Comique croupier. (Chronicle)

Comique croupier. (Chronicle)


Dédé: Salut les gonzesses. C'est Dédé.

Dédé: Comique croupier.

Dédé: Je sors de ma réserve pour venir vous livrer quelques réflexions inspirées par une voix qui s'est élevée en ce dimanche de Pentecôte. "Comme d'hab'" diront celles et ceux qui m'connaissent bien. "Putain encore lui" diront les autres. Oui, encore moi, vous avez raison les autres. Faut toujours que j'vienne chatouiller là où ça gratouille. J'y peux rien, c'est la faute à mon éducation judéo-chrétienne et surtout celle à Papy si j'peux pas m'empêcher de mettre du poil à gratter sous les aisselles des grincheux qui voient le mal partout et jamais l'bien là où y en a. C'est vrai qu'y faut être con pour par rire des choses risibles, vous trouvez pas ? Moi j'aime bien rire de tout, même si j'suis aussi fort pour gueuler que pour me marrer mais vous pouvez pas nier qu'vous m'avez plus souvent entendu dire "j'me marre" que "je gueule". D'abord pasque mon éducation et Papy m'empêchent de dire des gros mots. Ensuite pasque j'préfère muscler mes zygomatiques que mes cordes vocales qu'ont pas besoin d'ça pour être à la limite de la rupture et qu'on est jamais à l'abri d'un claquage quand on cherche à élever la voix dans un concert de grandes gueules qui savent pas quoi faire pour se faire remarquer.

Dédé: Hier c'était dimanche donc, jour de messe et de PMU et veille du Lundi de Pentecôte qu'est aujourd'hui comme il se doit. Cinquantième jour après Pâques où on fête l'anniversaire de la création de la méthode Assimil si on en croit les Ecritures. Et moi, petit-fils de Papy j'suis pas à la veille de pas croire les Saintes Ecritures. J'tiens pas à être éloigné de la sainte table où on sert l'apéro du dimanche. Donc, hier les langues se sont déliées. "Tant mieux" vous m'direz. Ben figurez-vous qu'y en a qui pensent "tant pis". Y z'auraient préféré que certaines restent bien au fond de leur poches. Enfin, quand j'dis certaines y pensent surtout à une. Faut dire que ceux qui pensent à celle là y sont surtout adeptes de la langue de bois qui comme chacun sait est la même dans toutes les langues du monde. Faut croire qu'elle a résisté à l'épisode de la Tour de Babel. C'est vrai aussi qu'à c't'époque là la téloche existait pas et que donc la langue de bois ça s'remarquait moins qu'aujourd'hui, alors le Bon Dieu il a pas fait attention à cette langue qui se cachait sous les échafaudages et les tas de cailloux pour faire capoter les projets en donnant des ordres contradictoires et des mesures erronées relatives à la hauteur du ciel.

Dédé: Moi j'y étais pas à Babel, Papy non plus malgré son âge, pourtant y m'a raconté comment ça s'était passé. Et si j'me souviens bien j'vous l'ai raconté après dans une de mes chronicles dont vous êtes si friands. Si vous vous en souvenez pas vous avez qu'à toutes les relire ça peut pas vous faire de mal et en plus vous vous rendrez compte que la langue de bois même si j'sais bien c'que c'est c'est pas vraiment mon truc. Alors vous saurez que c'que je suis venu vous raconter aujourd'hui c'est pas des histoires pour vous enfumer d'encens à la sortie de la messe et vous faire prendre les vessies des gargouilles pour des lanternes de clandé. Ouais, je sais, vous êtes impatients de savoir de quoi j'suis v'nu vous parler, surtout qu'j'ai commencé par vous dire qu'c'étaient des réflexions inspirées. Ben faites comme d'habitude prenez vot' temps et laissez moi celui de prendre le mien. Vous savez que j'peux pas aborder une partie d'échecs tant que toutes les pièces sont pas en place. Vous m'accuseriez de tricher en plus, j'vous connais. Alors le sujet j'vais y v'nir mais faut encore que j'descende de ma tour d'ivoire pour astiquer les fous qu'ont oublié de tourner sept fois leur langue dans leur bouche avant de dire des conneries. Je sais bien qu'ça change pas vraiment de tous les jours mais pour une fois qu'y avait une belle occasion d'se marrer y z'auraient pas du la manquer.

