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Message  tremsal Dim 5 Fév - 9:13


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Rastignac est de Retour…
Un de mes rares examens réussi.
Le lourd silence du Domaine.

















Mon adaptation à une nouvelle vie Parisienne devait se faire assez facilement. Je retrouvais mes repères, notre Donjon du Mont Valérien, l’ Etoile, les Champs Elysées, la Seine si argentée au mois de septembre, les ponts de pierre à Paris, le verdoyant Bois de Boulogne…Moi, qui pensait être devenu « un Africain », je me réinstallais avec aisance dans cette belle Ile de France. C’est vrai que depuis la Tunisie, l’Algérie, les Vosges, Paris… et le Sénégal…J’avais accompli un beau périple, et revenir ici par la force des choses, au bercail Parisien, ne m’était pas indifférent, au contraire. Je faisais parti de la confrérie des « nomades ».
Il me tardait de revoir Claude Chabrol, savoir ce qu’il avait tourné, réalisé, et c’est toujours vers le quartier de La Boétie, qu’on devait se retrouver pour un copieux déjeuner. Toujours des soucis pour trouver une place, enfin un parc à voitures, un dés premiers aux Champs. Etant arrivé en avance, je réserve une table tranquille. Comment vais-je le trouver ? Claude fait son entrée et il ne passe pas inaperçu. Ici, tout le monde le connais. Je me lève et on s’embrasse. Je retrouve mes habitudes…Une bonne bière, une viande rouge, frites, salade…Nous n’arrêtons pas de parler. J’aime l’entendre, j’aime son rire. Il est toujours aussi curieux et on parle surtout de l’Afrique et il me dit :
--Alors Jean-Marc, ton Afrique, elle t'a déçue ? Tu sais j’ai eu du mal à te remplacer comme affichiste…Pour lui, j’étais resté son…Rastignac, ce jeune artiste, graphiste, qui était parti un jour en Afrique Noire !
--Non, Claude, ce n’est pas le Sénégal qui m’a déçu, c’est un Grec !
Il partit d’un énorme éclat de rire, en me disant…Ha bon il y a des Grecs là-bas !



Depuis mon départ et toujours avec le fidèle producteur André Génovés, il avait adapté au cinéma, « Les Innocents aux mains sales », avec Romy Scheider, Rod Steiger, Jean Rochefort, un film Franco - Italien et Allemand, sorti en Mars 1975 à Paris. Je le trouvais toujours aussi bavard, gourmant, brillant, et avec quelques kilos en plus et des projets plein la tête, dont « Les Folies Bourgeoises », s'il m'en souviens…
Aujourd’hui, parler de Chabrol au passé, me rend mélancolique et m’attriste. Il reste pour moi, l’ami, mais surtout le témoignage d’une œuvre grandiose. Il est le grand cinéaste populaire du cinéma Français, au style décapant, insolite, violent et tendre à la fois. Souvent comparé à Hitchcock dans certains de ses films à suspenses, il le rejoint dans l’avalanche de films tournés, avec des « diamants » inoubliables…Le Beau Serge, Les Cousins, Les Bonnes Femmes, les Biches, La Femme Infidèle, Que la bête meurt, Merci pour le Chocolat, La Cérémonie…Avoir été son ami, travaillé avec lui, pour lui, reste pour moi, un rare privilège et je ne manque jamais une rediffusion d’un de ses films ou un documentaire le concernant. Ce quartier des Champs Elysées, est chargé de souvenirs. L’Etoile et les défilés du 14 Juillet. Mes rencontres avec Chabrol, et ce verre interminable pris un soir avec Maurice Ronet, rue Vernet, à l’époque du tournage du Feu Follet, de Louis Malle…Et le jeune Bertrand Tavernier, attaché de presse, chez le Producteur De Beauregard, dont j’avais fais le sigle,(un casque moyenâgeux et une grande marguerite). Surtout les nombreux films vus en famille, les repas pris avec Papy Georges sur les champs, la Pizzéria rue Marbeuf, et son maitre d’hôtel Mario, l’Italien de la Goulette en Tunisie.

