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°Senegal/France Mars à Juillet 1974 marc tremsal 72°73° 74°75° Bon°
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Macadam :: MacadaTextes :: Nouvelles
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°Senegal/France Mars à Juillet 1974 marc tremsal 72°73° 74°75° Bon°
L’intérêt de vous avoir présenté simplement ce rapport et les perspectives d’investissements me concernant, au Domaine de Nianing, a pour but de vous sensibiliser, à ce que j’avais décidé d’entreprendre, en ces premiers mois de 1974.
La situation d’Apo d’une part, qui m’avait demandé de venir à ses côtés, en famille, et d’autre part, en m’ avouant ses importantes difficultés, d' attendre de moi que j’investisse, est à prendre en compte. C’est une réalité, plus je me voyais actif et entreprenant, en arrivant sur le terrain, ayant rempli mon contrat, plus j’avais la certitude de pouvoir réussir et m’imposer…Tout mon engagement auprès d’Apo, la publicité du Domaine, faite à Paris, la poursuite de bonnes relations avec Jet Tours, les achats, les expéditions de matériels, respecter les délais prévus, devenaient mon seul objectif. L’idée de faire une série de cartes postales, d’après mes diapos, me vint chez Sicard, l’imprimeur. Il me mit en rapport avec les Editions Delroisse qui lancèrent l’impression. Le tirage des affiches était en cours, ainsi que les autocollants et les cartes postales.
Mes cartes de sports étaient prêtes. Chez Jet Tours, le quatre pages en couleurs, devait être livré aux agences. Avec tout ce matériel publicitaire sur le Domaine, mon action et l’appui de Jet Tours, on allait être plus présent chez les voyagistes. Je constatais, combien j’avais endossé rapidement mon nouvel habit, et la facilité dans mes contacts, de m’identifier à ce cher Sénégal, et au Domaine. René Tabone avait amené la 403, à Suresnes. Il avait noté tout ce qui devait pratiquement partir d' Orly, par Air France. Nous avions trois mois devant nous, notre départ se situant vers la fin juillet.
Les jours passèrent avec un froid intense, mais la neige avait disparu. Certaines commandes (jeux de société, raquettes, balles, ballons, gilets de sauvetage) qui devaient partir en grandes valises par avion, devaient arriver à Suresnes. Les deux voiliers catamaran, les tables de tennis de table, seraient expédiés par voie maritime. J’attendais l’appel d’Hall méditerranée, pour savoir la date de livraison du bateau. Pour mon permis, j’avais deux semaines pour apprendre le code maritime de navigation sur les canaux fluviaux, et le long des côtes méditerranéennes. etc. Tout en menant de front, l’organisation de ma cessation d’activité, et tout ce qui avait un lien avec notre départ, je songeais à ce que serait notre vie au Sénégal. J’allais entreprendre un nouveau métier, qui nécessiterait une grande disponibilité, et l’acquisition de nouvelles connaissances. Sur le plan sportif, je n’avais pas de soucis. La voile, l’équitation, le tennis, les sports collectifs ne m’étaient pas inconnus. C’est sur le plan de l’animation (jeux, soirées) qu’il était indispensable d’avoir une bonne documentation. Pour avoir vécu deux semaines au Domaine, et constater l’absence d’une bonne animation, je devais concevoir pour l’avenir, un projet original, pour ne pas m’inspirer du Club Méditerranée. De toute façon, nous serions limités au début faute de moyens.
Nous avions convenu de déjeuner avec mon frère Paul dans le 9eme, et il fut satisfait de voir que les choses avançaient. N’étant pas loin de chez Monsieur Sicard, j’en profitais pour lui demander où en était nos comptes. J'ai eu la bonne surprise d’apprendre qu’il m’avait envoyé un chèque de 5000 FF. Son fils Patrick était passé voir le matériel photos et avait pris les factures d’achat. Neuf, tout cet équipement m’avait coûté plus de 16000 FF. Il permettait de faire de la prise de vue, de la reproduction et des tirages en noir et blanc jusqu'au format 30X40cm. Je proposais à son père de faire prochainement la tournée de mes clients avec Patrick, qui était très heureux de venir s ‘installer dans mon studio. D’un petit café, j’appelais Ty pour lui dire que je rentrerai tard, elle avait eu un appel de Jet Tours, pour son rendez-vous, et pour que je vienne prendre des télex du Domaine.
