APO,
AMBIANCE MOINS FAVORABLE POUR NOUS A JET TOUR. APRES RENSEIGNEMENTS DES ARRIVEES, COMME QUOI PISCINE PAS COMMENCEE STOP. JET TOURS CONDITIONNE SON SOUTIEN QUE SI CETTE PISCINE EST TERMINEE DANS LES PLUS BREFS DELAIS. TU SAIS QUE LA REPUTATION ET LA SURVIE DU DOMAINE SE JOUE ACTUELLEMENT. JE SAIS ET CONNAIS TES PROBLEMES MAIS JE TE FAIS CONFIANCE. TU SAIS LA DETERMINATION QUE J’AI POUR NOTRE REUSSITE. JE COMPTE SUR TA CLAIRVOYANCE ET TON EFFICACITE BIEN A TOI. MARC TREMSAL.
Avant de quitter Jet Tours, je remercie Pierrette de sa gentillesse et je croise Mathilde dans les couloirs.
--Tout va bien Marc, et tu as la cote ici ! l’on entend, que tout ce que tu entreprends pour Nianing va permettre de dynamiser une saison touristique 74/75, innovante, à ce soir. C’est encourageant ?
--Merci Ty, à ce soir.
Tout se met en place et vraiment il me tarde d’arriver sur place avant les premières pluies d’hivernage. D’après ce que j’ai appris dans les agences, le Sénégal a une nette baisse de fréquentation touristique de juillet à octobre, cause, la saison des pluies... J’ai trouvé enfin, les livres que je cherchais, sur les oiseaux d’Afrique de l’Ouest Africain ainsi que sur la flore. Ouvrages précis, illustrés qui me seront d’un grand secours sur place. Je suis convaincu que la richesse écologique du Domaine, repose sur la protection et la poursuite de plantations d’arbres, et la création d’une zone aquatique saine, (eau du forage) et arbustive. La forêt primitive si j’ose dire, plantation d’arbres remontant aux années 30, est un riche patrimoine. Ensuite tout ce qui a été entrepris et poursuivit par Apo, une nouvelle génération de plantations, est d’une grande valeur. Je sens que mon futur métier sera on ne plus riche et varié. De la publicité du produit à assurer, à la conception d’un département animation, sports et loisirs, à sa pratique sur le terrain, quel programme ! Concernant la « nature », mon engagement auprès d’Apo, pour la défense de l’environnement, sera aussi exaltant.
*
A l’Ile de la Jatte, la mise à l’eau du bateau blanc, est assurée par l’équipe du fournisseur Monsieur Paul BROT, le génial inventeur des coques semi-rigides. Tout est en place. Les commandes fixées prés du petit volant. Le réservoir de 25 l. m’assure une bonne autonomie. Je garde un excellent souvenir de Monsieur BROT que je reverrai souvent par la suite. Les conseils sont de naviguer près des berges afin d’éviter les grandes péniches et leurs remous. Mon permis bateau en poche, me voici très fier sur l’eau verte. Je vais faire un tour de l’Ile, être prudent car le trafic est dense dès qu’on s’éloigne sur la Seine. Je pense à Christian qui sera heureux de « barrer » ce bateau. Au Sénégal, il faudra que je forme un bon marin, car pratiquer la traction du ski nautique est assez délicat. Au bout d’une heure, je reviens et accoste le long du quai. Tout s’est bien passé. J’en profite pour voir la commande de skis, et les gilets de sauvetage.
Avec ma 403 qui a des freins tout neufs, je quitte Neuilly pour rentrer à Suresnes. Chaque jour je dois m’assurer que les travaux de publicité avancent. Mon équipe me semble moins d’attaque et je comprends que la perspective de mon départ y est pour quelque chose. A moi de les motiver, car pour la fin Juin, je veux que la page publicitaire à Paris, soit tournée. A Suresnes, de nouveaux colis sont arrivés. Il faudra acheter des cantines aux puces de Clignancourt.
Je fais le tri dans les coups de fil, le courrier et m’installe à ma table à dessin qui m’a tant servi ! AviaPlans-Dassault m’avait commandé des couvertures de classeurs confidentiels, concernant des « Mirages », que j’avais dessinés aux feutres sur calques en prémaquettes et j’ai la bonne surprise d’apprendre par Monsieur Langlois, que c’est accepté. Cela me rappelle que je dois aller faire mes adieux à toute l’équipe de cette société. Le fils Sicard doit passer pour voir mon installation et j’ai prévu des rendez-vous avec lui chez mes clients. Je profite d’être au calme pour appeler mes parents. Mon Père, toujours au fait de la politique, attend beaucoup des réformes, promises par le candidat Giscard d’Estaing. A ce sujet, le chœur des perdants se fait entendre chaque jour sur les ondes, sans rien proposer. Pour ma part, la perspective du départ, tout ce qui me reste à faire, me déconnecte de tout çà. C’est avec joie qu’on se retrouve tous à la maison. Ty est détendue et nous confirme qu’elle va partir, peut être au Maroc, en stage. Du Sénégal, Armande a pratiquement obtenu toutes les détaxes et organise pour le mois de Juin, la réception des envois de matériel. Tout arrivera par avion, départ d’Orly, sauf les voiliers Hobie Cat et Tabur par voie maritime. Apo doit appeler ce soir. Ty me dit qu’à Jet Tours, elle a appris que Miss Bach envisage d’aller au Sénégal. Enfin le téléphone sonne.
--Bonsoir Marc, comment vas tu ?
--Tout va bien Apo.