*

Christian et Isabelle ont fait leur rentée scolaire et d’après ce qu’ils m’en disent, tout s’est bien passé. Il est plus aisé de s’appeler le soir et nous le faisons régulièrement. Mathilde poursuit ses études d’infirmière, et se spécialise dans les soins des nourrissons. L’année dernière, elle a fini de toucher son chômage et c’était une bonne chose d’avoir organisé tout cela dans les règles.
J’ai revu mon ami Jean-Louis Martin à Jet Tours et trouve que j’ai bien fait de me relancer dans la publicité. Concernant mon projet, Il me dit avoir un petit regret, pour n’avoir pas pu influencer Apo...Il est conscient que les choses ne vont pas être facile pour Apo, après l’élan formidable, que j’ai impulsé depuis Juillet 1974…Il me promet de me donner des nouvelles de Nianing.

Les jours passent et je n’ose plus contacter le Domaine, ni par télex, ni par fil, attendant toujours un signe de la part d’Apo. De Cossé Djiguel, non plus pas de nouvelles…
Je vous l’avoue, cette période a fait de moi, un être blessé, coupé en deux. Malgré tout, je me consacre à bachoter et à préparer mon examen devant la commission d’accréditation et Henri-Paul m’a proposé, de me faire un contrat dès novembre.
Sachant que je n’ai jamais arrêté de peindre ou de dessiner, et sachant mes soucis financiers, il me propose comme cadeaux de nouvel an de Data à sa clientèle, de réaliser une centaine d’œuvres originales, de format d’environ 50x75cm, livrées sous-verre, pour une somme forfaitaire de 400ff, tout compris…C’est très juste, mais il faut que je me renfloue. J’ai deux mois devant moi et Hubert en rentrant du travail, s’émerveille chaque jour devant mes créations. Gouaches, aquarelles, feutres, pastels. La facture de chez Dupré, de cartons et de matériels dessins, dépasse les 180ff ! J’emploie toutes les techniques et tous les sujets. Les fruits de mon imagination, s’expriment, du paysage Africain, à une voie ferrée, un parterre de fleurs, une porte bleue de Sidi-Bou Saïd, à un visage d’une petite fille de Kabylie. (Algérie). Par tranche de dix tableaux, je les livre chez Data. C’est vrai que le prix de vente, est plus que raisonnable, mais c’est notre accord. J’ai trouvé un marchand, qui m'a fait un tarif très correct pour acheter des cadres modernes, à bord aluminium, tout montés avec le verre.
*

Chaque matin, je me réveille avec mon « Nianing » dans la tête. Pourtant, il faut que je me rende à l'évidence et m'organise, sans plus trop espérer un appel d’Apo…Je pense au personnel que j’ai formé, à mes animaux, à tout mon matériel de loisirs, et aux projets que je rêvais de réaliser. Pourquoi Apo s’est il comporté ainsi ?
Après avoir tout mis en oeuvre pour me séduire, à m’inciter à investir pour l’aider, il m'abandonne, alors que je me suis donné corps et âme pour son Domaine, sans obtenir le moindre des salaires…Malgré tout, je l’ai toujours respecté. Ce que je lui reproche, c’est son volte face, son silence et au pire, s’il m’avait rappelé, fait mieux comprendre son « problème », peut être que j’aurais une nouvelle fois cédé à l’appel des Sirènes…Mais non, il ne l’a pas fait.
J’apprends par hasard, que Jet Tours a prévu, dès Novembre, de réactiver la représentation et la case Jet Tours du Domaine par un couple, l'une de leurs meilleures hôtesse, et son mari…

