Sénégal.Nianing,Juillet 74 -Marc Tremsal- 146°à 149° Bon°

Quel réel plaisir de me retrouver dans ce parc, en compagnie de mes chers petits. Christian a pris l’appareil de photos car il veut voir les singes, dont la petite Cyno d’Apo. On fait donc le détour vers le bureau, car ils sont attachés là, avec des petites chaines, à des poteaux. Il y en a quatre, de l’espèce Patas ou singe rouge, et une babouine (cynocéphale). Ils sont tous jeunes, pas dangereux pour l’instant, bien que très démonstratifs, quand ils montrent leurs grandes dents. Chris fais des photos et Isabelle a une jambe retenue par le plus petit Patas. Sans faire de gestes brusques elle s’en détache. Je trouve que cet endroit n'a rien d' écologique du tout. Il faudra envisager des cages spacieuses, plus loin dans le parc, car ces singes grandissent vite, et seront dangereux.
--Papa, pourquoi ces singes ne sont plus en liberté ?

C’est Isa, qui pose la bonne question. Je lui réponds que les petits africains les capturent tous petits en brousse, souvent en faisant peur avec des cailloux à leurs mères, qui ne pouvant les protéger, les laissent tomber à terre. Ensuite ils vont les monnayer aux blancs, qui veulent les sauver…Puis vient le moment où on les attache. C’est tout simple. Le parcours nous mène au premier marigot, grande excavation avec un fond d’eau noirâtre, entourée d'une impressionnante broussaille, d'arbustes en pourtour, quelques grands Prosopis, arbres très feuillus. Il y a quelques petits hérons blancs et je découvre avec joie, la présence de deux martins pêcheurs pies. (noir et blanc). Christian a aperçu des varans qui sont étendus sur les branches. Sur la droite, un petit passage, et je constate qu’il y a un autre grand trou à l’eau très sale, allant jusque vers la route. La végétation y est plus dense, plus encombrée, inaccessible. Il y a un grand mur coté droit, une forte odeur, un élevage de porcs, des magasins, plus loin les douches du personnel, etc.
J’imagine une belle taille, un grand nettoyage et une possibilité en saison sèche,(hiver sans pluie), d’un apport d’eau…Le forage est assez loin, mais cette eau à peine saumâtre serait la solution. Déjà cet été, nous verrons avec les pluies. Nous visiterons la grande partie vers le forage un autre jour. Je dis donc aux enfants qu’on va aller vers la pépinière. Un raccourci nous conduit vers le petit paradis de N’Diaye. Environ trois cents m2, de petites parcelles, bouturages de toutes espèces florales, dans des tous petits sacs et bouteilles plastiques, (déjà !), coupées en deux. On peut en compter des centaines. La belle voix de mon ami se fait entendre. Il arrive les bras chargés de pelle, râteau et bêche !
--Bonjour monsieur Marc, bonjour les enfants.
--N’Diaye, on se promène, tout en allant à la découverte du Domaine, comment allez vous ? Etes vous guéri de cette toux ?
D’après la mine qu’il fait, j' en déduit que non.
--Je vous donnerai un bon antibiotique.

Nous arrivons vers l’endroit prévu pour la construction de notre maison. C’est un coin boisé de filaos, (pin d’Australie), environ à cent mètres de la clôture. Un petit dégagement forestier, semble avoir été fait le long de l’allée de gauche…Quelques matériaux. Juste à coté, il ya la petite réserve clôturée, un Marabout déplumé, deux pélicans tristounets aux grandes plumes coupées, une mini mare. Les photos de Chris, des diapos me serviront toujours. Isabelle se désole en voyant ces animaux dans cet état. Je lui explique encore que ce sont des oiseaux capturés… et amenés au Domaine. C’est vrai qu’il faudra améliorer leur confort. Bientôt onze heures. On ira aux ateliers cet après midi, bien qu’on ne soit pas très loin de cette caverne d’Ali Baba. On a le temps d’aller voir si Apo est là, et d’aller à la plage. Quand je songe à ce qui m’attend, pour arriver à mettre en œuvre ici, ce secteur d’activités loisirs et sports, je me demande si j’y arriverai !

A la réception, Elysa a reçu un coup de fil d’Armande, lui disant qu’Apo avait pris la route. C’est une bonne nouvelle. On va dire bonjour à Ty, qui est penchée sur une carte du Sénégal. Tout semble bien se passer pour elle. Elysa a proposé deux petits vélos aux enfants qui sont ravis. Soyez prudents, attention à la route.
--Papa on reste dans le parc, je garde ton appareil.
Je vais rester dans les parages. Le bar devrait être ouvert, j’ai une petite soif. Georges estival est là, s’inquiétant sur notre voyage et notre arrivée.
--Tout s’est bien passé, merci monsieur. Mais un peu déçu de voir que rien n’a avancé pour la piscine. C’est votre partie pourtant ?
Monsieur Estival, me ressort le même refrain, que ça dépend du bon vouloir d’Apo…
--Mais, on va commencer, on va commencer ! Vous attendez Apo, comme moi ?
Je suis un peu ailleurs et enfin François arrive et sans perdre de temps nous propose à boire. Georges prends une bière et moi un Perrier menthe. Un bruit de moteur, une porte qui claque et d’un pas alerte nous voyons arriver Apo, portant des lunettes de soleil vraiment noir, vers la grande paillote, en disant :
--Mon ami Marc, est là, est-il là ?
--Oui Apo, je viens d’arriver d’une promenade avec les enfants. C’est un heureux hasard que de nous voir dés votre arrivée !.
Et puis, Apo dis bonjour à Georges Estival, s’excuse de son retard et tout en sueur, me donne rendez vous pour le déjeuner, avec toute la famille.
--Je vais prendre une bonne douche, à tout à l’heure.