--On a peu de touristes en ce moment, est-ce que tu continues tes actions dans les agences ? Au fait, chez jet tours comment est l’ambiance ?
--Je n’arrête pas mes actions auprès des agences. Il est question que Miss Bach aille au Sénégal et vienne vous voir, es tu au courant ?
--Oui. Bon, embrasse Mathilde pour moi, bon courage, au revoir.
Apo ne m’a pas parlé de la piscine, donc c’est au point mort. Je compte beaucoup sur l’arrivée de Miss Bach, pour que les choses avancent car je vais mettre pour les expéditions Jet Tours et Air France à contribution dans quelques jours ! Je raconte ma journée aux enfants, ma promenade en bateau sur la Seine et Christian se fait une joie mercredi pour recommencer avec moi. Isabelle veut que nous rencontrions sa maîtresse. Elle me donne un beau dessin, plein de couleurs vives, en me disant.
--Papa, tu sais, je suis heureuse qu’on parte tous ensemble en Afrique.
Ty nous appelle à table pour déguster une pizza. Pendant le repas chacun prends la parole. Les enfants sont en pleine forme et Ty nous annonce l’arrivée de son père, papy Georges…Un souvenir d’été, parmi tant d’autres, me revient à l’esprit, et je le raconte aux enfants :
« Tunisie année 71… Un après-midi, à bord du voilier Dragon, papy Georges à la barre, ma sœur Geneviève et moi à bord, naviguions dans le chenal de la Goulette. Brutalement le voilier s’arrêta, la quille avait dû heurter un rocher et celui-ci bloqua le bateau. Papy, me demanda d’aller voir la quille…Je plongeai pour voir ce qui se passait et bien que l’eau soit trouble, je distinguais que la base de la quille était coincée entre deux gros rochers. Après trois ou quatre plongeons, conjuguant nos efforts, par une manœuvre dont il avait le secret, et toutes voiles dehors, papy dégagea le voilier ! »
Les enfants connaissant bien le voilier de leur papy. Christian me dit.
--Papa, on retournera en Tunisie ? J’avoue que sa question me surprend, mais je trouve la réponse.
--Certainement, quand on rentrera du Sénégal en été, on en aura des personnes chères à voir ! C’était l’heure de se coucher pour les enfants, de réviser les leçons. Isabelle veut que je lui lise un poème après… Je vous lirai une poésie d’Apollinaire, encore inspirée par un coin de Paris. Je me souvenais à cet instant précis, des instants d’émotion, de joie, de plaisir, lorsque maman en Tunisie, nous déclamait par cœur des textes poétiques. Le moment arriva et je commençais ma lecture :
« La boucle retrouvée »
Il retrouve dans sa mémoire
La boucle de cheveux châtains
T’en souvient-il à n’y point croire
De nos deux étranges destins
Du boulevard de la Chapelle
Du joli Montmartre et d’Auteuil
Je me souviens murmure-t-elle
Du jour où j’ai franchi ton seuil
Il y tomba comme un automne
La boucle de mon souvenir
Et notre destin qui t’étonne
Se joint au jour qui va finir
Isabelle me remercia et me promis, d’apprendre par cœur, tous les poèmes que je leurs lisais…
--Papa, mamyette connait ce poème ?
--Certainement ma chérie.
Les enfants se sont endormis. Je ne peux m’empêcher de penser encore, à ma chère maman. Je me « retrouve » avec émotion, en toute complicité, auprès d’elle…Malheureusement trop tôt disparue…
« Pendant sa tendre jeunesse en Provence, elle avait appris par cœur des poèmes de Lamartine, de Hugo, de Musset…Sans oublier Racine, Corneille et le grand Frédéric Mistral, dont je vous ai déjà parlé. Bien que très occupé par ses charges de mère de famille nombreuse, d’épouse d’un homme public, j’ai le souvenir de l’avoir souvent vue avec un livre à la main, lors des rares instants de repos qu’elle prenait »
Isabelle durant ses huit années avant notre départ en Afrique, s’était beaucoup attaché à sa mamyyette. Nos nombreux voyages vers les Vosges, en cours d’année, et les huit Noëls passés à Nompatelize, lui avait permis de vivre pleinement, les valeurs d’une grande famille, la nôtre. Il en est de même pour Christian, très attaché à ses grands-parents et au « Clos sur la Route », leur grande maison ».
…j’éteignais leur lampe de chevet. Me retrouvant dans ma chambre, bouquinant le gros livre sur la flore d’Afrique de l’ ouest. Il apparaissait, que plusieurs espèces d’arbres, de fleurs provenaient d’Amérique du Sud, des Indes, et d’Australie. Elles avaient été acclimatées avec succès, pendant l’ère coloniale. Je citerai un de ces arbres que l’on trouve dans les capitales Africaine, le flamboyant, ainsi que le filao, sorte de pin élancé, le long des côtes. Sur le baobab, arbre ancestral, très présent au Sénégal, et qui vit très vieux, ce livre donne beaucoup de renseignements. Toutes les sortes de bougainvilliers, les hibiscus, viennent aussi des îles lointaines, ainsi que les pervenches de Madagascar…
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Dernière édition par tremsal le Lun 11 Juil - 10:50, édité 4 fois
tremsal- MacadAdo
- Messages : 113
Date d'inscription : 12/08/2010
Re: Sénégal,France Mars à Juillet 1974, Marc tremsal,100° à 102° Bon
Lu avec plaisir cette chronique, comme chaque fois.
Swann,
Swann,
Swann- MacadAccro
- Messages : 1023
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