Mon frère Paul, a bien compris ma décision forcée de ne pas retourner au Domaine, et il a fait connaissance d’ Henri-Paul. Il va s’investir dans le lancement de l’agence. Il est question de faire aussi de la formation, dans le cadre des lois en vigueurs et d’embaucher un spécialiste. C’est ainsi que je fais la rencontre de Jean-Pierre Lorriaux, qui deviendra un ami. Chaque soir, je révise et tente d’apprendre par cœur, le nom et le tirage des grands quotidiens. J’ai déjeuné avec Dominique Jouan et il m’a rassuré, car mon dossier est complet et sérieux. J’ai pris l’habitude d’appeler les enfants souvent. Malgré le changement radical, ils semblent s’être bien adaptés à leur vie nouvelle. Récemment, et sans que je m’y attende, Mathilde m’a fait comprendre, qu’il fallait envisager notre divorce et j’ai dû mal à l’accepter. Quelle va être la réaction de nos enfants ? Sans tarder, nous envisageons, que pour les vacances de Noël, Christian et Isabelle viendront avec moi dans les Vosges. Ne voulant plus dépendre de personnes, et ayant constitué un dossier financier, j’allais un peu par hasard, vers la Porte de Versailles, commander à crédit, une 2ch. Citroën bleu ciel, qui sera livrée courant décembre.
Je m’entends bien avec Henri-Paul Chouraqui, et le motive pour équiper l’agence d’un labo-photo moderne et de divers matériels. Les deux tables à dessin ont été livrées, ainsi que le mobilier. De ce dernier étage d’HPC, la vue sur les toits gris et les centaines de conduits, couleur brique, de cheminées, m’inspirent pour mes peintures. Mon Sénégal est bien loin…
Ce quartier, non loin de La Bourse, pose un sérieux problème pour se garer. Je prendrai donc l’habitude de venir de Suresnes en train et métro.

*

Enfin le jour de l’examen arrive et , prenant une mallette à chaque main, mes press-books sous les bras, vêtu d'un ancien complet gris, ressorti d’une penderie de la cave, d'une chemise blanche et d'une cravate grenat, j’arrive à la fédération de la presse. La commission, composée d’une dizaine de personnes, toutes spécialisées, ne m'impressionne pas.. Je reconnais que j’étais même à l’aise dans mes réponses aux questions pertinentes du jury. Espèrant ne pas avoir fait trop d'erreurs car je possédais bien mon sujet, vint le moment de leur présenter le contenu de mes mallettes. Je crois que c’est à cet instant précis, à la vue «… Des affiches de films, aux brochures Dassault et Alcatel, aux nombreux Sigles, Labels, et aux catalogues de peintres pour Galeries de tableaux, sans oublier les nombreux ouvrages édités, etc », qui donnaient un large éventail de mon parcours de graphiste, que les menbres de la commission, à l'unanimité, décidèrent de m'accorder l'accréditation, ce fameux sésame tant convoité.. J'étais fier de moi, car le parcours avait été difficile! Bien sûr, je restais discret sur mon « évasion Africaine »…
Le soir venu, on organisa une petite fête chez Data, largement arrosée de champagne. Henri-Paul, fort satisfait de notre réussite…Réorganisa Data Interim, en jumelage avec HPC. Dorénavant, son enseigne détenait sa ristourne officielle d'agence de Publicité. Environ de 15 à 25 % !

Nous sommes déjà en Novembre, que le temps passe vite. J’ai eu longuement Ty au téléphone et il faudra peut être pour notre divorce, que l’on passe par des avocats…
Mes rendez-vous avec des Galeries de Tableaux, notamment Odermatt, que j’ai bien connu, nous permettrons d’avoir à éditer des catalogues. Je consulte mon imprimeur fétiche, monsieur Sicard qui est heureux de me revoir. Il m'apprend que, fort de son expérience à Suresnes, son fils désire créer sa propre agence et qu'il va bien sûr le soutenir dans son projet. J’ai repris mes habitudes et nous déjeunons avec Jean-Claude Eger, une fois par semaine place des Vosges. Lui aussi est très heureux de me savoir de retour…J’ai du mal à lui dire combien je suis écartelé et qu’ une grande partie de moi est restée au Domaine…Mais il le sait, et me dit quand-même:
--Mais Marc, après tout ce qu’il t’a fait cet Apo, comment peux tu avoir l'envie d’y retourner…
Jean-Claude est loin de comprendre que mon attachement n’est pas à un homme, mais à tout ce que j’ai réalisé, aux risques financiers que j’ai pris en investissant, aux amitiés Africaines que j’ai nouées… Je ne peux m’avouer, que j’ai tout perdu et, au fond de moi, je garde l’espoir.