Des boulevards, où je me trouvais, j’allais vers la gare du nord, rue du Faubourg Poissonnière. En passant dans cette rue, j’avais souvent remarqué un grand panneau « Cours de Danses ». Il y avait eu dernièrement, un reportage à la télé et ce jour-là, d’une manière irrésistible, je fus attiré par ce temple de la danse. Les cours Jacques Bense étaient réputés à Paris. Trouvant une place, je me présentais à l’accueil.
Jacques Bense, très distingué, devait avoir la cinquantaine et au bout de dix minutes de conversation, dans le brouhaha musical, il m’avait convaincu de venir prendre quelques cours de danses. J’ai le souvenir qu’en Tunisie, dans les années cinquante, on avait appris un peu toutes les danses, dans les surboums et les bals. L’école Jacques Bense, proposait un forfait pour des initiations aux claquettes, à la valse, au tango, au paso-doble et au rock n’roll. Je vous avoue que je n’ai jamais dévoilé ce petit secret à personne et que je garde un très bon souvenir de ces quelques heures de cours passées dans cette école.
Rejoignant l’avenue Matignon, pour aller à la Galerie Philipe Reichenbach, j’espérais y voir Philippe. Avec ce personnage très attachant, frère du cinéaste François Reichenbach, nous avions lié une relation de confiance. Très érudit, fin connaisseur des arts contemporains, depuis plusieurs années, il me confiait la réalisation de catalogues, d’affichettes, de cartes d’invitations, concernant la plupart du temps, des artistes de notre époque. Lorsqu’il apprit que j’allais quitter Paris, pour l’Afrique, il eut tout d’abord, une réaction surprenante, et sans hésiter, il me dit :
--Jean-Marc, vous allez réaliser mon rêve de toujours ! Je viendrais vous voir dans votre coin perdu.
C’est vrai qu’ensuite il me rappela combien il avait apprécié notre entente et que mon absence lui poserait de sérieux problèmes. Il me confia qu’il avait un projet aux USA, dans l’état du Texas, mais que rien était décidé. On parla de l’Afrique, du Sénégal, il avait lu Senghor et Levis Strauss. Au moment de se quitter il me confia :
--Jean-Marc vous devriez aller au Musée Guimet, avenue d’Iéna, et au Palais des Colonies, à la porte Dorée. Ces lieux sont des références universelles.
Je le remerciais, en précisant qu’on se reverrait avant mon départ. Il était trop tard, pour aller à la porte Dorée, mais vers Iéna, j’avais encore le temps. Après avoir découvert une partie, de ce Musée Guimet, de ce temple de l’Art Asiatique, de l’Inde, de la Chine, du Japon, du Cambodge, de la Corée, de l’Indochine, des religions de l’Egypte, des Antiquités classique, etc, je rentrais à Suresnes. J’avais appris que cet important Musée, avait été l’œuvre d’un homme, un industriel Lyonnais, Emile Guimet, ( 1836/1918), grand collectionneur, qui à la suite de plusieurs voyages en Egypte, en Grèce, en Asie, Chine, Japon, puis en Inde, le fit construire. Il fut inauguré en 1889. Ma déception était que l’Afrique Noire y était pratiquement absente et que l’on me recommanda d’aller au Louvre et au Palais des colonies, à la Porte Dorée. Je ne regrettais pas ma visite et réalisais combien Paris, possédait de richesses culturelles.
Jour après jour, tout en étant au fait de mille choses à entreprendre, je ressentais en moi ce besoin d’en savoir plus sur l’Afrique Noire. N’étais-je pas aussi un peu Africain ! De cette Tunisie devenue assez lointaine dans mon cœur, pour les raisons que vous savez, je ne pouvais m’empêcher de faire un lien avec des souvenirs heureux de ma jeunesse. Grâce au marchand de journaux, tout prés de la rue de Bône, tenus par deux frères, juifs sépharades et qui connaissait mon père depuis toujours, j’avais accès gratuitement à tous les illustrés. Des bandes dessinées que je lisais, souvent en cachette, car notre grand mère, trouvait que ce n’était pas des lectures correctes…Les albums Tarzans de Rice Burroughs, magnifiant la nature, la jungle, les animaux. J’avoue avoir vu de nombreux films au cinéma le « Mondial » de notre ami Maurice Sitruck ou au cinéma le« Palmarium »… African Quenn, de John Ford, (1951) avec Humphrey Bogart, Katharine Hepburn, Mogambo, (1954) avec Clark Gable, Ava Gardner. Puis tous les Tarzans, avec Johnny Weissmuller, Maureen Sullivan, dont le premier, adapté au cinéma en 1918, Tarzan chez les Singes, connut un succès phénoménal.