J’ai le temps de rejoindre Christian et Isa, que je vois au fond de la grande allée. Nous nous retrouvons au pied du grand baobab tricentenaire, d’après N’Diaye. A cette époque il est verdoyant et ses fleurs blanches, qui pendent comme des clochettes, ornent cet énorme tronc, gris et massif. Je leur propose de voir les ateliers, les garages, le bus parisien, les véhicules militaires et les magasins. Nous voici arrivés. La jeep d’Apo n’est pas là et c’est le père Tiss qui nous dit bonjour. Christian monte dans le bus, qui est en réparation et s’installe au volant. Les ouvriers ici sont des mécanos, peintres de véhicules et ce n’est pas le travail qui manque !
De retour, on passe par les villas se faire une petite toilette, car c’est bientôt l’heure du déjeuner avec Apo. Ty est là et porte un ensemble africain, coloré, qui lui va vraiment bien. On laissera les vélos ici. Un jardinier qui passait quand on sortait, me dis qu’à la termitière dans le petit bois, il a vu un serpent naja. Il faut que j’en apprenne plus sur ces najas qui s’activent dés la saison des pluies et dont les morsures ou piqures sont très venimeuses. Ce lundi est ensoleillé et les quelques vacanciers doivent être satisfaits. Je me pose la question sur le manque d’animation et sur mon rôle ? Il va bien falloir que je m’y mette…Nous ne sommes là que depuis deux jours…

Il semble qu'un grand nombre de vacanciers ont choisi de partir en excursions à Dakar ou au Saloum, car le restaurant est vide. Mais il n’est pas encore treize heures. Thiam a préparé une belle table à l’entrée, à droite, celle d’Apo. Il ne tarde pas à arriver, une paire de lunette de soleil, au visage. Embrassades, la surprise de connaître enfin nos enfants, il nous installe à ses cotés, semblant en forme.
--Armande vous embrasse tous, tenez Marc des télex de Jet tours sur l’expédition des planches à voile, des cantines, etc.
Une bonne nouvelle. Le buffet est dressé et chacun va se servir. Une bouteille de rosé, pour les adultes, est apportée par Thiam. Apo commence à parler de tout et de rien, se plaignant de ses soucis. J’essaie de placer un mot, impossible. Enfin une accalmie et le faisant exprès, j’aborde le sujet sensible de la piscine et de notre maison. Apo m’ interrompt, voulant assurément me faire plaisir.
--Marc, tout est prévu pour attaquer la piscine, je dois voir Estival. Je reconnais avoir négligé, pardon Mathilde, l’installation de votre maison, mais on va se rattraper, n’est-ce pas les enfants ! Ils n’ont pas dit un mot depuis le début du repas. Isabelle, de sa petite voix se hasarde, toutefois, à glisser quelques mots :
--Monsieur Apo, votre Domaine est très beau, on a commencé à le visiter avec papa, mais les singes attachés comme ça…
--Ha, vous avez vu ma Cyno et les autres singes.

Prenant la parole je rassure tous la tablée, en disant qu’on allait réfléchir à un habitat plus digne, plus sécurisé, car les patas ont des crocs très effilés d’au moins trois centimètres. Un bon poisson en friture, des pommes sautées, nous poursuivons la conversation et Apo s’adresse à Mathilde.
--Madame Tremsal, enfin vous voilà réunis ici, chez moi. Je suis heureux de vous revoir. Comme vous le savez en hivernage, il y a peu de touristes, ce sera plus facile pour commencer votre travail. On se verra peu, car je suis sur Dakar, mais toujours à votre service. Ty, le remercie et s’aventure pour savoir si l'on pourrait bénéficier d’un véhicule ou un chauffeur pour les petits déplacements à M’Bour ou au village de Nianing, où nous devons aller à l’école pour l'inscription de Christian.
--Pas de problème, il y a le petit bus et deux chauffeurs au Domaine.
Puis Apo me demande quand on pourra se voir à son bureau pour planifier ce qui dépendra de mon secteur. Je devrais lui expliquer comment je vois tout ça. Il faudra que j’aborde le cas de mon statut, etc. Il reste au Domaine jusqu’à demain quatorze heures. Avant de se séparer, j’en profite pour lui dire que j’ai des idées pour améliorer l’animation. Les touristes observent cette table et cet homme fort, dont le regard est caché sous sa paire de lunette et qui doit être Apo…

Marc, vers dix sept heures à mon bureau, lance t-il en nous quittant. J’ai envie d’un bon café, Ty aussi. Le seul, qui s’investi ici dans une animation qui se limite à faire des annonces au micro, est le collègue de Ty, de Sénégal Tours. Ce soir le groupe peul de Wabili Camara, présentera son spectacle à l’heure de l’apéritif, sur le parvis devant la paillote restaurant, face au parc, où sont installés des tables et fauteuils métalliques.
Ty, doit aller à la lingerie, pour connaître son fonctionnement. Chris et Isa, projettent d’aller à la plage, après la petite sieste que je conseille de faire. Moi, je vais préparer mon entrevue, mettre tout par écrit, des feuillets précis, que je laisserai à Apo. Il m’a donné l’impression de vouloir faire avancer les choses…

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