*

La disparition de Jean Gabin m’attriste. Cet homme, parait il, a souffert du rejet du monde paysan, d’une certaine presse, car il fut un héros de guerre, un très grand acteur, un bon père de famille, mais il était surtout propriétaire terrien, agriculteur, éleveur…Et…
C’est fou comme à Nianing, j’étais coupé de toutes ces informations, et que cela ne me manquait pas. Nous apprenions les nouvelles par les vacanciers !
Mes rencontres fidèles avec Marcelle Oury ont repris, et j’éprouve beaucoup de plaisir à vivre avec elle de longues heures de travail, de bavardage, en appréciant les bonnes soles frites à la poile, sans huile, au beurre ! Danielle qui travaille de plus en plus avec son père, passe nous voir de temps en temps.

L’agence HPC, est très bien située et Henri-Paul a beaucoup de relations et nous fournira du travail par Data. A l'heure des repas, nous avons établi notre quartier général dans une brasserie, toute proche, tenue par les Parents de Robert Pastor, l’adjoint d’Henri-Paul. Ce nouveau métier me fait rencontrer du monde et les jolies femmes ne manquent pas. Moi qui a une vie monacale depuis ma séparation, constate que ce n’est pas désagréable de faire des rencontres…
Mais Mathilde est toujours présente dans mon cœur…

Ce 23 Novembre 1976, le grand et dernier voyage d’André Malraux, est annoncé sur toutes les ondes. Il sera inhumé au Panthéon. Il avait 75 ans, trois ans de plus que Gabin. Je connais peu son œuvre, j’ai lu récemment, Miroir des limbes et le Temps du mépris…Dans le temps j’avais lu, Les Chênes qu’on abat, et maman m’avait prêté, La Condition Humaine. Ce guerrier plus littéraire que physique, cet homme de multiples combats, compagnon du Général de Gaulle, était devenu incontournable au sein de la cinquième République, comme le premier et grand ministre de la Culture. Un de ces discours célèbre, outre celui dedié à Jean Moulin lors du transfert de ses cendres au Panthéon le 19 décembre 1964, fut celui prononcé à la Cathédrale de Chartres, pour le 30eme anniversaire de la libération des camps de prisonniers…Il est resté dans la mémoire collective des Français, comme un homme de valeur.

Le projet de se retrouver avec les enfants pour les fêtes, me fait un plaisir fou, et rejoindre les Vosges, se réunir en famille, fera du bien à tous. Paul a emmagasiné des affaires dans les locaux du Donjon, et nous nous voyons plus souvent. Je reprends mes vieilles habitudes et j’écoute souvent la radio sur un petit transistor…Que j’ai avec toujours avec moi. Au Domaine, j’ai laissé toute ma Sono au complet!
Aux nouvelles, une marée noire d’un pétrolier naufragé, au large d’Ouessant…Nous entendons souvent le nouveau premier ministre Raymond Barre, qui a succédé à Jacques Chirac, en désaccord avec le Président Giscard d’Estaing. Monsieur Barre, surnommé Babar, poursuit des réformes pour combattre l’inflation…En ce deux novembre on apprend que l’immeuble ou vivent les Jean-Marie Le Pen, a été sérieusement plastiqué, mais il n’y a pas de victimes. Jacques Chirac laisse entendre que la création d’un nouveau parti est imminente, le RPR. Il remplacera l’UDR. Un congrès est prévu pour le 5 décembre.
De Nianing, silence radio !