On peut dire que l’Afrique est un peu née au Cinéma… Avec tous les « Tarzan » et les grandes fresques épiques, comme « Les Mines du Roi Salomon » (1950) avec Stewart Grandger et Deborah Kerr… Dés mes quatorze ans, le cinéma avait pris pour moi, une énorme importance…et c’est grâce à lui que j’ai en grande partie, acquis une culture générale, et la connaissance du monde. Le fait réel était, que dans deux salles de cinéma de Tunis, et durant le mandat de Maire de mon père, je pouvais y aller gratuitement. Cela favorisait mes escapades cinématographiques, « mon école buissonnière », et j’ai encore en mémoire, le vrai plaisir, étant encore mineur, d’entrer dans une salle obscure, pour voir les actualités françaises, le dessin animé, qui précédait le film, souvent en noir et blanc et pour adulte !
C’est vrai que par la suite, et jusqu'à aujourdhui, d’autres films apparurent dénonçant les films dits coloniaux, des années cinquante, qui mettaient souvent l’accent sur le coté « civilisateur » et une certaine bonne conscience de l’Occident par rapport à l’Afrique. Dés les indépendances, disparaissait le personnage de l’indigène, trop souvent réduit au rôle subalterne et naïf. Le dernier film vu à Tunis, traitant courageusement de l’Afrique Noire et valorisant « le peuple noir » au Kenya, fut le Carnaval des Dieux de Richard Brooks, (1957), avec Sidney Poitier, premier acteur noir sanctifié !
Mathilde avait fait signe à nos amis de Poissy. J’avais beaucoup d’estime pour Patrice. La soirée consista à parler de notre désir de partir, et, bien entendu, ce fut la surprise totale. J’en avais parlé à Patrice, mais en lui demandant la discrétion, il n’avait rien dit.
On se quitta assez tard, et les enfants se couchèrent.
J’allais au salon, ouvrir la bibliothèque anglaise en palissandre de la fin 19e, que nous avions acheté pour tous nos livres. Je choisissais, un des deux ouvrages que nous possédions, de Joseph Conrad, « Des Souvenirs ». Ce grand écrivain, aventurier, voyageur, dont l’immense œuvre inspira tant de metteurs en scènes, du début du siècle. Ayant rejoint la chambre des enfants pour leur raconter une histoire, souvent inventée d’ailleurs et assis sur le lit d’Isabelle, je leur lisais ce soir-là, un paragraphe de ce livre romanesque, talentueux, et à la fin du paragraphe, je terminais par :
« Alors que j’avais dix ans environ, regardant une carte de l’Afrique de cette époque et mettant le doigt sur l’espace blanc qui représentait alors l’inconnu mystérieux de ce continent, je me dis… Quand je serai grand, j’irai là ! » J. CONRAD
On sait combien l’Afrique Noire, inspira entre autres, cet écrivain d’origine russo-polonaise, et considéré de nos jours, comme un des plus grands auteurs anglais. Pour ceux qui aiment le grand large, l’autre ouvrage que j’ai gardé depuis toujours, est « Le Miroir de la mer ». A travers tous ces voyages dans la marine marchande, sur toutes les mers, ses escales, on y découvre le monde, par des descriptions hautes en couleurs et parfois dantesques…
Isabelle s’était endormie et je refermais mon livre. Christian, en me disant bonne nuit, me rappela à la réalité en me disant :
--Papa, tu as assez d’argent pour tout ce que tu dois acheter ! Tu sais que je t’aiderais là-bas en Afrique…
Je le rassurais en lui disant que tout se passait bien comme prévu. Ty lisait et me parla du programme du lendemain. Je l’écoutais tout en regardant Paris de la fenêtre. La nuit était noire, nuit d’hiver où les lumières de Paris au loin, scintillaient.
La situation d’Apo d’une part, qui m’avait demandé de venir à ses côtés, en famille, et d’autre part, en m’ avouant ses importantes difficultés, d' attendre de moi que j’investisse, est à prendre en compte. C’est une réalité, plus je me voyais actif et entreprenant, en arrivant sur le terrain, ayant rempli mon contrat, plus j’avais la certitude de pouvoir réussir et m’imposer…Tout mon engagement auprès d’Apo, la publicité du Domaine, faite à Paris, la poursuite de bonnes relations avec Jet Tours, les achats, les expéditions de matériels, respecter les délais prévus, devenaient mon seul objectif. L’idée de faire une série de cartes postales, d’après mes diapos, me vint chez Sicard, l’imprimeur. Il me mit en rapport avec les Editions Delroisse qui lancèrent l’impression. Le tirage des affiches était en cours, ainsi que les autocollants et les cartes postales.