Dédé: Pour ceux qui s'raient totalement étrangers aux langues étrangères je rappellerai que la connerie ça a pas d'patrie donc pas de langue non plus et qu'y suffit pas d'avoir une traduction simultanée pour bien en comprendre toutes les finesses. Y a qu'à voir comment y sont obligés de circonvolutionner ceux qu'essayent de s'en servir pour réussir à aligner deux mots qui sont pas déconnectés du sujet pour se rendre compte que c'est pas forcément un exercice facile. Un peu du genre de celui des apôtres qui parlaient en galiléen à des mecs (et des gonzesses aussi) qu'entravaient pas autre chose que l'araméen. Heureusement que l'Esprit Saint est venu à leur rescousse avec une pincée de langue de feu sur la langue de bois pour remettre les infidèles dans le droit chemin de la bonne parole et du respect des règles de bienséance établies pour que ceux qui savent pas puissent enfin savoir. Pas facile comme job de convaincre en langue étrangère des gens qui de toute façon savent pas de quoi vous causez. Pasque j'vous rappelle quand même qu'à l'époque les Evangiles personne savait c'que c'était puisqu'y z'étaient pas encore écrits et que les témoins des actes des apôtres y couraient pas encore les rues. En plus l'histoire a montré qu'y valait mieux pas trop courir les rues en chantant les louanges de l'adversaire rapport aux lions qu''étaient friands de chair fraiche et pas regardant sur les croyances et le fait qu'elle était pas vraiment casher.

Dédé: Un peu comme aujourd'hui en fait. Pasque j'sais pas si vous avez bien suivi les déclarations récentes, et en particulier celles du dimanche de Pentecôte, mais à bien y regarder dans les journaux à défaut d'les avoir entendues de visu sur le terrain j'ai pas l'impression qu'les intégristes de la prise de position politique y soient bien au courant de la méthode d'abattage de la bête dont y voudraient mettre la tête su'l'billot. Vous avez remarqué comment y se la jouent dans le genre "j'y crois pas, c'est pas possible, il a pas pu dire ça…" et j'en passe, et pas que des meilleures pasque que y a quand même eu un paquet de conneries qui ont fusé de leurs langues fourchues et passées sous les fourches caudines de la bêtise de tout poil qui traîne à la sortie des banquets républicains où tout ce beau monde manque pas de se montrer tous les dimanches que le Bon Dieu fait. Putain, y f'raient mieux d'aller à la messe avant d'aller au bistrot. Comme Papy et moi. Ca leur permettrait de prendre le temps de réfléchir avant le coup d'vin blanc qu'est pas de messe et de pas dire des conneries de comptoir devant tous les micros tendus par la PQR devant leurs bouches gourmandes de les sucer sans même avoir peur de choper les microbes de ceux qui les ont sucés avant et dont y savent même pas si y z'ont pas bouffé un concombre malade avant de venir coller leur langue fourchue sur le vecteur indispensable au transport de leurs déblatérations mal maitrisées.