*











Dernière édition par tremsal le Dim 5 Fév - 9:29, édité 2 fois
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Octobre 1976 Paris  HPC Consei... 341° à 345° Marc Tremsal Bon° Empty Paris Vosges Noël 76...346° à 350° Marc Tremsal Bon°

Message  tremsal Dim 5 Fév - 9:18



69

Il m’arrive de rêver de l’océan…
Au Clos sur la Route, et du bonheur…
Un nouveau rythme de vie.














Dans le salon de notre appartement de Suresnes, où je dors, il y a la télévision, une belle Tevea couleur, que j’avais reçue en cadeau par cette société, en plus de mes honoraires…Ce grand ami le Général Hoquétis, qui après une brillante carrière militaire dans l’aviation, avait trouvé ce job de chef de publicité…M’avait remercié de mon travail à un noël…
Tout en réalisant mes tableaux pour Data, j’ai pris l’habitude de regarder la télé tard le soir…Il y a pas mal d’émissions. Celle, très satirique, de Jacques Martin est drôle, c’est Le Petit Rapporteur. Il y a aussi sur la 2eme chaine, le Grand Echiquier de Jacques Chancel, où on a l’occasion de rencontrer des personnalités de toutes origines et où les débats sont certes vifs, mais intéressants.
Cette nuit là, j’ai veillé et au petit matin, je me réveille en sueur et j’eus du mal à retrouver mes esprits après ce rêve… J’avais vécu un moment assez fantastique, qui se passait… en Afrique…Immergé dans un océan vert, j’étais une sorte de roussette, (petit requin), qui se nourrissait de petites crevettes et à un moment, attiré par un beau maquereau, je me suis retrouvé pris par un fort gros hameçon, et tiré avec force à bord d’un canot ! Des hommes à bord, me prenaient pour une « vedette », et me photographiaient! Mais alors, j’entendis une voix que je connaissais, dire très fort :
--Mais, c’est Monsieur Marc, relâchez le, relâchez le…
C’était la voix de Cheikh Ba, mon fidèle marin…


…Oui, de mon cher Nianing si prêt hier, si loin aujourd’hui, par le fait du comportement obstiné d’un homme. J’apprends par une jolie femme, que la saison touristique s’annonce bonne…Mon intrusion curieuse, dans une agence de voyages, pour voir la nouvelle brochure Jet Tours, et la page du Domaine, pratiquement celle que Jean-Louis Martin avait conçue avec un excellent graphiste, me confirme que le Sénégal devrait devenir une bonne destination. Cette personne, une vraie blonde, deviendra un temps, une compagne adorable.

Le responsable du Citroën de l’avenue de Versailles, me téléphone pour me dire que la 2CV Citroën est prête. C’est ma première voiture Française ! A ma souvenance, après la dauphine de papa, en 61, j’ai eu en dix ans, deux Ford Anglia et deux Ford Cortina, puis une Ford Taunus…Toujours les moins onéreuses du marché de l’automobile! Mais là, j’ai fait fort et comme mon père, j’achète Français.
Mathilde me confirme l’arrivée prochaine par le train des enfants. Ils seront surpris de voir leur papa, non pas sur son cheval blanc, mais au volant d’une petite voiture bleue… J'irai les accueillir à leur arrivée et nous resterons à Suresnes quelques jours, afin qu'ils profitent du plaisir de revoir leurs amis, la famille...Paris ! Déjà, je devine leur joie pour ce prochain Noël Vosgien…Ils en ont connus beaucoup depuis leur naissance, sauf deux, loin des sapins, du froid, de la neige, des Noëls en terre Africaine.