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Mes cartes de sports étaient prêtes. Chez Jet Tours, le quatre pages en couleurs, devait être livré aux agences. Avec tout ce matériel publicitaire sur le Domaine, mon action et l’appui de Jet Tours, on allait être plus présent chez les voyagistes. Je constatais, combien j’avais endossé rapidement mon nouvel habit, et la facilité dans mes contacts, de m’identifier à ce cher Sénégal, et au Domaine. René Tabone avait amené la 403, à Suresnes. Il avait noté tout ce qui devait pratiquement partir d' Orly, par Air France. Nous avions trois mois devant nous, notre départ se situant vers la fin juillet.
Les jours passèrent avec un froid intense, mais la neige avait disparu. Certaines commandes (jeux de société, raquettes, balles, ballons, gilets de sauvetage) qui devaient partir en grandes valises par avion, devaient arriver à Suresnes. Les deux voiliers catamaran, les tables de tennis de table, seraient expédiés par voie maritime. J’attendais l’appel d’Hall méditerranée, pour savoir la date de livraison du bateau. Pour mon permis, j’avais deux semaines pour apprendre le code maritime de navigation sur les canaux fluviaux, et le long des côtes méditerranéennes. etc. Tout en menant de front, l’organisation de ma cessation d’activité, et tout ce qui avait un lien avec notre départ, je songeais à ce que serait notre vie au Sénégal. J’allais entreprendre un nouveau métier, qui nécessiterait une grande disponibilité, et l’acquisition de nouvelles connaissances. Sur le plan sportif, je n’avais pas de soucis. La voile, l’équitation, le tennis, les sports collectifs ne m’étaient pas inconnus. C’est sur le plan de l’animation (jeux, soirées) qu’il était indispensable d’avoir une bonne documentation. Pour avoir vécu deux semaines au Domaine, et constater l’absence d’une bonne animation, je devais concevoir pour l’avenir, un projet original, pour ne pas m’inspirer du Club Méditerranée. De toute façon, nous serions limités au début faute de moyens.
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Nous avions convenu de déjeuner avec mon frère Paul dans le 9eme, et il fut satisfait de voir que les choses avançaient. N’étant pas loin de chez Monsieur Sicard, j’en profitais pour lui demander où en était nos comptes. J'ai eu la bonne surprise d’apprendre qu’il m’avait envoyé un chèque de 5000 FF. Son fils Patrick était passé voir le matériel photos et avait pris les factures d’achat. Neuf, tout cet équipement m’avait coûté plus de 16000 FF. Il permettait de faire de la prise de vue, de la reproduction et des tirages en noir et blanc jusqu'au format 30X40cm. Je proposais à son père de faire prochainement la tournée de mes clients avec Patrick, qui était très heureux de venir s ‘installer dans mon studio. D’un petit café, j’appelais Ty pour lui dire que je rentrerai tard, elle avait eu un appel de Jet Tours, pour son rendez-vous, et pour que je vienne prendre des télex du Domaine.
Des boulevards, où je me trouvais, j’allais vers la gare du nord, rue du Faubourg Poissonnière. En passant dans cette rue, j’avais souvent remarqué un grand panneau « Cours de Danses ». Il y avait eu dernièrement, un reportage à la télé et ce jour-là, d’une manière irrésistible, je fus attiré par ce temple de la danse. Les cours Jacques Bense étaient réputés à Paris. Trouvant une place, je me présentais à l’accueil.
Jacques Bense, très distingué, devait avoir la cinquantaine et au bout de dix minutes de conversation, dans le brouhaha musical, il m’avait convaincu de venir prendre quelques cours de danses. J’ai le souvenir qu’en Tunisie, dans les années cinquante, on avait appris un peu toutes les danses, dans les surboums et les bals. L’école Jacques Bense, proposait un forfait pour des initiations aux claquettes, à la valse, au tango, au paso-doble et au rock n’roll. Je vous avoue que je n’ai jamais dévoilé ce petit secret à personne et que je garde un très bon souvenir de ces quelques heures de cours passées dans cette école.