Dédé: Bon, je cause, je cause et j'me rends compte que vous êtes impatients de savoir de quoi je voulais vous parler. Comme vous suivez pas j'pourrais bien vous dire que je sujet de ma chronicle d'aujourd'hui c'est le concombre masqué qu'est venu pourrir sur votre marché vu que je viens d'y faire allusion. Vous y verriez que du feu de toute façon. Mais non, c'est pas ça le sujet de ma chronicle. Les deux ou trois qui suivent bien et qui s'laissent pas distraire par mes digressions opportunes sur les langues de feu descendues sur les apôtres il y a 1978 ans commencent à se dire que mon petit tour sur le marché du dimanche et les sorties verbales intempestives à l'heure de l'apéro au bistrot du coin ont sans doute quelque chose à voir avec la fête de l'andouille à Guéméné ou celle de la saucisse à Morteau. Y z'ont pas tout à fait tort mais pas complètement raison non plus. Cette fois il est pas question de bonne bouffe et de dégustation entre deux verres de piquette. Non, il est question d'Art. Ouais, à force de fréquenter les musées avec Papy et les diseurs de bonne aventure avec mes copains de comptoir j'ai décidé de mélanger les genres et de m'intéresser aux deux à la fois. Pas facile vous m'direz. Et vous aurez raison. Pas facile, pour vous. Mais pour moi un jeu d'enfant. Je suis rompu à tous les exercices qui touchent à la fois à la culture et à l'agriculture. Alors les bronzes chinois qu'on fait tremper dans le blanc sec pour les vieillir n'ont plus de secret pour moi depuis que j'suis allé en Chine y deux ans et que j'fréquente les troquets depuis bien plus longtemps qu'ça.

Dédé: Alors vous pensez bien qu'hier j'étais à l'affut de c'qui allait bien pouvoir se passer dans un p'tit patelin de Corrèze où on inaugurait une expo d'art chinois avant d'aller se péter la gueule au bar-tabac du coin. Surtout qu'y avait du beau monde à l'inauguration. En particulier y avait un pote à Papy, un mec du cru. Jacques y s'appelle, et c'est plutôt un bon vivant alors vous imaginez bien qu'il a pas du cracher dans la soupe à table et que les verres qu'on lui a servis il les a pas refusés. Il a une solide réputation à tenir et c'est pas son genre de cracher. Y s'rait plutôt du genre à avaler d'après c'que m'a dit Papy qu'a partagé quelques pique-niques et deux ou trois canons avec lui. Sans compter les méchouis républicains (c'est ceux où y a plus de jaja que de thé à la menthe servi avec le mouton).

Dédé: Bref, hier Jacques était dans son patelin, invité par son pote François, pour inaugurer un musée consacré à la donation qu'il a faite de tous les cadeaux que lui a offert son camarade Hu JinTao. Ouais, des bronzes chinois, j'vous l'avais dit. Et vous imaginez bien que ce genre de réunion c'est pas arrosé à l'eau ferrugineuse.
Bref, tout le monde a picolé. Tout le monde s'est fendu la gueule en aparté, tout le monde à mis la main au cul des gonzesses (les mecs j'veux dire) et après tout le monde avait rendez-vous pour les discours. C'est-à-dire un truc où on s'emmerde après s'être bien amusé.

Dédé: Alors jacques qu'est jamais le dernier pour un bon mot il en a profité (surtout qu'y avait plein de monde autour de lui, et surtout des micros et des caméras) pour se fendre d'un dernier bon mot de fin de banquet qu'a mis le feu aux poudres de la bobosphère politico-médiatique qu'attendait que ça pour s'enflammer. Ca a pas raté. Il a eu le nez creux Jacques, en quelques mots il a réussi à faire oublier à toute la classe politique et médiatique l'ennui où elle se morfondait depuis que l'affaire DSK est entrée dans une routine tellement routinière que plus personne en cause.

Dédé: Bon, pour celles et ceux qu'auraient vécu en totale autarcie informationnelle depuis dimanche midi je vais vous rappeler le scud qu'à lancé Jacques en direction de la planète PS prête à imploser :
Je peux dire que je voterai Hollande
Fermez le ban !
Depuis y savent plus à quels saints se vouer du côté de la rue de Solférino. Et dans d'autres quartiers non plus. Ca cogite du côté des conseils en communication toujours en retard d'une déclaration pour désamorcer la bombe.
J'vous l'avais dit, une voix s'est élevée en ce jour de Pentecôte. D'accord pas forcément là où on l'attendait; mais quand même, ça a fait son petit effet.

Dédé: Jacques c'est un joueur en fait. Et un marrant en plus. Un vrai comique croupier.


Ciao les gonzesses, c'était Dédé.