Je me suis bien organisé à HPC. Je perçois un salaire régulier ce qui va me permettre de rembourser mon prêt familial, le prêt de l’appartement, d’assurer mon train de vie quotidien, etc… Je prends conscience, que je ne suis plus mon propre patron mais, que pour la première fois, je suis devenu salarié !
Il fait froid et le temps est à la pluie. Henri-Paul m’accompagne au garage pour chercher ma jolie voiture neuve. Me retrouvant sur les Maréchaux, vers la porte Molitor, j’apprécie la suspension de cette petite Citroën, par contre sous la pluie, le petit pare brise où frottent les essuies glace, n’offre pas une grande visibilité. Je fais mon premier plein d’essence à 2,43 ff le litre, et branche la radio…Brassens chante « Il n’y a pas d’amour heureux », et j’apprends que c’est un poème de Louis Aragon…Et puis c’est « l’Auvergnat » et « Brave Margot »…J’ai toujours aimé Georges Brassens, véritable force de la nature, et son amour des chats !
Les enfants mangent un bon croque-monsieur et boivent un coca. Je viens de les accueillir à la gare. Je les trouve beaux et joyeux. Dés qu’on arrive à la voiture bleue aux toutes petites poignées, Christian fait éclater sa surprise !
--Papa, c’est notre voiture ?
Puis Isabelle, allant vers le coffre, s’inquiète de sa petitesse !
--Papa, elles vont rentrer nos valises. Elle est à toi la voiture… ? Et ce que tu as accroché au rétroviseur…Ce n’est pas un grigri de Wabili?
--Oui, c’est notre voiture, oui, c’est pour nous protéger, Wabili me l’avait donné…C’est un talisman de tour de cou, en cuir de zébu, cousu.
Nous voici en route vers Suresnes, dans un Paris froid et gris. J’écoute ce que les chéris racontent, leurs exploits au ski, et les « étoiles » dorées, qu’Isabelle collectionne en natation.

La radio diffuse la chanson de Marylin Monroe, Diamonds are a Girls Best Friends, du célèbre film, « Les hommes préfèrent les blondes », et cette Comédie musicale est projetée au quartier latin…Isabelle fredonne l’air…
--Papa, on ira voir le film !
--Oui ma chérie.
De leur Maman, à part qu’elle va bien, peu de nouvelles. J’appréhende le moment ou ils seront plus diserts…On parle de l’école, des résultats, du sport.
Hubert nous retrouve, tout heureux de revoir ces deux êtres qu’il chéri tant. Il porte les deux valises jusqu’ à l’appart. Jet Tours a téléphoné. Je dois les rappeler.
C’est Miss Bach qui a eu Apo au fil, et quel culot, il lui aurait dit, qu’il n’avait plus eu de nouvelles de Marc, et que je l’avais laissé en plan…Miss Bach, connaissant la véritable histoire lui a répondu, qu’elle n’avait pas compris, qu’il est changé d’avis au sujet du projet de participation de Jet Tours au Domaine…Et que Marc, a attendu vainement le virement promis ! Et qu’Apo l’appelle. Apo lui aurait dit :
--Mais Marc va revenir, j’en suis sûr !
Avec Miss Bach, je suis en confiance, et elle me dit de tenir bon, et qu’on reste en liaison...

*

Nous avons fait le programme de leur séjour, et à Nompatelize, il y aura des parisiens pour les fêtes. J’ai eu mes parents et on a convenu d’un budget pour les cadeaux…
Enfin on trouve au quartier latin, le cinéma où il y a la comédie musicale, « Les hommes préfèrent les blondes », avec Marylin Monroe et Jane Russel…rivalité entre deux danseuses, une blonde et une brune…les meilleures amies du monde…Et puis le film nous transporte… à la découverte de ce prestigieux Paris, qui séduira tant, le public américain. Isabelle a aimé le film.