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D’une Galerie à un musée,
D’un libraire, à Hampâté Bâ.
D’une Galerie à un musée,
D’un libraire, à Hampâté Bâ.
Rejoignant l’avenue Matignon, pour aller à la Galerie Philipe Reichenbach, j’espérais y voir Philippe. Avec ce personnage très attachant, frère du cinéaste François Reichenbach, nous avions lié une relation de confiance. Très érudit, fin connaisseur des arts contemporains, depuis plusieurs années, il me confiait la réalisation de catalogues, d’affichettes, de cartes d’invitations, concernant la plupart du temps, des artistes de notre époque. Lorsqu’il apprit que j’allais quitter Paris, pour l’Afrique, il eut tout d’abord, une réaction surprenante, et sans hésiter, il me dit :
--Jean-Marc, vous allez réaliser mon rêve de toujours ! Je viendrais vous voir dans votre coin perdu.
C’est vrai qu’ensuite il me rappela combien il avait apprécié notre entente et que mon absence lui poserait de sérieux problèmes. Il me confia qu’il avait un projet aux USA, dans l’état du Texas, mais que rien était décidé. On parla de l’Afrique, du Sénégal, il avait lu Senghor et Levis Strauss. Au moment de se quitter il me confia :
--Jean-Marc vous devriez aller au Musée Guimet, avenue d’Iéna, et au Palais des Colonies, à la porte Dorée. Ces lieux sont des références universelles.
Je le remerciais, en précisant qu’on se reverrait avant mon départ. Il était trop tard, pour aller à la porte Dorée, mais vers Iéna, j’avais encore le temps. Après avoir découvert une partie, de ce Musée Guimet, de ce temple de l’Art Asiatique, de l’Inde, de la Chine, du Japon, du Cambodge, de la Corée, de l’Indochine, des religions de l’Egypte, des Antiquités classique, etc, je rentrais à Suresnes. J’avais appris que cet important Musée, avait été l’œuvre d’un homme, un industriel Lyonnais, Emile Guimet, ( 1836/1918), grand collectionneur, qui à la suite de plusieurs voyages en Egypte, en Grèce, en Asie, Chine, Japon, puis en Inde, le fit construire. Il fut inauguré en 1889. Ma déception était que l’Afrique Noire y était pratiquement absente et que l’on me recommanda d’aller au Louvre et au Palais des colonies, à la Porte Dorée. Je ne regrettais pas ma visite et réalisais combien Paris, possédait de richesses culturelles.
*
Jour après jour, tout en étant au fait de mille choses à entreprendre, je ressentais en moi ce besoin d’en savoir plus sur l’Afrique Noire. N’étais-je pas aussi un peu Africain ! De cette Tunisie devenue assez lointaine dans mon cœur, pour les raisons que vous savez, je ne pouvais m’empêcher de faire un lien avec des souvenirs heureux de ma jeunesse. Grâce au marchand de journaux, tout prés de la rue de Bône, tenus par deux frères, juifs sépharades et qui connaissait mon père depuis toujours, j’avais accès gratuitement à tous les illustrés. Des bandes dessinées que je lisais, souvent en cachette, car notre grand mère, trouvait que ce n’était pas des lectures correctes…Les albums Tarzans de Rice Burroughs, magnifiant la nature, la jungle, les animaux. J’avoue avoir vu de nombreux films au cinéma le « Mondial » de notre ami Maurice Sitruck ou au cinéma le« Palmarium »… African Quenn, de John Ford, (1951) avec Humphrey Bogart, Katharine Hepburn, Mogambo, (1954) avec Clark Gable, Ava Gardner. Puis tous les Tarzans, avec Johnny Weissmuller, Maureen Sullivan, dont le premier, adapté au cinéma en 1918, Tarzan chez les Singes, connut un succès phénoménal.
On peut dire que l’Afrique est un peu née au Cinéma… Avec tous les « Tarzan » et les grandes fresques épiques, comme « Les Mines du Roi Salomon » (1950) avec Stewart Grandger et Deborah Kerr… Dés mes quatorze ans, le cinéma avait pris pour moi, une énorme importance…et c’est grâce à lui que j’ai en grande partie, acquis une culture générale, et la connaissance du monde. Le fait réel était, que dans deux salles de cinéma de Tunis, et durant le mandat de Maire de mon père, je pouvais y aller gratuitement. Cela favorisait mes escapades cinématographiques, « mon école buissonnière », et j’ai encore en mémoire, le vrai plaisir, étant encore mineur, d’entrer dans une salle obscure, pour voir les actualités françaises, le dessin animé, qui précédait le film, souvent en noir et blanc et pour adulte !
C’est vrai que par la suite, et jusqu'à aujourdhui, d’autres films apparurent dénonçant les films dits coloniaux, des années cinquante, qui mettaient souvent l’accent sur le coté « civilisateur » et une certaine bonne conscience de l’Occident par rapport à l’Afrique. Dés les indépendances, disparaissait le personnage de l’indigène, trop souvent réduit au rôle subalterne et naïf. Le dernier film vu à Tunis, traitant courageusement de l’Afrique Noire et valorisant « le peuple noir » au Kenya, fut le Carnaval des Dieux de Richard Brooks, (1957), avec Sidney Poitier, premier acteur noir sanctifié !
*
Mathilde avait fait signe à nos amis de Poissy. J’avais beaucoup d’estime pour Patrice. La soirée consista à parler de notre désir de partir, et, bien entendu, ce fut la surprise totale. J’en avais parlé à Patrice, mais en lui demandant la discrétion, il n’avait rien dit.
On se quitta assez tard, et les enfants se couchèrent.
J’allais au salon, ouvrir la bibliothèque anglaise en palissandre de la fin 19e, que nous avions acheté pour tous nos livres. Je choisissais, un des deux ouvrages que nous possédions, de Joseph Conrad, « Des Souvenirs ». Ce grand écrivain, aventurier, voyageur, dont l’immense œuvre inspira tant de metteurs en scènes, du début du siècle. Ayant rejoint la chambre des enfants pour leur raconter une histoire, souvent inventée d’ailleurs et assis sur le lit d’Isabelle, je leur lisais ce soir-là, un paragraphe de ce livre romanesque, talentueux, et à la fin du paragraphe, je terminais par :
« Alors que j’avais dix ans environ, regardant une carte de l’Afrique de cette époque et mettant le doigt sur l’espace blanc qui représentait alors l’inconnu mystérieux de ce continent, je me dis… Quand je serai grand, j’irai là ! » J. CONRAD
On sait combien l’Afrique Noire, inspira entre autres, cet écrivain d’origine russo-polonaise, et considéré de nos jours, comme un des plus grands auteurs anglais. Pour ceux qui aiment le grand large, l’autre ouvrage que j’ai gardé depuis toujours, est « Le Miroir de la mer ». A travers tous ces voyages dans la marine marchande, sur toutes les mers, ses escales, on y découvre le monde, par des descriptions hautes en couleurs et parfois dantesques…
Isabelle s’était endormie et je refermais mon livre. Christian, en me disant bonne nuit, me rappela à la réalité en me disant :
--Papa, tu as assez d’argent pour tout ce que tu dois acheter ! Tu sais que je t’aiderais là-bas en Afrique…
Je le rassurais en lui disant que tout se passait bien comme prévu. Ty lisait et me parla du programme du lendemain. Je l’écoutais tout en regardant Paris de la fenêtre. La nuit était noire, nuit d’hiver où les lumières de Paris au loin, scintillaient.
Dernière édition par tremsal le Mar 12 Juil - 14:42, édité 5 fois (Raison : Bon document)
tremsal- MacadAdo
- Messages : 113
Date d'inscription : 12/08/2010
Re: °Senegal/France Mars à Juillet 1974 marc tremsal 72°73° 74°75° Bon°
Dans le cadre de Mon Concours pour moi tout seul j'ai décidé de pas me poser de questions, et tant pis si ça va pas faire ressortir que des trucs brillants...
Mais on sait jamais, peut-être que des perles ont échappé à l'œil acéré des promeneurs du Macadam.
Dédé.
Mais on sait jamais, peut-être que des perles ont échappé à l'œil acéré des promeneurs du Macadam.
Dédé.
_________________
Ciao les gonzesses, c'était Dédé.
Dédé- MacaDédé
- Messages : 1885
Date d'inscription : 04/09/2009
Re: °Senegal/France Mars à Juillet 1974 marc tremsal 72°73° 74°75° Bon°
Je n'arrive plus à suivre faute de temps..désolée et pourtant ça m'intéresse beaucoup de te lire.
Je vais imprimer le tout et je prendrais le temps de lire ça pendant mes soirées d'hiver à Cahors.
Je vais imprimer le tout et je prendrais le temps de lire ça pendant mes soirées d'hiver à Cahors.
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