Mathilde vient d’appeler et il se fait tard. Christian vient me dire bonsoir et me murmure à l’oreille :
--Papa, tu sais, je ramènerai maman…
Je le serre dans mes bras et lui réponds :
--Cher fils, une chose est sûre, nous serons toujours là pour vous aimer, vous chérir, même si nous devons vivre séparément…Ne t’inquiète pas et veille sur ta petite sœur.

Les enfants ont repris les bonnes habitudes, retrouvé leurs lits, et se sont endormis.
Je griffonne sur mon journal, où j’écris irrégulièrement mes faits et gestes, quelques réflexions…Ma pensée vagabonde vers Nianing, comme chaque jour, je crois entendre le bruit assourdissant des chants d’oiseaux…Je termine l’écriture, par toute l’amitié que j’éprouve envers Henri-Paul, et constate que j’ai encore une vingtaine d’œuvres à lui remettre. J’ai dessiné, peint à la commande, pour la première fois !
En fin de semaine, je salue toute l’équipe d’HPC, et madame Roland va finir d’encadrer et de livrer les derniers tableaux à DATA. Au dos il y a une étiquette avec le titre de l’œuvre et mon nom. J’ai presque atteint les cent œuvres…Cette affaire malgré tout, est assez lucrative…Et cela va m’aider.

Hubert, nous rejoindra par le chemin de fer dans les Vosges. Nous voici sur cette fameuse N.4, si encombrée de camions. Notre voiture est pleine et nous roulons avec la radio qui crépite…Voici le panneau de la ville de Baccarat, lieu aux multiples verreries de cristal. On s’arrête au magasin principal pour voir les créations de bijoux. On s’émerveille devant cet art du verre, ancestral.
Il est presque minuit et quelques jours avant Noel, cette année, les routes Vosgiennes ne sont pas enneigées, et nous voici à Etival-Clairefontaine, et puis le chemin du Clos…Notre petite voiture s’arrête, et les aboiements joyeux de Blacky nous accueillent. Ces retrouvailles sont chaleureuses et le bonheur rayonne dans la maison de nos parents. Nous vidons l’auto. Après un rafraichissement, nous allons tous à nos lits. Embrassades et petits câlins de maman à la loggia, devant l’arbre de Noel et la crèche provençale…. Avec papa, on veille encore un peu dans son bureau, et je le trouve en forme. On se dit bonne nuit, la maison est silencieuse.
Dans mon lit de célibataire, je songe à cette « absence forcée» du Domaine, la mienne, et à ce que doivent penser les membres du personnel…Comment Apo leur a expliquer, mon non retour ? Demain, j’appellerai chez lui Ali Kébé, pour lui dire ce qui s’est passé réellement.
Toujours aussi lève tôt, nous nous retrouvons avec papa, dans la cuisine familiale. Je tiens cela de lui, de me lever aux aurores. En le regardant faire simplement le pain grillé pour les siens, je pense à l’homme public qu’il a été, le médecin, l’époux et le père aimé et chéri par tous ses enfants.

*
Le clos s’est « rempli», et les Jacques Bardou, les Tremsal Bernard et Hubert nous ont rejoints. Paul et famille sont sur Paris avec les parents Mercier. De la salle de bain, j’entends pianoter et reconnais les airs qu’Isabelle aime jouer. Demain,les Tremsal Denis et les Mongel, viendront pour fêter Noêl avec nous..
Nous avons fait un gros marché à St Dié, et vidons la voiture avec les enfants. Christian détache Blacky, pour aller se promener avec lui. Maman prépare le déjeuner et nous aurons droit aux fameuses patates au lard, jambon et salade !
La journée déjà bien entamée, nous permet de parler entre nous et de faire une belote avec papa, dans la pièce Lorraine. D’autres jouent aux dames et au Jacquet.
J’ouvre la radio ramenée de Tunisie. Elle est dans le bureau de papa, et nous apprenons l’assassinat à Paris du Député de l’Eure, Jean de Broglie, un proche du Chef de l’Etat, Valérie Giscard d’Estaing…Papa, nous rappelle qu’il était proche des autorités Algérienne, notamment au moment des accords d’Evian et avec le nouveau pouvoir. Tuer un député c’est rare. J’imagine la douleur de ses proches, et le brouhaha dans le monde politique !
Assis dans le confortable fauteuil vert…Tout en écoutant la radio, je me revois avec lui à Tunis, l’année de mes dix sept ans…Nous sommes dans la Frégate noire de fonction, conduite par le chauffeur Jean et avec l’inspecteur de police, chargé de protéger notre père…En effet, durant cette période, de graves événements se déroulent en Tunisie, attentats, assassinats, etc.
Cette situation fera voler en éclats, le caractère pacifique de la société multiforme Tunisienne et accélérer le processus vers l’Indépendance. D’ailleurs en Juillet 54, Pierre Mendes France et le Maréchal Juin réunis à Carthage, entérineront « l’autonomie Interne », avec les futures autorités Tunisiennes. Cette année là, encore mouvementée, notre père est destitué par un décret, de sa fonction de Maire de Tunis… Cette pièce que nous appelons le bureau, témoigne de tant de « souvenirs » de Tunisie… La bibliothèque, ses livres, des objets, son beau bureau au bois clair, quelques tableaux sauvegardés, et ramenés dans le déménagement forcé de l’été 61…En priorité !

Selon la tradition, avant de partir pour la messe, dite de minuit, prévue à 22h.30, nous dinons et regardons à la télé une émission de variétés. La maison bat son plein en cette veille de Noël et maman, bien qu’aidée par ses grands filles, les garçons apportant également leur contribution, ne ménage pas sa peine pour que tout son petit monde soit heureux!
De ces belles heures, de ces chants religieux, de ce jour de fête, où notre joie et nos rires éclatent, je suis profondément imprégné, et après cette rupture Africaine, je suis heureux de retrouver ma famille, au « Clos sur la Route », au Clos du bonheur…
…Au petit matin du 25 décembre,l' attente de tous les enfants impatients et leurs parents, pour aller voir si le Petit Jésus est bien venu est émouvante…Et puis, au bas de l’escalier de bois, la découverte de l’immense table chargée de tous les cadeaux multicolores provoque des cris je joie, de surprises de chacun. Ce séjour est si agréable. Les jours s’écoulent dans une atmosphère familiale réconfortante et reposante. La curiosité de mes frères et sœurs, sur les conditions de mon retour du Sénégal, m’engage à leur faire part de souvenirs, de récits, et de ma déception…On a revu mon frère Denis et sa famille, et ses beaux parents que j’aime bien. Christian d’un coup de vélo, va souvent à la fromagerie, voir la fabrication du Gruyère vosgien.Isabelle est au piano, toujours tendre et attentionnée elle me dit parfois:
--Papa, je te regarde, tu t’adaptes bien à ta nouvelle vie…

Si elle savait mes tourments, et toutes ces heures où le soir, avant de dormir mes pensées, mes rêves, mon âme sont la-bas, où je suis en Afrique et au Domaine…
Nous rentrerons sur Paris vers le vingt huit, car nous fêtons le nouvel an avec nos amis, les Pernet. Ce séjour nous offre des bonnes parties de Billard Français avec papa, à St Dié, qui se terminent, le plus souvent, par un petit verre de blanc d'Alsace sec collectif. Au Clos, Papa, organise les interminables belotes dans la chambre Lorraine, qui sont souvent bruyantes…Mais qui se terminent fort heureusement par des éclats de joie quand maman arrive avec son grand plateau d’apéritifs !
J’ai l’occasion de dire à papa, à maman, comment va se dérouler ma vie nouvelle, sans Titou, puisque nous envisageons de nous séparer. Je les rassure pour les enfants que nous ménageons prudemment. Maman me dit qu’elle les trouve radieux, mais je sais que notre séparation l’a rendu malheureuse.




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tremsal
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MacadAdo
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